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Sujet délicat s'il en est... et pourtant sujet comme les autres. La Fantasy n'est pas totalement déconnectée du monde réel. Et s'il est un point sur lequel elle ne l'est pas, c'est celui de la psychologie des personnages. Donc...Je suis loin d'avoir tout lu. Je suis même loin d'avoir lu tous les "classiques" (Le Roue du Temps, entre autres, qui est en rupture de stock et que j'aimerais lire "dans l'ordre, ou les MZ Bradley "Ténébreuse" qui me bloquent par leur côté "SF", et où, d'après mes ouï-dire, le sujet serait traîté...).Est-ce seulement une impression de ma part ? Quand ce sujet ô combien délicat est abordé, il l'est souvent avec délicatesse et sans réels "préjugés" (de l'auteur, pas nécessairement des personnages). Il concerne cependant rarement ouvertement des personnages centraux (à part, il me semble, le Fou, pour autant qu'il soit un homme. L'amour de Fitz à son égard, s'il est "ambigü", l'est pourtant beaucoup moins que celui de beaucoup d'autres héros - à mes yeux Fitz n'est pas homosexuel, mais j'admets qu'on puisse être d'un avis contraire.)De toutes mes lectures, le seuk couple homosexuel "avéré" est un couple totalement secondaire, à savoir Loras/Renly dans le Trône de Fer. Personnages apparemment totalement superficiels et imbus d'eux mêmes, jusqu'à ce que leur amour soit révélé au lecteur. Un amour qui les rend dès lors (et rétrospectivement) beaucoup plus humains. On peut il me semble mettre "dans le même sac" le "couple" Lancelot/Galehaut des légendes arthuriennes classiques (beaucoup plus touchant à mes yeux que le couple Lancelot/Guenièvre) ou celui que forment Achille et Patrocle (chez Mme Bradley, Patrocle est -avec peut-être vaguement Briséis, la seule poersonne à "humaniser" ce monstre de guerre qu'est Achille.)Mais d'autres couples sont beaucoup plus ambigüs. Et "présents" malgré tout. J'ai difficile, par exemple, à voir un lien "amoureux" chez Sam et Frodon (bien que la question revienne souvent sur le tapis... et qu'à la lecture de certains passages, on puisse réellement se poser la question). Mais le lien de Legolas et Gimli me semble nettement plus intense (ils font, littéralement, leur vie ensemble, jusqu'à partir vers Valinor l'un avec l'autre. Celà me semble proche de l'Amour jusqu'à la mort). Chez Marion Zimmer Bradley, le personnage de Lancelot est attiré physiquement par Arthur. C'est lui qui le trouble lors de leur "nuit commune" avec Guenièvre, pas la jeune femme. Et sa fidélité est lourdement teinée de désir. De même, dans "La Trahison des Dieux", Cassandre, partageant les émois de son frère, éprouve une attirance physique certaine pour Oenone d'abord, pour Hélène par la suite.Un des personnages les plus ambigüs en ce sens est, à mes yeux, Kennit. Car s'il est l'amant d'Etta, et s'il viole Althea, il me semble que son véritable amour est Wintrow. La tante du jeune garçon n'étant qu'un "substitut féminin" à ce véritable "amour".Ceci étant, les univers dans lesquels évoluent les personnages sont globalement homophobes (mis à part sans doute les Amazones de La Trahison des Dieux. D'où, sans doute, autant que les difficultés pour un auteur d'envisager la problématique ouvertement dans des oeuvres de ce type, la difficultés pour les personnages de reconnaître laurs pulsions et/ou leurs amours.