Tout d’abord, mon avis sur les nouvelles couvertures :Pour le cycle de Polgara la sorcière, j’avoue que la couverture me touche particulièrement. Polgara est bien mise en avant, elle occupe l’espace et surtout attire le regard. La ville en fond, avec ce dégradé de couleurs, permet de créer un effet très sympathique ; par exemple, les réverbérations du soleil sur l’herbe, les atomes luminescents, ou les murailles de la ville mettent en valeur l’environnement, laissant imaginer une certaine opulence, une certaine richesse. Enfin, ce même jeu de luminosités nappe astucieusement la silhouette du rapace, comme s’il était le résultat d’un amalgame de poussières, ou d’atomes magiques. La représentation de Polgara semble respecter la description d’Eddings, avec ses cheveux de jais, sa mèche blanche, une beauté presque magnétique, et quelque part une aura impérieuse (bien retransmise avec le jeu de lumière). Néanmoins, le visage me paraît un peu trop enfantin, il n’évoque pas le côté strict, voire sérieux de la magicienne ; cette touche de bonhomie me paraît trop appuyée. Cependant, le résultat en lui-même me satisfait pleinement
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!Pour la Reine des sortilèges, je déchante un peu. Pas que je préférai la précédente couverture, trop terne et impersonnelle selon moi, mais il manque un rien de virtuosité. Du côté du respect de l’œuvre, les différences ne choquent pas tellement, malgré l’absence de minimes détails : « Une femme était voluptueusement alanguie sur le divan. Elle s’admirait dans un grand miroir au cadre doré, placé sur un piédestal. Ses cheveux d’un noir d’encre cascadaient sur ses épaules et son dos. Elle portait une couronne d’or admirablement ciselée, incrustée de joyaux, et une robe blanche de gaze diaphane qui ne contribuait en rien à dissimuler son corps mais semblait plutôt fournir un support à ses parures de pierres précieuses. Sa peau était d’un blanc presque crayeux sous le voile impalpable, et ses yeux très clairs, presque dépourvus de couleurs, éclairaient un visage d’une beauté stupéfiante ». En réalité, seul le visage me dérange ; alors qu’il devait signifier une certaine vénusté, il ne dégage rien, selon moi. Quant aux cycles de la Mallorée et de la Belgariade, ils m’ont tout deux beaucoup plus ! Difficile d'en choisir un ! En effet, quel plaisir j’ai eu de plonger dans le vaste univers des auteurs, de m’'immerger totalement dans leur monde si frais et agréable. Leurs plumes m’ont entraîné dans un monde pittoresque par bien des aspects : une atmosphère moyenâgeuse au parfum capiteux, étoffée par des villages folkloriques dont on découvre peu à peu les traditions, l'organisation politique, les modes de vies, les normes et valeurs sociales ; autant d'informations amenant à la création d'un monde crédible, un critère qui me touche particulièrement. D’autres part, le don incontestable des auteurs pour inventer des peuples m’a transporté. Quand bien même ai-je pénétré à tâtons dans leur univers, presque avec appréhension, j’ai fini par apprécier ces peuplades spécifiques. Selon moi, l'auteur sait produire des coutumes, des manières d'agir et de penser, des façons d'appréhender l'existence comme le démontre la profondeur de certains personnages qui, derrière leur cadre stéréotypé, développent une complexité intéressante, visible chez Mandorallen ou Durnik, très pédagogues quand ils le souhaitent !Autre chose, la présence omniprésente de ce monde, avec ses enjeux politiques, ses rois ou chef tribaux, ses systèmes monétaires, ses dogmes, confère un charme suranné aux livres, une sorte d'ambiance qui m’a empêché de reposer les romans avant le dénouement. Certes, cet intérêt prolongé se pâme par endroit pour céder la place aux longueurs, mais aussitôt, l'écriture fourmillante d'Eddings renverse la tendance. L'approche très humaine de l'auteur, vis-à-vis de personnages, demeure, selon moi, le principal atout du cycle, pourtant grossi par un fond bien démarqué et un style agréable !Le second pilier du roman serait je pense les personnages. Créer un univers crédible, avec des races indépendantes, est une chose, mais y faire évoluer des protagonistes attachants en est une autre. Or je trouve que le couple Eddings y est parvenu à merveille ! Le cycle cale bien les choses avec un mascaret de personnages, une kyrielle de Dieux, mais surtout des héros très attachants. A leurs côté, le récit s'emballe, gagne en intensité, devient réellement piquant. Du coup, mon attention s'en est vu sans cesse mobilisée : on change d'enjeux, on invite de nouveaux personnages à se joindre à la troupe, on entre en possession de nouveaux éléments, aussi ces balades spatiales instaurent-elles une instabilité constante, qui m’a permis de vraiment me plonger dans le roman.De même, j’ai retrouvé dans cette série tous les ingrédients propres à la fantasy occidentale, les personnages façonnés sur des stéréotypes en étant le plus parfait exemple. Des héros d'ailleurs tellement sympathiques qu'ils ont laissé un souvenir impérissable à ma mémoire... tout comme les répliques devenues cultes, grâce aux apports constants de personnages comme Silk si...Drasnien ! Enfin, un détail qui m’a marqué, le couple Eddings se dotent d'un style solide, même s'il n'atteint pas le niveau de certains grands auteurs, dont l'écriture fluide m’a transporté avec humour et simplicité. Toutefois, il est vrai que j’ai noté un certain nombre de défauts qui rendent encore plus difficile la préférence de l'une des sagas. Exemple tout bête : le manichéisme du premier, avec les méchants très méchants et les gentils très gentils m'a semblé s'atténuer dans la Mallorée, alors que les passages à vides semblaient plus nombreux dans la Belgariade. Mais en réalité, le premier défaut qui touche les deux sagas, pour moi serait les longueurs. Si Eddings se heurte parfois à des tours de passe-passe, j’admire pourtant sa volonté de relancer chaque fois l'intrigue, pour maintenir l'attention des lecteurs jusqu'au bout. Malgré cela, les longueurs conduisent le récit

. Les héros se déplacent ainsi d'un point à l'autre de la carte, dans un parcours assez linéaire, et semblent condamnés à passer par chaque pays avant de boucler leur aventure. Ainsi leurs choix tendent parfois vers les incohérences, par exemple quand la troupe s'aventure aux confins de la jungle nysienne, dans La Belgariade, alors que d'autres itinéraires, plus adaptés vu la censée imminence de la catastrophe, auraient été plus astucieux. Comme le disait la préface le cycle de la Belgariade, construit originellement comme une trilogie, s’est enrichi de deux autres tomes, aussi pourrais-je reprocher aux auteurs cette volonté d'allonger le texte. D'autres incohérences, relatives cette fois aux personnages, m’ont sauté aux yeux lors de la lecture : Garion suit lui aussi un parcours quelque peu providentiel. En effet, il se rend toujours au bon endroit, au bon moment ; résout une grande part des énigmes « comme par magie » et, surtout, paraît apte à affronter tous les adversaires, quand bien même ceux-ci exercent la magie depuis des siècles !Enfin, je ne saurai passer outre quelques références à Tolkien, David Eddings avouant avoir relu les livres avant d'entamer son récit. Ainsi certaines affiliations au Silmarillion m’ont un chouya hérissées (bien qu’elle soit suffisamment masquées pour ne pas perturber ma lecture), cependant, le récit se détache peu à peu du maître, un gage, je trouve, de qualité en cette époque d'explosion du fantastique. En résumé, j’ai trouvé ces lectures agréables, saupoudrées d'humour et nappées d'un grain de virtuosité. La teneur des personnages m’a ravi tandis que la plume adroite des auteurs a satisfait mon côté plus "adulte". Ainsi, malgré les longueurs et ses défauts, je trouve que ces cycles méritent le rang de classique comparés à d'autres… Pour ces raisons, je ne pourrai choisir entre la Mallorée ou la Belgariade, les deux montrant des aspects différents du cycle et permettant de mieux comprendre ce monde... mais ce n’est que mon avis
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!ps : désolé si j'ai un peu dévié du sujet principal, j'ai tendance à me perdre en explications T_T. N'hésitez pas à supprimer le message s'il vous paraît trop hors sujet
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