Des gens qui aiment la fantasy, il y en a pas mal. Au moins un quart de ceux qui vont voir le Hobbit, non ?Alors pourquoi on n'arrive pas à vendre les bouquins du genre ?
Déjà on a un gros problème en France. Le niveau de littératie ( capacité à comprendre un texte simple) des jeunes français est en baisse constante depuis dix ans. Donc quand on a des difficultés de lecture, on peut apprécier un film, on n'ira pas spontanément vers le livre.
Pourquoi ça marche mieux en Allemagne ou au Royaume-Uni ?
1 Parce qu'ils sont moins cartésiens.2 Parce qu'ils ont encore une culture de classe. Pendant longtemps chez nous, la littérature de l'imaginaire comme le polar étaient les littérature du prolétariat ( par prolétariat je ne parle pas seulement de la seule classe ouvrière mais aussi des employés et d'une grande partie de la classe moyenne, bref les salariés dans leur grande majorité). Une partie de la classe moyenne s'est boboisée et rejette aujourd'hui toute culture populaire. Il faut une culture basée sur la réflexion politique et sociale forte. En ce nom on tire sur tout ce qui est divertissement même intelligent. Consternant.Il fut un temps, les années 80 , où l'on pouvait lire des analyses élogieuse de Star Wars dans les Cahiers du Cinéma et où Télérama chroniquait régulièrement les sorties de chez Néo. C'est rigoureusement impossible aujourd'hui.
Ils n'aiment pas les mêmes choses que nous ? Pourtant ce sont les mêmes films qui cartonnes (à part les anomalies française incompréhensibles du genre Intouchables), les mêmes jeux vidéo.
En France ce qui cartonne ce sont les comédies. Certes les blockbusters mondiaux cartonnent chez nous aussi. Mais bon les adolescents en sont la cible et là on revient à mon premier point.
Avec le paquet de gens qui aiment Skyrim, WoW, The Witcher, Fable (celui de Peter Molyneux s'entend) pourquoi on n'arrive pas à convertir quelques personnes !
On arrive à en faire passer quelques uns quand même. On aimerait plus. Mais bon il faut voir que les choses ont changé. Dans les années 70 beaucoup de lecteurs de SF étaient d'anciens lecteurs de comics. Dans les années 80 on passait à la SF grâce aux dessins animés japonais et à la fantasy par le jeu de rôle. Dans les années 90 c'est les mangas et les jeux vidéos qui sont devenus les médias passerelles. Et aujourd'hui ? On a pris l'habitude du développement du public sans avoir rien à faire. Les autres média envoyaient des gens intéressés vers la littérature. Et là on est dans une période où il faut se retrousser les manches. On ne l'a compris qu'à partir de 2009où l'on s'est mis à développer des collections young adult ( Castelmore, BAAm, R, Territoire, Galapagos et Pandore).Des sociologues de la culture comme Bernard Charlot nous disent que les médias comme les jeux vidéo ne sont pas concurrents de la lecture mais complémentaires. Les jeunes qui les pratiquent, lisent également. Ce sont peut être de faibles lecteurs pour beaucoup d'entre eux mais ce sont des lecteurs. Ce chez les jeunes qui pratiquent un sport où l'on trouve la plus forte proportion de non lecteurs.Les jeux vidéo sont pratiqués plutôt par des trentenaires aujourd'hui. C'est également eux qui regardent les plus de séries. Les ados eux, s'intéressent à la téléréalité. J'en ai eu la confirmation en 2009 où sur mon lieu de travail il y avait plusieurs mère d'adolescents et c'était réellement ce qui intéressait leur progéniture. Si les ventes baisse ce n'est pas uniquement à cause de la crise qui n'est qu'un catalyseur et à ce titre accentue les difficulté des éditeurs mais parce qu'il n'y a plus de renouvellement ou en tout cas il est beaucoup plus faible que dans les années 80 et 90.Certains s'étonnent qu'on privilégie le public féminin : mais chez Bragelonne où les grands adolescents sont un des coeurs de cible ça se comprend. Le public masculin de ces tranches d'âge a délaissé les loisirs culturels. La sonnette d'alarme est sonnée régulièrement depuis dix ans à ce propos relayé par certains média plutôt sérieux. On s'intéresse au public que l'on trouve. Le développement du young adult vient trop tard pour remettre les décrocheurs des années 2000 sur le droit chemin. Ce seront les générations suivantes qui en profiteront.