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Attention. Garo:Honoo no Kokuin.
Garo:Honoo no Kokuin c’est une adaptation. Rien d’inhabituel dans le monde de l’animation japonaise. Sauf que là, il n’est pas question d’adaptation d'un manga ou d'un livre mais d’un Tokusatsu. Alors, Tokusatsu cela veut dire « effets spéciaux » en japonais. Ce terme est apparu après la seconde guerre mondiale pour décrire les œuvres cinématographique, puis télévisuelle, qui dépendent d’effets spéciaux pour la création de leur univers. Donc, Godzilla, Ultraman, Kamen raider, Sharivan (X-or) et Garo sont des Tokusatsu.La particularité de Garo, c’est que son créateur, Keita Amemiya, a voulu produire une franchise orientée « Urban Dark Fantasy pour adulte ». Ce qui va à contre-sens des tokustatsu habituels, ces derniers visant une cible de plus en plus jeune. Au final, Garo c’est cinq saisons (avec des suites et changements de continuité), quatre films, des téléfilms spin-off formant un univers qui a ses fans éclairés, ses détracteurs impartiaux et le reste de l’humanité (99,99%) qui ne supporte pas le côté cheap des séries télés japonaises.Bon, quand est t-il de cette adaptation animée en 26 épisodes qui fête les 10 ans de la franchise ?Et bien, déjà ,les producteurs ont eu une idée de génie : pour contenter à la fois les connaisseurs du Tokusatsu et les néophytes, ils ont reconstruit le mythe Garo dans un univers Medieval-Fantastique occidental plutôt que de refaire dans l’Urban Fantasy nipponne.Le mythe Garo, c’est simple et efficace : lorsque les humains sont incapables de gérer leur frustration, leur souffrance, leur mal-être, ils vont être tentés puis possédés par des créatures démoniques appelés les « Horrors ». Pour faire face aux Horrors, une société secrète de magiciens/alchimistes (Makai Hoshi) c'est formée. Pour traquer les horrors et leur faire violemment la peau, les Makai Hoshi ont crée une caste de guerriers d’élites: les chevaliers Makai (Makai Kishi). Ces Makai Kishi sont des maîtres des arts du combat et sont capables d’invoquer de puissantes armures mystiques au faciès de loup enragé (Garo signifie "loup qui montre ses crocs" en japonais).Et, attention, les gens qui ont écrit Garo ils n’ont pas un parcours de lecture à base de Harry Potter, d’Assassin Royal, de Roue du temps et tout les bazars où les héros ils sont des élus et ils ont le temps de chialer sur leur sort ou leur relation sentimentale pendant leur coming of age de 1800 pages.Ici, c’est Japonais.Les Makai Kishi ils commencent la mission à 5 ans, entrainement à base de 10 mille attaques par jour et de combat entre eux ou contre des inventions ignobles crées par leur « éducateurs ». S’ils veulent bouffer ou pas prendre des torgnoles , ils ont intérêt à comprendre qu’ils sont là pour en chier et que crever à 35-45 ans pour sauver les bonnes gens. Et des fois, d’ailleurs, les gamins y clamsent avant la fin du cursus. Mais on s’en fout, ils n’ont pas lu Françoise Dolto dans Garo.Et là, dans la série Garo:Honoo no kokyoin, c’est encore pire…Dans le royaume de Valiente, d’inspiration Médivale Espagnole, une inquisition a été invoquée contre les Makai Hoshi/Kishi. D’ailleurs, dès le premier épisode, la mère du héros nommé Léon (le Makai Kishi Garo) meurt brulée sur le buchet en accouchant. Juste le temps que le père Herman (le Makai Kishi Zero) sauve in extremis son fils. Il est un peu énervé le gamin d’ailleurs. Mais pas d'inquiétude, le père va lui expliquer c'est quoi le tarif chez les Makai Kishi. Déjà, une des forces de Garo, c’est la dynamique du tandem père/fils. Que soit lors des chasses à l’Horror One shot et lors de l'avancée dans le Main Plot. Les autres personnages ne sont pas en reste. Le Prince Alfonso, modèle classique de la chevalerie médiévale, présente un contre point intéressant à Léon sans se limiter au rôle de "faire-valoir opposé". Mention spécial à Emma, une prêtresse Makai dans la tradition des puissantes combattantes de Garo. En effet, elle propose un personnage féminin construit au-delà des fantasmes de celles et de ceux qui veulent qu’être femme doit représenter quelque chose dans une œuvre de fiction.Garo assume fièrement une intrigue classique, avec des moteurs dramatiques basés sur la vengeance, le devoir, l’amour et le sacrifice. Pas d’artifices, pas de fausse originalité, de pseudo mystère ou de promesses d’intrigues complexes alimentés au brain shit. Dans Garo, la question n’est pas de savoir qui a raison et qui connait la "vérité qui se cache". Tout le monde s’affronte sur la détermination. Les Héros, les antagonistes, les personnages protéiformes, les mentors, les âmes damnés, tout le monde est habité par ses convictions et donne tout ce qu’il a. Et on a même droit à quelques retournements de situation assez habiles.Techniquement, l’animation est réalisée par le studio Mappa (Shingeki no Bahamut, entre autre) qui nous propose ici un chara design ressemblant à des travaux de 1990’s, avec ses personnages aux cheveux et vêtements dotés de contours flamboyants. Les armures des Makai Kishi sont présentées en 3D. Cela peut choquer au début mais cela accentue leur côté mythologique et surhumain. Leur design mélange habillement le côté totémique du loup, la lourdeur des harnois médiévaux et l’apparence d'un dieu bouddhiste de la guerre. Que se soit des duels à l'épée, des combats contre des monstres immenses ou des meutes de démons dégénérés, les scènes de combat sont particulièrement réussites. Elle arrive à retranscrire la rage, la technique et la détermination des adversaires. Le tout sans maniérisme stupide ou grandiloquence cache-misère. Bref, inutile d'en dire plus. Garo:honoo no kokuin n'est pas la licorne à six pattes, l’œuvre Fantasy ultime qui mettra tout le monde d'accord. Mais c'est un Loup. Une créature noble, fière et courageuse qui protège la grandeur de la nature humaine. A l'instar des ses héros, elle œuvre dans l'ombre mais ne se cache derrière aucun artifice, aucune facilité pour sauver les bonnes gens de l'horreur crasseuse de la fantasy au rabais.