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par Aragorn_Forever
Novice
Je suis la Fantasy sur Elbakin depuis des années. Je lis de la Fantasy chaque jour depuis des années. Mais le message de Gillossen sur les 15 ans de La communauté de l'anneau au cinéma remue en moi tellement de souvenirs et d’émotions que je viens de m'inscrire sur le site et poste ainsi mon premier message.2001. Mon dieu. J'avais 18 ans. A cette époque, j'étais complètement passé à côté de l’œuvre de Tolkien. Plutôt adepte de jeux vidéo, manga et autres club Dorothée à la télé et lisant véritablement de tout (aussi bien les Trois Mousquetaires que Germinal en passant par les John Grisham ), je ne connaissais bizarrement pas le Seigneur des anneaux. Mes potes de l'époque ne le lisait pas, j'étais passé à côté à la fnac sans jamais le voir. Bref, lorsque je prenais les trois tickets en caisse (celui de mon père, celui de mon cousin et le mien) en ce mois de décembre 2001, c'était pour voir un film à grand spectacle dont j'avais rapidement vu la bande annonce un mois plus tôt. Pas d'attente frénétique du moindre « scoop » les mois précédents, pas d’attente le jour J devant les portes du multiplexe. Rien qu’une séance banale en hiver. Enfin c’est ce que je croyais…En ressortant de la salle trois heures plus tard, j’avais encore la marque sur la joue, la marque de cette claque monumentale que je venais de me prendre. La beauté des paysages et des effets spéciaux, l’histoire de ce Hobbit partant pour une aventure bien trop grande pour lui, le charisme des acteurs, la magnificence de la Moria, lugubre et envoutante à la fois et la musique, cette musique qui m’avait donné une bonne trentaine de frisson en une seule séance.Mais la complexité et la richesse de l’univers de la Terre du Milieu m’avait aussi laissé un goût amer dans la bouche. Je n’avais finalement pas tout compris. Je n’avais pas compris cette histoire de Tiers âge, cette histoire de guéguerre entre elfes et nains. Il m’en fallait plus, bien plus.Je me revois le lendemain courir, comme beaucoup, pour acheter les livres et la musique en CD. Je me revois dévorer les livres vautré sur mon lit en écoutant la bande-originale. Je me revois encore pleurer durant les derniers chapitres du Retour du Roi (chose que je n’ai jamais avoué à qui que ce soit d’ailleurs) tellement je m’étais attaché aux personnages. Puis, il y eut la lecture du Hobbit, plus rapide et moins accrochée. Et celle du Silmarillon, deux fois, pour comprendre un minimum. Puis le deuxième film arriva de manière différente. J’étais devenu un fan parmi tant d’autres, guettant la moindre couverture de magasine, la moindre photo inédite qui me ferait découvrir un nouveau paysage, un nouvel acteur, ou un nouveau monstre. Et le jour J, il me remit une claque sur l’autre joue cette fosi-ci, moins pour la majesté des paysages que pour le personnage de Gollum, si travaillé et pour cette bataille du gouffre de Helm, d’une ampleur encore jamais vue dans une salle obscure. Le lendemain, je relisais les livres.L’année 2003 fut longue, très longue pour moi. Je l’attendais tellement cette conclusion. Connaissant les évènements qui allaient se produire en Terre du Milieu, j’attendais le jour où je pourrais découvrir la ville de Minas Tirith dans toute sa splendeur, la bataille des champs du Pelennor dans toute sa grandeur, la bataille de la Porte noire dans toute sa tragédie et Aragorn dans toute sa majesté.Dans mon cinéma, le jour J, ils avaient organisé la Journée « Seigneur des anneaux ». Les deux premiers étaient diffusés en version longue et le troisième à minuit. Plus de 10 heures de films entrecoupées d’animation et de cadeaux à gagner. Je voulais forcément y aller mais personne de mon entourage était assez fou pour m’accompagner. Ne voulant pas y aller tout seul, j’avais renoncé à cette journée. Le matin du jour J, j’avais cours à 8 heures. Et je ne sais pas pourquoi, avec mon voisin de table, on s’est mis à parler du Seigneur des Anneaux. Je ne le connaissais pas plus que cela, un mec lambda de ma promo à qui je parlais de temps en temps en somme. Puis il m’a dit qu’il était fan, puis qu’il aurait bien aimé aller à la journée organisée, puis qu’il n’avait trouvé personne pour l’accompagner. Je crois qu’en fait, il nous a fallu qu’une poignée de seconde pour nous décider. A la pause de 10h, nous fuyons la salle de cours. A 11h30, nous étions devant l’entrée du cinéma entouré d’une cinquantaine de personne dont certains étaient déguisés. Je crois que je me rappellerai longtemps de cette journée : le hall du cinéma qui diffusait la BO, cette pièce de la monnaie de Paris à l’effigie de l’anneau qui avait été posée sur chaque siège de la salle, les cadeaux qui se sont multipliés toute la journée, les voix françaises qui étaient venues en exclusivité, les deux films que je connaissais par cœur mais qui me donnaient toujours des frissons puis à minuit le Retour final du Roi qui dépassa tout ce que j’avais pu imaginer. Je vivais cela comme dans un rêve éveillé, les yeux brillants devant Minas Tirith, la progression des deux Hobbits vers le Mordor, les batailles de fin du monde d’Aragorn et la (les) conclusion(s) que je trouvais (contrairement à beaucoup d’autres) trop courte.Depuis, il y a eu les versions longues et les ressorties en blu-ray, la lecture annuelle et traditionnelle du roman, les sorties des coffrets de la musique en version complète, les jeux-vidéos, la trilogie du Hobbit plus « colorée » mais aussi plus artificielle. Pour moi, il y a eu aussi un voyage en Nouvelle-Zélande qui me permit de me balader entre les maisons des Hobbits en pleine reconstruction pour le tournage des nouveaux films. Et les autres films Fantasy qui n’arrivèrent jamais à la hauteur du Maître.Avec le recul, il y eu un avant et un après. Ce(s) film(s) a redéfini mes lectures, mes goûts en cinéma et ma façon de passer mes vacances (à la recherche de paysages et d’évasions). Chaque personne a un film fétiche qu’elle regarde tous les ans à la période de Noël ou lorsqu’elle est malade. Ce film qui réconforte, vous fait penser à autre chose et vous fait frissonner, même si cela fait 38 fois que vous le voyez. Ce film que vous ferez découvrir à vos enfants en guettant leur réaction de peur qu’ils n’aiment pas, même si vous êtes persuadés que c’est impossible. Et bien c’est ce que représentent les trois films pour moi et plus largement l’œuvre de Tolkien.J’envie juste les personnes qui, pour la première fois, ouvriront les livres ou regarderont les films.