Je me permets de rebondir sur le débat du féminisme un peu plus haut. Loin de moi l'idée de lancer une polémique, j'aimerais apporter ma pierre à l'édifice car c'est intéressant.
TyrionLannister a écrit :Mais dans ces œuvres là, le féminisme est souvent évoqué comme un courant dans lequel la femme s'affranchit de l'homme et n'a pas besoin de celui-ci pour vivre.
Je crois, à titre personnel que l'homme ne peut se passer de la femme autant que la femme ne peut se passer de l'homme.
Non ce n'est pas tout à fait ça.
Transposer le "féminisme" dans une oeuvre, ce n'est pas transgresser les lois de la nature ou créer juste des personnages féminins forts en espérant contenter un lectorat, c'est plutôt :
ne pas définir un personnage en fonction de son genre. C'est un aspect important et crucial du féminisme. C'est une erreur assez récurrente de penser que cocher la case "féministe" repose uniquement sur l'idée d'avoir une femme forte et émancipée. C'est assez loin du propos de base.
Pour développer par l'exemple : là où un personnage masculin peut avoir multiples personnalités, un personnage féminin sera très souvent écrit autour d'un axe romantique. Souvent le faire-valoir du personnage masculin. Il suffit de regarder toutes les productions des années 90 pour s'en rendre compte.
L'idée, c'est d'écrire un personnage et le définir en tant qu'être humain à part entière, et non pas comme un "homme" ou une "femme". Ce sont donc des relations d'être humain à être humain, romancé ou non, fusionnel ou non. Le féminisme n'interdit absolument pas qu'une femme puisse trouver du réconfort chez un homme, et inversement. Juste, elle n'est pas définit "que" par ça.
A voir les oeuvres de
Miyazaki (Princesse Mononoké, Voyage de Chihiro...). Dans ses récits, ce n'est pas que les personnages soient "forts", juste ils sont "bien écrits", chacun avec son but et objectif d'être humain. Ou encore plus fort pour illustrer : dans le voyage de Chihiro, tu pourrais mettre n'importe quelle ethnie à la place de la jeune fille, le récit reste le même. Chihiro n'a pas été écrite en fonction de son sexe.
TyrionLannister a écrit :C’est justement ce qui la rend insupportable à mes yeux, madame Jasnah Kholin est tellement intelligente, tellement forte et tellement belle qu’elle connait tout avant tout le monde, qu’elle n’ a pas besoin des autres et surtout pas des hommes et qu’elle n’a plus de besoins sexuels ou physiques mais seulement intellectuels. Si ce n’est pas caricatural, je ne sais pas ce que signifie ce mot alors.
Mais pourquoi faudrait-il absolument qu'elle ait des besoins de ce type ?
La caricature, ce n'est pas plutôt de penser qu'une femme se doit
forcément d'avoir du désir pour les hommes ?
Prenez un peu de recul, regarder toutes les productions actuelles et passées et venez me dire qu'il n'existe pas au moins UN personnage masculin qui ne soit pas lui même dévoué à sa passion, et uniquement à sa passion. C'est très courant à vrai dire. Enormément de personnages masculins ne sont pas construits ou écrits sur l'axe de leur sexualité, et ça ne choque personne. Pour continuer à développer mon propos :
TyrionLannister a écrit :Entre 0.4% et 1% de la population est asexuée d'après Wikipédia, c'est tout sauf courant ! En revanche, l'hypersexualité est plus proéminente puisque touche entre 3% et 6% de la population (toujours d'après Wikipédia). Il aurait été plus intéressant, dans ce cas là d'en faire un personnage hypersexuel. Mais cela aurait probablement choqué et terni l'image du féminisme qu'elle doit renvoyer et refléter aux lecteurs.
Une oeuvre n'a pas à respecter des pourcentages pour être crédible.
Par ailleurs vous parlez bien des personnes asexuées uniquement. Mais il ne faut pas oublier que dans la vraie vie et dans chacun de nos projets, nous ne recherchons pas continuellement l'âme soeur ou à combler nos besoins primaires. C'est précisément assez terrible que ce cliché soit dans quasi toutes les oeuvres fictionnelles. Rien n'indique par ailleurs que ce soit figé à jamais chez Jasnah comme l'indique Mélanie.
Je rajoute, même si c'était le cas et même si Jasnah faisait parti des 1%, j'ai envie de dire, et alors ? Pourquoi ça vous met de travers à ce point ? C'est si grave de vouloir parler à ces 1% de gens ? Après tout, c'est pas comme si dans l'offre culturelle d'aujourd'hui, on manquait d'histoires homme - femme romancée à la classique, bien à l'occidental...
Je finis sur une chose pour me faire l'avocat du diable : Jasnah est probablement archétypée de ce point de vu, ce qui en fait peut être la raison de votre défiance vis à vis d'elle. Mais les personnages de Sanderson le sont finalement un peu tous, assez souvent. C'est assez classique chez lui d'avoir chez ses personnages un trait particulier qui soit abusivement exagéré (l'hyper déprimé, l'hyper intelligente, l'hyper impartial etc...).
J'espère que ces lignes pourront vous réconcilier avec l'idée du féminisme.
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