Fini il y a quelques temps et j'ai oublié de donner mon avis global.
Et bien dans la continuité de mon message précédent j'ai beaucoup aimé, il y a un côté mystique ,brumeux et je ne pense pas avoir vraiment tout saisi de certains passages; mais l'axe narratif ,le rapport au temps et la perspective non habituelle du texte m'ont fait voyager sous l'aile de Dar Duschêne et partager sa passion des histoires.
Chapeau bas Mr Crowley et merci Elbakin pour la découverte
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Encore une fois, merci à Elbakin.net pour la découverte, que je n'aurais jamais faite autrement. Un livre magnifique, et j'enchéris sur tous les points de la critique de Tzeentch. C'est une méditation sur la mort, il me semble, où Dar Duchesne joue le rôle d'une vanité, posée sur l'épaule de tel ou tel de ses compagnons d'une époque.
Les résurrections successives n'ôtent pas au héros ce qu'il est, restituant à chaque fois son nom, et progressivement, l'étoffe d'un être de moins en moins incomplet ; pas davantage, elles n'atténuent l'âpreté du memento mori mais par une mise en perspective qui embrasse l'Histoire des hommes à travers le regard animal, lui donnent un sens ou du moins, quelque chose qui la retire à la simple déliquescence des corps. Ils sont bien présents, pourtant, becquetés par les corneilles d'époque en époque, et même si avec les "progrès" de la civilisation, les hommes ne laissent plus leurs cadavres pourrir sur les champs de bataille pour peu à peu, les escamoter dans des caisses de bois,
La relative unité de lieu met admirablement en valeur le voyage temporel, renforcé encore par la porosité entre monde des vivants et monde des morts.
J'ai particulièrement apprécié la partie de Dar Duchesne et le moine, baroque et totalement originale. Quel imaginaire, quelle appropriation des références littéraires, religieuses, historiques, et toujours par l'œil du "naïf" (qui l'est de moins en moins). Comparant l'être-oiseau et l'être-humain, Crowley nous donne à penser les ruptures et les continuités entre l'instinct et l'intelligence, la nature et la culture et finalement, ce que nous faisons de notre commune condition. À travers le regard de la corneille, c'est la condition humaine qui est sans cesse interrogée dans son rapport à la mort, comment la supporter, la penser, la dépasser, peut-être. J'ai été impressionnée par ce que l'auteur arrive à faire avec un héros corneille, à la fois parfaitement crédible en corneille, et humanisé pour en faire un personnage auquel on s'identifie - impression accentuée au fil de l'histoire, et l'entremêlement de la voix de Dar Duchesne avec celle du narrateur.
La fin est fascinante, et pour ma part, j'ai vu dans l'histoire du docteur Hergesheimer
, même si c'est anachronique dans le contexte de l'histoire à ce moment-là.
Le style n'est pas en reste, simple, profond, l'onomastique vraiment remarquable et bien souvent, le regard de l'animal sur l'homme confère non seulement au récit une distance critique qui nous oblige à considérer l'étrangeté de ce qui nous semble "normal", mais le fait avec humour, et nous ramène, avec humilité, à la destinée de tout être vivant. Peut-être est-ce ainsi qu'il faut comprendre l'une des fables finales
Il y aurait tellement de choses à dire, à interroger encore dans cette œuvre. Une de celle qu'on a l'impression de n'avoir jamais tout à fait refermée, et dont le dialogue se poursuit intimement bien après la dernière page.
Les résurrections successives n'ôtent pas au héros ce qu'il est, restituant à chaque fois son nom, et progressivement, l'étoffe d'un être de moins en moins incomplet ; pas davantage, elles n'atténuent l'âpreté du memento mori mais par une mise en perspective qui embrasse l'Histoire des hommes à travers le regard animal, lui donnent un sens ou du moins, quelque chose qui la retire à la simple déliquescence des corps. Ils sont bien présents, pourtant, becquetés par les corneilles d'époque en époque, et même si avec les "progrès" de la civilisation, les hommes ne laissent plus leurs cadavres pourrir sur les champs de bataille pour peu à peu, les escamoter dans des caisses de bois,
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La relative unité de lieu met admirablement en valeur le voyage temporel, renforcé encore par la porosité entre monde des vivants et monde des morts.
J'ai particulièrement apprécié la partie de Dar Duchesne et le moine, baroque et totalement originale. Quel imaginaire, quelle appropriation des références littéraires, religieuses, historiques, et toujours par l'œil du "naïf" (qui l'est de moins en moins). Comparant l'être-oiseau et l'être-humain, Crowley nous donne à penser les ruptures et les continuités entre l'instinct et l'intelligence, la nature et la culture et finalement, ce que nous faisons de notre commune condition. À travers le regard de la corneille, c'est la condition humaine qui est sans cesse interrogée dans son rapport à la mort, comment la supporter, la penser, la dépasser, peut-être. J'ai été impressionnée par ce que l'auteur arrive à faire avec un héros corneille, à la fois parfaitement crédible en corneille, et humanisé pour en faire un personnage auquel on s'identifie - impression accentuée au fil de l'histoire, et l'entremêlement de la voix de Dar Duchesne avec celle du narrateur.
La fin est fascinante, et pour ma part, j'ai vu dans l'histoire du docteur Hergesheimer
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, même si c'est anachronique dans le contexte de l'histoire à ce moment-là.
Le style n'est pas en reste, simple, profond, l'onomastique vraiment remarquable et bien souvent, le regard de l'animal sur l'homme confère non seulement au récit une distance critique qui nous oblige à considérer l'étrangeté de ce qui nous semble "normal", mais le fait avec humour, et nous ramène, avec humilité, à la destinée de tout être vivant. Peut-être est-ce ainsi qu'il faut comprendre l'une des fables finales
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Il y aurait tellement de choses à dire, à interroger encore dans cette œuvre. Une de celle qu'on a l'impression de n'avoir jamais tout à fait refermée, et dont le dialogue se poursuit intimement bien après la dernière page.
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Un Kickstarter pour le prochain projet de l'auteur
http://www.elbakin.net/fantasy/news/27293-Quatre-livres-et-un-Kickstarter-pour-John-Crowley
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