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par Papierkus
Adhérent
Alors effectivement, Fourth Wing n'est absolument pas le roman à l'origine du succès de la "Romantasy" : avant cela il y a eu la saga ACOTAR (A Court of Thorns and Roses) de Sarah J.Mass, et également les sagas de Jennifer L. Armentrout (For Blood and Ash, notamment) pour ne citer qu'elles, toutes deux écrites par des autrices mondialement connues dans ce genre.
La Romanfantasy ce n'est pas simplement des romances qui se déroulent dans l'univers fantasy (autrement, pas mal d'ouvrages pourraient être estampillés avec ce label), mais des romances dont les principaux protagonistes sont des Fae ou assimilés, des sortes de créatures mixant les caractéristiques des Elfes/vampires/métamorphes (pour résumer) à la morale parfois (souvent) douteuse - le fameux archétype du "morally grey". Le plot de base est très souvent le même, à savoir une jeune humaine qui se retrouve à devoir côtoyer de façon forcée ces créatures, et qui bien entendu fini par tomber amoureuse de l'une d'entre elles. C'est ça, à la base, la romantasy - qu'il y ai ou non des scènes de sexe. Je vous accorde sur le papier, ça ne donne vraiment pas envie, mais - heureusement pour le genre - certaines œuvres parviennent à trouver le bon équilibre entre romance et histoire, à tel point que la romance passe parfois au second plan une fois l'attirance assouvie et que l'histoire prend alors une toute autre profondeur.
Face au succès de ce genre - notamment grâce à la saga ACOTAR -, beaucoup d'auteurs et d'éditeurs ont fini par s'y mettre, avec plus ou moins de goût en la matière, ce qui explique l'explosion de ce genre depuis quelques années. Et, comme bien souvent lorsque des personnes s'emparent d'un sujet qu'elles ne connaissent pas vraiment, elles finissent par faire rentrer dans des catégories des éléments qui n'y appartiennent pas (c'est par exemple ce qui s'est passé avec la culture pop, dans laquelle on fait aujourd'hui entrer tout et n'importe quoi). Vous voyez où je veux en venir ? Oui, Fourth Wing a été classé dans la catégorie Romantasy, à laquelle iln'appartient en réalité absolument pas.
Car dans la romantasy, comme cela a été évoqué dans certains commentaires, l'histoire est au service de la romance, et c'est bien elle qui est l'objet du récit. Or, dans Fourt Wing, la romance est une composante du récit, pas l'objet central. D'ailleurs, comme cela a également été relevé, il n'y a dans ce premier tome que quelques scènes de sexe... Bien décevant si l'on s'attendait à trouver un roman érotique !
Personnellement, j'ai adoré Fourth Wings (Foradan pourra en témoigner, lui à qui j'ai partagé mon amour pour cet ouvrage), que j'ai découvert au printemps dernier après en avoir entendu parler sur les réseaux anglophones. J'ai littéralement été happée par l'histoire - pas seulement par la beauté ténébreuse du protagoniste dont l'héroïne nous parle tant (mais en réalité pas plus que ne le ferait n'importe qui face à un Appolon - ça nous est tous arrivé(e)s de baver, ne mentons pas) mais bien par l'intrigue en elle-même. Ayant lu l'ouvrage en anglais, je ne peux m'avancer ni sur la qualité de la traduction française (dont je me méfie de plus en plus) ni sur le style de l'autrice (je ne suis pas suffisamment bilingue pour en juger), mais les dialogues entre les protagonistes (et notamment avec les dragons) sont ultra savoureux, les personnages attachants et bien pensés, les plot twists pour le coup vraiment surprenants, les scènes de combat bien travaillées, les intrigues bien ficelées... Et la fin de ce premier tome nous réserve une (trop?) bonne dose d'émotion. Mais, une fois encore, je n'ai pas osé aller regarder la version FR, que je suspecte de n'être pas au niveau de la VO.
Bref, comme n'importe quel ouvrage, celui-ci ne correspondra pas à tout le monde, et c'est tant mieux car c'est la diversité qui fait la richesse d'un genre. Mais je ne peux que regretter l'étiquette de "Romantasy" qu'on a collée à Fourth Wing avant même sa sortie, les éditeurs (anglophones comme francophones) souhaitant surfer sur une vague dont ils ne maîtrisent pas vraiment les codes. Rappelons qu'Hugo New Romance n'est absolument pas un spécialiste de la fantasy, mais de la romance, mais que compte tenu du succès monumental qu'a eu cet ouvrage Outre-Atlantique, l'éditeur aurait été bête de ne pas chercher à remporter les droits de traduction (même si d'un côté, mieux vaut HNR que De Saxus). Je reste persuadée que cette étiquette "Romantasy" fait beaucoup de mal à Fourth Wing, qui sans cela aurait sans doute plus intéressé les puristes de la fantasy ; cela instaure d'emblée un biais, et lui colle une étiquette qui en repoussera malheureusement plus d'un.