C'est un chat dans ce qui a pu être un jardin, près d'une maison. Le cours d'eau voisin monte. L'eau monte, lentement mais sûrement. Des aboiements résonnent dans les parages. Des chiens. Mais aussi le grondement des sabots d'autres animaux, par dizaines. Tous fuient, terrifiés, mais devant quoi ? Boaf, ils sont passés... Pourquoi s'effrayer ? L'après-midi est magnifique... Autant remonter à l'étage de la maison, pour faire une sieste. Mais pendant ce temps, l'eau monte toujours... vraiment très haut.
Ainsi commence l'histoire de Flow, qui a été vraiment un coup de cœur pour moi. Une animation en images de synthèse, un chat solitaire, facilement effarouché. Une inondation qui tourne au déluge. Et des rencontres avec d'autres animaux, qui vont apprendre à s'entraider, dans un monde où toutes les traces de l'occupation humaine sont là, mais où aucun humain n'est visible.
Que s'est-il passé ? Qu'est-il en train de se passer ? À quelle époque sommes-nous ? Anticipation proche ou futur lointain ? À vous de l'imaginer à partir de quelques indices éparpillés dans les images. Les animaux, eux, se comportent (à peu de choses près) comme de vrais animaux : il n'y a donc pas de paroles, seulement leurs cris naturels. Quant aux paysages, ils mêlent éléments du quotidien et ruines mystérieuses.
Le résultat est un film très original et difficile à classer. Très mignon (un potichat courageux ! des labradors gueules d'amour ! un capybara ! etc.), mais aussi inquiétant (une ambiance apocalyptique ou post-apocalyptique plane sur l'ensemble). Contemplatif (c'est avant tout un voyage parmi des paysages étranges, porté par une musique planante à souhait) mais aussi plein de suspense (les animaux devront sans cesser rester sur leurs gardes pour survivre). Très terre à terre (manger et ne pas se faire manger) mais avec une touche de mysticisme. Il fallait le faire !
En dépit de l'absence de violence graphique ou de sexe, ce film convient plutôt à un public d'ados/adultes, les plus jeunes enfants pouvant être impressionnés par l'atmosphère inquiétante, ou déroutés par l'absence de dialogue dans un film de plus d'une heure. (J'imagine que ça reste à décider selon la maturité de l'enfant.)
Personnellement, j'ai beaucoup apprécié ce film, et je pense qu'il faut le prendre avant tout comme un voyage graphique et musical (ce n'est pas un scénario d'horloger où tout serait expliqué à la fin). Il m'a beaucoup fait penser aux jeux vidéo comme Journey et aux autres jeux de thatgamecompany (même accent sur les beaux paysages et la musique planante, même côté mystique) ou dans une moindre mesure aux ambiances de jeux façon Ori and the Blind Forest.
À découvrir, donc
