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Vu aussi Prisoners, je confirme une bonne petite claque bien noire et glauque avec un beau débat éthique. Du tout bon! ;)Globalement je suis d'accord avec toi Littlefinger, mais:
Littlefinger a écrit :J A l'instar du destin d'Abou Tarek dans Incendies, Keller, par la fatalité et l'horreur de sa situation, perd ce qui faisait de lui un homme et devient l'incarnation du mal. Sa descente dans les affres de la déshumanisation fait froid dans le dos. .
Je ne suis pas du tout d'accord avec toi la-dessus, je trouve que le réalisateur a justement évité l'écueil "incarnation du mal":
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Mais j'ai vraiment pas le temps d'en débattre maintenant, je repasserai ;)
L'exemple le plus probant en restera certainement le psychopathe enlevé lorsqu'il était jeune et qui perpétue en quelque sorte la folie qu'on lui a imposé.
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enfin bref développe stp ;)
En oubliant l'incohérence de toute fin, le cheminement de Prisoners reste brillant à bien des égards et trompe longtemps son monde entre schizophrénie et jeu sadique, et même si l'on reste un cran en dessous de Incendies niveau surprise, le cinéma de Villeneuve semble gagner en maturité et en profondeur.
Quelle incohérence?
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Donc Duarcan :
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Retour sur le buzz de Cannes, La Vie d'adèle, chapitre 1 et 2 :Accompagné d'un énorme buzz (et c'est peu de le dire), La Vie d'Adèle sort enfin en salles. Aux manettes, un certain Abdellatif Kechiche déjà largement connu en France pour des long-métrages tels que La Graine et le Mulet ou L'Esquive. Pourquoi toute cette cacophonie médiatique ? Eh bien, d'abord parce que le film s'est vu décerné rien de moins que la Palme D'or du festival de Cannes 2013. Ensuite, parce que Kechiche a fait scandale pour le traitement douteux de son équipe pendant le tournage, chose notamment relayée par ses deux actrices principales : Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Finalement, que vaut ce film au-delà des polémiques et de la pluie de critiques dithyrambiques ? Il ne faudra pas moins de 3 heures pour en venir à la douloureuse conclusion que La Vie d'Adèle est un énorme pétard mouillé. Kechiche choisit de librement adapter la BD "Le Bleu est une couleur chaude" pour nous décrire la vie de la jeune Adèle, lycéenne en pleine découverte des choses de l'amour et du désir. Elle découvre bien vite la sexualité avec une jeune et belle femme aux cheveux bleus, Emma, avec laquelle elle passera les premiers chapitres de sa vie d'adulte. En fait, vous l'avez compris, le film parle de l'homosexualité et du passage à l'âge mûr. En soi, voilà une belle thématique, assez délicate, mais avec un énorme potentiel. Du fait, les deux actrices principales se devaient d'assurer à l'écran. Soyons justes, Léa Seydoux dans le rôle d'Emma fait preuve d'un charme manifeste et d'une force admirable mais surtout la jeune Adèle Exarchopoulos compose une très belle partition autour du personnage d'Adèle, jeune fille dans la tourmente de ses sentiments et dans la découverte d'un amour pas forcément facile. Non, du côté des acteurs, on ne peut guère reprocher grand chose à ce long-métrage. Le soucis, c'est que sorti des quelques scènes touchantes disséminées par-ci par-là (les deux jeunes filles dans le parc en amoureuses par exemple), La Vie d'Adèle n'a rien d'autre pour plaire.Chez Kechiche, on filme tout en plans serrés. Surement pour faire intimiste et proche d'Adèle...certainement. Ainsi pendant 2h des 3h du film vous ne verrez que des gros plans, des plans serrés et même des bons gros zooms de chaumières sur, au choix, des bouches, des langues, des doigts, tant et si bien que l'arrivée d'un plan large fait l'effet d'une bouffée d'air frais. En fait, quand on ne sait pas filmer les choses, on trouve cette technique simple pour être "au plus près" des acteurs. Le résultat s'avère abominable de répétition et d’asphyxie, heureusement d'ailleurs qu'Adèle Exarchopoulos joue bien car vous la verrez en gros plan presque tout le temps, et même si cela a tendance à s’atténuer dans la seconde partie, vous aurez bien eu le temps de voir les personnages manger (Kechiche nous fait du réalisme, et pour ça, il fait manger en gros plans ses acteurs...no comment). Mais attention, le repas joue un grand rôle dans la vie d'Adèle puisqu'il est parti intégrante de la vision caricaturale de Kechiche sur la luttes des classes.Dans le monde de Kechiche, il y a deux types de personnes : les bobos-intellos-pétés de thunes qui mangent de façon raffiné des huîtres avec un bon vin blanc en acceptant la sexualité des autres et en parlant super bien comme il faut et les boulets-pauvres-beaufs qui se goinfrent de pâtes bolognaise maison (ou de bouffe grecque d'ailleurs) tout en évitant les sujets qui fâchent et en ne comprenant rien à la sexualité des autres. C'est d'ailleurs le début des caricatures pour Kechiche car Adèle, ce n'est que ça, mais vraiment que ça. Vous vouliez un film frais et osé ? Bienvenue dans le convenu et le cliché à tout-va. Pire encore, le monde artistique de la seconde partie est une atroce litanie de pensums affligeants et chiants où tout le monde a baisé avec tout le monde sur fond d'acceptation des différences. Plus affligeant, c'est difficile à ce niveau. Seul Salim Kechiouche dans le rôle de Samir ajoute ici quelques touches bienvenue d'humour, même si ( ENCORE ) c'est avec du gros cliché (les américains racistes qui font des films d'actions...). Mais au-delà de nous pondre Le petit Marx illustré pour les Nuls, Kechiche s'attaque avant tout à l'homosexualité.Et là, autant le dire tout de suite, c'est encore plus gratiné. Si les atermoiements d'Adèle à la découverte de ses préférences sexuelles semblent assez justes, les choses se tassent bien vite. D'abord parce que Kechiche fait dans le didactique assommant avec des cours entre les événements principaux pour bien appuyer sur ce qu'il se passe, des fois qu'on aurait pas compris. Ensuite, et surtout, parce que les clichés, encore une fois s'enchaînent. Adèle va dans les bars gays, antres de dévergondés, se fait traiter par ses copines à l'école parce qu'elle "lèche des chattes" avant de tomber sous le charme d'une lesbienne qui, elle, s'assume et fait les beaux-arts, et qui en plus est une bourge (on rejoint le paragraphe précédent). Evidemment, Emma, en tant que lesbienne, même si elle a une copine, on s'en fout, elle va coucher avec Adèle. C'est bien connu, les gays n'ont aucune espèce de fidélité. Arrivé à cette étape, on se dit que le pire est passé, mais non. Kechiche veut montrer l'homosexualité, la démystifier, et quoi de mieux que de montrer par le détail du sexe lesbien ? S'ensuit donc plusieurs scènes de sexe dont la première semble durer une éternité et qui prouve que oui, les sites internet n'ont plus le monopole du sexe lesbien. Cette fois, Kechiche nous fait le coup du Sexe Lesbien pour les nuls. 69, doigtage, cunnilingus, ciseau et même claquage de fesses (oui les lesbiennes, ça se claquent les fesses, c'est un peu maso aussi la lesbienne), on a droit à la totale. Le résultat ne se justifie jamais. Si c'est pour faire voir la passion charnelle, on y voit surtout du porno de bas étage avec des filles ahanant bêtement et se contorsionnant dans tous les sens avec moult gros plans parce qu'il faut reste intimiste. C'est déplorable. Le reste sera à l'avenant puisque Adèle finit par tromper Emma (N'oublions pas, la lesbienne n'a aucune fidélité) et la distance sociale qui les sépare les bouffe. Bien entendu, Kechiche ne pouvait pas en rester là et nous pond une dernière scène ridicule où Emma et Adèle se rencontrent dans un café. Adèle pleure (ENCORE) mais avant, elle tente de reconquérir Emma en lui léchant les doigts puis en lui prenant la main pour la mettre entre ses cuisses, tout ça au beau milieu d'un café en plein après-midi. Ben oui. La lesbienne n'a aucune pudeur. Pire que l'hétérosexuel de base. Le comble de toute cette peinture de l'homosexualité féminine à l'arrivée, au-delà de la tonne de clichés déversés à la minute, c'est que le film aurait été fait avec une histoire d'amour hétérosexuelle, rien n'aurait changé et on se serait retrouvé avec une histoire banale au cheminement simpliste. Ici, tout semble concourir à l'opportunisme. A aucun moment Kechiche ne sert vraiment la cause de l'homosexualité et La Vie d'Adèle semble avoir 20 ans de retard sur le sujet. Sur le même thème, les 10 minutes de la séquence de V Pour Vendetta avec la Lettre de Valérie apportent plus de finesse et d'émotions que les trois longues heures de la Vie D'adèle... C'est dire !N'oublions pas la fin du film, qui ne mène nul part sinon à dire qu'Adèle est seule à la dérive. Tout ça pour ça... Génial.La Vie d'Adèle est une imposture. Succédant au superbe Amour d'Haneke l'année dernière, le film n'est rien de moins qu'un pensum boursouflé caricatural au possible et qui tente de surfer sur le thème de l'homosexualité pour trouver une reconnaissance particulière. On en vient surtout à se demander à quel point la remise de cette palme n'avait pas des intérêts politiques au fond, notamment en prenant en compte le contexte qui l'a vu naître. Rien ici ne justifie une telle reconnaissance, et surtout pas une intrigue aseptisée et faussement sulfureuse. A éviter.

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La Vie d'Adèle, chapitre 1 et 2 est donc un film d'Abdellatif Kechiche librement inspiré de la BD de Julie Maroh Le bleu est une couleur chaude, sortie en 2010 et qui avait elle-même remporté plusieurs prix. La BD retrace a posteriori la relation entre deux femmes, Clémentine et Emma, en bonne partie à travers le journal intime de Clémentine ; du collège jusqu'à l'âge adulte, nous suivons Clémentine, dont la vie est largement marquée par sa rencontre avec Emma, alors élève aux Beaux-Arts.Kechiche ne réalise pas ici une adaptation de la BD, mais bien une oeuvre distincte qui s'en inspire librement. Très proche des événements de la BD dans sa première moitié, le film s'en écarte ensuite, tout en gardant quand même les grandes lignes de l'intrigue (les principales étapes de la relation entre les deux femmes), et termine avec une fin changée. Du côté des personnages, si Emma reste très proche de ce qu'elle était chez Julie Maroh, Clémentine devient Adèle, prénom de l'actrice qui la joue, mais aussi personnage nettement différent de la Clémentine de la BD ; parmi les personnages secondaires, on retrouve les mêmes que dans la BD avec peu de changements, plus quelques autres.Le type de narration adopté par Kechiche, en revanche, est différent d'emblée : pas de journal intime, pas de flashbacks, mais un récit qui tente de s'approcher au plus près du "film d'une vie". Cette recherche du réalisme dans la spontanéité et dans des dialogues aussi "ordinaires" que possible est un choix très net, qui ne peut que susciter des réactions contrastées. C'est lui qui permet au film ses plus beaux moments et d'autres moins réussis. Mais c'est majoritairement dans les quelques séquences où Kechiche ne tient plus ce parti pris que le résultat peut devenir vraiment mauvais.La Palme d'or à Cannes récompensait explicitement le travail des deux actrices principales et non pas seulement celui du réalisateur. Un choix qui se comprend pleinement au visionnage du film : elles crèvent l'écran toutes les deux. J'ai particulièrement apprécié le jeu d'Adèle Exarchopoulos, qui donne une performance impressionnante et a en plus eu la décence de ne pas verser à fond dans l'autopromotion ces derniers mois. A l'écran, les deux personnages vivent littéralement leur relation dans toutes ses étapes, de la naissance de l'amour jusqu'aux moments les plus orageux.Après un début quelque peu scolaire où les citations de La Vie de Marianne se rapportent de façon bien voyante à l'héroïne du film, on suit le quotidien d'Adèle dans ce qui semble d'abord une suite de "moments vécus" décousus. L'intrigue n'émerge que petit à petit, presque insensiblement, au travers de cette masse d'événements banals et de répliques en apparence insignifiantes. Le film n'est jamais aussi puissant que lorsqu'il arrive à imiter au plus près ce flot de la vie réelle dans lequel on ne voit littéralement pas arriver les choses importantes, alors qu'elles arrivent ou qu'elles sont déjà là. Si vous préférez les films aux scénarios très cadrés, très aristotéliciens, où il n'y a jamais une réplique en trop et où on peut sentir les engrenages qui cliquettent et le bracelet à tension dramatique qui se retend à chaque mot, vous risquez de vous agacer rapidement devant une pareille façon de filmer où on a l'impression que rien n'avance et que toutes les répliques sont dépourvues d'intérêt. Mais le jeu qui s'installe en vaut la peine, avec son rythme nécessairement plus lent. Ça ne marche pas pendant les trois heures, d'autant qu'on finit par s'user de revoir toujours les mêmes procédés de réalisation à force (les plans serrés, notamment, ou les scènes de repas), mais pendant pas mal de temps, ça marche.Tout le début du film, les débuts de l'amour et la découverte par Adèle de sa sexualité et de ses sentiments, contiennent de nombreuses séquences très bonnes voire franchement excellentes, que ce soient les dialogues avec Emma ou la description des mécanismes de la rumeur et du déclenchement des réactions homophobes au lycée, filmées avec beaucoup d'habileté, sans réplique cliché et sans manichéisme.La BD de Julie Maroh était clairement engagée, notamment par la façon dont elle montrait la réflexion menée par Clémentine sur elle-même et l'engagement militant d'Emma, toutes deux étant par ailleurs de gauche (on les voit au moment de l'élection de Sarkozy). Le film de Kechiche opère un choix différent, celui de traiter en bonne partie cette histoire d'amour comme n'importe quelle histoire d'amour... ou en tout cas d'essayer. C'est à peine si le mot "homosexualité" est prononcé dans le film. L'avantage, c'est que c'est reposant et qu'on peut se concentrer sur les personnages et leur relation proprement dite. L'inconvénient, c'est que le résultat perd en engagement mais aussi tout bêtement en réalisme par rapport à la BD. Une relation entre femmes où on ne parle même pas du sujet de l'engagement politique pro-LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans), ça ne fait pas très crédible dans une France où, comme dit Jean-Luc Romero, "Un gay qui vote pour la droite est comme une dinde qui voterait pour Noël".C'est d'abord dans cette lacune un peu trop grosse que le film atteint ses limites, lorsqu'une participation d'Adèle et Emma à une Marche des fiertés est filmée uniquement sous l'angle festif, sans même qu'apparaisse le moindre vrai slogan LGBT (à voir des panneaux "Oui !", on devine qu'il s'agit d'une manifestation pour l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, mais aucun indice ne permet de le comprendre : j'imagine qu'il a fallu plusieurs heures de tournage pour arriver à filmer des plans sans aucun panneau ou banderole explicite !).Ce n'est pas tellement mieux dès qu'il s'agit de filmer les bars gays, qui se ramènent à des lieux à la lumière tamisée peuplées jusqu'à ras bord de couples tous occupés à s'embrasser simultanément. On a l'impression d'assister à des kiss-in plutôt qu'à une entrée dans un bar ; c'est irréaliste et assez lourdingue.Mais le film touche à d'autres limites, plus gênantes encore, lorsqu'il s'agit de montrer les deux femmes au lit. Subitement, la recherche de réalisme de Kechiche, qui fonctionnait si bien dans les conversations et les baisers des deux amoureuses, s'arrête à la porte de la chambre à coucher. On se retrouve avec des scènes sans aucun dialogue filmant deux femmes nues emboîtées de différentes manières. La première fois d'Adèle et d'Emma est plus que surprenante : elles ne parlent jamais et savent déjà tout le Kama sutra ! A deux ou trois autres reprises, on verra le film s'arrêter et montrer deux femmes sur un lit, toujours sans le moindre dialogue. Puis l'histoire reprend. Ce manque de connexion entre ces scènes et le reste de l'histoire leur nuit énormément. Kechiche dit avoir recherché quelque chose de "sculptural" pour les scènes de sexe. Il y en a, en effet, et on a tort de parler de pornographie (ça n'est pas du tout filmé comme ça), mais le résultat, sans être laid, est ennuyeux, irréaliste, et apparemment (à lire les critiques) même pas représentatif de la "vraie" sexualité entre femmes. Paradoxalement, c'est une scène où il ne se passera finalement rien au lit qui fonctionne le mieux, parce que les personnages y parlent et y vivent, enfin !Bien plus tard dans le film, on comprend que Kechiche a voulu dire quelque chose sur la puissance de l'attirance physique, qui lie les deux personnages indépendamment de leur volonté - un beau sujet difficile. Malheureusement, de ce point de vue, c'est un échec, car ces scènes ne disent rien là-dessus. Et le film se casse complètement la figure au moment d'une scène dans un bar supposée montrer la persistance de cette attirance entre Adèle et Emma : ça vire au grand n'importe quoi, mal filmé et complètement irréaliste étant donné la présence des gens autour. Là, pour le coup, on a l'impression de voir un mauvais film érotique qui tourne au nanard.Heureusement, dès qu'il n'y a plus de sexe, ça va un peu mieux. Ce qui n'empêche pas le film d'entretenir à l'occasion dans les vieux mythes sur le plaisir féminin, ce qui montre très nettement à quel point il ne s'agit pas ici de cinéma lesbien ou même LGBT.
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Autre manque du film par rapport à la BD : la suppression des péripéties familiales qui bouleversaient la vie de Clémentine à cause de sa relation avec Emma. La BD étant malheureusement assez réaliste sur ce point, cela laisse l'impression que Kechiche n'a pas autant voulu s'intéresser aux discriminations et aux violences subies par les LGBT. En revanche, un ajout du film par rapport à la BD est un approfondissement de la différence entre les deux personnages. Les ambitions et les buts dans la vie d'Adèle et d'Emma sont radicalement différents et cela finit par poser problème. Mais là où c'était avant tout la différence de personnalité des deux femmes et les problèmes de fidélité au sein du couple qui minaient leur relation dans la BD, Kechiche y superpose une lecture sociale que l'on pourra juger plus ou moins subtile, mais qui a le mérite de complexifier les personnages en ne les examinant pas uniquement sous l'angle de leur sexualité et en ne les idéalisant pas. Reste qu'on peut s'agacer par moments de voir la condition sociale d'Adèle exprimée par une mauvaise coiffure, des plats de spaghettis et une expression désorientée qui lui donne un air un peu cruche, alors que la Clémentine de la BD bouillonnait de questions et de réflexions personnelles mises en valeur par le procédé du journal intime.En résumé, La Vie d'Adèle n'est pas un mauvais film, mais à mes yeux c'est un peu comme si Kechiche était à Le bleu est une couleur chaude ce que Peter Jackson a été au Seigneur des Anneaux*, c'est-à-dire un réalisateur capable du meilleur et du pire à quelques minutes d'intervalle et qui gagnerait parfois lui aussi à travailler la concision. Sa recherche de réalisme fonctionne souvent bien, mais je regrette qu'il n'ait pas réellement été jusqu'au bout dans sa démarche et que son film soit parfois si maladroit et si naïf dans la représentation des LGBT. Il reste la démarche et des pans entiers très réussis, qui font que cela vaut la peine de voir le film (en salles ou plus tard en DVD ou à la télé) pour se faire un avis.* Sans le côté fan revendiqué et heureusement sans l'esthétique clip pompier mielleuse des séquences d'amour du SdA.

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Je reviens (avec retard certes mais le film est encore visible en salles sur Lille, un sacré exploit !) sur Alabama Monroe, un de mes petits coups de coeur de l'année :L'année dernière, au milieu de tous les films américains, anglais ou français, un petit film tout droit venu de la Belgique, et plus précisément de la Flandres, avait fait forte impression. Après ce Bullhead, c'est aujourd'hui un autre film flamand qui fait parler de lui. Fort d'un succès non négligeable chez nos voisins, le long-métrage de Félix Van Groeningen (La Merditude des choses) débarque dans nos salles sous le nom d'Alabaman Monroe - Rappelons que le titre original était The Broken Circle Breakdown, prouvant encore une fois que les voies du marketing sont impénétrables- et enregistre, oh surprise, un grand succès auprès du public. Partant d'un sujet très difficile, Alabama Monroe impose rapidement une ambiance et une force qui surprennent. Didier rencontre Elise. Lui, un passionné de country music et de la culture américaine, chanteur dans un groupe pendant son temps libre, et elle, tatoueuse à l'apparence étonnante et au corps transformé en oeuvre d'art. Rapidement, les deux tombent follement amoureux et non seulement chantent ensemble mais bâtissent une vraie vie de famille avec l'arrivée de leur fille Maybelle. Tout semble tenir d'un conte de fées imprévu et atypique jusqu'au jour des 7 ans de Maybelle où celle-ci semble étonnamment fatiguée... Rien ne peut vraiment rendre compte à ce stade de la puissance émotionnelle d'Alabama Monroe. Bien sûr, on devine le drame, on le pressent mais le fait de le vivre change la donne.Car Maybelle tombe très gravement malade et le couple ne sera pas sans rappeler celui de La Guerre est Déclaré de Donzelli dans son combat pour leur enfant. Mais les ressemblances s'arrêtent là, puisque Van Groeningen élabore un film autour de l'acceptation et du deuil, mettant à rude épreuve l'amour de son couple comme le cœur de ses spectateurs. Instantanément, on se prend d'affection pour les deux protagonistes principaux. Interprétés respectivement par les géniaux Johan Heldenbergh et Veerle Baetens - une vraie révélation cette femme, avec une voix en or massif -, Didier et Elise forment réellement un couple inattendu et décalé. Pourquoi ? Parce qu'ils vivent comme des cow-boys en plein milieu de la Flandres et ce décalage perpétuel donne un immense charme non seulement à leur union mais aussi au film dans son entièreté. Et de surcroît parce qu'ils s'avèrent terriblement humains, avec leurs (nombreuses) failles et leur immense courage.Van Groeningen refuse tout net de construire un film linéaire et entrelace son récit. D'un côté, les événements suite à la découverte de la maladie de Maybelle, de l'autre, la rencontre et l'amour naissant des deux amants. Cette seconde partie, distillée savamment au cours du récit, fait preuve d'une justesse et d'une authenticité troublante, alliant une douceur indéniable avec une poésie de tous les instants. Poésie que l'on retrouve dans la relation entre Maybelle et Didier, entre une petite fille qui veut croire et son père athée qui veut la rassurer. En fait, jusqu'à la fin et malgré toutes les épreuves, Alabama Monroe reste un film sensible et poétique, jusque dans ses tatouages.Cependant, le long-métrage n'a rien de facile. Bien plus sombre qu'attendu, il a un peu (trop ?) tendance à enchaîner les coups durs mais le fait avec un certain brio, décrivant la douleur et les moyens pour passer au-dessus des épreuves de la vie avec beaucoup de justesse. C'est d'ailleurs l'alchimie entre les deux acteurs principaux qui permet de toucher et d'émouvoir tant sur des sujets si difficiles. Crève-cœur évident, Alabama Monroe s'impose comme un film poignant de la première à la dernière minute, avec ses fou-rires et ses larmes, avec ses moments d'amour et de chagrin. Un film qui refuse la facilité et prend avec plus ou moins de bonheur un chemin plus sombre et tortueux.Dernière chose et non des moindre, Alabama Monroe s'appuie énormément sur sa bande originale, interprétée par les deux acteurs principaux. En disséminant les morceaux de country de-ci de-là au bon moment, Van Groeningen touche juste et quelques morceaux restent inoubliables - on pense notamment à Wayfaring Strangers et If i needed you, tous les deux dominés par la voix incroyable de Veerle Baetens - donnant un cachet encore plus décalé par rapport au cadre de l'action et en renforçant l'impact émotionnel sur le spectateur. On pourra reprocher au procédé d'être un tire-larmes mais les séquences s'avèrent tellement belles...que tant pis.Magnifique surprise tout en émotions bruts, magnifié par un duo d'acteurs aussi improbable que génial et surtout par le découpage et la réalisation soigné de Felix Van Groeningen, Alabama Monroe s'impose comme un excellent film aussi poétique que dur, mais qui vaut certainement le coup d'oeil.

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Allez, hop, un peu d'humour dans ce monde de brutes avec Malavita de Luc Besson : Malavita s'impose comme un long-métrage médiocre et risible. Un des prétendants au pire film de l'année.

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"Luc Besson confirme son statut de réalisateur qui n'aurait jamais du toucher une caméra de sa vie."The Lady de Luc Besson : 8,5/10Un film essentiel, poignant et d'une force incroyable, malgré quelques longueurs.Je ne comprendrai jamais ce genre d'affirmation: on peut critiquer sans tomber dans l’excès, la "nuance" ce mot existe en français.

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Je crois aussi avoir dit que The Lady c'est un peu l'exception, y'avais rien de Besson dans ce film, c'est un accident à l'envers comme avec Caton Jones qui a fait que des trucs nuls sauf l'excellent Shooting Dogs.Et la nuance existe mais, non j'aime pas ce que fait Besson.Tiens l'échange original :
The Lady - Luc Besson - 2011L'histoire de Aung San Suu Kyi, une birmane qui revient de son exil en Grande-Bretagne pour se battre pour son peuple et son pays.Luc Besson délaisse un peu sa réalisation outrancière pour s'effacer derrière cette femme hors du commun, magistralement interprétée par Michelle Yeoh au côté du trop rare David Thewlis dans le rôle de son mari.Un film essentiel, poignant et d'une force incroyable, malgré quelques longueurs.8,5/10Comm : C'est pas l'avis du crash test de canal + ^^Littlefinger : Pourtant moi qui déteste Besson d'habitude, j'ai aimé... C'est dire.
Donc, pas d'incohérence, on peut avoir le droit de trouver que Besson fait traditionnellement de la merde comme on a le droit de l'aimer. C'est une opinion parmi tant d'autres.

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Il a aussi surtout fait Jeanne d'Arc et taxi 58 qui sont des chefs d'oeuvre!!!!!:jesors:tout ça pour dire que je suis assez d'accord avec Mr petit doigt

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Taxi c'est l'ancêtre de Fast and Furious c'est ça ?Et puis il a fait la mythique trilogie Arthur et les Minimoys (une triple bouse monumentale) nan ? :sifflote:

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Littlefinger a écrit :Allez, hop, un peu d'humour dans ce monde de brutes avec Malavita de Luc Besson : Malavita s'impose comme un long-métrage médiocre et risible. Un des prétendants au pire film de l'année.
Tous les écrits saints interdisent pourtant de visionner du Luc Besson. Même les écrits pas saints.

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Je crois aussi avoir dit que The Lady c'est un peu l'exception, y'avais rien de Besson dans ce film, c'est un accident à l'envers comme avec Caton Jones qui a fait que des trucs nuls sauf l'excellent Shooting Dogs.
On a déjà cité Léon, qui est en effet pour moi le seul grand film de Luc Besson, mais pour ce qui est de Michael Caton Jones, je me dois de rappeler qu'il a aussi fait l'excellent Rob Roy, avec Liam Neeson, Jessica Lange et Tim Roth. Un des meilleurs films historiques des années 90, selon moi, qui a eu la mal chance de sortir la même année qu'un autre film mémorable sur un autre héros écossais : Braveheart.

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Littlefinger a écrit :Donc Duarcan :
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En fait, je t'ai jamais répondu la dessus...Je comprends ton point de vue même si j'adhère pas à tout, dont ta vision du père mais je pense que là on quitte la lecture du film pour toucher au domaine très subjectif de l'opinion de chacun sur l'un des débats éthiques sous-jacents au film: Y a-t-il des circonstances où la fin justifie -t-elle les moyens? Et comme dans tous les sujets polémiques et complexes comme l'éthique, les opinions subjectives ne bougent pas vraiment, voire même se cristallisent, dans un débat (encore plus sur un forum); d'où le peu d'intérêt à poursuivre.Mais je comprends ton point de vue ;)PS: j'avais pas fait le lien avec
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Je vois que nous avons affaire à des experts du jugement à l'emporte pièce qui balaye d'un revers leur propre contradiction; "y'avais rien de Besson dans ce film" sauf que c'est bien lui le réalisateur ....non mais comme si un réalisateur devait se cantonner à un seul style ou à un seul art; Ensuite, on peut ou pas aimer Besson, peu importe mais entre Subway, le grand bleu, le 5 ème élément ou Léon, dire qu'il n'aurait jamais du prendre la caméra, c'est comme dire que certains critiques feraient mieux de s'abstenir de commenter....Ps: et je m'appuyais sur cet échange original "The Lady de Luc Besson : 8,5/10Luc Besson délaisse un peu sa réalisation outrancière pour s'effacer derrière cette femme hors du commun, magistralement interprétée par Michelle Yeoh au côté du trop rare David Thewlis dans le rôle de son mari.Un film essentiel, poignant et d'une force incroyable, malgré quelques longueurs." post 588 page 30.