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Critique d'un second prétendant aux Oscars avec 12 Years a slave de Steve McQueen (Désolé de la longueur, si ça gêne, je peux enlever...):Prétendant poids lourd des Oscars 2014 – favori même – le troisième long-métrage de l’américain Steve McQueen, après Hunger et le fabuleux Shame, adapte à la fois un roman de Solomon Northup lui-même mais s’attaque aussi à un sujet délicat et essentiel avec la Traite des Noirs. En réunissant un casting 4 étoiles et en s'étalant sur près de 2h15, McQueen a réuni tous les éléments pour éclipser le foutraque et décevant Majordome de Daniels mais également pour marquer l’histoire du cinéma, à la façon d’un Pianiste ou d’une Liste de Schindler. Encensé par la presse américaine, le long-métrage arrive juste à temps pour être visionné avant la remise des prestigieuses statuettes. Reste alors une question : 12 Years a Slave est-il à la hauteur des espérances ?Solomon Northup, homme noir habitant à Saratoga, libre et érudit, musicien à ses heures, décide de s’engager avec deux hommes pour entreprendre une série de représentations à Washington. Trahi et vendu aux esclavagistes, il se retrouve rapidement dans les plantations des états du Sud à la merci d’intendants et de maîtres cruels. Maltraité, humilié, Solomon adopte vite son faux-nom de Platt et apprend à courber l’échine. Mais en secret, il brûle de vivre et d’échapper à l’esclavage. Il lui faudra près de 12 ans pour redevenir un homme libre. Soyons clair : aborder le sujet de l’esclavage et de la Traite des Noirs s’avèrent difficile et délicat. Parce qu’il faut savoir une chose, c’est qu’il s’agit d’une ignominie et d’un crime contre l’humanité qui n’a que de rares égaux dans l’histoire de l’homme. La sortie de 12 Years a slave coïncide avec la période Obama, ce qui n’est surement pas un hasard, et prouve que, dans un sens, le temps pour l’Amérique de regarder son histoire est enfin venu. Bien qu’il n’y ait pas eu que les américains d’impliquer, loin de là, ils ont eu une place immense et furent un des moteurs de cette horreur organisée. Ainsi, parler de 12 Years a slave ne peut se comparer à un autre film ou au récent Majordome. D’abord parce que contrairement à Daniels, McQueen est un des meilleurs réalisateurs vivants, et ensuite parce qu’il y aura forcément le poids de la mémoire et de l’émotion qui planeront sur le long-métrage. A partir d’ici d’ailleurs, nous utiliserons le mot « nègre » et non noir, ceci pour une raison importante : celle de ne pas occulter tout le sens que ce mot contient, toute son instrumentalisation et sa déshumanisation.Une fois n’est pas coutume, évacuons d’abord les défauts de 12 Years a slave. Steve McQueen n’arrive pas à deux choses dans ce long-métrage. Premièrement, le spectateur ne ressent quasi-jamais le temps qui passe. Pas le temps dans une journée – ce qu’il réussit paradoxalement extrêmement bien – mais les douze années en question ne se ressentent pas assez dans l’histoire, si bien qu’on pourrait croire que Northup n’a enduré qu’un ou deux ans. Deuxièmement, McQueen pêche par modestie. Là où La Liste de Schindler durait plus de 3 heures, 12 Years a slave n’en fait que 2h et quelques, ce qui laisse parfois une impression de précipitation et ne laisse pas totalement la place pour parler de tout, certains personnages comme Ford et Maîtresse Shaw ne font que passer ou presque et auraient vraiment mérité plus de temps, plus d’approfondissement. Au-delà de ces deux griefs, mettons fin au suspense, 12 Years a slave n’est rien de moins qu’un immense chef d’œuvre.En introduisant Solomon Northup directement dans la peau d’un esclave avant de revenir sur sa condition d’homme libre, McQueen annonce le ton de son film. Pendant tout le long-métrage, nous suivrons Solomon, sans concession aucune, sans hors-champ, sans autre chose que la vérité nue, aussi cruelle soit-elle, à la façon d’un Pianiste. Tout est fait dans 12 Years a slave pour inclure le spectateur dans l’action, pour lui faire adopter les habits élimés de Northup. Après un court retour en arrière sur la vie de l’homme noir avant qu’il ne devienne un nègre, le film ne connaîtra plus d’accalmie. McQueen s’enfonce petit à petit dans la mécanique du marché des nègres en enchaînant les scènes incroyables et choquantes, sans jamais en faire des tonnes, sans jamais appuyer ou surligner son propos par une musique grossière et pompière. La première vraie claque vient de la vente chez Freeman – incarné par un excellent Giamatti – où McQueen n’hésite jamais à montrer le corps des nègres à nue, exhibés comme des bêtes, comme des sous-êtres, comme de la vulgaire marchandise. Sèche et poignante, la scène installe un des premiers axes de lecture voulu par McQueen : l’humiliation. Constamment, le nègre se retrouve objet, simple bien à échanger, battre ou éreinter. Les esclavagistes nient purement et simplement leur humanité, les uns par commodité, les autres par pure haine. Ainsi, on suit les maîtres successifs de Solomon et deux se démarquent : Ford et Edwin Epps. Le premier, incarné par un impeccable Benedict Cumberbatch, illustre la première face de l’entreprise. Pas forcément mauvais, même plutôt tolérant, il ferme les yeux sur les origines de ses nègres, il reste une sorte d’acteur docile, par intérêt, pas forcément convaincu de l’esclavage. Le second, Epps, incarne l’autre aspect, celui de la haine pure et simple, de l’abjection humaine, du racisme à l’état le plus pur. Pourtant, chez l’un ou chez l’autre, Solomon subira des tortures insoutenables et en sera aussi témoin. Mc Queen ne tente pas de faire passer l’horreur sur la pellicule, non. Il force le spectateur à se noyer dans l’horreur, à s’asphyxier avec. Par des séquences aussi intolérables psychologiquement parlant que cette simili-pendaison, qui semble durer des heures et des heures, qui laisse voir la vie aux alentours et tous ces autres qui sont obligés d’ignorer la souffrance. Faux plan-séquence incroyable, la scène fait office de coup de masse. Mentionnons une autre scène insupportable, celle du fouet, et de cette perversion trop familière de faire punir un nègre par un autre. On pourrait croire que McQueen nous montrerait les choses hors-champ, mais il n’en est rien. Les coups résonnent, forts, durs, dans le silence complet, sans musique aucune, avec le sang et la chair arrachés par chaque claquement. Bien sûr, le métrage ne s’arrête pas là, il fait même plus fort dans la violence psychologique, il va plus loin dans l’humiliation – formidable passage du savon et celui de l’étreinte nocturne – et McQueen parvient à faire suinter l’abjection de chaque minute, de chaque plan quasiment. Son second objectif est atteint, jamais l’horreur de l’esclavage n’a été plus palpable et plus brutal.Si ces réussites s’avèrent possibles, c’est bien entendu grâce non seulement au talent du réalisateur – 12 Years a slave est une réussite formelle et scénique formidable, qui alterne les plans superbes et l’intimiste le plus cru – mais surtout à ses acteurs. L’ensemble du casting doit être salué, jusqu’au derniers des seconds rôles, tous épatants. De Paul Dano, génialement à l’aise dans un type de rôle qu’il maîtrise à la perfection, à Brad Pitt, sobre et impérial en passant par Sarah Paulson, glaçante et détestable. Mais c’est bien évidemment deux acteurs qui brillent dans ce beau monde. D’abord, Chiwetel Eijofor qui crève l’écran avec sa force, sa sensibilité et ses larmes, naturellement pressenti pour la statuette du meilleur acteur et qui ne l’aurait pas volé. Ensuite, Michael Fassbender, le favori de McQueen, époustouflant de cruauté, tellement juste et intense, grimé en maître esclavagiste impitoyable, terrifiant et, comme par hasard, lui aussi un des favoris pour la récompense suprême. Le long-métrage réserve aussi une dernière surprise en la personne de l’inconnue Lupita Nyong'o qui incarne Patsey, le plus touchant et le plus poignant des personnages qui traversent le film, une grande grande révélation, crève-cœur total qui mériterait plus que toutes les autres de monter chercher son oscar.Steve McQueen fait preuve d’un immense talent également pour narrer une histoire avec une abnégation et une humilité indéniables. Contrairement au Majordome, McQueen prend son temps pour décrire l’horreur, nous immerger dedans et débarrasse son film de toute autre considération, oubliant les histoires annexes insipides pour se recentrer sur l’essentiel. Il économise ses moyens, ne force jamais le trait et assène des lignes de dialogues travaillés et éprouvantes – encore une fois la scène du savon ou celle de l'épilogue, extrêmement fortes. Le film est miné de fulgurance et culmine certainement quand McQueen fait taire ses acteurs et filme l’étreinte finale de Patsey et Solomon, une émotion terrible qu’on n’avait pas ressenti depuis les remerciements des juifs de Schindler. Cependant, McQueen reste un homme intelligent jusqu’au bout et nuance son récit. Le blanc n’est pas que mauvais dans 12 Years a Slave, et l’on s’aperçoit vite du rôle essentiel de Bass, qui contredit toute généralisation et témoigne que comme toujours, tous n’ont pas été au bout de l’horreur. Le film se permet également, le temps d’une scène, une rencontre totalement incongrue mais vraiment forte, celle entre des Indiens et des nègres, deux peuples anéantis, brutalisés, déshumanisés par les colons américains. Ce mot nègre ne doit plus apparaître. Plus maintenant. C’est libre que finira Solomon, c’est libre que cet homme noir luttera pour ses frères et sœurs. Honte aujourd’hui à ceux qui se désignent eux-mêmes comme des nègres, tous ces rappeurs et autres artistes hip-hop devraient avoir honte. McQueen le démontre avec une force inouïe.12 Years a Slave se pose entre La Liste de Schindler, Le Pianiste, Shooting Dogs, Danse avec les loups et Hotel Rwanda, témoignage de l’horreur humaine absolue, du crime contre l’humain. Réalisé avec une maestria immense, peuplé d’acteurs au sommet et parcouru par des scènes inoubliables, voici le gagnant des Oscars. Ou du moins, on l’espère de tout cœur. On espère voir Steve McQueen et tout son casting ovationné par tous, tant le long-métrage laisse tout le monde sur le carreau, tant il est essentiel pour l’Amérique de se regarder en face.Un authentique chef d’œuvre.
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Hop, une petite découverte sans prétention mais bien agréable avec Emergo :Le cinéma d’horreur-fantastique a connu un certain virage depuis quelques temps autour du Found Footage. Ce style - où l’on suit de façon réaliste la vie des protagonistes au moyen notamment de caméras que tiennent les personnages ou d’autres choses encore du même acabit – a un peu émergé avec le fameux Projet Blair Witch (des ados coincés dans une forêt avec une histoire de sorcières, un film fauché assez médiocre au demeurant mais qui a engrangé des caisses de recettes) pour se voir revigorer d’abord avec la série espagnole [Rec] (très inégale) puis décliné à toutes les sauces depuis la franchise Paranormal Activity (l’arnaque du siècle). C’est encore une fois par le cinéma espagnol que vient la surprise avec ce petit Emergo, un court film de 1h20 à peine qui a fait son chemin dans les festivals mais n’est jamais sorti en France. Mais au fait, pourquoi est-il différent des autres ?Eh bien pour plein de (bonnes) raisons. Premièrement parce que le spectateur entre directement dans l’action, contrairement aux Paranormal Activity où l’on s’ennuie ferme durant les trente premières minutes – voir plus – avant d’avoir des choses croustillantes, Emergo nous plonge sans attendre dans le bain. On suit l’arrivée d’une équipe de scientifique du Docteur Helzer, un expert en parapsychologie, accompagné des jeunes Paul et Ellen. Leur destination ? Un petit appartement miteux d’un immeuble non moins miteux où la famille d’Alan White, un père veuf, doit faire face avec ses deux enfants, Caitlin et Benny, à des phénomènes inquiétants. Pas de fioritures ici ou de présentation débile, au bout de 5 minutes, la première manifestation pointe le bout de son nez – et pas à moitié. C’est d’ailleurs une autre différence notable, celle du rythme. Alors que les Paranormal-Activity-like sont d’une lenteur quasi-consternante et ne s’affolent que dans les toutes dernières minutes, avec Emergo, c’est un peu les montagnes russes, alternant quelques accalmies pour poser l’histoire, à de gros pics d’adrénaline bien méchant.Ainsi quand ça claque…eh bien ça claque. Tout s’emballe et ce n’est pas juste une cuillère qui change de place. Ici, si on voit un plan fixe ou mobile, c’est qu’il va se produire quelque chose, pas de faux suspense putassier pour rallonger le film. Une des grandes forces d’Emergo, c’est de tenter un impressionnant nombre de choses au niveau des plans. De la banale caméra à l’épaule à la caméra de surveillance en passant par la caméra sur la tête de la personne ou, beaucoup mieux et génial, le stroboscope. Celui-ci donne la meilleure scène du film, crispante à souhait à mesure que les flashes se suivent. En ne laissant que peu de répit au spectateur, Emergo assure le job, et n’ennuis jamais. De même, l’aspect banal et assez miteux de l’appartement ajoute quelque chose à l’atmosphère, le choix de la belle maison bien clean des Paranormal Activity laissait toujours perplexe sur ce point.Enfin, on trouve autre chose que de la frousse et des fantômes dans Emergo. Alors que chez les concurrents, on mise sur les scènes du quotidien – super, ils font la cuisine ! Oh ils jouent à la Xbox !! Heureusement qu’on en a fait un film – Torrens donne un fond à son métrage. Certes, celui-ci n’est pas d’une grande originalité – malgré un petit twist appréciable – mais il a le mérite de donner des contours et une épaisseur aux personnages, notamment au Dr Helzer et à Alan White. Outre l’horripilante adolescente, Caitlin, on trouve une petite histoire de conflit familial et de deuil qui finit non seulement par devenir intéressante mais permet notamment une belle scène de confrontation avec le père joué par un Kai Lennow très convaincant. En bref, le dernier avantage d’Emergo, c’est de tenter de proposer une véritable histoire derrière le fantastique et les scènes chocs, et pas du vide ou du pseudo-mystérieux. Le film comprend mieux que s’il veut arriver à impliquer un minimum le spectateur, il faut lui donner du concret, et ça change énormément les choses. Tout le volet sur les explications données par le Dr s’avèrent pas mal trouvé non plus, rien d’extraordinaire, mais assez drôle au second degré par son scepticisme obsessif. Ramassé sur une courte durée, mené à toute vitesse, Emergo a le mérite de ne pas prendre juste son public pour des vaches à lait. En proposant une histoire agréable à suivre, en multipliant les tentatives de mise en scène dans un cadre tout sauf propret, Carles Torrens donne ce que l’on appelait jadis une bonne série B sympathique en faisant par-là même le meilleur représentant du genre Found Footage avec son sous-estimé parent [Rec] 2. A découvrir – dans le noir.
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Totalement en accord avec ta critique de 12 years a slave ! 

J'ai trouvé cette scène incroyable, vraiment très forte, la meilleure scène du film selon moi.Après je ne suis pas d'accord pour dire que Le Majordome est raté, de mon côté j'ai vraiment adoré. Le double point de vue père-fils avec la vision de l'intérieur (les actions de chaque président pour inverser les mentalités du peuple américain) et la vision du terrain (la vie du fils qui passe par toutes les phases est peut-être davantage convenue, je te l'accorde) forment pour moi un mélange harmonieux. Mais le débat est ouvert.Il force le spectateur à se noyer dans l’horreur, à s’asphyxier avec. Par des séquences aussi intolérables psychologiquement parlant que cette simili-pendaison, qui semble durer des heures et des heures, qui laisse voir la vie aux alentours et tous ces autres qui sont obligés d’ignorer la souffrance.
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Toute Façon littlefinger tu pourras dire ce que tu veux. Le majordome est un chef d'oeuvre car Barack l'a aimé et ça l'a même fait pleurer... :sifflote:Plus sérieusement, vu Philomena très bien. On reconnait tout de suite la patte du réalisateur. Philomena est impressionnante d'humilité même si un peu trop gentille. Elle me rappelle ma grand-mère qui veut jamais faire du mal à personne... Belle prestation de judi dench. Avec quelques moments absoluments jouissifs .Le cynisme de Martin m'a beaucoup plu.Très beau film, qui charge les erreurs commises par certains membres de l'église tout en évitant de tomber dans la surenchère anti-chrétienne
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Vu Le Vent se LèveMoi perso je me suis plutôt ennuyé mais force est de reconnaître qu'à mon sens les thématiques abordées sont intéressantes. Le héros est l'incarnation archétypale du japonais : le travail est sa raison d'être, il n'y a rien au dessus. Sa copine/femme est méga-soumise et dévouée à ce que lui réussisse et ça aussi c'est archétypale. Je pense que Miyazaki a bien fait d'appliquer ce type de mentalité à son film, pour justement interroger le spectateur : est-ce que tout ceci a un sens ? Est-ce la bonne "manière de vivre" ? Et cela renvoie ainsi au poème de Valery qui structure un peu tout le film. Le Japon est à l'époque du film secoué par le tremblement de terre dans le Kanto (en 1923 je crois), puis l'épidémie de tuberculose de que l'héroïne développe, puis l'état de guerre perpétuel qui annonce un futur encore plus incertain. À ce titre, "le vent se lève, il faut tenter de vivre" est parfaitement reflété par son affiche : l'héroïne tente de réaliser ses rêves (la peinture), malgré le vent. En sortant de la salle de ciné, je me suis demandé pourquoi diable Miyazaki avait choisi de parler de la vie d'un mec aussi chiant que la pluie ? Franchement hormis la création de ses avions, il n'y a pas grand chose à retenir de ce type. Je pense que ce choix est en fait relativement anecdotique, l'objectif était avant tout de trouver un point d'entrée pour évoquer l'histoire trouble du japon pré-WWII et de tenter de poser une seule question aussi simple que : Peut-on vivre ses rêves malgré un climat aussi particulier ? Oui, selon le réalisateur. Pour ma part, j'ai largement préféré ce film à l'horrible Colline aux Coquelicots aussi creux qu'une chronique de Morandini.
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Personnellement, j'ai bien aimé Le Vent se lève, qui m'a beaucoup surpris parce qu'il est très différent des autres Miyazaki. Comme tu le dis, Guigz, son sujet est très spécifique et a priori peu porteur (la vie d'un ingénieur en aéronautique, pas si aventureuse que ça). Et le traitement qu'en fait Miyazaki demeure nettement plus réaliste que ses films précédents. Pourtant, il arrive à aborder un sujet pareil d'une façon très particulière, en donnant moins dans la fantasy que dans une sorte de réalisme magique qui montre les rêves de ses personnages autant que la réalité elle-même. Ce qui est intéressant aussi, c'est que son personnage principal, Jirō Horikoshi, est loin d'être parfait (y compris à la fin) et que (comme tu disais aussi) le film porte finalement sur la question de savoir comment vivre, comment bien vivre. Horikoshi est-il un égoïste qui veut réaliser ses rêves d'enfant en fuyant la réalité au mépris des conséquences de ses actes (i.e. inventer l'avion qui conduira les pilotes japonais au combat en soutien aux nazis et aux fascistes) ? Ou bien a-t-il eu raison de faire ce qu'il a fait, pour le bien de l'aéronautique et de l'humanité en général ? Idem dans sa relation avec sa femme, etc.Le rythme du film est assez lent, ce qui le distingue là encore de la plupart des précédents Miyazaki. Cela donne l'impression que c'est avant tout un film de plaisir, où Miyazaki met enfin à l'écran les avions qui l'ont toujours passionné (il n'y a qu'à voir les plans sur les détails techniques des avions - c'est un film à offrir à tous les fans d'aéronautique !), et aussi un "film d'atmosphère" sur cette époque qui ne savait pas encore qu'elle serait un "entre deux guerres". Et de ce point de vue là il y a des scènes magnifiques. On retrouve aussi un certain réalisme dans la représentation du Japon des époques passées qu'on voyait déjà juste avant dans La Colline aux coquelicots de Goro Miyazaki. Et puis, bon, il y a aussi des moments d'anthologie d'ores et déjà classiques :J'ai aussi bien apprécié la richesse des références culturelles présentes dans le film. On y parle quand même à la fois japonais, français, italien, allemand, et je crois un peu anglais ; c'est un film qui commence par une citation d'un poète français et contient de nombreuses citations d'oeuvres, livres, chansons, etc. qui visiblement ont servi directement à construire l'univers et l'intrigue du film. C'est agréable et c'est quelque chose qu'on voit encore trop peu souvent dans les films d'animation grand public hors animation japonaise.
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Bon, ça va devenir le film Ghibli le plus sous-estimé de ces dernières années. Personnellement ce film m'a redonné espoir en Goro Miyazaki après Les Contes de Terremer que je n'avais pas aimés du tout (ni le scénario, trop classique - mais c'est peut-être "la faute" aux romans - ni l'animation, nettement en dessous de la qualité habituelle des Ghibli). La Colline aux coquelicots est techniquement beaucoup plus soigné. Et même si l'histoire est loin d'être originale, c'est une évocation très détaillée du Japon de l'époque avec des personnages pas mal plantés et des lieux mémorables. Personnellement j'ai été fan du "Quartier latin" et de ses clubs étudiants ! (Et aussi surpris par la francophilie qui se dégage du film, et qu'on retrouve dans Le Vent se lève.)Guigz a écrit :Pour ma part, j'ai largement préféré ce film à l'horrible Colline aux Coquelicots aussi creux qu'une chronique de Morandini.
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Je suis d'accord avec Guigz.Le vent se lève, c'est une déception.Personnellement, ça parle du Japon, de son histoire et de l'aviation, donc je suis forcément client. Mais c'est chiant, et comble pour un Miyazaki, c'est froid.C'est paradoxal parce que ça fait un peu documentaire historique (même si y'a plein de trucs contestables) et c'est super intéressant. Mais c'est chiant.J'ai pas encore fait la critique où je développerais plus mais je suis déçu.A comparer, le dernier film de Mamoru Hosoda est mille fois plus réussi et bouleversant.
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Mh, je pense qu'il y a une part de malentendu sur ce qu'a fait Miyazaki, parce que c'est quand même tout sauf un documentaire, justement
Et si tu parles de Les Enfants loups, Ame et Yuki, c'est vrai franchement bon... mais quand même très influencé par Miyazaki. Et puis la fin m'a un déçu :Cela dit, c'est certainement un réalisateur à suivre, tout comme Keiichi Hara dont les deux anime sortis en France sont fort bons tous les deux (Un été avec Coo et Colorful).

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Je viens de voir Le vent se lève et j'ai été surprise en bien.Je en m'attendais pas à grand chose de particulier (juste voir des avions et une histoire réaliste). J'ai trouvé touchante la naïveté de cet ingénieur, complètement dans son monde et dans son histoire d'amour avec les avions.C'est un "héros" qui n'a rien d'héroïque, un japonais bourreau de travail et ennuyeux (cliché... mais sans doute assez proche de la réalité, en tout cas sous certains angles).J'ai apprécié les petits trucs réalistes comme le personnage qui s'éveille après un cauchemar en clignant les yeux et en regardant tranquillement autour de lui (sans se mettre assis d'un bond, ce que ça peut être agaçant, ça!).Le terrifiantest incroyablement bien porté à l'écran, avec une puissance à faire frémir, et bruité à la voix humaine, ce qui en rajoute une couche côté émotionnel.Le film fait la part belle aux rêves, ce que j'ai bien apprécié aussi... ainsi que les dialogues multilingues. Le scénario est soigné et la musique colle parfaitement à l'image.Je rejoins Tybald sur l'ensemble de ses commentaires, y compris concernant le Colline des Coquelicots qui m'a paru à moi aussi très soigné et très plein de vie! Et avec un vrai scénario...!
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Je reviens de voir le très beau Minuscule : La Vallée des fourmis perdues, d'Hélène Giraud et Thomas Szabo, adapté de leur série animée. La technique reste la même : des personnages en images de synthèse incrustés dans des décors filmés en prises de vue réelles. Aucun dialogue, aucun en humain en tout cas, mais d'innombrables bruitages. Et la musique, bien sûr, composée par Hervé Lavandier.Minuscule, en très gros, c'est un peu comme si Microcosmos et 1001 pattes décidaient d'avoir un enfant ensemble, et c'est un très bel enfant. Il tient de Microcosmos pour les décors naturels filmés à l'échelle des insectes, pour l'apparence très "réaliste" des personnages (hors de question d'avoir des fourmis à 4 pattes comme dans 1001 pattes par exemple : en dehors de leurs yeux et des bruitages, les insectes de Minuscule sont très proches leur vraie apparence), mais aussi pour l'absence de toute parole humaine, un choix qui, même s'il n'est pas inédit, reste audacieux, surtout pour un film censé toucher un public très large. Comme dans Microcosmos, je suis resté scotché devant les très beaux décors naturels (que ce soient les paysages de végétation ou les plans rapprochés sur les pierre, graviers, eau, etc. dont les textures sont un régal pour les yeux). Et comme dans Microcosmos aussi, j'ai ressenti ce sentiment de profonde étrangeté qu'on éprouve quand on se trouve plongé dans le quotidien d'êtres vivants complètement différents (ce qui n'aurait pas été possible dans un film d'animation plus classique avec dialogues "humains").Mais le film tient aussi de 1001 pattes, parce que de l'anthropomorphisme, il en reste tout de même un peu, comme on le découvre progressivement au fil du film. Il se fait plus explicite dans la seconde moitié du film, lorsqu'on voit les insectes récupérer des objets de fabrication humaine et s'en servir à leur façon - c'est là que la comparaison avec les dessins animés classiques (représentés ces derniers temps surtout par Pixar et ses suiveurs du genre Dreamworks) saute le plus aux yeux. On le voit aussi dans le comportement des personnages et leurs sentiments : surprise, peur, amitié, moqueries, revanche, etc. Mais l'absence de dialogues fait des miracles : dans les quelques scènes de "dialogues", on devine ce que veulent dire les personnages, mais en restant libre d'imaginer le contenu exact des répliques et le sens précis des échanges ; l'ensemble y gagne énormément en puissance évocatrice.Je ne connais pas très bien la série (seulement un ou deux épisodes), mais la différence avec la série d'origine saute aux yeux, pour le meilleur : le film n'est pas du tout une simple suite de gags très courts, comme les épisodes de la série, mais bien une aventure épique. On en a plein la vue, on voyage, on file aussi bien sur terre que dans le ciel et dans et sous l'eau... Je n'ai pas vu le film en 3D relief et pour une fois je le regrette, ça doit être superbe. En dehors de ces partis pris originaux et ambitieux, le fond de l'intrigue reste simple et a un côté high fantasy : d'un côté les bons (en sous-nombre et poursuivis), de l'autre les méchants (évidemment nombreux et moches). On songe parfois à Star Wars ou au Seigneur des Anneaux, bien sûr. Mais, grâce aux choix formels audacieux dont j'ai parlé, l'ensemble arrive à construire un univers à l'identité bien affirmée, ce qui n'était vraiment pas évident étant donné l'assez grand nombre de films d'animation mettant en scène des insectes sortis ces dernières années (1001 pattes, mais aussi Fourmiz, Bee Movie...). J'avais lu beaucoup de choses sur les références/hommages/clins d'oeil à divers films censés apparaître dans celui-ci : soit j'ai tout manqué, soit il n'y en a pas tant que ça, ou alors trop subtils pour moi... et ce n'est pas plus mal ! J'avoue que j'en ai assez de cette mode des "hommages" ou "clins d'oeil" lourdement appuyés dans les grosses productions animées récentes, ils finissent par tourner en rond et ne plus avoir aucun intérêt. Minuscule dose mieux les choses et c'est tant mieux.Un film pareil, sans dialogues humains, ne peut tenir le coup sur la longue durée que s'il est accompagné d'une bande-son impeccable et qu'il est très adroitement rythmé. A mon avis, la réussite est presque complète. Elle est complète pour la bande-son : la musique d'Hervé Lavandier accomplit son rôle avec virtuosité, tandis que les bruitages, extraordinairement variés, sont tour à tour une source d'étrangeté, de souffle épique, ou (souvent) de comique. Reste le rythme, le plus difficile. J'appréhendais un peu après avoir lu certaines critiques, mais, finalement, je suis resté scotché pendant deux bons tiers du film sans le moindre problème ; ce n'est que dans le dernier tiers que certaines péripéties m'ont paru casser un peu le rythme alors qu'elles étaient assez dispensables (et avaient pour certaines un côté "formule du voyage du héros" un peu lourd quand on connaît ce genre de ficelle).L'originalité et les qualités du film sont telles que, personnellement, je ne lui tiens pas rigueur de ces quelques défauts. En dehors de ça, le rythme est très soutenu, c'est bien ficelé et surtout le film prend aussi le temps de ménager quelques moments poétiques - pas mièvres, hein, et d'ailleurs il n'y a pas de grande romance violonneuse - dans la contemplation de la nature.Ah oui, autre chose : le film est très, très accessible. Peut-être un brin long pour les vraiment tout petits, mais en dehors de ça, accessible aux petits enfants jusqu'à l'âge que vous voulez (et à entendre les réactions dans ma salle, tout le monde en profitait bien). L'humour fait beaucoup penser à ce qu'on pourrait trouver dans un vieux film muet, avec pas mal de comique de gestes et de cascades (le "slapstick" comme on dit). Personnellement j'aime bien, mais je suppose que ça dépend des goûts.Bref, c'est un fort bon film, très beau à regarder et très beau à écouter (à part les pétarades des vols de moucherons), et aussi une belle réussite d'un studio français qui montre une originalité nette par rapport aux produits manufacturés qu'alignent les gros studios d'animation américains :)Courez donc vite le voir avant que des âmes chagrines ne s'avisent qu'à aucun moment dans le film on ne peut savoir le sexe des différents personnages et ne s'imaginent alors que Minuscule véhicule une terrifiante idéologie post-genre !
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Mon fils est un grand fan de Lego, hier c'était son anniversaire ... alors pour lui faire plaisir on est allé voir La grande aventure Lego J'y allias à reculons ... me disant "1h40 de Lego sur grand écran, mes pauvres yeux! " Je voyais pas trop l'intéret d'un grand écran pour un truc pareil... et je craignais un peu le scénario. Erreur ! En fait, il ne faut pas aller voir ce film si : - tu n'as pas fait de Lego petit ou avec tes enfants. - tu ne connais pas le seigneurs des anneaux, star wars, Batman, etc... - tu n'aimes que les oeuvres sombres et torturés... parce que dans ce film "tout est super génial"
Visuellement, les petites briques se supportent bien et certaines effets méritent le grand écran (enfin quand on veut voir le détails des constructions)Alors l'histoire ça commence par un énorme clin d'oeil à la fantasy. On a un personnage qui fait tout penser à Gangalf (que l'on voit plus tard dans le film) qui donne une prophétie.Ensuite ... 8 ans et demi plus tard, on découvre le héros de l'histoire Emmett, qui est tout ce qu'il y a de plus banal. Il suit à la lettre les instructions... forcément là on retrouve les fameux plans Lego. Voilà pour le début, j'en dirais pas plus car c'est amusant de découvrir les choses. La trame est assez classique finalement, tout est dans la façon de le dire. On joue avec les clichés. Rien n'est vraiment sérieux dans tout ça .... mais le propos final l'est quand même un peu et j’espère que mes enfants et leur papa vont l'appliquer ! Un film pour la famille (ma fille à 6 ans et demi et a suivi sans soucis) même si on ne rit pas forcément des mêmes choses. à la fin du film on est allé manger chez Mc Do et en ce moment le cadeau c'est un gobelet la grande aventure Lego, et il y a un modèle fille et un garçon.L'effet 3D est pas mal fait et le logo Mc Do est pas trop envahissant. Si vos enfants ont aimé le film vous savez quoi faire en plus pour les rendre heureux ! 


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Pareil, j'en reparlerais plus longuement mais La Grande Aventure Lego est un petit chef d'oeuvre, ultra-drôle (Batman et sa chanson !), 12.000 idées à la minute, d'immenses moments de WTF, un jusqu'au boutisme parfaitement adapté et un propos vraiment à double-lecture dont les sous-entendus pour les adultes sont juste excellents, ça se paye même le luxe d'être touchant.C'est du bonheur en barre. On y entre avec un énorme sourire et on sort avec une sacré patate.Et pas vu la 3D mais la VO est géniale (mais 1 séance par jour ici )Jetez-vous dessus, c'est juste une merveille.
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C'est ma sortie de ce mardi Lego, en VF et 3D parce que pas le choix, vos avis enthousiastes confirment ce que la bande-annonce laisse transparaître (elle me fait penser aux Mondes de Ralph d'ailleurs).
(et pour se mettre un peu dans l'ambiance le dernier Bits est sur les legos)
