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Ton avis ne m'étonne pas: ces textes faisaient 3-4 pages et servaient de toile de fond à une intrigue développée dans une campagne contenue dans les suppléments. Visiblement, ils n'ont pas été réécrits pour correspondre au format roman...ça fait vraiment exploitation des fonds de tiroir avec juste un bel emballage.

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Je rejoins l'avis d'Aerendhyl. J'ai acheté le livre parce que je n'avais pas tous les suppléments du jeu de rôle et que la réédition en livre me permet d'avoir enfin l'histoire complète. Mais en dehors des afficionados du jeu de rôle, l'intérêt de cette parution est très limité. Le potentiel était énorme, comme toujours avec cet univers qui (je ne me lasserai jamais de le répéter) est une création magnifique, déjà bonne dans les romans de Gaborit et encore enrichie par le jeu de rôle et ses fanzines (comme Souffre-Jour, toujours actif). Mais le livre ne se donne pas les moyens de devenir un véritable nouveau volume des Royaumes Crépusculaires. Les nouvelles en elles-mêmes étaient simplement conçues comme des introductions aux différents suppléments, ces derniers contenant tous les détails, descriptions et éléments d'ambiance que les nouvelles n'avaient matériellement pas la place de développer en 2-3 pages chacune. Ce n'est pas le cas au format livre et un travail de réécriture plus important s'imposait. Car non seulement ces textes font très maigre, mais ils sont difficilement compréhensibles pour les lecteurs des romans qui ne connaissent pas du tout le jeu de rôle, car le jeu de rôle apporte énormément de personnages, de lieux et de concepts à l'univers des romans (et cela fait beaucoup de nouveautés, même si Gaborit a inclus certains éléments du jeu dans ses dernières rééditions de ses romans). Or qu'a-t-on pour se familiariser avec toutes ces nouveautés ? Une introduction rapide, extrêmement dense, par Coralie David, qui est bien faite en tant que synthèse d'informations mais très étouffe-chrétien en termes de narration. Par la suite, au fil des nouvelles, tous les concepts et factions du jeu sont brassés à toute vitesse, sans que rien ne soit posé, décrit, installé correctement. Les transitions sont abruptes, nombre de scènes sont coupées en plein milieu par un changement d'épisode/chapitre. C'est logique, puisque dans le format d'origine ça n'était pas le principe. Mais ça ne passe pas une fois rassemblé en volume. (Edit : Cela dit, je suis très curieux de lire des avis de gens qui ne connaîtraient que les romans et pas du tout le jeu de rôle Agone, pour voir dans quelle mesure ils peuvent apprécier cette histoire.)Surtout, la fin, qui ne surprendra pas les rôlistes ayant lu le supplément Dramatis Personae, aura de quoi étonner les simples lecteurs des romans. Et que ce soit en tant que fan des romans ou que rôliste ayant adoré Agone, je ne peux que m'indigner : ça ne peut pas se terminer comme ça !
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Dois-je ajouter que la mise en page est incroyablement aérée et que je grince encore des dents d'avoir dû payer 18 euros pour ça ? Heureusement, ce qui rattrape ce prix excessif au regard de la quantité de texte, ce sont les dessins de Julien Delval (bien connu des rôlistes puisqu'il a illustré le jeu de rôle), toujours aussi agréables et extrêmement adaptés à l'univers de fantasy baroque des Crépusculaires. Mais cela reste quand même un peu léger. Il aurait fallu, soit mieux retravailler le texte pour qu'il soit digne de la collection et de la comparaison avec les romans, soit ajouter davantage d'illustrations et en faire un beau livre, soit intégrer directement les nouvelles à titre de bonus dans une intégrale.Je suis sévère, comme tout fan déçu, parce que cet univers est beaucoup trop beau pour mériter un tel traitement à la va-vite, et parce que j'ai l'impression que tout le monde a été paresseux dans cette affaire, les auteurs comme l'éditeur. L'Harmonde mérite mieux ! Déjà, le jeu de rôle Agone qui est un classique du jdr français et aurait dû en toute bonne logique être réédité chez un autre éditeur après la disparition de Multisim, a été empêché de revoir le jour à cause d'un conflit juridique lamentable que tous les créateurs ayant contribué à l'univers devraient se faire une priorité de résoudre. Mais qu'au moins, sur le plan des livres, on ne traite pas les Crépusculaires de façon si désinvolte ! L'Harmonde avait eu droit à une belle parution avec le guide d'Abyme : quelle mouche a donc piqué Mnémos pour sortir maintenant un volume si maigre ? A croire qu'ils veulent se tirer une balle dans le pied en écornant la réputation d'un de leurs univers-phares, dont ils doivent au contraire prendre soin.Ces critiques faites, la réédition de ces textes est en soi une bonne chose puisqu'elle peut intéresser certains rôlistes. Et les dessins de Delval restent toujours agréables. Mais en l'état, cette parution présente un intérêt trop limité. Sa place logique aurait été dans une intégrale. Ou alors, il aurait fallu se servir de ces nouvelles comme base pour un authentique troisième volume des Crépusculaires. Espérons tout de même que d'autres parutions entretiendront la vie de l'Harmonde, de façon un peu plus étoffée. D'autant qu'encore une fois, l'histoire ne peut pas se terminer comme ça !

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Déjà, les simples lecteurs qui passeraient des chroniques à cette oeuvre vont avoir du mal à comprendre pourquoi Agone se balade. ou ce qu'est le Centresprit. Et pour cause :--> 1995-96 : parution des Crépusculaires sous leur première version--> 1999 parution du jeu de rôle--->fin 1999, parution de l'intégrale... dont la troisième partie a largement été réécrite !
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Si on ajoute que chaque supplément du jdr Agone a été écrite par une personne différente (ce qui explique les problèmes qu'a rencontré le jeu pour une réédition), on obtient un beau bazar.Bref, une réécriture totale des textes était une condition sine qua non pour que le texte soit tout simplement potable. Ce n'est pas le cas : passez votre chemin, Gaborit et l'Harmonde, c'est bien fini.

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Techniquement, le déplacement d'Agone se justifie dans le livre.
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Quant au Centresprit, il ne joue pas vraiment de rôle dans ce livre.Je crois que le problème de la compatibilité des versions se posera aussi peu que possible, car cela fait longtemps que Gaborit a réécrit son roman, pour le rendre plus cohérent avec le jeu mais aussi pour en améliorer la fin (qui avait été assez critiquée et dont il me semble qu'il n'était pas content lui-même).Ensuite, l'univers du jeu Agone est une oeuvre collective, mais c'est plutôt normal pour un jeu de rôle et ça n'a jamais empêché les univers de jeux de rester cohérents quand le travail est bien fait. Raphaël Granier de Cassagnac, lui, est un contributeur de longue date du jeu et aussi l'un des auteurs qui ont contribué à faire vivre l'Harmonde après la disparition de Multisim. Donc il connaît le truc.Mais malgré cela, je pense moi aussi qu'une réécriture aurait été préférable, parce que le résultat reste difficile pour les lecteurs des romans. Je crois qu'il y a tout un tas de concepts et de lieux qui n'y sont pas expliqués ou trop rapidement pour que ce soit très agréable.J'ai sans doute été sévère, hein, parce qu'en tant que fan de cet univers, j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver l'Harmonde et à suivre cette aventure (en dehors de sa fin : ça ne peut pas se finir comme ça !). Je trouve simplement dommage que l'ensemble n'ait pas été mis à la portée d'un lectorat plus large. Ne serait-ce que d'un point de vue bassement commercial, parce que je ne sais pas trop qui va acheter ce livre en dehors des gens qui sont à la fois fans des romans et fans du jeu mais qui n'auraient pas déjà tous les suppléments contenant les nouvelles...

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Il y a quelques jours est paru le début d'un nouveau cycle de fantasy de Mathieu Gaborit situé dans l'univers de l'Harmonde : Les Nouveaux Mystères d’Abyme, dont le premier tome s'intitule La Cité exsangue. Le tout chez Mnémos, comme d'habitude avec cet univers.Voici le quatrième de couverture de l'éditeur :
Abyme, ville merveilleuse et baroque, est aussi l’unique cité des Royaumes crépusculaires où les peuples mortels peuvent cohabiter avec les démons et leurs seigneurs infernaux… Jusqu’à aujourd’hui. Après dix ans d’absence, Maspalio, farfadet flamboyant et ancien Prince-voleur de renom revient dans sa cité de coeur sur une énigmatique injonction de son ancienne amante Cyre. Mais dès son arrivée, rien ne se passe comme prévu. Abyme a changé et souffre d’une mystérieuse affliction. Aspiré dans un tourbillon de mésaventures, l’arrogant Maspalio devra se révéler d’une improbable humilité pour venir à bout des fléaux qui s’abattent sur lui et les siens…Avec cette œuvre située dans le même univers qu’Agone ou Abyme, titres comptant parmi les grands romans fondateurs de la fantasy française, Mathieu Gaborit nous emmène battre le pavé de cette cité fantasque, à la fois sublime et tragique. Dans cette course effrénée, on rencontre des personnages cabossés, on virevolte de toit en toit, on échappe de peu à la milice, on laisse des cendres derrière soi. Une nouvelle fois, Mathieu Gaborit signe un récit exceptionnel, halluciné et semblable à aucun autre, où démesure rime avec aventure.
Dans le même temps, Mnémos réédite une intégrale des Royaumes crépusculaires qui regroupe Les Chroniques des Crépusculaires et Abyme (mais pas les nouvelles de La Confrérie des Bossus... Il faut dire que c'est déjà un sacré pavé comme ça avec 550 pages).

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ce nouveau recueil est des ma PAL.De mon côté, j'attends avec impatience l'annonce d'une réédition (par Mnémos ou n'importe qui d'autre) du JdR Agone.Là ouais, ce serait cool :)
"Il n'existe rien au-dessus du métier de bibliothécaire" Terry Pratchett

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A ma connaissance, le jeu de rôle Agone n'a pas été réédité à cause de bisbilles de droits d'auteurs entre certains anciens de Multisim (l'éditeur du jeu) et/ou de l'équipe des concepteurs. Ça dure depuis des années et il serait vraiment temps que les gens se remettent autour d'une table et se réconcilient, dans l'intérêt de cet univers, qui est pour moi l'un des "grands" univers littéraires et ludiques de la fantasy française. Ce jeu avait une excellente gamme et mérite clairement une 2e édition !

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La couverture, que je trouve magnifique, m'a poussé à l'achat compulsif aux Imaginales... D'autant que la cité d'Abyme est tout de même fascinante, avec son côté barqoque, foireux, grandiose, etc.Après lecture, je suis un peu mi-figue mi-raisin... Aucun regret de mon achat mais j'ai trouvé qu'il ne se passait, paradoxalement, pas grand chose dans ce premier tome. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de surprises, loin de là !, mais il y aussi quelques éléments un peu convenus (de mon point de vue), qui font qu'il m'a manqué un petit quelque chose pour être totalement emballée...D'autres ont lu ?

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Lu aussi ! Et je me suis retrouvé à le dévorer en deux jours. Sans être un chef-d'oeuvre, c'est un bon redémarrage. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il ne s'y passe pas grand-chose, parce qu'il y a tout de même beaucoup d'action. En revanche, cela reste essentiellement un tome de mise en place, dont l'intrigue ne se tient pas toute seule.Maspalio retrouve Abyme dans de très mauvaises conditions. Il s'en prend plein la figure, et une bonne partie du roman tourne autour de ce personnage de Maspalio lui-même, qui doit à la fois retrouver sa ville chérie qui a complètement changé et est en sale état elle aussi, survivre, et essayer de se reconstruire une crédibilité envers les autres et envers lui-même (pour des raisons directement liées au dénouement du premier diptyque sur Abyme, que je ne vais pas révéler ici au cas où tout le monde ne l'aurait pas lu).En dépit (et peut-être à cause) de son démarrage bourré d'action, le roman met un peu de temps à démarrer. Comme Maspalio, j'ai mis un moment à retrouver l'atmosphère propre à l'Harmonde et à Abyme. La première scène avec l'ogresse m'a donné l'impression de m'être égaré dans un tome du Bâtard de Kosigan, et j'ai un peu tiqué devant la vulgarité de Maspalio. Le rôliste en moi a soupçonné la raison de cette vulgarité, et vers la fin du tome il y a une phrase allusive mais qui en fournit l'explication que j'attendais. Ce qui signifie aussi que cela changera peut-être en même temps que le personnage dans la suite de l'intrigue.
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Rassurez-vous, ce n'est pas du Virginie Despentes non plus ! Peu à peu, dès que l'intrigue se pose un peu, on retrouve les personnages typiques des Crépusculaires... et surtout ses lieux à l'aura si puissante. Alors on a droit à des scènes grandioses, dignes des lieux des premiers romans de Gaborit dans le même univers.
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Avertissement aux amoureux et amoureuses d'Abyme, cependant : Abyme est en sale état. L'Acier en a pris le contrôle. Et le volume baigne dans une atmosphère sombre, pour ne pas dire noire (ceux qui connaissent bien les romans et nouvelles de Gaborit savent que c'est une tendance qui n'est pas nouvelle chez lui). Certaines scènes relèvent de la description de régime totalitaire. Ce que Gaborit fait très bien. Mais ce n'est pas ce à quoi on a été habitués dans l'Harmonde, et paradoxalement cela peut sembler manquer de personnalité à côté du reste de l'univers. Mais il faut bien des "méchants" pour faire une histoire, et c'est logique qu'ils soient peu sympathiques. Ici, non seulement ils le sont peu, mais en plus ils paraissent vraiment tout puissants et on en sait très peu sur eux ou sur leurs points faibles. Il n'y a même pas vraiment de chef : c'est une administration, un régime impersonnel, voire une idéologie toxique, qui semble avoir pris le contrôle de la ville. Ce point particulier est original et réaliste : la dictature ne se résume pas à une seule figure de chef maléfique, c'est une idéologie qui a des sympathies dans la population d'Abyme elle-même, ce qui va rendre la tâche difficile à ceux qui y résistent.Je lirai donc la suite avec beaucoup d'intérêt quand elle paraîtra, en espérant qu'on obtienne un peu plus d'informations sur les tenants et les aboutissants de l'histoire. En dépit de ses quelques tâtonnements pour trouver son ton propre, le volume m'a bien plu : c'est une excellente chose que de savoir qu'à nouveau l'Harmonde vit et va continuer à s'étoffer de nouvelles histoires !

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Et le second tome est paru :) Je vais tâcher de le récupérer à la première occasion !

Abyme, la cité baroque et grandiose n’est plus que l’ombre d’elle-même. Terne et défigurée, elle s’étiole sous le joug de lois austères et liberticides.

Mais Maspalio, célèbre Prince-voleur revenu des Abysses, ne compte pas laisser sa cité périr. Au sein du labyrinthique et sulfureux quartier des Mille Portes, il a découvert que la révolte grondait dans les entrailles de la ville.

Le vieux farfadet, aidé par une ogresse et cinq gamins des rues, se relève pour défier le pouvoir implacable et rendre à la Cité des Ombres son âme perdue.

Exaltant, poignant, démesuré, tragique, et surtout, flamboyant, ce récit d’une rare puissance conclut l’un des plus grands cycles de la fantasy française. Habité par ce souffle enlevé et ardent, Mathieu Gaborit nous livre un dernier tome audacieux et épique au style prodigieux de poésie, à l’image de son univers dont les images ont marqué au fer rouge l’imaginaire de nombreux lecteurs depuis plus de vingt ans.

Série en deux tomes
• Les nouveaux mystères d’Abyme
• Flamboyance

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Merci pour la chronique :)
J'avais lu un ou deux livres sur Abyme il y a plusieurs années, et ça me donne envie de replonger dedans ^_^
"Libre à vous d'aller lire autre chose de plus franc du collier" La Cité de soie et d'Acier, de Mike, Louise et Linda Carey

"Nous sommes faits de l'étoffe dont sont tissés les vents" La Horde du contrevent, Alain Damasio