Je viens de finir la lecture du tome 1, et j'ai trouvé l'avis d'Albéric (#37) pertinent. Les éloges qui ont été faites de ce bouquin sont aussi étayées, bien sûr, mais elles contrastent totalement avec mon ressenti.Pour être synthétique, je ne suis pas du tout emballée par ce premier tome. En voici les principales causes (attention, je ne vais pas mâcher mes mots, mais je dirai après ce qui m'a plu, pour essayer d'équilibrer) :- j'ai trouvé le traitement des personnages très manichéen : on est dans un camp ou dans l'autre, Sethbert c'est le mal, Rudolfo ce bellâtre qui veut reconstruire la Grande Bibliothèque (quelle belle âme), Pétronus ce pape du côté du Bien, Neb cet ingénu qui veut bien faire, Oriv ce pantin un peu stupide. Alors je sais que ce parti-pris, c'est pour nous donner la surprise des révélations et autre retournements de situations de la fin du roman, mais je l'ai trouvé très très lourd, sans nuances.- j'ai trouvé les personnages vraiment très caricaturaux : Sethbert surtout, Ken Scholes n'y allant pas dans la demi-mesure, c'en est presque risible quand on regarde objectivement le portrait qu'il en fait (et qui m'a bien agacée tellement c'était redondant -> le gros porc qui mange salement, postillonne partout, avec tous les défauts qui suscitent le mépris) ; Jin Li Tam, la belle, l'espionne, qui a l'air de sortir tout droit d'un fantasme masculin (oui elle est rousse

) ; Rudolfo, cette droiture, cette grande âme qui a souffert de la perte de sa famille, qui séduit toutes ces dames ; Neb, le gamin qui y connaît rien, qui crie vengeance de manière tellement crétine au début, qui a l'angoisse adolescente du premier baiser (pitié).- on ne voit quasiment personne sauf les personnes principaux, les autres sont seulement esquissés, des fantômes, des apparitions très brèves, ce qui m'a donné l'impression d'un roman creux, sans vie, pas d'univers fonctionnant sans les personnages dans lequel ils s'intègreraient, mais un univers qui sert juste de décor aux personnages.- les descriptions sont inutiles et peu développées. Quand on les lit, on dirait que Ken Scholes se sent obligé d'en mettre pour donner une petite idée du cadre et puis hop, on passe à autre chose. A aucun moment cela ne sert l'intrigue, ou donne des infos capitales. La caricature, c'est quand il indique par exemple "Jin Li Tam enfila une robe d'été et sortit" ou un truc du genre (je cite de tête parce que cela m'a marqué) : vous pouvez me dire ce que "d'été" ajoute ? (oui, je sais elle est sexy)L'essentiel des descriptions sont tombées complètement à plat chez moi.- ah, la fameuse histoire de complots... Bon là c'est juste pas original, mais ça passe très bien.- le peuple des marais qui sent la mousse et la terre, je passe.- Rudolfo le roi tsigane : j'attends toujours de savoir pourquoi tsigane... Je n'ai aucune idée de la culture de son peuple. Ah si, j'ai les praticiens de la torture repentante et ils sont nomades...- le passage d'un personnage à l'autre, d'un point de vue à l'autre : en général, j'aime beaucoup (et j'ai notamment adoré avec Martin et Damasio), mais là tout s'enchaîne trop vite, on n'a pas le temps de vraiment s'immiscer dans l'intériorité du personnage et d'être dans l'empathie, on reste spectateur, ce sont des actions qui se suivent, ou qui complètent ce que l'on a déjà vu, aucunement des points de vues qui s'opposent / diffèrent sur l'interprétation d'un même événement. Enfin, c'était peut-être pas son but non plus, mais cela aurait complexifié les situations et pas donné cette progression linéaire.- le langage des signes...
La Belgariade, les oiseaux voyageurs de différentes couleurs avec tout le code des fils attachant les messages (assez difficile à imaginer quand ils ont à côté des mécaserviteurs).- le cas d'Isaac : franchement, j'ai ressenti une vraie compassion pour lui, je m'y suis attachée tout de suite, mais le coup du robot qui devient presque humain sous le coup de la culpabilité, cette manie de pleurer... Dommage encore une fois que Ken Scholes n'est pas renouvelé la façon de réagir du robot.- bon j'arrête, je passe aux bons côtés, je vais me faire lyncher.Beaucoup de points faibles donc selon moi, mais aussi de belles trouvailles qui ont éclairci ma lecture et m'ont permis d'aller jusqu'à la fin :- le peuple du Marais, si mystérieux, avec ce
roi imposant qui déclame les anciens textes dès la nuit tombée (il me semble que c'était la nuit, mais je peux déformer), cette culture particulière où les abris se fondent dans la nature, ces crises de glossolalies totalement incompréhensibles, cette
discrète et si jeune, mais qui semble détenir une sagesse incommensurable. J'ai été conquise.- un rythme d'actions qui s'enchaînent rapidement et a le mérite d'éviter l'ennui.- l'histoire de religion-culture, avec les risques que la connaissance entraîne.- l'empathie qu'il arrive à créer pour ces personnages fétiches (mais vu les événements, assez facile). D'ailleurs c'est presque toujours perte/assassinat ou trahison de la famille (famille au sens large).- même si les annonces du complot sont très lourdes, on est pris par l'envie d'en savoir plus.- les mécaserviteurs, le petit oiseau doré, les armes de l'ancien temps, tout ça j'aime beaucoup. Pour ma défense, je dirai que j'ai lu ce premier tome juste après
La Horde du contrevent, donc j'ai été avec certitude beaucoup plus sévère que si je l'avais lu après la
Belgariade. Mais je l'ai lu en entier et relativement vite, avec des moments d'agacements mais sans trop me forcer non plus, et des moment très plaisants. J'ai surtout été déçue à vrai dire et j'ai eu l'impression que le public cible, c'était les jeunes adultes, pas vous ? (sans connotation négative)