Je reviens 5 jours après pour mon retour sur Mordre le Bouclier. Je ne l'ai donc clairement pas dévoré comme
Chienet ça a été assez frustrant surtout après avoir aussi croché à
Chien du Heaume. Cinq jours pour 200 pages ça a été une lecture plus que laborieuse et le livre a bien failli me passer à côté ou vice versa. Je n'ai réussi à rentrer dans le roman qu'au Tor, dans le dernier gros tiers du livre. Et je n'ai finalement compris certaines choses qu'en lisant la postface de Jean-Philippe Jaworsky. Une postface que j'aurai finalement préféré lire en préface, car grâce à certaines clés de lecture offertes, je serai peut-être moins passé à côté de la grosse première partie du livre, et du coup, je me dirais pas maintenant que ce livre nécessitera définitivement une seconde lecture pour ma part, mais pas tout de suite.J'ai ressenti un sentiment de tromperie sur la marchandise...
Chien est un roman initiatique, certes introspectif, mais qui propose plusieurs niveaux de lecture que le lecteur peut choisir d'atteindre ou pas. Un roman qu'on peut lire également comme un divertissement, une fable sociale, une quête initiatique.
Mordre est, pour moi, un roman plus difficile d'accès car "vendu" comme une suite directe à
Chien du heaume donc le lecteur s'attend à un roman assez similaire alors qu'il n'en est rien, ou pas grand-chose.
Mordre est un livre très dense et difficile de par son sujet, Jean-Philippe Jaworski parle de colère dans sa postface, là où je parlerai pour ma part plus de folie. Pour moi,
Mordre est un livre, remarquablement écrit soit dit en passant, sur la folie, qui m'a rappelé l'oeuvre de Toni Morrison par son traitement de certains thèmes et Le Poisson-Scorpion de Bouvier pour un passage. Witch, tu devines?

Désarçonné par un certain changement de ton entre les deux livres, j'ai mis beaucoup de temps à m'immerger dans le récit. Par contre, vu le sujet traité, je me suis senti moins "libre" en tant que lecteur de choisir quel niveau de lecture choisir et j'ai eu l'impression d'être plutôt emporté, pas toujours volontairement dans les méandres introspectifs des différents personnages. Le nombre plus élevés de souvenirs racontés y est aussi pour quelque chose, peut-être un peu trop présents et très différents de ceux de
Chien du Heaume. Dans
Chien, les
récits avaient un caractère mélancolique mais également constructif (au sens initiatique), un peu comme une fable ou une légende racontée aux enfants (lecteur/Chien). Dans
Mordre, les
récits sont désabusés et unanimement compris par ces personnages cassés ou détruits comme des sujets déjà maintes fois ressassés par chacun lors des rares fois où ils abandonnent un comportement (auto)destructeur. ça donne une ambiance très chargée et animée d'un destin inéluctable pour un roman parfois assez dépressif plus que Chien qui variait les tons.Quoiqu'il en soit beaucoup de différences entre les deux livres. Pour moi, l'hiver ma beaucoup manqué dans la première partie du récit. De même l'arrivée tardive du huis clos,
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Le Tor
m'a pesé. Là où
Chien réussissait le pari d'une quête initiatique vécue et résolue surtout en huis clos,
Mordre suit un parcours de quête plus classique avec le voyage des deux femmes et les obstacles rencontrés sur leur route. Cet aspect m'a un peu géné car, malgré que toujours bien écrite, j'ai trouvé cette partie du roman moins bien maitrisée que le huis clos qui est le genre où je sens l'auteure le plus à l'aise, avec un petit côté descriptif sociologique pour touriste égaré au moyen-âge.
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Le passage de la ville avant la vitre, traine un peu en longueur... on apprend plein de choses sur la vie moyen-ageuse, mais ça n'a pas grand rapport ni avec l'histoire, ni avec le côté introspectif.Bien que je veuille bien nuancer et admettre que ce traitement long puisse servir à accentuer la différence entre les mondes civilisé et sauvage, isoler Chien, telle une bête en ville et la pousse vers la folie, mais jai quand même trouvé que certains passages trainassaient...
J'ai été moins intéressée par la quête de Bréhyr que celle de Chien, sûrement à cause de son côté inéluctable qui ne laisse aucun doute sur la fin de sa quête.
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J'ai trouvé que le personnage n'abusait que lui-même lorsqu'elle imagine pouvoir enfin "vivre" après sa quête
ça m'a un peu plombé l'intérêt pour ce personnage qui devient assez central dans ce roman.Toujours une grande pudeur sur le sexe, ce qui, au final, n'est pas un mal.

L'ellipse permet d'éviter de se perdre dans une scène qui n'aurait pas amené grand chose tout en créant une absence qui finalement est plus juste dans l'évocation intime d'un possible amour.
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car on est d'accord, y a une ellipse, Saint Roses et Chien font bien la jointure?

La fin de
Mordre le bouclier est bien cynique et se hisse à la hauteur du prologue de
Chien du Heaume pour joindre les deux récits d'une manière clairement ignoble. :DAu final, j'ai aimé mais je trouve le livre assez difficile d'accès surtout à enchaîner après le premier livre et sans certaines clés de lecture. ;)PS: Par contre, l'éventualité de redécouvrir Clément Marot dans un prochain roman de Madame Niogret, m'inquiète un peu pour Gueule de Truie...
