La ville est en proie aux menées de l'Acier, faction de plus en plus fanatique elle-même divisée entre les buts plus ou moins avoués de ses deux dirigeants, le peuple n'a pas encore compris à quel point ces types sont en train de détruire Abyme, Maspalio est en sale état (encore !), la rébellion se rassemble mais est loin d'avoir toutes les cartes en main, et l'Acier peut compter sur l'ordre secret des Heures, des assassines dont le couvent est dissimulé quelque part dans un espace-temps reclus sur lui-même.
Une fois de plus, la meilleure force de Gaborit, à mes yeux, c'est la créativité de son univers, et son talent incroyable pour concevoir des décors, des personnages et des concepts d'une grande beauté. De l'atelier de voilerie où a lieu un rendez-vous délicat jusqu'à un théâtre en ruines situé au cœur des souterrains d'Abyme, en passant par le couvent mystérieux des Heures, la ville se dote de nouveaux lieux marquants, qui s'allient aux repères déjà connus du lectorat des précédents romans, livres et jeux abymois : le Palais des Gros, les trois cercles, etc. Et cette fois, au niveau de l'intrigue, ça dépote ! Il y a beaucoup de fils narratifs, parfois limite trop, mais tout cela se tisse à un rythme soutenu et les rebondissements s'enchaînent. L'autre force de ce tome, c'est sa galerie de personnages, qui m'évoquent des portraits très soignés, aussi bien en termes d'apparence que d'histoire personnelle. Tous sont liés à Abyme par une histoire singulière. Dans le même temps, Maspalio a droit à beaucoup moins de pages et passe franchement au second plan. Cela peut étonner, mais, tel que je l'ai compris, cela ressemble à un parti pris qui fait passer la ville elle-même au premier plan : les liens des Abymois avec leur ville seront déterminants pour la sauver. Je ne saurais pas trop choisir entre les personnages tant ils sont tous marquants et bien conçus, de la bande de gamins à l'ogresse Mufle ou encore à cette belle création qu'est la Dame Froissée...
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