On en parlait un peu dans le topic des séries, mais je me suis mangé les 8 épisodes
The Boys sur Amazon Prime en un week-end. C'était vraiment excellent, et d'autant meilleur que j’avais trouvé le comics (tout du moins le premier volume, le seul que j’ai lu) sympa mais avec quelques gros défauts. Mais la série s’émancipe énormément du comics, dans l’histoire, le ton, les thèmes et l’ambition et chaque décision de s’éloigner du comics d’origine semble être la bonne.
Au niveau de la forme, déjà, le comics de Garth Ennis n’est pas franchement « beau ». Les couleurs sont criardes, le trait un peu grossier. C’est raccord avec ce que veut raconter le comics, mais c’est pas forcément esthétiquement très plaisant. La série part dans une toute autre direction et vise une photographie beaucoup plus sérieuse et moins vulgaire. Plus cinématographique aussi. On se rapproche de l’esthétique des DC de Snyder, ce qui me semble une bonne idée vu que cette première saison « parodie » la
Justice League.
Mais c’est surtout le fond qui est intéressant. Dans le comics, Garth Ennis fait du Garth Ennis : c’est extrême, sans subtilité, cathartique, jouissif mais vite lassant. Les super-héros sont des incompétents et des connards qui savent que leurs actions n’auront aucune conséquence (donc en avant les partouzes, la drogue, le sexe – pas toujours consenti) et les Boys des psychopathes qui se dopent au Compound V pour casser la gueule à un maximum de superhéros à coup de battes de baseball avec de grandes effusions de sang et le soutien de la CIA. C’est amusant sur quelques pages, les extrêmes anarchiques d’Ennis parlent à une partie de nous qui est restée adolescente, mais ça n’arrive pas à aller plus loin.
Étrangement, la série a eu l’excellente idée de calmer le jeu sur la violence générale du comics et de ne pas verser dans la violence gratuite et cathartique (regardez la série
Happy! si ça vous manque !). Elle a gardé des éléments traumatiques fondateurs sans sourciller
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la mort très glauque de Robin, le viol de Starlight, la scène de l’avion, etc.
mais elle a épuré tout ce qui était issu d’un caprice de gamin qui veut casser ses jouets pour un faire une œuvre beaucoup plus mature, qui va dans des zones sombres quand c’est nécessaire et pas juste pour le plaisir d’y aller. Elle n’a pas non plus eu peur de s’éloigner de l’intrigue
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par exemple les Boys ne se shootent pas au Compound V, ou pas encore en tout cas, le produit est secret, le groupe est beaucoup plus clandestin et se reforme tout juste
et surtout de réécrire et réinterpréter complètement certains personnages. Cette version d’Homelander est vraiment effrayante, beaucoup plus que ce qu’Ennis en avait fait en lui faisant faire pourtant beaucoup plus de saloperies, A-Train est aussi très intéressant, Hughie a une vraie lutte interne, la version série du Frenchman est aussi très bien vue. D’un ramassis de salopards auquel on n’a pas envie d’attacher, la série en a fait des personnages très humains. Ce sont toujours des connards voire des psychopathes, mais ce sont des salopards intéressants.
En gros, d’un comics d’adolescent est née une série d’adulte.
Très très bonne surprise.