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Posté : ven. 27 nov. 2009 11:14
par Akallabeth
Les six romans de fantasy qui m'ont le plus marqués, dans l'ordre :- Le seigneur des Anneaux (what else! ;) )- La Roue du Temps- La Horde du Contrevent- Tigane- Le Trone de Fer - La Belgariade (celui qui m'a fait rentré dans la fantasy!)On remarquera l'abscence notable de Gaiman (je pense que le 7e serais De Bons Présages ou Stardust) et Pratchett (dont je n'ai lu que la huitième couleur et good omens!)Edit: après le message de Foradan ci dessous je suis totalement d'accord avec lui, le but étant de donner un panel de bon livre, de toute époque et d'auteurs des deux sexes ou de donner les livres qui ont le plus marqué "l'histoire" de la fantasy? Ca casse un peu la crédibilité de cette liste! Vous remarquerez que je ne me suis pas arrété à ce genre de détails! :p

Posté : ven. 27 nov. 2009 11:21
par Foradan
Je ne les connais pas tous, mais j'ai le sentiment que c'est globalement bien ciblé. Par contre, je suis gêné de lire que certains ne sont dans la liste que pour faire la parité : juge-t-on un roman pour sa qualité propre ou par ce que son auteur est une femme ? Un livre est-il un cas particulier à cause de sa date de parution ?Vouloir choisir sur de tels critères, ça décrédibilise la valeur intrinsèque du livre, indépendamment de son ancienneté et de son auteur.

Posté : ven. 27 nov. 2009 20:07
par belgarion
Il y en a deux que je ne connais pas, et deux qui me surprennent (Jonathan strange car c'est peut-être un peut tôt, et leiber car en terme de heroic fantasy pure avec un barbare Conan a a plus marqué les esprits). Comme quoi il est difficile de faire objectif quand tant de critères entrent en jeu pour ce tome 6. Merci pour la brève.

Posté : ven. 27 nov. 2009 23:39
par Tisse Ombre
Bon alors pour Tolkien, bien entendu, impossible de faire sans.Pour le Lewis, je suis dubitatif, Pullman aurait plus sa place ici.Le White, je ne connait pas et le Leiber c'est logique.Pour Susanna Clarke, c'est vraiment abusé et pour Link, euh... Magic for Beginners est une nouvelle et non un roman, et, je dois être le seul à qui cette nouvelle n'a fait ni chaud ni froid ou une subtilité m'a échappé!

Posté : sam. 28 nov. 2009 09:30
par Sarmate
Foradan a écrit :
Witch a écrit :J'ai adoré apprendre qu'en lisant de la Fantasy, je pratiquais sans le savoir non pas la prose mais la "suspension d'incrédulité" (selon le directeur Fantasy de chez Calmann Lévy) B)
Comment !! Quoi !! Que lis-je ??Petite sorcière, il va falloir qu'on cause...Cette expression "suspension temporaire de l'incrédulité" prend sa source dans l'essai "du conte de fées" (on fairy-stories) de JRR Tolkien, que l'on trouve en général regroupé avec "Leaf, by Niggle, Smith of Wooton major et Farmer Giles of Ham", avec d'ailleurs une version re et mieux traduite récente (mais je donne les titres d'origine parce que je sais que ça ne te fait pas peurEt d'ailleurs, une ancienne critique de Faërie, sachant qu'une version récente dudit essai se trouve dans Les monstres et critiques et autres essais dont j'ai fait la critique enjouée il y a quelques mois.Rendons à César ce qui appartient à Tolkien !!
Petite rectification : la suspension consentie d'incrédulité n'est pas un concept inventé par Tolkien, mais, selon toute vraisemblance, par Samuel T. Coleridge, au début du XIXème siècle. Si Tolkien en parle effectivement dans Du conte de fées, c'est pour disqualifier ce phénomène qui représente, pour lui, un échec partiel de l'œuvre à enchanter son public.Il note en effet, à propos de la capacité des enfants d'entrer dans le monde du conte :
Tolkien a écrit :On a appelé cet état d'esprit "suspension consentie de l'incrédulité". Mais cela ne me paraît pas une bonne description de ce qui se passe. Ce qui arrive vraiment, c'est que le conteur se montre un "sous-créateur" qui réussit. Il fabrique un Monde Secondaire dans lequel l'esprit peut entrer. A l'intérieur, ce qu'il relate est "vrai" : cela s'accorde avec les lois de ce monde. Dès qu'intervient l'incrédulité, le charme est rompu ; la magie, ou plutôt l'art, a échoué. On est alors ressorti dans le Monde Primaire, et l'on regarde du dehors le petit Monde Secondaire avorté. Si la bienveillance ou les circonstances vous obligent à rester, l'incrédulité doit être suspendue (ou retenue), sans quoi il deviendrait intolérable d'écouter ou de regarder. Mais cette suspension de l'incrédulité n'est qu'un substitut de la chose authentique, un subterfuge quand on condescend à jouer ou à faire semblant, ou quand on essaie (plus ou moins volontiers) de trouver quelque qualité dans l'œuvre d'un art qui, pour nous, a échoué.
Du Conte de fées, in Faërie et autres textes, Christian Bourgois éditeur (1996 et 2003), p.95-96Soit dit en passant, je suis pour ma part assez réservé sur la résurgence de plus en plus forte de la fantasy dans les collections jeunesse. En France, elle s'opère pour des raisons économiques : la littérature jeunesse se vend mieux que la littérature adulte, et publier en jeunesse est souvent plus rentable pour l'auteur. J'ai croisé un certain nombre d'auteurs français, d'ailleurs, qui affirment qu'ils n'écrivent pas spécialement pour la jeunesse quand ils publient en littérature jeunesse. C'est très bien pour le jeune public, me direz-vous, ce en quoi je suis parfaitement d'accord.Non, ce qui me gêne, c'est qu'on est en train d'assister à un renfermement possible de la fantasy dans un ghetto juvénile, à cause des préjugés que peut faire (re)naître cet étiquetage en littérature jeunesse.( Allez lire, par exemple, la condescendance de certain public SF pour la fantasy sur des forums de Science Fiction…) Puisqu'on parle de Tolkien, c'est précisément ce qu'il déplorait dès les années 1930, toujours dans Du Conte de fées :
Tolkien a écrit :L'association des enfants aux contes de fées est, à vrai dire, un accident de notre histoire domestique. Dans le monde lettré moderne, les contes de fées ont été relégués à la chambre des enfants comme on relègue à la salle de jeux les meubles médiocres ou démodés, principalement du fait que les adultes n'en veulent pas et qu'il leur est égal qu'ils soient maltraités. Ce n'est pas le choix des enfants qui en décide. […] Les contes de fées, bannis ainsi et coupés d'un art adulte complet, seraient en fin de compte gâchés ; ils l'ont été, en fait, dans la mesure où ils ont été ainsi bannis.
Du Conte de fées, in Faërie et autres textes, Christian Bourgois éditeur (1996 et 2003), p.92 & sq.

Posté : sam. 28 nov. 2009 11:00
par Foradan
(J'avais volontairement fait très court parce que ce n'était pas le sujet) On pourrait reprendre cette idée que si l'on "fait l'effort" de "vouloir" y croire, que l'on s'applique pour entrer dans l'histoire, c'est que le conteur a échoué.Mais si cette suspension d'incrédulité est aussi un moyen temporaire de lutter contre la naïveté béate : il ne s'agit pas de craindre de croiser licorne ou farfadet dans le métro (quoique), mais de renoncer "naturellement "à cette incrédulité en ouvrant le livre. Tant que le livre est ouvert, ce qu'il dit est vrai.Celui qui croit vivre en faërie au quotidien, hors d'un support de monde secondaire, ne participe pas au voyage depuis le monde primaire.(si la société ne lui met pas des chemises avec les manches de le dos pour qu'il arrête de penser qu'il peut accompagner les licornes en volants...puisque les licornes ne volent pas, restons cohérents dans ce monde de fous ;) )

Posté : mar. 29 mars 2011 16:02
par Gillossen
On en parlait il n'y a pas si longtemps... :):arrow: http://www.elbakin.net/fantasy/news/140 ... evasion-et

Posté : mar. 29 mars 2011 16:26
par Kain l'obscur
Mouais, pas convaincu par la tournure de la démarche...Dire que Fantasy et SF ne sont pas que de la littérature d'évasion.Moi je dirais plutôt que toute littérature (ou quasiment, je ne compte pas les essais (quoique), manuels (quoique), etc.) est une littérature d'évasion, que ce soit un Houellebecq, Tolstoï, Molière, etc.

Posté : mar. 29 mars 2011 16:46
par Dark Schneider
Moi ce qui m’énerve c'est le lien systématique "littérature de l'évasion" = "refus de la réalité". Je trouve ça complètement con. On peut très bien avoir envie de s'évader et pour autant accepter la réalité telle qu'elle est.

Posté : mar. 29 mars 2011 19:38
par Mithrandir le Gris
Je suis partagé par le contenu du résumé de Gillossen ; en effet, je pense que le besoin d'évasion est un puissant moteur pour se mettre à lire de la fantasy (ou bien de la S-F) mais que les oeuvres fantastiques peuvent à l'envi, intégrer un aspect miroir de notre société. Cela me semble d'ailleurs souhaitable car permettant une allégorie plaisante des problèmes quotidiens ou plus métaphysiques qui sont les nôtres. C'est ce que je recherche d'ailleurs dans mes lectures : du rêve, de l'évasion, de la réflexion (ou tout du moins un éclairage particulier) sur nos problèmes contemporains. :DEn revanche, à contrario du monde réel où bien des contingences pèsent sur les décisions de nos dirigeants et pas forcément dans le sens des peuples (je dis cela super gentiment quand même ;) ), l'oeuvre de fantasy peut faire triompher les gentils contre l'injustice honnie. Une véritable cartharsis pour évacuer une partie des tensions dues à notre impuissance face aux injustices quotidiennes dont nous sommes témoins. Oui, qui est, de nos jours, pleinement satisfait de nos représentants politiques (par exemple) et qui n'a jamais rêvé de "péter la gueule" à ses "oppresseurs" quotidiens ? La littérature fantasy me semble un parfait exutoire qui lui, au moins, n'empiète pas sur la liberté des autres... Je sais n'être pas le seul à ressentir les choses de cette façon. :sifflote: