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par Anna
Istar
J'ai lu Chien du Heaume et Mordre le Bouclier il y a plus d'un an, et j'en garde un souvenir étrange, âpre, confus, parfaitement original. Un écriture à fleur de peau, comme si l'auteur jouait sa vie à chaque phrase, quitte à surcharger parfois un peu sur le plan stylistique, mais sur celui des personnages et dialogues, c'est détonnant, dérangeant, imprévisible, tout sauf convenu. La voix de Justine Niogret est là, derrière Chien, prête à mordre en effet, tenace et difficile à oublier - davantage que l'histoire à vrai dire, qui s'efface un peu, comme diluée sous la force des propos et des personnages, comme si ce n'était pas, finalement, l'essentiel. Dommage que Justine Niogret se soit caricaturée à mon sens dans Mordre le Bouclier, où on arrive aux limites dangereuses d'une trame narrative qui se noie sous les mots. Visuellement, j'ai aussi eu beaucoup de mal à me figurer les scènes.Pour le reste, c'est une lecture marquante, et à coup sûr, au moins pour Chien du Heaume, un livre à lire dans le paysage foisonnant de la fantasy française, qui touche à quelque chose de profondément vrai, authentique, sans calcul, sans lissage inutile. Ce message posté après-coup vient aussi d'une découverte récente, qui éclaire de manière plus essentielle encore, je trouve, l'oeuvre de Justine Niogret. L'auteur vient de publier un livre de littérature "blanche" intitulé Le syndrome du Varan. J'ignore si c'est un témoignage personnel, et après tout peu importe, même si cela conduit à une compréhension assez douloureuse d'une des meilleures scènes de Chien à mon sens ( celle où elle retrouve sa mère). Le livre est bouleversant, le style épuré de l'inutile des romans précédents, absolument sidérant rapporté à l'histoire, parfois difficile à soutenir, mais nécessaire, parce que c'est un fait, ces familles existent, et leurs victimes doivent ensuite essayer de vivre avec ce passé. En écrivant, pourquoi pas, une oeuvre aussi poignante que ce livre.