Posté : lun. 5 avr. 2021 12:02
Critique de la première saison de Jujutsu Kaisen (24 épisodes)
Un angle intéressant quand on veut s’exprimer à propos d’une œuvre issue d’une prépublication dans un magazine Japonais à gros tirage, n’est jamais celui du discours sur les « codes » (discours atteint de plus de feignantise et de banalité que les codes en eux-mêmes) ou la promotion de l’éditeur Français (qui vend toujours le « truc qui déconstruit les bidules »). Non, ce qui est marrant c’est de repérer ce que la créatrice a fait pour retenir l’attention de son lectorat cible, sachant qu’il y a une réelle concurrence à côté. Et le lecteur sera, ou pas, séduit par les symptômes de ce désir respectable de plaire.
Jujutsu Kaisen lui, semble développer le "syndrome du déménagement".
Lors d’un déménagement, disons un appartement situé au troisième étage, il y a plein de gens qui viennent « participer ». Alors, vous allez avoir le mec qui glande à côté du camion sous prétexte de garder les objets, les trois génies qui se lancent dans un débat d’ingénieur de la Nasa pour savoir comme faire passer une table à travers la porte d’entrée, le pénible qui fait une Masterclass pour expliquer comment déplacer un colis de 1,2 kg sans subir une blessure irréversible au dos, les anciens amis qui se racontent leur vie en déplaçant des cartons sur 2 mètres à l’intérieur de l’appartement, etc… Et pendant que cette sympathique bande de glandeurs se mettent en scène, on a le mec qui a descendu le frigo gigantesque sans défoncer la pompe à fréon. Et aussi son pote qui s’est occupé de la machine à laver de 90kg sans répandre de la flotte partout. En 5 minutes. Et un casting de manga comme Jujutsu Kaisen c’est un peu comme ce genre de déménagement : il y a deux-trois personnages qui sont au cœur de l’intrigue et qui délivrent le quota de moment galvanisant. Le reste génèrent une sorte d’écosystème de personnage qui donnent du corps à l’univers de la série, une sorte de décor composé de figures secondaires qui pourront, pour certains, avoir leur petit moment de gloire.
Ce qui n’est pas un mal parce que l’auteur a clairement décidé d’en avoir rien à foutre de maintenir une cohérence dans les concepts d’organisation d’exorcistes, de niveau de puissance ou du système de magie. Elle a poussé le vice, l’astuce je dirais, d’instaurer comme principe d’augmenter l’efficacité d’un sort si on explique son fonctionnement à voix haute à l’adversaire (et au public). Disons que si une enquête bibliographique devrait être faîte sur les influences de la créatrice, on se dirigerait vers Hirohiko Araki (Jojo’s adventure). Un personnage est clairement un hommage à Diamond is unbreakable. Araki qui a vendu des millions de manga pendant des décennies en s’affranchissant totalement, ce qui est une limite débattable avec des gens de bonne volonté, de tout bon sens de continuité ou de "construction d’univers" si cher aux référents anglo-saxons. Gege Akutami (la dame qui a écrit Jujutsu Kaisen) part pas aussi loin dans le grotesque flamboyant mais on sent qu’elle aime bien faire dans l’outrance pour accroître l’attention sur ces « acteurs », leur propension à assumer leur égoïsme. Même si, contexte jeunesse oblige, les principaux personnages ne sont pas vraiment déviants. Faire des grimaces parce qu’on est sûr de soi est un choix esthétique respectable mais rien de plus. Il n’y a pas vraiment de surprise lors des affrontements vu le niveau de puissance/potentiel accordé aux personnages. Ce n'est pas forcement un souci. Grâce à des efforts de mise en scène, le dynamisme des échanges, le tout enrobé d’une belle gestion de la couleur, ce qui est remarquable dans un contexte urbain comme Jujutsu Kaisen, on suit les pérégrinations des protagonistes sans déplaisir.
Bien sûr, le manga étant un sériel, on a droit à quelques sous-entendu d’agenda personnel, mais clairement il y a zéro ambition de lutte de faction complexe. Ce qui domine, c'est l'affrontement des égos. En revanche, la série arrive bien à présenter et maintenir ses antagonistes principaux sans pour autant trop épuiser le concept de second couteau (le frigo !) juste là pour valoriser son charismatique opposant (le mec qui l’a descendu !). Pour l’instant, il n’a pas vraiment de monter en puissance et de sentiment d’urgence, mais cela peut être exploité par la suite.Etant donné que la série peut se voir dans des conditions respectables et gratuites sur Crunchyroll, cela vaut le coup de se laisser tenter, l’ambiance et les personnages faisant le tout. Surtout si vous êtes clients de Fantasy urbaines à la Japonais et que vous voulez suivre les tendances actuelles.
Un angle intéressant quand on veut s’exprimer à propos d’une œuvre issue d’une prépublication dans un magazine Japonais à gros tirage, n’est jamais celui du discours sur les « codes » (discours atteint de plus de feignantise et de banalité que les codes en eux-mêmes) ou la promotion de l’éditeur Français (qui vend toujours le « truc qui déconstruit les bidules »). Non, ce qui est marrant c’est de repérer ce que la créatrice a fait pour retenir l’attention de son lectorat cible, sachant qu’il y a une réelle concurrence à côté. Et le lecteur sera, ou pas, séduit par les symptômes de ce désir respectable de plaire.
Jujutsu Kaisen lui, semble développer le "syndrome du déménagement".
Lors d’un déménagement, disons un appartement situé au troisième étage, il y a plein de gens qui viennent « participer ». Alors, vous allez avoir le mec qui glande à côté du camion sous prétexte de garder les objets, les trois génies qui se lancent dans un débat d’ingénieur de la Nasa pour savoir comme faire passer une table à travers la porte d’entrée, le pénible qui fait une Masterclass pour expliquer comment déplacer un colis de 1,2 kg sans subir une blessure irréversible au dos, les anciens amis qui se racontent leur vie en déplaçant des cartons sur 2 mètres à l’intérieur de l’appartement, etc… Et pendant que cette sympathique bande de glandeurs se mettent en scène, on a le mec qui a descendu le frigo gigantesque sans défoncer la pompe à fréon. Et aussi son pote qui s’est occupé de la machine à laver de 90kg sans répandre de la flotte partout. En 5 minutes. Et un casting de manga comme Jujutsu Kaisen c’est un peu comme ce genre de déménagement : il y a deux-trois personnages qui sont au cœur de l’intrigue et qui délivrent le quota de moment galvanisant. Le reste génèrent une sorte d’écosystème de personnage qui donnent du corps à l’univers de la série, une sorte de décor composé de figures secondaires qui pourront, pour certains, avoir leur petit moment de gloire.
Ce qui n’est pas un mal parce que l’auteur a clairement décidé d’en avoir rien à foutre de maintenir une cohérence dans les concepts d’organisation d’exorcistes, de niveau de puissance ou du système de magie. Elle a poussé le vice, l’astuce je dirais, d’instaurer comme principe d’augmenter l’efficacité d’un sort si on explique son fonctionnement à voix haute à l’adversaire (et au public). Disons que si une enquête bibliographique devrait être faîte sur les influences de la créatrice, on se dirigerait vers Hirohiko Araki (Jojo’s adventure). Un personnage est clairement un hommage à Diamond is unbreakable. Araki qui a vendu des millions de manga pendant des décennies en s’affranchissant totalement, ce qui est une limite débattable avec des gens de bonne volonté, de tout bon sens de continuité ou de "construction d’univers" si cher aux référents anglo-saxons. Gege Akutami (la dame qui a écrit Jujutsu Kaisen) part pas aussi loin dans le grotesque flamboyant mais on sent qu’elle aime bien faire dans l’outrance pour accroître l’attention sur ces « acteurs », leur propension à assumer leur égoïsme. Même si, contexte jeunesse oblige, les principaux personnages ne sont pas vraiment déviants. Faire des grimaces parce qu’on est sûr de soi est un choix esthétique respectable mais rien de plus. Il n’y a pas vraiment de surprise lors des affrontements vu le niveau de puissance/potentiel accordé aux personnages. Ce n'est pas forcement un souci. Grâce à des efforts de mise en scène, le dynamisme des échanges, le tout enrobé d’une belle gestion de la couleur, ce qui est remarquable dans un contexte urbain comme Jujutsu Kaisen, on suit les pérégrinations des protagonistes sans déplaisir.
Bien sûr, le manga étant un sériel, on a droit à quelques sous-entendu d’agenda personnel, mais clairement il y a zéro ambition de lutte de faction complexe. Ce qui domine, c'est l'affrontement des égos. En revanche, la série arrive bien à présenter et maintenir ses antagonistes principaux sans pour autant trop épuiser le concept de second couteau (le frigo !) juste là pour valoriser son charismatique opposant (le mec qui l’a descendu !). Pour l’instant, il n’a pas vraiment de monter en puissance et de sentiment d’urgence, mais cela peut être exploité par la suite.Etant donné que la série peut se voir dans des conditions respectables et gratuites sur Crunchyroll, cela vaut le coup de se laisser tenter, l’ambiance et les personnages faisant le tout. Surtout si vous êtes clients de Fantasy urbaines à la Japonais et que vous voulez suivre les tendances actuelles.