"Il chante une sorcellerie
qui fait parler par fourberie
et sait briser chaque serment.
Alors Felagund chancelant
entonne un chant de résistance,
il bataille dans chaque stance ;
droit et secret comme une tour
de foi et féauté discourt,
de métamorphose et de ruse
contre les pièges qui abusent,
ouvrant les portes des prisons.
Ainsi s'opposent leurs chansons
et se voient sourdre puis noyer
les mots de magie imprégnés
qu'à l'ombre Felagund adresse
usant des charmes d'Elfinesse.
C'est la rumeur d'un autre monde,
un legs plus vieux que Nargothrond ;
trilles d'oiseaux, profonds soupirs
des flots font leurs tympans frémir,
qui sur le doux sable de perle
en Terre des Elfes déferlent.
Alors l'ombre se réunit,
amène en Valinor la nuit ;
le sang afflue à l'océan
dans l'assaut des grands vaisseaux blancs ;
Les Noldor tuent les Cavaliers
de l'Écume sur tous les quais.
À leur havre sous les étoiles
ils arrachent les blanches voiles.
Les vent tombe. Les corbeaux fuient.
Dans son détroit, la glace crie.
Les prisonniers d'Angbang gémissent,
le tonnerre ébranle la nuée -
Felagund à terre est tombé."
Ancienne ou nouvelle traduction, à 15 ans ou à 30, ce passage me marque toujours autant, même s'il se termine tragiquement
