Je n’écoute pas que lui, mais vu que j’ai déjà posté le second, Gribraltar, il y a peu…

Troisième album sorti récemment, album de la maturité ?L’univers sonore est plus riche, plus étoffé, là où des morceaux de piano assez nus (bien que ça trouvait son sens) égrenaient Gibraltar, là ce sont de véritables compositions symphoniques pour piano d’un très bon niveau (que l’on entend un peu par exemple dans le
premier extrait de l’album, bien que ce soit pas le meilleur pour moi), pas du copier/coller mis en boucle, mais une création riche que l’on doit sans doute en grande partie à Jouannest. Un peu le même virage qu’a pris Grand corps malade avec son dernier album.A côté toujours, diverses inspirations musicales, on passe du jazzy à l’accordéon bien de chez nous sans aucune fausse note, avec toujours cette recherche non seulement vers les origines du rap (« Lorsqu’ils essayèrent… ») mais de la musique populaire française (« Conte Alsacien »), même si la musique de quelques titres comme « HLM tango » ou « Raconte moi Madagh » passe un peu moins bienà mon goût - mais il en faut pour tous !Côté paroles, Malik a pris une certaine assurance, le flot est plus rapide, plus bas de ton, avec des tentatives de performances comme sur « Paris mais… » ou « Circule petit, circule » qui prouvent tout son talent de conteur. Je ne l’ai pas suffisamment écouté pour me positionner sur les textes, mais il aborde une fois encore des termes centraux de notre vie en société, avec cet équilibre et cette part des choses qu’il arrive si bien à déterminer.Avant, j’avais vu quelques images, écouté quelques extraits, je m’étais un peu inquiété de le trouver un peu pédant ou donneur de leçons. Après avoir fait une fois le tour des pistes, on se rend compte que ce n’est pas du tout le cas. Bref, Abd al Malik, c’est un artiste, un vrai, au-delà de la mouvance hip-hop. Il n’a pas encore atteint son potentiel maximum pour moi. Alors certains auront du mal, que ça soit pour sa musique (mais j’appuie, certains morceaux sont très beaux et universels) ou ses paroles (certains trouveront qu’il donne trop dans le « moi je lis Sénèque » ou au contraire que c’est beaucoup de tralala ou que sais-je).L’album termine comme il commence, magnifiquement : « Roméo et Juliette » avec J.Gréco et « Noce à Grenelle ».Soyez le « Gilles qui écoute un disque de rap », et ne le loupez pas, ne serait-ce que par curiosité.
