Je l'ai lu ! A vrai dire, j'ai consacré ma soirée d'hier à la relecture intégrale du cycle, afin de bien avoir l'histoire en tête au moment d'aborder le dernier tome... Et bien m'en a pris, puisque c'est là que toutes les intrigues se dénouent et que c'est toujours agréable de faire le lien sur tous les petits détails

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Les Monts mirobolants, notamment.
Zakath Nath a écrit :Alors, on évacue les bémols: le papier m'a semblé de moins bonne qualité (la faute à la crise?), les dessins m'ont paru un poil (mais vraiment un poil) moins travaillé que dans les souvenirs, et autant au début de la série je trouvais les couleurs sublimes, autant là, moins.
Oui, le papier est de moins bonne qualité que dans les tomes précédents, et je trouve ça très dommage... notamment parce qu'à mon avis c'est aussi ça qui nuit à la qualité des couleurs ! Delcourt ne m'avait pas habitué à ça, j'espère qu'ils ne vont pas en faire une habitude.(Accessoirement, le papier a une odeur désagréable - d'accord un album neuf sent toujours l'encre fraîche, mais d'habitude c'est plutôt une bonne odeur, alors que là, ça fouette les naseaux. "Si j'ai bien compris... il dit qu'on pue ?"

)Heureusement, c'est le seul défaut que j'ai trouvé à cet album. Sur le fond, tant le dessin que le scénario font honneur aux tomes précédents. Bien entendu, pour les fidèles de la série, certains aspects du dénouement sont prévisibles, mais d'autres le sont nettement moins : c'est un dernier tome qui arrive à surprendre et à émouvoir, et évite l'aspect "figé et poli" qu'on pouvait redouter pour un dénouement inspiré d'intrigues du théâtre classique.
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Pas de double mariage Lope + Hermine et Armand + Séléné, finalement.
Les derniers rebondissements m'ont paru pas mal amenés à l'échelle de la série :
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Si on relit tout, on voit bien que Séléné est décrite comme une cruche depuis un bon moment, et qu'elle s'est un peu éloignée d'Armand au cours des derniers tomes. Celui-ci a d'ailleurs multiplié les impairs en perdant la pierre de lune, puis le mouchoir... tandis que le maître d'armes est intéressée par elle depuis un bon moment.J'ai été triste pour Armand, mais ce pauvre renard permet à tous les lecteurs de bovariser sur ce dernier tome, les heureux en amour comme les malheureux. Et puis, en tant qu'homme de lettres et poète, Armand pouvait-il finir autrement que sur une désillusion amoureuse ? Pour ce qui est de la dispute entre Armand et Lope, j'ai plutôt apprécié, ça m'a rappelé leur relation plus complexe dans L'Impromptu du tome 4, et ça évite l'aspect trop cliché des "deux amis inséparables que rien ne peut séparer". Après tout, la division est le dernier danger qui les menace une fois les autres périls écartés.
J'ai beaucoup apprécié les toutes dernières pages :
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Une conclusion tranquille, montrant les différents personnages partant chacun pour un voyage différent, et les toutes dernières pages offrant une ultime ouverture, ce qui permet d'imaginer toutes sortes de suites ou de nouvelles intrigues possibles... Si on ajoute à ça plusieurs allusions à des lieux et à des événements lointains (on apprend que le soleil est habité, on ne va finalement pas à Maracaïbo - ce qui, personnellement, me frustre, j'ai envie de les voir explorer le Vice-royaume de Nouvelle Grenade ! - et les dernières pages contiennent une double allusion aux aventures de Munchaüsen et à De la Terre à la Lune de Jules Verne avec le Grand Turc construisant un canon capable de tirer un boulet vers l'espace... et que Bombastus se propose d'aménager !), on obtient un univers qui ne cesse de s'élargir, qui vit encore après la fin de l'histoire, et qui reste ouvert à toutes sortes d'aventures possibles. Ça donne envie de jouer au jeu de rôle qui va avec !
A prendre le temps d'y penser,
De Cape et de Crocs est une série que je suis depuis très longtemps maintenant (plus de dix ans, et encore, elle en était au tome 4 quand j'ai commencé à m'y intéresser) et l'une des meilleures BD actuelles de cette ampleur qu'il m'a été donné de lire en fantasy. Cela valait la peine d'attendre, et ça va être dur de passer à autre chose !A lire maintenant le cycle complet, c'est vraiment un petit chef-d'oeuvre, qui tisse une multitude de références culturelles - mêlant allègrement littérature classique, littérature populaire et culture populaire récente - pour mettre sur pied un univers cohérent et doté de son caractère propre. Quand j'y pense,
De Cape et de Crocs fait un peu pour la fantasy ce que
La Ligue des Gentlemen extraordinaires fait pour le XIXe siècle ou
La Brigade chimérique pour le XXe : récupérer dans un seul univers les personnages, événements et technologies appartenant à tout un ensemble d'oeuvres passées dans la culture commune. Et ça marche bien !C'est donc une belle conclusion à un cycle de qualité, que je quitte à regret. Heureusement, il reste à attendre les aventures d'Eusèbe
