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Posté : sam. 4 sept. 2010 12:18
par Zakath Nath
Encore que dans le cas de Harry Potter, le problème était que jusqu'au sixième film au moins, le scénariste n'avait pas une vision d'ensemble de l'oeuvre. Donc forcément, sa marge de manoeuvre pour s'éloigner du texte était un peu réduite, puisqu'il pouvait passer à côté de quelque chose d'important sans le savoir. Du coup, pouvoir s'appuyer sur les conseils de l'auteur était difficilement dispensables, même si ce n'est pas le côté "tu chauffes, non là tu refroidis" n'est évidemment pas idéal.Ce serait sympa d'ailleurs d'avoir dans 20 ans de nouvelles adaptations avec un scénariste qui sait dès le départ où vont les personnages et qui pourrait travailler seul.Mais sinon, je suis d'accord avec Darkseid et Ethan concernant l'implication des auteurs sur les adaptations, ce n'est pas un critère de réussite et ça peut même être une gène plus qu'autre chose. Par contre un auteur disponible s'il y a besoin de conseils ou d'éclaircicements, oui, mais pas plus.Maintenant si le scénario est évidemment important, ce n'est pas la seule chose à prendre en compte (pour rester dans Harry Potter, le scénario de La Chambre des Secrets est sans doute le moins bancal de la série, et pourtant, le film est plombé par une réalisation franchement molle, alors que dans le suivant, s'il y a des ellipses gênantes, surtout sur la fin, le film est bien meilleur grâce à sa mise en scène).
Posté : sam. 4 sept. 2010 20:35
par Ethan Iktho
D'un autre côté, c'est un sujet assez casse-gueule, parce que :L'auteur de l'oeuvre écrite est tout à fait fondé à revendiquer un droit de regard sur l'adaptation de sa création sur un autre support.Le cinéaste qui adapte l'oeuvre écrite est tout à fait fondé à donné sa version (son adaptation) de l'oeuvre écrite, si le créateur de l'oeuvre vent ses droits pour la dite adaptation.Après, il y a les possibles dissensions entre l'écrivain et le cinéaste.S'y ajoutent les clauses du contrat entre les deux, et les interprétations diverses qui en sont faites quand l'écrivain découvre, (parfois) horrifié, que le cinéaste a pondu un film qui trahit ou ne traduit à l'écran sa création comme il/elle l'aurait voulu.Interviennent les studios, qui imposent une certaine façon de traiter le sujet.Au final, on a un produit cinématographique qui ne réjouit peut-être personne (ni l'écrivain, ni le cinéaste, ni les lecteurs du roman, ni les cinéphiles) mais qui rapporte au mieux des thunes aux deux premiers, au pire une rafale de critiques de la part de la troisième/quatrième catégorie.Ensuite viennent les lecteurs/spectateurs (nous, en somme).Avec leurs avis différents.Quand on y réfléchit un peu, et si on prend en compte ces paramètres qu'on peut démultiplier en abîme, tout ça est foutrement compliqué, vous ne trouvez pas ?PS : Il n'empêche que j'estime Le Treizième Guerrier remarquable dans son traitement par rapport au sujet. Et, dans le même domaine historique mais sans toutes ces merdouilleries hollywoodiennes, Valhalla Rising exceptionnel.
Posté : sam. 4 sept. 2010 20:46
par Darkseid
Zakath Nath a écrit :Encore que dans le cas de Harry Potter, le problème était que jusqu'au sixième film au moins, le scénariste n'avait pas une vision d'ensemble de l'oeuvre. Donc forcément, sa marge de manoeuvre pour s'éloigner du texte était un peu réduite, puisqu'il pouvait passer à côté de quelque chose d'important sans le savoir. Du coup, pouvoir s'appuyer sur les conseils de l'auteur était difficilement dispensables, même si ce n'est pas le côté "tu chauffes, non là tu refroidis" n'est évidemment pas idéal.
De toutes façons, si les studios et les fans avaient été raisonnable, on aurait attendu la fin des bouquins pour tourner les films afin d'avoir une vision d'ensemble.
Posté : sam. 4 sept. 2010 21:25
par Ethan Iktho
Pour rebondir sur ce que vient de dire Darseid :A mon avis, le problème, c'est que les studios ne raisonnent qu'en terme de rentabilité. Les fans en terme de sensibilité. Le "raisonnable" des premiers et des seconds ne concorde pas forcément. Mais les premiers rentabilisent au mieux les tendances des seconds, qui sont des consommateurs.De son côté, l'auteur du bouquin est bien emmerdé. En filant le manuscrit du premier Harry Potter à la boîte d'édition qui allait faire du gras sur la saga, il (OK, c'est elle, mais je parle de l'auteur) n'en savait rien, l'éditeur non plus (mais il avait du nez, il faut lui reconnaître ça). Bon, ils ont tous fait fortune, c'est plutôt bien pour eux, au moins au niveau bancaire. Mais au total, je suis prêt à prendre le pari que l'adaptation du Seigneur des Anneaux restera culte parce que concoctée par un unique cinéaste d'après un cycle romanesque déjà écrit, et cohérent, et que celle de Harry Potter sombrera assez vite parce qu'opération commerciale cinématographique confiée à des tâcherons certes doués, mais qui au final s'en branlent et ont simplement saisi l'occasion d'étoffer leur CV.Bon, d'accord, peut-être que je présente ma vision des choses de façon un peu crue, et je prie les âmes sensibles de m'en excuser, mais il n'en reste pas moins une vérité incontournable, hélas trop souvent oubliée : le cinéma est un business. Et là est le problème : quand un auteur voit le premier tome de son cycle adapté au cinéma, et que le film cartonne, ça change quoi pour les tomes que le dit auteur n'a pas encore écrits ?
Posté : dim. 5 sept. 2010 13:38
par Gillossen
Comme la discussion part sur Harry Potter, le 13eme Guerrier, etc, et qu'on a une section Adaptations, je le classe maintenant dans cette catégorie du forum pour le moment.

Posté : jeu. 20 janv. 2011 16:32
par kaelyana
Je suis pas sure qu'une adaptation puisse faire l'unanimité, mais une remarque dans un autre topic m'a amené à m'interroger sur ces fameuses adaptations. Comme un peu partout, il y a du bon et du moins bon, mais si je ne devais en retenir que quelques uns (parmi les non cités fréquemment on dira), ça serait : -
la ligne verte de Stephen King : c'est peut-être presque trop proche du livre, mais j'ai ressenti exactement les mêmes émotions, aux mêmes moments, à la lecture et au visionnage. Et je trouve que l'acteur Michael Clarke Duncan amène tout son sens au personnage de John Coffey, et qu'à lui seul, il assure presque la réussite du film-
Shutter island de Dennis Lehane : (pas tout à fait de la fantasy, certes) là aussi j'ai trouvé que l'ambiance du livre était bien retranscrite, mais ce qui m'a plu surtout c'est la fin. Je mets la suite en spoiler, mieux vaut avoir vu le film pour le lire
► Afficher le texte
l'intérêt du film, c'est qu'en rajoutant juste une petite phrase à la fin, à peine quelques mots, il sème beaucoup plus le doute dans l'esprit du téléspectateur concernant l'interprétation de cette fin, que la fin du livre, qui elle-même laissait déjà la porte ouverte à plusieurs interprétations
Je trouve que c'est assez incroyable, et que ça ajoute un petit truc en plus (comme la valeur ajoutée de l'adaptation finalement)Evidemment, c'est que mon avis, mais choisir la meilleure adaptation, c'est assez subjectif et surtout très difficile !

Posté : sam. 27 oct. 2012 13:56
par Gillossen
Posté : dim. 28 oct. 2012 13:03
par Édouard
Ça me fait peur pour l'adaptation de Fils des Brumes

Posté : lun. 7 janv. 2019 21:34
par Foradan
Et place à la discussion !
http://www.elbakin.net/fantasy/news/Fantasy-et-adaptation-examen-et-reflexionsQuand vous aurez tout lu, j'aurais encore quelques éléments pour rafraichir ce qui a mijoté dans mes synapses pendant deux ans (mon cerveau a une période de gestation plus longue qu'une éléphante).
Posté : mar. 8 janv. 2019 18:41
par Foradan
Comme on me l'a fait remarqué, le découpage piquait les yeux et brisait la volonté, donc j'ai posé la conclusion sur sa propre page.
Posté : mar. 8 janv. 2019 19:07
par Lauriaen
Très intéressante réflexion, claire et plaisante à lire !
La comparaison de l'adaptation de Disney vs Gaiman pour Kipling est bien trouvée comme exemple, tout comme le passage sur Conan (à bas les slips en fourrure

).
Et, effectivement, vu la taille de la conclusion, c'est plus simple avec une page à part

Posté : mar. 8 janv. 2019 19:48
par Nirnaeth
J'aime vraiment beaucoup la dernière phrase :
si on revisite une recette de tarte aux pommes, on peut faire des variantes avec les ingrédients, mais si on remplace les pommes par des myrtilles et des poires, ce n’est plus une tarte aux pommes.
Shadows of Mordor...
Une réécriture n'est pas une adaptation, quoi qu'on en dise.
Posté : mar. 8 janv. 2019 22:11
par Foradan
Lauriaen a écrit :Très intéressante réflexion, claire et plaisante à lire !
La comparaison de l'adaptation de Disney vs Gaiman pour Kipling est bien trouvée comme exemple
Depuis j'ai appris qu'il y avait aussi eu un Mowgli par Andy Serkis sur Netflix à qui des critiques auraient reproché de ne pas être assez fidèle...au dessin animé

(pas encore vu donc je ne juge pas du rendu).
Posté : mer. 9 janv. 2019 10:30
par Aventurine
Vraiment très intéressant, ça ouvre plein de pistes de réflexions ! Et je dois avouer que je me rends compte que la fidélité d'une adaptation ne compte pas autant à mes yeux que je ne l'aurais cru. On peut très bien adapter un de mes livres préférés, avec une autre vision, tout en m'offrant un nouveau coup de cœur. Je dirais que la réussite d'une adaptation ne dépend pas de sa fidélité, mais du travail qu'il y a derrière, du cœur qui a été mis dedans. C'est un peu comme un roman tout neuf que l'on voudrait lire, il peut nous plaire ou nous ennuyer. On en attend peut-être trop de ceux qui adaptent, car au final, si on a aimé la toute première version d'une histoire, une adaptation ne la fera pas disparaitre !
Et quand tu dis :
"j’ai vu le film/jeu vidéo…, j’ai aimé, et j’ai été curieux de voir qu’il y avait un livre écrit avant. Sauf que je l’ai lu, il manquait plein de passages/personnages que j’avais pourtant adoré, donc ce livre est sympa, mais tellement incomplet que je ne le recommande pas."
Ça m'a rappelé que j'ai absolument adoré le film Stardust et que lire l'histoire originale de Neil Gaiman ne m'a pas du tout procuré le même effet.
Dans un autre registre, avec les changements de Showrunner, de compositeur, d'acteurs... Doctor Who est un peu une succession d'adaptations, mais avec un fil conducteur. On a le droit à une vision bien particulière à chaque fois d'un personnage et de son environnement. Mais encore une fois, cela n'enlève rien de ce qui a été fait auparavant !

Posté : mer. 9 janv. 2019 12:41
par Gillossen
Foradan a écrit :Comme on me l'a fait remarqué, le découpage piquait les yeux et brisait la volonté, donc j'ai posé la conclusion sur sa propre page.
Bonne idée.

Posté : sam. 19 janv. 2019 16:06
par Greed Gobelin
J'ai lu et je voudrais juste placer un détail (personnel). Je pars du principe que tous de base sont des adaptateurs. Même les créateurs. Tolkien à beau avoir crée un monde qui lui est propre, il ne l'a pas fait apparaitre de nulle part. Il s'est servi lui aussi de ce qu'il y avait avant lui. Et vice versa, les adaptateurs sont aussi créateurs. Peter Jackson à beau avoir adapté Tolkien, il a beaucoup apporté de sa personne sur cet univers, notamment sa grande passion pour les têtes décapitées, son petit coté " grind house " en version plus édulcoré (il a vieilli ouais !

). En fait je fais toujours très nettement la distinction entre le SDA de Tolkien et celui de Jackson. Même chose pour Shining qui est cité, et que je trouve être un bon exemple. Là aussi, Kubrick y met d’avantage de sa personne dans cette adaptation.
A mon avis, la bonne adaptation, c'est celle qui a quelque chose à dire, peu importe qu'elle soit en désaccord total avec l’œuvre de base. Là où effectivement il y a de mauvaises adaptations qui sont juste là pour le profit c'est vrai.
Posté : sam. 19 janv. 2019 16:40
par Foradan
Greed Gobelin a écrit :J'ai lu et je voudrais juste placer un détail (personnel). Je pars du principe que tous de base sont des adaptateurs. Même les créateurs. Tolkien à beau avoir crée un monde qui lui est propre, il ne l'a pas fait apparaitre de nulle part. Il s'est servi lui aussi de ce qu'il y avait avant lui. Et vice versa, les adaptateurs sont aussi créateurs.
Personne n'a dit le contraire, ni Tolkien ni moi, c'est même l'argument du monde primaire (le nôtre), puis du monde secondaire (création fictionnelle).
C'est après qu'arrive la notion d'adaptation que j'ai examinée, un monde tertiaire découlant du secondaire : et plus intrigant encore, l'adaptation suivante, un monde quaternaire s'inspirant de...parfois on ne sait plus.
J'en veux pour exemple les discussions sur le film sur Geralt de Riv, s'inspirant du jeu (qui s'inspire du livre) ou directement du livre (et faisant l'impasse sur le jeu ?). Ou de Conan, dont une version trafiquée inspire une BD, laquelle inspire un film et ainsi de suite.
Tous créent, mais quand il y a si loin de la racine à la branche, peut-on toujours trouver une filiation ? Le droit d'auteur n'est pas seulement financier, c'est aussi déterminer ce qu'on laisse en héritage pour les générations à venir.
J'ai une liste dédiée à Disney, fascinante et dérangeante, des grands classiques et des auteurs à l'origine du scénario.
Pour combien d'entre eux le film n'a pas mis en lumière le nom, ne m'a pas fait connaître l'auteur ni donné envie de remonter à la source ? Pour citer le podcast 71, qui connaît et a lu Pinocchio hors ses versions Disney et Shrek ?
(A part Saffron ?)
C'est cette question qui me fait accueillir une annonce d'adaptation avec des réserves quand au traitement qui sera accordé à l'original ; et pourtant, je me réjouis de voir Dragons 1-2-3 alors même que je ne connais pas du tout les livres qui ont précédé how to train your dragon.
Mon ressenti est donc biaisé par rapport à certains livres.
Posté : sam. 19 janv. 2019 17:33
par Greed Gobelin
C'est après qu'arrive la notion d'adaptation que j'ai examinée, un monde tertiaire découlant du secondaire : et plus intrigant encore, l'adaptation suivante, un monde quaternaire s'inspirant de...parfois on ne sait plus.
Tous créent, mais quand il y a si loin de la racine à la branche, peut-on toujours trouver une filiation ? Le droit d'auteur n'est pas seulement financier, c'est aussi déterminer ce qu'on laisse en héritage pour les générations à venir.
C'est cette question qui me fait accueillir une annonce d'adaptation avec des réserves quand au traitement qui sera accordé à l'original ; et pourtant, je me réjouis de voir Dragons 1-2-3 alors même que je ne connais pas du tout les livres qui ont précédé how to train your dragon.
Mon ressenti est donc biaisé par rapport à certains livres.
Je ne mets pas ça en doute mais des réserves, je n'en ai pas tant que ça. En soi, c'est pas si grave, informer le public me parait certes important, mais en espérer plus non. J'ai un souvenir du dessin animé et des films des Tortues Ninja dans mon enfance je n'ai jamais lu le comics (même s'il est différent) et je ne vais pas aller me jeter dessus. Pareil pour les films Dragons que j'aime beaucoup, sans avoir lu le livre également ( d'ailleurs c'est grâce à Elbakin que j'ai su qu'il y avait un bouquin

)
Après je dis ça mais pour Radiant, j'ai été très déçu de l'anime et j'ai vite conseillé les gens de lire le manga, mais là c'est vraiment le coté fan qui parlait.
