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Au passage, juste pour info (je l'ai peut-être lu ici-même d'ailleurs), de la bouche même des éditeurs, la version la plus aboutie, en terme de travail de traduction, et donc la plus à même de faire profiter des subtilités de l'écriture, est celle du découpage FolioSF.A bien réfléchir, je l'ai peut-être lu dans la préface dudit FolioSf... ou sur un autre forum. Où est la vérité, je ne sais...edit : apparemment, cela provenait du CC, d'un message de Thomas Day.

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Reparti sur l'Ombre du Bourreau, et sur la Griffe du Demi-Dieu...La vérité est que tout le monde parle de cette série comme d'un chef d'oeuvre, et que lorsqu'on se met en tête de découvrir pourquoi, on ne trouve que des éloges évasifs louant les qualités de style (très bien), puis, plus régulièrement, autant de tentatives gênées d'expliquer à quel point Sévérian est un narrateur "particulier". On raconte qu'il est incohérent, ailleurs qu'il ment, ici qu'il évoque toutes ces expériences sur le même "ton" monocorde, achevant de nous convaincre que ses aventures ont bien quelque chose d'ennuyeux, et nous questionnant en même temps sur ce que nous lisons.C'est effectivement un peu tout ça à la fois. Il ment, il fabule ; il fabrique sa vérité, omet volontairement de raconter certaines choses, les passe sous silence comme on pourrait imaginer que tant de choses le sont dans un roman. Tout manque de renseignements, de descriptions, inhérent à la subjectivité du lecteur, existe, qu'il en veuille plus, ou regrette qu'il n'y ait pas davantage de ces moments qu'il a le plus appréciés, peut-être même de ceux qui l'aidaient à comprendre. Il ne peut qu'y en avoir ; et le narrateur de l'Ombre du Bourreau, selon son bon vouloir, nous dispense parfois d'explications jusqu'à laisser des trous.C'est ainsi qu'on ne trouve par exemple, c'est ce qu'il y a de plus visible, que très peu d'indications sur son état psychologique, ou émotif pour être plus précis ; ce sont les indications cliniques, dont il parsème ses développements, qui peuvent nous renseigner à ce propos.Quelle est l'expérience à laquelle il se livre en racontant son histoire ? Lui même avoue à plusieurs reprises "s'immerger" dans ses pensées et souvenirs au point de les revivre dans sa chair. Il lui suffit, autrement dit, de les évoquer pour s'y retrouver irrémédiablement plongé, au point d'être victime de leurs relents, qu'ils soient cauchemardesques ou heureux.Il a une mémoire parfaite, "éidétique", qui lui permet de se rappeler absolument tout de ce qu'il a vécu, tout en fournissant une quantité invraisemblable de détails visuels, auditifs, et il n'est finalement capable de raconter quelle fut sa vie d'une seule et unique manière ; en revivant des scènes, en anticipant, lors de leur retranscription dans son journal, sur la signification d'évènements qui à l'heure où ils lui arrivent ne signifient pas grand chose.Sa mémoire est un recours, mais aussi un filtre qui nous empêche de cerner exactement ce qui se passe, comme il insiste pour donner le plus souvent un éclairage déterministe à ses actions.En y rajoutant nos propres interrogations sur son personnage, son conditionnement dont on ne peut ignorer qu'il joue un rôle important dans ses relations avec son entourage, on se trouve face à ... une conséquente somme de questions. La nature de l'exercice peut laisser perplexe, et comme le dit Neil Gaiman "faites confiance à l'implicite du texte", et "ne vous laissez pas influencer au delà du raisonnable par le narrateur".Ce sont, avec quelques autres conseils qui frisent le private joke, les clés qu'il nous donne pour lire Gene Wolfe.Pour moi, en attendant demain, ce sera "bonne nuit", avec ou sans rêves !

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Ce n'est pas forcément d'un abord très aisé, mais pas dans un sens qui tiendrait à la compléxité des idées exposées : c'est plutôt du côté du narrateur, encore une fois, que l'on éprouvera quelque difficulté. Remarque, en étant prévenu, on peut débuter la lecture dans une position qui n'était pas la mienne la première fois.J'en oublierais presque de dire que ce n'est pas réservé à une "élite". La lecture en est plaisante, poétique, et le style d'une limpidité exemplaire (chose que les traducteurs ont dû travailler à restituer au mieux, car c'est également ce qui se dit de la version écrite en langue originelle). Mais c'est toutefois l'exemple type du bouquin qu'il faut gentiment poser lorsque les paupières ont tendance à se fermer de fatigue...

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Maintenant que j'ai terminé les quatre volumes ré-édités en poche chez FolioSF, j'ai un petit sourire en coin.Comme dit plus haut dans le fil, qu'y a-t-il à comprendre ? Rien, réponds l'un. L'autre se gratte un peu la tête pour finir par dire "oui, mais attendez, le narrateur n'est quand même peu fiable". Je réitère, Sévérian n'est pas très fiable. Au delà de ça, je suis bien en peine d'expliquer quelle est la nature de son compte rendu. Et lorsqu'un livre vous pose certains problèmes d'approche, qu'il semble vous dépasser, que faire ? Passer son chemin ? Il faudrait peut-être, oui.Pourtant, je ne regrette pas de m'être accroché jusqu'au bout. Quelle sensation étrange de parvenir au bout de cette saga... c'était éprouvant par moments, génial à d'autres...Il y a beaucoup d'infos disséminées sur ce cycle, un peu partout sur la Toile, et certaines m'ont désarçonné, je n'avais rien vu de ce qu'il y avait à voir (attention, spoilers). L'intérêt ne réside pas forcément dans leur découverte. Je crois que ce que j'ai lu de plus juste au sujet de l'Ombre du Bourreau, c'est qu'il s'agit d'un récit qui explique aussi, quelque part, que la nature même de l'existence est difficile à définir, et que malgré tous les moyens mis en place par l'homme pour tenter d'y voir plus clair, il n'est fait que pour échouer à la fin. L'expérience de Sévérian n'est pas exactement celle de monsieur tout-le-monde, et il vient s'y mélanger toutes sortes de choses : l'illusion de comprendre, la tentative de tirer la chose au clair, et la nature de cette place qu'il est censé tenir, lui qui est devenu... ce qu'il doit devenir.Il reste encore la question de ce qu'un homme peut percevoir de cette place là, celle-ci en particulier.Beaucoup de mystère, un mystère plaisant, dans lequel il est bon de s'égarer.Et aussi, enfin un livre qui fait fermer sa gueule à ce Malkus, avec sa science là ! :pEt il y en a bien d'autres...On dit que certains livres sont taxés d'oeuvres de génie parce que personne n'y comprend rien... est-ce le cas de ce Gene Wolfe là ?

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Malkus a écrit :Maintenant que j'ai terminé les quatre volumes ré-édités en poche chez FolioSF, j'ai un petit sourire en coin.Comme dit plus haut dans le fil, qu'y a-t-il à comprendre ? Rien, réponds l'un. L'autre se gratte un peu la tête pour finir par dire "oui, mais attendez, le narrateur n'est quand même peu fiable". Je réitère, Sévérian n'est pas très fiable. Au delà de ça, je suis bien en peine d'expliquer quelle est la nature de son compte rendu. Et lorsqu'un livre vous pose certains problèmes d'approche, qu'il semble vous dépasser, que faire ? Passer son chemin ? Il faudrait peut-être, oui.Pourtant, je ne regrette pas de m'être accroché jusqu'au bout. Quelle sensation étrange de parvenir au bout de cette saga... c'était éprouvant par moments, génial à d'autres...Il y a beaucoup d'infos disséminées sur ce cycle, un peu partout sur la Toile, et certaines m'ont désarçonné, je n'avais rien vu de ce qu'il y avait à voir (attention, spoilers). L'intérêt ne réside pas forcément dans leur découverte. Je crois que ce que j'ai lu de plus juste au sujet de l'Ombre du Bourreau, c'est qu'il s'agit d'un récit qui explique aussi, quelque part, que la nature même de l'existence est difficile à définir, et que malgré tous les moyens mis en place par l'homme pour tenter d'y voir plus clair, il n'est fait que pour échouer à la fin. L'expérience de Sévérian n'est pas exactement celle de monsieur tout-le-monde, et il vient s'y mélanger toutes sortes de choses : l'illusion de comprendre, la tentative de tirer la chose au clair, et la nature de cette place qu'il est censé tenir, lui qui est devenu... ce qu'il doit devenir.Il reste encore la question de ce qu'un homme peut percevoir de cette place là, celle-ci en particulier.
Beaucoup de mystère, un mystère plaisant, dans lequel il est bon de s'égarer.
Et aussi, enfin un livre qui fait fermer sa gueule à ce Malkus, avec sa science là ! :pEt il y en a bien d'autres...On dit que certains livres sont taxés d'oeuvres de génie parce que personne n'y comprend rien... est-ce le cas de ce Gene Wolfe là ?
oui! du mystère - et s'y je n'ai pas compris grand chose, j'ai eu énormément de plaisir à rêver et des images plein la tête-@ Malkus : Est-ce que tu pourrais nous retrouver les liens intéressants que tu as trouvé sur le net?je serais curieuse de voir des interprétations? Merci!

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Oui bien sûr, je ne les ai pas proposés de suite, parce que c'est trop tentant d'aller y jeter un oeil quand on ne connait pas, et pourtant il vaut mieux se faire son idée avant... ;)http://greatsfandf.com/AUTHORS/GeneWolfe.phphttp://www.ultan.org.uk/http://www.guardian.co.uk/books/booksbl ... on-ulysseshttp://usefulphrases.yuku.com/directoryhttp://www.victorianweb.org/authors/gm/cofresi14.htmlIl y en a d'autres que je n'ai pas retrouvés.Sinon, tu trouveras de l'interprétation, mais aussi des faits avérés, selon les théologiens de chaque cru ! ultan.org.uk est un des plus instructifs, ou moins brouillons.Il y a aussi des trucs à laisser de côté, sûrement...Bonne lecture ! (c'est en anglais, d'ailleurs)

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Merci ! Malgré ma nullité en Anglais, j'arrive un peu à décoder! (mon fils ne sait pas encore qu'il va être "réquisitionné")J'ai "survolé" des articles sur la 5 ème tête du Cerbère SF, mais "ethnique", que je te conseille chaudement (avec un certain délai, quand même!)

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J'ai lu ce livre il y a un an et je l'ai adoré.Ma mémoire est loin d'être aussi bonne que celle de Severian mais je vais essayé d'expliquer pourquoi cette œuvre ma plu.Tout d'abord je pense que l'histoire de severian n'est qu'un prétexte trouvé par Gene Wolfe pour nous raconté l'histoire de Teur, la planète ou se déroule l'action. Teur est un monde mourant, violent, polluer, ravager par la guerre ou subsiste des traces d'un passé technologique glorieux. Mais l'histoire du monde s'est perdu, ne laissant sur place que des éléments épars souvent deformés qui prit séparément n'ont aucun sens. Au travers de l'histoire de Séverian, l'auteur distilles de mutiples indices qui permettent au lecteurs de reconstruire le passé de Teur. Ce qui est intéressant a mon sens c'est que seul le lecteur peu reconstituer l'histoire de Teur, Severian le narateur lui n'en à pas les moyens, il lui manque tout un pans de connaissance qui fait que sa vision du monde sera toujours fausse ou naive, bien que les élements sur lesquels ils se base soit probablement vrai.Car ce que Severian ne sais pas et que l'auteur nous permet de deviner tout au long de son œuvre c'est que Teur n'est autre que la Terre dont le nom a été déformé dans un futur très lointain ou le soleil se meurt. Des lors cela devient vraiment excitant de comprendre a travers toutes les références cachés entre les lignes ce qui a pu se passer sur notre terre pour en arriver à Teur....et al la limite Severian on s'en fou.

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C'est tout l'inverse pour moi. Teur n'est qu'un prétexte, et ce qui compte c'est l'expérience de vie de Sévérian. ;)En fait tu as raison, il y a une partie fascinante liée à Teur, à l'Autarchie, et à ce monde tel qu'il subsiste. Bien sûr.Mais je trouve surtout qu'il y a beaucoup de poésie chez cet auteur et dans la personnalité du narrateur.C'est un être qui est à la fois sûr de sa valeur et très humble, très au contact de la sensualité du monde malgré son conditionnement de bourreau.Il fait tantôt preuve de bonté, tantôt de cruauté, si bien qu'on ne sait pas vraiment si cela se dirige contre lui, ou s'il tente de se constituer une idée de la justice, bien à lui.Ce qui est sûr, c'est qu'aborder le personnage n'est pas aisé en soi : il est retors, ou du moins son écriture l'est. Maintenant, la densité de celle-ci est telle que ça a un petit goût de reviens-y.La principale difficulté c'est de savoir ce que l'on est en train de lire, puisque ce n'est pas un récit au sens commun du terme. C'est le récit d'un récit, et cette zone d'ombre recouvre largement le tout. A ce titre, le cycle a un côté décourageant. Pour se faire une idée exacte de la chose, il faudrait connaître les intentions du narrateur, ce qu'elles recouvrent, et sur ce qui advient de Sévérian.Certains critiques ont reproché au cycle de ne pas fournir de minimum garanti au lecteur ; que l'on puisse y revenir, relire, soit, mais qu'il soit impossible de saisir toutes les circonvolutions du récit en une seule lecture, non. En somme, pour eux, le cycle du Second Soleil pêchait par un trop plein d'ambition, jusqu'à en devenir inaccessible. Et donc raté.C'est un avis parmi tant d'autres. Moi, je pense qu'il y a suffisamment de fulgurances, d'images très puissantes pour s'acrocher même si il subsiste des zones d'ombre.Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est que du point de vue de l'émotion par exemple, c'est une longue vague qui traverse toute l'histoire, sans pathos, sans situations qui poussent à éprouver, de force, une émotion. Sévérian ne dit que rarement, de façon transparente, ce qui le touche. Et peut-être cela provient-il de moi, mais la mélancolie m'a semblé assez présente tout au long, ainsi que foule d'autres petites choses dont on ne décèle la trace qu'en y faisant attention.Bref, encore un message qui ne fera guère avancer le schmilbick.:huh:

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@ Malkus
Bref, encore un message qui ne fera guère avancer le schmilbick.
... Mais qui donne fortement envie de découvrir Sévérian et le monde de Teur pour se faire son opinion !

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C'est déjà pas si mal ! :pMoi, je sais déjà que je le relirais à un moment.En attendant, j'ai commencé le Livre du Long Soleil, une autre tétralogie de l'auteur. C'est assez sympathique, même si moins marquant que l'Ombre, pour le moment.

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Ce que je vais dire va faire un peu redondance donc je vais essayer de faire court :)Malgré une lecture un peu longue (Merci aux profs pour les 3 livres qui m'ont séparé de Sévérian) et déjà quelques oublis dûs à ma mémoire non-éidétique, cette première intégrale fut vraiment un moment très fort dans mon parcours de lectrice.Un vrai OLNI qui n'est pas accessible à tous mais qui, quand on accepte de suivre Sévérian sans conditions, nous le rend au centuple :DIl faut se laisser porter par l'histoire, accepter de ne pas tout comprendre, de n'avoir que l'avis subjectif de Sévérian, ne pas chercher de l'épique à tous les chapitres ...... Si l'on est prêt à ça avant de commencer cette lecture, je pense que l'on ne sera pas déçu.Les 150 premières pages nous immergent littéralement dans le monde de Sévérian avec beaucoup de moments magiques: la découverte de la bibliothèque et toutes les belles descriptions qui donnent encore plus envie de vénérer les livres, la rencontre avec celui qui rénove les tableaux, le quotidien de Sévérian, ses rêves sur son avenir et son passé (qui étaient ses parents ?).J'ai ensuite beaucoup apprécié l'histoire avec Aghia, le combat avec l'averne, les jardins etc... J'ai eu un peu plus de mal avec certains passages quand ils se retrouvent dans la troupe du Dr et Baldanders et certains passages au
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Par contre j'ai particulièrement apprécié le moment où Sévérian part de
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Puis quand
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La fin avec
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était immense. Mais j'ai eu un peu de mal avec les cacogènes et tout ce qui est plus SF.Gros + :arrow: Les chapitres où sont écrits les contes que Sévérian lit dans son "petit livre brun" sont particulièrement bons et cette nouvelle forme est vraiment bien gérée. Mêlant mythologie dans le premier conte et le Livre de la Jungle et Mowgli revisité dans le dernier, c'était vraiment génial :DEn bref pour ceux qui n'ont pas le courage de lire mon court ( :sifflote: ) avis:Une oeuvre immense où je préfère les moments plus fantasy que ceux SF. Des passages inoubliables pour un livre inoubliable. Une vrai expérience !

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Très contente que mon avis puisse peser dans la balance :coeur:De plus, l'objet-livre est très beau et quand on le lit la tranche ne se "casse" pas.J'espère que, quand tu le liras, ça te fera le même effet qu'à moi.C'est quand même mon coup de coeur de ce début d'année et j'espère qu'avec la lecture de Soldat des brumes je pourrais confirmer mon très bon avis sur G. Wolfe :amoureux: