J'ai terminé
La geste du sixième royaume il y a quelque semaines maintenant. Le temps de prendre un peu de recul, de mûrir mon avis mais surtout d'avoir un peu de motivation pour écrire :DCommençons par le commencement (oui, c'est toujours mieux) et mettons nous en situation. La première chose que l'on fait pour lire un livre, c'est de le prendre en main (remarquez que ça s'adapte assez bien au format numérique). Plus ou moins simultanément, on pose ses yeux dessus. Et dans le cas qui nous intéresse ici, on tombe sur une couverture d'Alain Brion assez réussie, selon moi, mais qui ne plaira pas à tout le monde. En plus, j'avoue avoir un peu de mal à identifier le personnage au premier plan. Mais ce n'est pas très important. Ensuite, on ouvre le roman et on lit les caractères imprimés sur les 500 pages qui le constituent. C'est vrais, ils sont un peu petits. Par souci d'économiser le papier, pas pour sauver des arbres, même si l'auteur apprécie l'écologie, mais pour rogner quelques centimes sur la confection de l'objet... Bref, laissons de côté ces viles considérations et passons au sens de ces petites lettres, au contenu du récit.Ça a été dit et redit, l'univers est classique. A deux trois twists près, on a un monde de fantasy qui verse dans le lieu (haha) commun. On a bien quelques idées qui prennent les lecteurs à contre pieds, notamment ces dragons et ces elfes assez loin de ce qu'on a l'habitude de voir. Notons aussi que, pour une fois, la disparition progressive de la magie a une explication bien construite. Toutefois, l'histoire elle-même ne va pas spécialement loin : 2 entités presque divines (presque, hein) s'affrontent et embarquent chacune la moitié des êtres vivants dans leur querelle qui en devient du coup assez globale. Chaque camp possède des élus qui doivent affronter leurs homologues lors de duels. Quand un camp perd tous ses héros, il est vaincu. Sachant qu'ils sont un nombre impair, il devrait y avoir un vainqueur à coup sûr. Un bon "best of 5" comme à Starcraft quoi... Du coup, la nécessité de constituer des armées gigantesques est assez floue. Pour précipiter la chute de l'autre? D'ailleurs ça m'amène à parler d'une des trouvailles sympathique de l'écriture d'Adrien Thomas : l'utilisation de l’appellation l
'Autre. Dans un camp on parle du Père et de l'Autre, dans le deuxième, il s'agit du Maître et de l'Autre. Chacun étant donc l'Autre de son adversaire. Sympa.Ce qui est encore mieux senti, c'est le personnage de Naorl, le loup garou. Autant le thème de l'accession à l'individualité est traité sans éclat autant les quelques regards qu'il porte à l'humanité son très bien vus. Pas de mièvrerie du type "les humains sont nuls parce que..." mais plutôt des avis pleins de bon sens, purgés de toute moralité puisque celle-ci n'existe pas dans la nature. Belle réussite ! On regrette même finalement que ce ne soit pas le personnage principal de l'aventure. Les autres sonnent un peu plus clichés. Dommage.Dis comme ça, on a l'impression que le livre ne tient pas la route. Franchement qu'il remporte un prix (le prix Imaginale 2012 en l’occurrence) est un peu exagéré (vous pouvez me lancer des cailloux... du moment qu'ils sont bien aiguisés!). Remarquez que lui attribuer une récompense fonctionne puisque c'est ce qui m'a poussé à le lire. Toutefois, je ne peux m'empêcher d'y voir surtout un message d'encouragement, plus qu'une véritable consécration du talent de l'auteur (oui ça sonne comme une phrase dure, mais elle ne l'est pas tant que ça). Un encouragement à destination de Mnémos, bien sûr, afin de gratifier son travail de découvreur d'auteurs français de l'Imaginaire, mais surtout à destination d'Adrien Tomas. Car tout n'est pas à jeter dans son premier roman. Certes le travail sur l'univers ne me paraît pas renversant (pas inexistant, notez bien), mais l'auteur a de bonnes idées, insuffle un rythme réussi à son récit (tranquille quand il le faut, vif dans les combats, etc.). Il lui reste encore à travailler l'aspect purement littéraire, l'élégance, le style de ses textes, etc. Les idées ne font pas tout, il faut aussi un enrobage attrayant.En attendant, nous avons là une pure histoire de fantasy épique, plutôt agréable, avec des héros aux pouvoirs stupéfiants, des armées titanesques et des morts par centaines. Mais aussi un épilogue bien troussé ! C'est déjà pas si mal ;)Ce sera un 6/10 pour moi. D'encouragement ?
