Posté : dim. 16 nov. 2014 13:05
Pour autant que j'aie bien lu Ellana plus haut, il ne s'agit pas d'un rejet du genre dû à ses goûts personnels, mais d'une contrainte "tactique" par rapport au milieu universitaire.Il faut bien garder en tête que, quand on ambitionne de mener à bien une thèse, c'est souvent avec l'idée de faire une carrière universitaire ensuite. Ce qui implique de se faire recruter par une université après la thèse (souvent après un passage par le secondaire et/ou des ATER, post-docs etc., parce qu'il y a peu de postes en fac et beaucoup de monde dans la file d'attente).Une thèse est à la fois un travail "scolaire" et le premier travail de recherche vraiment pris en considération par les collègues. C'est quelque chose qui reste dans le dossier de quelqu'un pour le reste de sa carrière. Or, pour cerner le domaine de recherche de quelqu'un, sa spécialisation, etc. les universitaires regardent beaucoup la thèse (même s'ils regardent aussi les autres publications, articles, comptes rendus, etc.).Le "danger" de consacrer une thèse à un domaine qui n'a pas encore conquis de reconnaissance critique dans les milieux universitaires, c'est de se faire écarter d'emblée comme "pas sérieux" dans la suite, au moment du recrutement. Or, si la SF est vraiment prise au sérieux maintenant, ce n'est pas encore le cas de la fantasy, même si les choses changent vite (souvent à mesure que de nouvelles générations d'universitaires accèdent aux postes à responsabilité, mais c'est aussi une affaire de personnalités, d'ouverture d'esprit et de types d'approches dans la recherche). Et tout ce qui est "bit-lit" ou qui ressemble de près ou de loin à Twilight est encore beaucoup moins pris au sérieux que la fantasy comme sujet de recherche (ou alors en socio, pas en études littéraires). D'où, je pense, la prudence d'Ellana qui n'a pas forcément envie de flinguer sa carrière en choisissant un sujet encore considéré comme "pas sérieux".Encore une fois, les milieux universitaires sont plus ouverts qu'on ne pense à l'étude des cultures de l'imaginaire, mais tout ne se fait pas instantanément non plus et l'élaboration d'un sujet de thèse n'est pas seulement une affaire de pure recherche, c'est aussi un peu la construction d'une vitrine pour la carrière qui vient après, donc on ne fait pas complètement ce qu'on veut (moins que pour un master où ça a moins de conséquence).Accessoirement, tout ce qui est vampires, loups-garous, etc. se rattache à des "ancêtres littéraires" parfois très différents de la fantasy et qui se rattachent plutôt historiquement au fantastique français et britannique, donc ça peut avoir un sens de ne pas trop mélanger les deux et d'étudier la bit-lit à part.Sciezka a écrit :Je trouve dommage que tu rejettes la bit lit. Ce mot est juste une étiquette posée par un éditeur sur sa collection (oui c'est très résumé). Tu as dans ce genre là, des ouvrages très connus (et parfois reconnus) qui donnent la part belle à des femmes. Je pense même que cette branche de la fantasy a créée un stéréotype nouveau, une autre vision de la femme dans le genre.