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Je suis contente de voir que ce sujet est abordé. J'ai travaillé pendant plusieurs années dans l'édition. Je n'ai pas travaillé dans le domaine de la fantasy, donc je ne peux pas attester de ce qui se passe dans ce secteur en particulier. Mais dans mon expérience, sans avoir subi d'agression ou de harcèlement, j'ai été étouffée par le climat sexiste qui règne dans le milieu de l'édition. J'ai été vraiment étonnée de le découvrir parce qu'en mettant les pieds dans un milieu majoritairement féminin, avec plusieurs femmes à des postes hauts placés, je ne m'attendais pas à ça. Ça prend plein de formes différentes. Tout d'abord, l'écart salarial et les freins à l'ascension professionnelle, mais pour le coup c'est loin d'être limité à l'édition. Il y a aussi beaucoup d'auteurs ou éditeurs très condescendants voire méprisants, qui ne peuvent tout simplement pas envisager qu'une jeune femme puisse avoir l'intelligence nécessaire pour travailler sur leurs textes. Dans l'article de France Info, le passage sur le décalage générationnel entre les hommes d'âge avancé qui sont au sommet de la hiérarchie et les jeunes recrues féminines est vraiment très juste. Et il y a aussi toujours cet aspect de "séduction" qui n'en est pas : des regards appuyés, des remarques déplacés... C'est accepté par tout le monde et ça finit par être intégré comme quelque chose de normal. Le sexisme en vient même à être reproduit par beaucoup de femmes. Donc je me dis que quand un milieu (l'édition ou autre) est imprégné de sexisme, c'est forcément un terrain qui favorise les abus. Je trouve ça bien que les paroles se libèrent, et que la discussion ait lieu aussi parmi les lecteurs et les lectrices comme ici.

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Merci à toi de l'avoir lu !
Ça ne va pas jusque là fort heureusement, pour moi c'était plutôt un rejet assez méprisant des critiques (constructives) que je pouvais avoir à faire sur un texte, ou alors, une sorte d'étonnement condescendant en se rendant compte que je maîtrisais un tant soit peu certains sujets. En fait, je travaillais dans l'édition de sciences humaines et certains auteurs ou éditeurs avaient l'air de penser d'emblée que je ne connaissais rien aux sujets dont ils parlaient. Je n'ai jamais vu de refus de travailler avec quelqu'un parce que c'est une femme, je me suis peut-être mal exprimée, désolée. En gros, c'était plutôt qu'on voulait bien que je fasse le taf, mais en me traitant comme une gentille idiote. En revanche, j'ai fini par me rendre compte qu'on cherchait beaucoup à me cantonner à un rôle de potiche en ne me confiant pas certaines tâches qui faisaient pourtant partie de mes qualifications, ce qu'on ne faisait pas avec mes collègues masculins. C'est arrivé juste une fois qu'un auteur appelle derrière mon dos ma supérieure pour dire qu'il était scandalisé qu'une petite stagiaire soit en charge de travailler sur son titre (alors que bon, dans l'édition, un stagiaire c'est quelqu'un qui a le même travail d'un salarié, mais sans le salaire :mrgreen:). Ça tenait sûrement en grande partie au fait que j'étais assez jeune, mais ses propos étaient assez sexistes.

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Anna a écrit :Merci et bravo à celles qui ont eu le courage de briser la loi du silence. Et merci à Elbakin.net de relayer et réagir aussi vite. Les sites de littérature ne sont pas si nombreux à le faire ce matin...

Ca va venir je pense, surtout que pour le moment, on l'a regroupé avec une autre actu, mais d'autres sites vont probablement y consacrer un retour à part - comme nous d'ailleurs.
Après, voilà, quelles que soient les personnes incriminées, on aimerait en faire plus, mais pour rappel, nous sommes tous bénévoles et nous ne formons pas une "rédaction" façon Mediapart ou Libé. :) Je pense que tout le monde le sait bien, mais bon, autant le rappeler quand même. :)

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farrell a écrit :Ils ont un système de partage d'article par mail si tu veux que je te l'envoi

Je suis intéressé aussi et je t'ai MP.

Merci à toi en tt cas !

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Merci également pour l'édition de la news avec la réaction de l'intéressé par l'intermédiaire de son avocat.

Effectivement, rappelons que la présomption d'innocence est aussi essentielle que la possibilité pour les présumées victimes de s'exprimer et / ou de porter plainte.

Le nombre de témoignages avancés par MEDIAPART est certes important, et peut sembler constituer une preuve en soi ou du moins renforcer la présomption, mais rappelons que vu la position de "l'accusé", les déceptions et rancœurs sont à considérer tout autant que les potentialités d'abus de pouvoir.