Hop, terminé cette trilogie. Ce fut plutôt divertissant mais je m’attendais à mieux. Le format trilogie ne me paraît pas spécialement adapté au « style Abercrombie » et souffre parfois d’effets de longueur (après tout, sur plus de 2000 pages…). Pour ce qui est des tics d’écritures parfois systématiques (froncements de sourcils, goût amer dans la bouche, onomatopées) je me suis demandé si ce n’était pas voulu pour donner un genre caricatural
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(en tout cas je me suis bien marré avec les ébats de Logen et Ferro dans le tome 2)
en parallèle de la prise en contre-pied de certains clichés, le tout tartiné d’une bonne dose de cynisme. Ces deux derniers aspects qui définissent (en partie) l’ « Abercrombie touch » m’ont paru aussi à double-tranchant dans le sens où s’ils donnent une certaine vigueur aux dialogues et aux personnages, ils désamorcent quelques peu la surprise des retournements de situations ou des révélations (pas sûr d’avoir été clair là…). En gros, j'ai vu arriver les choses de loin et n’ai pas été particulièrement surpris par le déroulement du récit (pourtant je suis habituellement assez « naïf » sur ce plan). Et même si je suis bien friand de cynisme, j’ai eu tendance à m’en lasser sur 3 tomes. Peut-être un léger manque d’équilibre sur ce point. L’histoire se déroule dans un monde relativement classique avec les habituels poncifs du genre (Le Nord clanique et barbare, le sud et l’Empire du Ghurkul en vilains envahisseurs, Adua en piédestal de la civilisation, un Empire déchu et en ruine après avoir joué avec les forces obscures…). Mais après tout quoi de mieux qu’installer un tel univers pour en retourner les conventions ?Évidemment, pour une première trilogie, l’ensemble ne manque pas de qualités, loin de là ! Je ne peux nier le talent descriptif de l’auteur pour l’action avec de vrais moments épiques (
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le duel de Logen avec Fenris est vraiment marquant
)et une immersion spontanée dans le récit (
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la bataille dans Adua, ou dans la forteresse des montagnes avec un côté Gouffre de Helm/Fort Alamo
). J'ai été emporté dans un tourbillon de violence, pleine de fracas et de sang. Les personnages, issus d’origines diverses, offrent des points de vue partagés et contrastés sur leur propre culture, leur histoire et leur implication. Plus ou moins originaux, ils ne manquent toutefois pas de personnalité et se retrouvent confrontés à l’inéluctable.
Joe Abercrombie n’hésite pas à les amener sur le fil du rasoir et tout le monde en prend pour son grade, si ce n’est pire. J’ai trouvé certains personnages secondaires bien intéressants (
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Ardee West, Renifleur, Dow le Sombre, Crummock I-Phail, Harding le Sinistre, Bethod...
) qui apportent un plus au récit et aux interactions avec les protagonistes.Finalement, dans un récit m’a paru assez balisé (ce qui n’est pas forcément un mal) avec des personnages loin d’être de simples coquilles vides, un cynisme omniprésent teinté d’humour noir et de grands moments épiques. Si
Joe Abercrombie éclate et se joue de certains clichés, l’histoire reste assez linéaire et prévisible (même si ça fait très mal, parfois).Malgré tout, y’a un p’tit goût de reviens-z ’y ! Et si le format one-shot permet de gommer les défauts évoqués et convient mieux à l’auteur, je me jetterais volontiers sur
Servir Froid à l’occasion.
P.S : désolé pour la tartine, en fait, je suis globalement d'accord sur les défauts et les qualités de l'ouvrage déjà énoncés dans vos critiques 