En pleine lecture du cycle d'Elric, je viens d'achever le sixième tome.
Malheureusement, j'ai trouvé que La Revanche de la Rose était un livre particulièrement faible du cycle.
Il en est presque agaçant, tant il semble concentrer les défauts principaux du cycle (pour très peu de ses qualités). En effet, on y retrouve cette impression (parfois latente dans les tomes précédents) que le récit, l'univers où il se déroule et ses personnages, ne sont finalement que des prétextes pour l'auteur afin de développer ses réflexions et concepts vis-à-vis de l'existence, de l'ordre, du chaos et des êtres humains insignifiants qui doivent y faire face.
Lesdites réflexions ne manquent pas forcément d'intérêt, mais elles ne sont jamais incarnées par le récit et ses acteurs. Ce problème a donc provoqué chez moi un ennui poli à mesure des pages, un manque total d'empathie envers la quasi totalité des personnages et l'impossibilité de m'immerger et de croire à l'univers proposé.
D'autant plus que, le récit n'étant qu'un prétexte, il est truffé de deus ex machina, de "transitions" hasardeuses
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les personnages sont régulièrement téléportés dans le temps et l'espace, mais on ressent toujours là-dedans les besoins de l'auteur vis-à-vis de son propos, ce qui rend le procédé assez artificiel, puisque on a souvent l'impression que les personnages sont séparés et se retrouvent quand cela arrange Moorcock
et de personnages qui agissent tel que le récit l'impose (et non en réaction logique, d'après leurs caractérisations), ce qui finit réellement par rendre cette histoire pénible tant les ficelles sont grosses...
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Elric se rappelle pour la énième fois, à la dernière seconde, d'un sort qu'il avait oublié et qui sauve la situation.
Le bad guy immortel coince nos héros, les plaçant face à un choix impossible, où il est immanquablement en situation dominante. Heureusement un mec rentre, le bad guy tourne donc la tête deux secondes pour voir qui c'est (on sait jamais, peut-être son linge propre) et Elric peut le désarmer d'une tape sur la main...
Enfin les idées prometteuses, telle cette nation tsigane, ne sont malheureusement jamais réellement exploitées et développées.
Très certainement le pire tome d'Elric jusqu'à présent, me concernant (heureusement ça reste court, pas sûr que je serai allé au bout sinon).
Mon rapport au cycle d'Elric est plutôt en dent de scie pour le moment. J'ai bien aimé les 4 premier tomes. Il y a presque toujours certains passages, bourrés d'inventivité et d'imagerie ésotérico-psychédélique très 70's, que j'adore (et qui sont franchement rafraichissants). Beaucoup d'idées me plaisent énormément : le personnage d'Elric lui même, son rapport à Stormbringer, Arioch, l'opposition loi/chaos, Tanelorn, le multivers et le champion éternel, ainsi que les rencontres entre ses avatars.
Mais je n'ai cependant aimé aucun tome autant que je m'y attendais en me lançant dans ce cycle. C'est toujours frustrant de ne pas aimer une œuvre autant que l'on se l'était imaginé. Et les tomes 5 (que j'avais déjà trouvé sans plus) et 6 m'ont bien refroidi.
De plus, je regrette vraiment d'avoir lu ce cycle dans l'ordre de l'histoire (tel qu'édité actuellement). C'est désormais trop tard, mais je trouve qu'Elric fait partie des cycles qu'il vaudrait mieux lire dans l'ordre de parution, plutôt que dans l'ordre du cycle/de l'histoire.
Ici, on ressent grandement que cela a été décidé et réaménagé après coup. Il y a vraiment des problèmes de cohérence quand on passe des 3 premiers tomes au 4 (notamment dans la caractérisation d'Elric
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il se maudit dans le tome 3 de provoquer (sans le vouloir) la ruine des hommes qu'il rencontre et avec lesquels il se lie d'amitié, et trahit sans sourciller ses rares amis survivants du tome 3 au début du 4 !
les répétitions de certaines intrigues et idées de manières moins efficaces, etc), mais aussi dans la façon dont des idées novatrices sont par la suite devenues des recettes du cycle (parfois jusqu'à la caricature). Les tomes usant de ces ficelles étant souvent plus tardifs mais, pour certains, placés avant les textes d'origine, fondateurs.
C'est dommage car je trouve que cela dessert ces derniers.
Je pense néanmoins continuer et aller bout. D'autant plus que je sais que les 3 derniers tomes sont constitués des textes d'origines des années 60. Fait sur lequel je place beaucoup d'espoir

Néanmoins, je ne suis plus aussi sûr de me faire tous les autres cycles des diverses incarnations du champion éternel (ce qui était mon objectif, à la base)...