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Posté : jeu. 11 juil. 2013 23:14
par Herbefol
Je pense que Ethan Iktho confond plusieurs trucs.D'une part, les contrats que passent l'éditeur français avec l'auteur américain, d'autre part les contrats entre l'éditeur français et ses traducteurs.A ma connaissance, le contrat entre l'éditeur et l'auteur couvre une certaine durée (10 ans est l'une des durées courantes). Si au bout de ce délai il n'y a pas prolongation des droits, alors ces droits peuvent être repris par un autre éditeur.Le contrat entre l'éditeur et le traducteur implique en général une question d'indisponibilité pour que le traducteur puisse récupérer ses droits. Mais cet disponibilité ou non n'influe pas nécessairement sur les droits de l'éditeur vis à vis de l'auteur.Or, si les droits de l'éditeur par rapport à l'auteur ne sont pas renouvelés, un nouvel éditeur peut reprendre le flambeau, et pour peu qu'il décide de refaire la traduction, il n'est alors nullement concerné par ce qui lie l'ancien éditeur à l'ancien traducteur.De plus, les éditions poche sont généralement des rééditions d'oeuvre auparavant publiées en grand format, et s'ils ne se font pas au sein de la même maison d'édition, le contrat du poche est peut-être subordonné à celui du grand format. D'autant plus que s'il y a les contrats doivent se ressembler plus ou moins sur certains points, il est tout à fait possible que sur des clauses particulières il y ait des variations de l'un à l'autre.Enfin, pour peut que les différentes parties concernées par un contrat trouvent des arrangements, il n'y a pas de problème qui ne puisse se résoudre tranquillement.Et après avoir écrit tout ça, je me dis qu'il faudrait que je jette un oeil dans mes contrats de traduction pour voir ce qu'il y est écrit. Peut-être que j'apprendrais des trucs. :lol:edit : il y a d'ailleurs une autre grosse erreur dans l'explication d' Ethan Iktho. Les droits du traducteur ne courent pas jusqu'à dix ans avec l'indisponibilité. A priori, ils courent jusqu'à soixante-dix ans après sa mort, puisque ce sont des droits d'auteur. Ce que cède le traducteur à un éditeur, ce sont des droits d'exploitation de sa traduction. Ces droits sont souvent cédés à l'éditeur pour le temps pendant lequel il peut exploiter le livre. Et si le traducteur constate une indisponibilité, il peut récupérer ses droits après un certain délai (plutôt un an que dix ans, faut pas abuser).

Posté : ven. 12 juil. 2013 00:16
par Ethan Iktho
Herbefol a écrit :De plus, les éditions poche sont généralement des rééditions d'oeuvre auparavant publiées en grand format, et s'ils ne se font pas au sein de la même maison d'édition, le contrat du poche est peut-être subordonné à celui du grand format. D'autant plus que s'il y a les contrats doivent se ressembler plus ou moins sur certains points, il est tout à fait possible que sur des clauses particulières il y ait des variations de l'un à l'autre.Enfin, pour peut que les différentes parties concernées par un contrat trouvent des arrangements, il n'y a pas de problème qui ne puisse se résoudre tranquillement.Et après avoir écrit tout ça, je me dis qu'il faudrait que je jette un oeil dans mes contrats de traduction pour voir ce qu'il y est écrit. Peut-être que j'apprendrais des trucs. :lol:
Je ne veux pas charger la barque, mais je trouve ton argumentaire assez imprécis, quand même. ;)Ce qui prévaut en France, c'est quand même le droit français. Sur le plan de la propriété littéraire (intellectuelle au sens large, mais là on parle que de bouquins), le droit français est assez chatouilleux (exception culturelle, etc.), et perso je trouve que c'est très bien.Le traducteur a la jouissance en tant qu'auteur du texte en français de l'ouvrage qu'il a traduit. Si celui-ci se trouve indisponible dans les grands réseaux de distribution, et après un certain temps de carence (tu dis un an, je dirais plutôt 2 ou 3, en cas de publication poche qui ne suit pas immédiatement l'épuisement du grand format), il peut demander à récupérer ses droits auprès de l'éditeur d'origine. OKComme tu le dis très bien, si un autre éditeur veut republier le bouquin, il faut qu'il demande la permission au traducteur.Sauf à prouver par l'éditeur qu'il n'a pas pu contacter le traducteur, ce dernier et ses ayant-droits gardent l'entière propriété de l'œuvre en français (70 ans, d'après toi).Maintenant tu me dis que l'éditeur peut s'arranger avec l'auteur pour qu'il y ait une nouvelle trad., en dépit de tout ce que je viens d'expliquer avant ?Franchement, ça me laisse rêveur... Pour grossir un peu le trait (mais un système est un système) : Tu vois, toi, deux trads. du dernier Stephen King, parce que son éditeur habituel se fait doubler un an après la publication de son dernier roman par un nouveau contrat plus juteux, offert par un éditeur concurrent ? Je suis d'accord avec Gwendal, là je crois que je ne comprends plus très bien... :D

Posté : ven. 12 juil. 2013 07:15
par Herbefol
Comme tu le dis très bien, si un autre éditeur veut republier le bouquin, il faut qu'il demande la permission au traducteur.
Seulement si on veut republier l'ancienne traduction. Si le nouvel éditeur souhaite en faire une nouvelle, il n'a aucune permission a demander au précédent traducteur.Les droits du traducteur ne concerne que sa traduction, ni le texte original, ni d'éventuelles autres traductions qui en serait faite. C'est aussi simple que cela.Si l'on change rarement les traductions quand un bouquin change d'éditeur, c'est simplement pour une question économique. Il est moins cher de racheter les droits d'exploitation de la traduction existant déjà que de s'en payer une nouvelle. Rien d'autre.

Posté : ven. 12 juil. 2013 10:30
par Gwendal
Herbefol a écrit :Seulement si on veut republier l'ancienne traduction. Si le nouvel éditeur souhaite en faire une nouvelle, il n'a aucune permission a demander au précédent traducteur.
Sans doute pour ça qu'il y beaucoup de changements pour les termes spécifiques à l'oeuvre de Jordan. Les traductions non littérale du genre "les Réprouvés" appartiennent encore à l'ancien traducteur et deviennent donc "les Rejetés" dans la nouvelle traduction.

Posté : ven. 12 juil. 2013 10:31
par Foradan
Pour le seul exemple que j'ai en tête, les ayants-droits du traducteur du hobbit (1969) ont toujours les droits. Certains choix de traduction sont toujours dans leur escarcelle et une nouvelle traduction doit soit faire d'autres choix, soit trouver un accord avec les ayant-droits.Et ça fait 44 ans depuis la traduction, et 23 ans depuis la mort du traducteur.

Posté : ven. 12 juil. 2013 12:53
par Gillossen
Luigi Brosse a écrit :Si c'est Brage qui les a, se pourrait-il qu'ils sortent la fin du cycle en attendant de récupérer les tomes 7 à 11 ?
On n'a pas posé la question dans le podcast ? :)

Posté : ven. 12 juil. 2013 20:41
par Luigi Brosse
Gillossen a écrit :On n'a pas posé la question dans le podcast ? :)
Désolé, peut-être, mais je faisais d'autres choses en même temps que mon écoute, donc je ne crois pas avoir entendu la réponse. Ce que dit Herbefol est donc correct ?
La question a été posé quelque part sur le web et, si ma mémoire est bonne, la réponse était que pour l'instant ce n'était pas envisagé, dans la mesure où l'on retraduit tout depuis le début, c'est mieux de faire le boulot dans l'ordre histoire de ne pas zapper quelques bricoles en sautant quelques volumes.

Posté : sam. 13 juil. 2013 11:17
par Ethan Iktho
J'imagine l'imbroglio juridique si un bouquin avec deux traductions disponibles est adapté au cinéma par une major US et en trouve ses ventes relancées. Quid des droits de chaque traducteur ? Le scénar étant basé sur la VO, le traducteur de la VF étant très très rarement contacté pour assurer la VF française du film...Toute cette histoire est quand même très loin d'être claire.Pour ce qui est de la nouvelle trad. de Jordan, l'exercice est difficile parce que JC Mallé est obligé de donner une version différente de la première, sous peine d'accusation de plagiat par le 1er traducteur ou ses ayants droit. Du coup, le dico des synonymes sert beaucoup (ça m'est déjà arrivé pour A. Christie). Et il n'empêche que, naturellement, le 1er traducteur a traduit au moins certains passages à la perfection, ou trouvé le mot qui collait parfaitement. Dans ces cas-là, c'est vraiment très prise de tête...

Posté : sam. 13 juil. 2013 11:30
par Zaebas
Oui mais si l'adaptation utilise les termes traduits pour la VF ? Le/les trads doivent toucher quelque chose pour le coup non ?

Posté : sam. 13 juil. 2013 11:48
par Ethan Iktho
Ben non, c'est le boulot de la boîte de doublage, qui certes s'est basée sur la VF bouquin, mais le traducteur ne touche jamais rien s'il n'a pas été directement associé à la VF cinéma.Et je me rends compte que je viens encore de sortir une niaiserie : En admettant que deux trads disponibles puissent coexister sur le marché, chaque traducteur touchera selon le nombre d'exemplaires vendus de sa version après remboursement de l'à-valoir perçu.Faudrait que je prenne des vacances, tiens...

Posté : sam. 13 juil. 2013 12:19
par Herbefol
Dans la cas d'une adaptation, le texte du film en anglais n'est généralement pas un calque de celui du livre, ce qui fait que la VF est la traduction d'autre chose que le livre (et donc une nouvelle traduction sans lien avec celle du livre). Pour les quelques cas où malgré tout il peut subsister des termes dans le film qui viennent spécifiquement du livre et qui donc sont aussi spécifiques dans une traduction française, disons par exemple les Harry Potter, la production doit effectivement se rapprocher de la maison d'édition française, qui aura probablement les droits d'exploitation de la traduction pour le cinéma si elle les a acquis par le contrat qu'elle a signé avec le traducteur.S'il y a plusieurs traductions sur le marché français, la production n'a besoin de se rapprocher que d'une seule maison d'édition : celle qui détient les droits d'exploitation de la traduction dont ils veulent reprendre des termes spécifiques.Enfin, la production peut aussi opter pour l'option consistant à ne pas reprendre les termes spécifiques de la traduction française et à faire le truc eux-mêmes. A ce moment, pas besoin d'accord. Par contre, pour une licence pour Harry Potter, je laisse imaginer le problème vis à vis du public si tous les termes spécifiques de la VF ne sont pas les mêmes que dans les livres... :pQuand à la coexistence de traductions sur le marché, elle est rare pour les oeuvres récentes (comme expliqué dans un autre post : il est moins cher pour un nouvel éditeur de racheter les droits d'une ancienne traduction que dans payer une nouvelle), par contre c'est fréquent pour les oeuvres plus anciennes. Stephen Zweig est dans le domaine public depuis cette année, conséquence : on trouve plusieurs traductions de certaines de ses oeuvres.

Posté : sam. 13 juil. 2013 14:15
par Foradan
Merci pour l'exemple Ethan : par exemple, le Hobbit. Le doublage ne reprend ni la première ni la deuxième trad.Comme seul exemple, Fondcombe apparaît dans le film, mais jamais en version papier.

Posté : sam. 13 juil. 2013 14:26
par Gillossen
Ce que dit Herbefol est donc correct ?
Oui, dans le sens où les Sanderson ne sont pas prévus avant d'être arrivé au bout des tomes écrits par Robert Jordan seul. Il va en falloir de la patience...

Posté : mer. 17 juil. 2013 12:30
par Aslan
http://nsa33.casimages.com/img/2013/07/17/130717123642908358.jpg

Posté : mer. 17 juil. 2013 12:34
par Al
au bout d'un moment ils vont se retrouver à court de couleurs ... :p

Posté : mer. 17 juil. 2013 12:52
par Zaebas
D'un autre côté, dans les 5 volumes déjà paru on a déjà eue deux nuances de bleus... ^_^

Posté : ven. 30 août 2013 13:35
par Gillossen
Aslan a écrit :
http://nsa33.casimages.com/img/2013/07/17/130717123642908358.jpg
Sortie donc.
Dans la cité séculaire de Tar Valon, le conseil des Aes Sedai est convoqué en réunion extraordinaire afin de retrouver coûte que coûte Rand al’Thor, le dragon Réincarné. L’heure est grave : le Ténébreux semble sur le point de se libérer de sa prison. Lorsque la Dernière Bataille surviendra, l’unique espoir d’éviter la destruction du monde reposera sur les épaules de Rand, le seul à pouvoir l’affronter…

Posté : jeu. 12 sept. 2013 14:59
par Karine des chats
pour ma part j'ai découvert la série en 1997 ... donc forcément ancienne traduction ! Si, je ne conteste pas le travail médiocre de la dernière traductrice... je trouve dommage de jeter celui de la 1ére! Certes, elle a accentué le côté moyen-âgeux (ce qui est un tort). Mais virer le travail des noms ... là je ne suis pas contente! Cela revient à me forcer la main à racheter les livres pour comprendre de quoi on parle! et en prime je trouve certaines trouvailles assez ridicules Zingaro : on va au cirque? ou est bartabas ?Les suppôts des ténèbres : on tombe dans la mauvaise fantasy, une caricature... et on s'éloigne du terme originalle paradigme de la feuille: pourquoi mettre un mot compliqué ? se donner un genre ? Mais ce que je trouve assez odieux c'est d'avoir fait passé la saidar comme un mot masculin ! Vu que c'était la partie féminine du pouvoir c'était bien de laisser ce mot "dans le camp des filles"... j'ai trouvé cette transformation assez machiste ! On aurait du laisser ce qui existait pour ce qui est du "lexique", histoire de ne pas perdre les anciens lecteurs ... ce qui risque de se faire pour ma part.

Posté : jeu. 12 sept. 2013 17:51
par led
Bienvenu dans le monde merveilleux des Editeurs; tu vas vite comprendre, Karine, que l'Edition n'a rien avoir avec la logique, ni avec le respect du lecteur ...Non! Le nouveau traducteur ne peut reprendre les anciens termes pour des raisons de droit (bla bla) donc lorsque ( ce qui n'est pas toujours le cas) les bons termes ont été utilisés dans la première version, hé ben il faut contourner, biaiser, chercher un pseudonyme ...Donc, sous le couvert de la loi , une reprise d'une traduction ne peut reprendre les termes de la première ( enfin pas toujours).

Posté : jeu. 12 sept. 2013 18:14
par Ethan Iktho
CQFD, et c'est bien démontré.Merci, Led.