Posté : jeu. 19 juil. 2007 14:41
Je viens d’achever cette trilogie longue et, au bout du compte sympathique ;)Un bilan bien loin de mon premier point de vue après 200 premières pages difficiles à avaler. Entre personnages énervants, réactions exacerbées, syntaxe maladroite et peu fluide (une surdose de conjonctions), on sent sans mal un J. Marco qui se cherche une âme d’auteur. Et puis on s’habitue, emporté qu’on est par le flot de l’action qui nous fait oublier les maladresses, certes de moins en moins nombreuses : l’auteur s’améliore au fil du temps. La guerre des tranchées, sous utilisée, tout comme l’ambiance pessimiste pas assez incisive, laisse place à une évolution de la situation des personnages et des évènements qui gravitent autour à partir de certains faits en Aramoor. Ainsi le premier volume se conclut classiquement mais avec une touche émouvante apportée par le destin de Tharn (voir celui de Voris).J’en profite pour parler du point fort principal : les personnages. En eux-mêmes ils sont divers et travaillés. Là où excelle John Marco, c’est dans sa capacité à les rendre tous appréciables. Hormis deux trois chefs de guerres écervelés (et encore), il n’ y a pas de méchants, ni de gentils. Certains évoluent, d’autres non. Le primordial est que tous ont une histoire, un vécu, un caractère qui justifie leurs actes parfois odieux, et leurs oppositions deviennent captivantes. Au fond, et ce peut être le pire, même les tyrans sont des hommes… Le titre n’est pas un hasard, aussi il rappelle qu’aucun personnage n’est un roturier… mais c’est un choix pleinement assumé.Le deuxième tome est le meilleur pour moi, il prend la direction que j’avais voulu qu’il prenne, un cran au-dessus niveau intrigues et retournements de situation, de même que son dénouement vaut son pesant d’or. L’histoire est toute autre. Son moteur n’est pas très inédit, l’ensemble est néanmoins bien rythmé, et le protagoniste Simon est autrement plus touchant que Richius (mais alors pourquoi l’oubli-t-il dans l’ultime opus ?). Le fait que les deux personnages les plus aboutis de la trilogie (Biaggio et Herrith) y prennent toute leur importance n’est pas une vicissitude, ni que l’on délaisse quelque peu le personnage sans issu (mais nécessaire) qu’est Richius. Parallèlement on rencontre les lieux les plus intéressants (hormis Falindar et les Hauts plateaux), le Bec du Dragon et les îles lissiennes, pendant que la Cité Noire se montre sous un jour beaucoup plus touchant au travers de la Cathédrale. C’est d’ailleurs là que se déroule la scène la plus réussie entre Darago, Herrith, l’orpheline et le fabriquant de jouets. Pour en revenir au monde de Marco, il faut arrêter de dire qu’il est sous exploité, il n'ya qu'à voir la carte fournie, on ne peut plus simpliste. D’accord on aurait voulu en voir plus de Lucel-lor, mais c’est en fait parce que Marco n’a conçu que le strict minimum de l’Histoire, des coutumes et des religions des différents peuples pour y transposer sans de trop grandes incohérences et de trop grandes redondances son récit. Pas plus que l’opposition technologie/magie n’est assez affirmée pour devenir éloquente. Je passe au dernier tome. Avec plaisir on retrouve Biaggio en personnage central. Les intriques politiques sont un peu lâchées avec son départ de la Cité Noire, les batailles (navales, très présentes dans cette trilogie) demeurent en nombre. C’est dommage, il y avait de quoi faire. Marco n’aurait pas dû abandonner si vite l’Inquisiteur. Pour se consoler on rencontre des personnages bien construits, Kasrin et principalement Tassis Gayle. Le potentiel d’ Alazrian n’est quant à lui pas pleinement employé. On a cette impression que Marco n’ose pas ou pas encore pour cette première saga, tout est à petite échelle (grande mais c’est pour la compréhension), et ça en devient frustrant (même si l’auteur évolue durant la trilogie il reste l’antithèse de Goodkind). Oui, mais ça s’était avant les ultimes pages concernant Alazrian, qui font gagner à elles seules ½ point à ces trois livres, car placées dans un contextes d’humilité elles ne tombent pas dans une négation grandiloquente. C’est une première pour l’auteur, cela se sent, mais le tâtonnement n’est pas long et il laisse place au plaisir de parcourir un trio de livres agréables et faciles à lire.