Fabien Lyraud a écrit :Petite remarque sur les librairies.La majorité des librairies placent les littératures de genre au fond du magasin. Et quel sens peut - on en retirer ? C'est une littérature dont on a honte. On la place donc au fond du magasin et on réserve le même sort à la BD ou à la littérature jeunesse
C'est très grossier comme observation tout de même. Pas tout à fait faux, mais bien trop facile. Encore plus quand j'y vois accolé la BD et la litté jeunesse qui n'ont justement pas grand chose à voir avec la SFFF en terme de placement / visibilité / CA dans une librairie. Tout d'abord il faut noter que la fantasy, la SF ou le fantastique ne sont pas les rayons les plus vendeurs dans une librairie dite généraliste, et représentent rarement un rayon à eux tout seuls. Comprenez par là qu'un libraire est rarement en charge de ce seul thème, ou qu'il est difficile de leur attribuer une grosse part de la surface de vente, et que donc il faut généralement les englober dans un secteur plus grand. C'est pour cela qu'on voit souvent la SFFF à côté de la BD, ou du polar, et quelques fois de la jeunesse. Parce que le lectorat est parfois le même, parce que le libraire est un amateur des genres. J'ai eu mon premier emploi à la librairie de Provence à Aix-en-Provence qui abritait à l'époque un des libraires les plus compétents en France en ce qui concerne la SFFF, Laurent Schneiter. Il avait beau avoir un étage à lui tout seul, et il avait beau s'y connaitre comme pas deux, l'espace était partagé avec le polar dont il était également en charge.Elle n'est donc pas remisée "au fond", elle est juste rangée dans l'espace le plus logique. Je prends pour exemple là où je bosse : la linguistique / écrits sur la litté / langues anciennes sont à l'entrée de la librairie, est-ce pour cela qu'il faut penser que c'est parce que c'est les rayons les plus mis en avant ? La jeunesse et la BD sont au fond du magasin, et pourtant ce sont les secteurs les plus en formes depuis de nombreuses années. Ils sont au fond car nous avons voulu leur créer un espace à part entière.Mais vous n'avez pas tout à fait tort, on ne verra jamais, là où je bosse, la SFFF à l'entrée de la librairie. Parce que c'est un établissement qui depuis 40 ans met la littérature dite "blanche" et les sciences humaines en avant, parce que dans les consciences la SFFF reste une niche de moindre qualité. Je suis loin de penser la même chose, mais je comprends tout à fait que mon rayon favori ne soit pas à l'avant dans ce type d'établissement.
Fabien Lyraud a écrit :Bref les littératures de genre se vendent mal. En étant situé au fonds du magasin ou dans un espace peu visible, elle n'attire pas le chaland.
Héhé, et elles n'attireraient pas plus le chaland si elles étaient à l'entrée. Il ne faut pas se leurrer, ce sont les lecteurs de SFFF qui achêtent de la SFFF. Si, si, j'vous jure ! Et ces lecteurs n'ont pas de mal à trouver notre rayon quand ils le désirent (ou au pire ils demandent hein). On le voit au quotidien, il y a très peu de nouveaux lecteurs du genre, et je ne pense pas que le souci vienne de la place du rayon. La plupart du temps j'ai l'impression que ce sont des jeunes qui passent du rayon Jeunesse imaginaire au rayon SFFF adulte au final.
Fabien Lyraud a écrit :Chez Anecdotes à Limoges elles ont changé deux fois de place. Au départ elles étaient près de l'entrée, elles sont passés au fonds du niveau rez de chaussé pour attirer au niveau moins un auquel on accède en ayant parcouru le rez de chaussé en entier. Les littératures de l'imaginaire sont dans un angle alors que le polar est juste en face et nettement plus visible tout comme la BD. Bref un coin de rayon.
Anecdotes doit être comme ma librairie un établissement généraliste. Anecdotes doit comme nous vendre trois ou quatre fois plus de polar que de SFFF, et inverser les rayons de place ne changerait rien.
Fabien Lyraud a écrit :On penser à une autre disposition. Les littératures de genre et populaires à l'entrée du magasin et les littératures plus exigeantes au fonds. En fait plus on irait vers le fonds de la librairie plus on irait vers des oeuvres difficiles. En plus le lecteur d'oeuvres exigeantes pourrait de temps en temps se procurer un roman populaire si une couverture lui plait et découvrir un genre. Qui peut le plus peut le moins. En plus cette disposition fait échos quelque part au voyage du héros qui va vers des épreuves de plus en plus difficiles et ça me paraît assez évocateur sur le plan symbolique. Je n'ai vu cette disposition que chez Martin Delbert à Agen.
Depuis quand Damasio ou Mark Danielewski sont moins "exigeants" qu'une grosse partie des auteurs de litté dite blanche ? Et n'est-il pas dangereux de mettre en place une hiérarchie des lectures et donc des lecteurs en organisant une librairie comme vous le suggérez ?