Bon, de mon côté j'ai trouvé que c'était plein d'éléments très intéressants (tout en me doutant qu'il y aurait des controverses dans le fandom, comme chaque fois qu'on touche à des points considérés comme acquis), mais que la forme avait tendance à plomber un peu l'ensemble (même si j'ai passé un bon moment et que j'ai hâte de voir la suite).Le point fort du film, c'est de poser des personnages très ambivalents. Dans les
Harry Potter, on insiste beaucoup sur l'importance des choix, mais finalement le héros et ses proches n'en ont qu'un: se battre du côté du bien ou ne rien faire et se planquer. Ils ne sont jamais tentés par le côté obscur. Il y a bien des personnages plus ambigus (Rogue en premier lieu, plus tard Dumbledore) mais la tentation du mal (et le fait d'y succomber un temps) est dans leur passé, on en parle mais la question est déjà tranchée quand l'intrigue se déroule et les adversaires sont des fanatiques ou des opportunistes proches des idées de Voldemort, qui prêche des convaincus.Dans ce film, l'intérêt de Grindelwald est qu'on voit vraiment comment
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il appuie sur des points où des personnages qui ne sont pas mauvais sont vulnérables. Pour Queenie je ne trouve pas que sa motivation soit invraisemblable. En revanche, concision oblige on passe très vite dessus et je veux bien qu'entendre les pensées des gens en permanence doit déglinguer la cervelle, il aurait fallu plus qu'un thé et un discours pour la retourner.Il y a aussi Croyance et son besoin de connaître ses origines et d'être accepté, etc. Je ne sais pas à quel point le côté malsain de Grindelwald est voulu ou tient de l'image de Depp maintenant, mais du coup je trouve que ça fonctionne bien pour montrer un personnage dont le spectateur sait de quoi il est capable et qu'on peut trouver repoussant, mais qui propose des alternatives qui sur le moment paraissent crédibles à des gens à côté de leurs pompes - même si à côté on a toujours les comparses fanatiques de base
J'ai aussi apprécié qu'avec les bases posées dans le précédent film, on ne suit pas les attentes qu'on pouvait avoir: par exemple
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Pour Thésée, on apprend dans le premier volet que c'est un héros de guerre et on peut imaginer le gars admiré et donc arrogant avec son petit frère nerd qui ennuit tout le monde, se fait virer de l'école..., mais il est protecteur envers Newt, ne se laisse pas emporter par le côté brutal du ministère (d'ailleurs à ce sujet, en voyant Derek Riddell j'ai un moment pensé qu'il jouait Fudge jeune tellement je lui trouvait des faux airs de Robert Hardy avant de me souvenir qu'il était annoncé comme Travers).Pareil pour Leta, entre le nom de famille qui évoque des futurs mangemorts et ce qu'en dit Queenie dans le film précédent, on pouvait s'attendre à une espèce de femme fatale qui fait de la magie noire et a manipulé le pauvre Newt mais en fait elle est beaucoup plus tourmentée, se voit clairement comme bien plus mauvaise qu'elle n'est. J'ai été frustrée de la voir disparaître si tôt, du coup, mais j'ai beaucoup aimé ce personnage au final.Nagini, même si elle est finalement assez discrète (à voir si on la développe par la suite), je l'ai bien aimée et c'est clairement un personnage tragique et pas maléfique, à la base
En revanche, le soucis, c'est vraiment la forme, au niveau du déroulement de l'intrigue déjà. Il y a un écueil courant dans les deuxièmes volets/deuxièmes saisons, présent ici: en plus du groupe qu'on connait, on amène d'autres personnages, et tout le monde mène sa barque dans son coin avant de converger, résultat c'est assez décousu et surtout, quand on en développe certains, d'autres passent à l'as
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comme c'est un peu le film de Leta Lestrange, les Goldstein sont en retraits et donc comme je l'ai dit plus haut, autant sur le papier je trouve que les actes de Queenie se tiennent autant elle est très vite convaincue et fait très cruche. Mais surtout, Tina pour le peu qu'elle fait n'est pas efficace, est jalouse sur la base d'un quiproquo de boulevard et ne sort pas grandie de tout cela. Heureusement qu'elle a les yeux salamandre, mais ça fait peu... Il reste trois films, j'espère qu'elle aura l'occasion d'être un peu mise en valeur parce qu'elle était bien peu attachante, sur ce coup-là.Newt et Jacob, ça fonctionne toujours bien en revanche, et Jude Law en Dumbledore, ça le fait, même si encore une fois on laisse tomber l'extravagance pour une petite touche malicieuse mais pas trop
J'en viens aux deux points polémiques ici et là le moins important pour commencer
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McGonagall, c'est incohérent même si sur le coup ça m'a fait plaisir. Alors on peut se dire que son background sur Pottermore a été retconné, pourquoi pas, mais ça ne colle pas avec les années d'enseignements cités dans le tome 5. Et une parente, je n'y crois pas, vu qu'elle est bien trop semblable dans son comportement à celle qu'on connait pour que ce soit juste un homonyme. Mais ça n'a pas de rôle sur l'intrigue alors au final, ce n'est pas dramatique.Pour Croyance, je trouvais au début l'argument comme quoi il était un Lestrange bien léger pour qu'autant de monde en fasse tout un foin (il n'y a que Kama dont l'intérêt se justifie à ce stade), sa nature d'obscurus était une raison suffisante pour vouloir le retrouver. Du coup qu'il y ait eu échange de bébé - même si c'était alambiqué - ça me plaisait bien. Pour la révélation finale, je n'y suis pas hostile, j'attends de voir l'explication sortie. On peut toujours penser que c'est une manipulation de Grindelwald (après tout, les Dumbledore n'ont pas un monopole sur les phénix, Gellert peut connaître la légende par Albus et jouer avec pour convaincre Croyance qu'il en est un), après, ajouter un nouveau frère, si JKR arrive à se dépatouiller du mic-mac des dates de naissances (ce qui n'est pas son point fort), pourquoi pas, le fait qu'on n'en parle pas dans Les Reliques de la Mort ne veut pas dire grand chose: peut-être que son existence n'a jamais été officialisée donc Skeeter n'a pas pu écrire dessus, il faudra voir la suite pour se faire une idée définitive. Cela dit, je trouve que du coup, la présence à New York de Grindelwald s'explique davantage et le fait que tout le monde se soit retrouvé là-bas dans le premier film tient moins de la coïncidence pratique
Autre soucis de forme, on sent toujours que Yates n'est pas très à l'aise pour filmer l'action:
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la scène d'ouverture, le stratagème en lui-même est sympa, on est surpris et en même temps on retrouve bien le gout de JKR pour donner un rôle inattendu à un personnage périphérique jusque-là (la dernière fois que j'ai vu cet acteur sur un écran il avait chopé le botulisme/le scorbut, c'était peut-être mieux que ce qu'il devient là), mais c'est un peu confus à l'image
. Son truc c'est vraiment de filmer les décors (et on sent qu'il aime bien les ministères, de ce côté-là ça en met toujours plein la vue) et pour Paris, c'est vraiment ça par moment, un décor dans lequel les personnages se baladent, très joli, mais qui manque de vie
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je n'ai même pas l'impression que le peu de réactions des figurants devant certains événements soit une façon de s'amuser du cliché du Parisien blasé de tout
. Après, ça fourmille de détails (au point où j'étais un peu distraite, dans la scène avec Grindelwald sur le toit, par une réclame pour le cancan nantais derrière lui

) et les créatures sont top, pas si mal intégrées même si elles sont au final secondaires (en fait elles tiennent presque de gadgets bondiens).Dans l'ensemble, bon moment, bien intriguée pour la suite mais j'espère quand même que Rowling va mieux se rompre à l'écriture de scénario pour les suivants parce que là j'ai l'impression qu'elle pense encore en terme de romans et du coup c'est un peu frustrant.