Désolée d'arriver assez tard pour répondre, j'enchaîne les corrections de romans en ce moment, avec des deadlines un peu tendues...
Merci à tous pour vos longs et très intéressants commentaires, je suis ravie qu'un épisode offre autant de matière à discussion

Je suis globalement d'accord avec tout ce qu'a dit Mélanie dans sa dernière intervention. Pour rebondir à-dessus, j'ajouterai quelques mots sur une expérience récente, assez révélatrice pour moi.
Parfois, surtout quand comme moi on adore lire des livres dont les héros sont très loin de nous, on peut ne même pas se rendre qu'une certaine catégorie de personnage nous manque, tant qu'une histoire ne nous met pas le nez dessus.
De mon côté, je suis quadra depuis presque deux ans, et jusqu'à récemment je n'avais jamais croisé un personnage de femme de quarante ans qui ne rentre pas d'une manière ou d'une autre dans une des cases habituelles : "mère dévouée", "femme déjà vieillie mais encore désirable" ( mais bon, là elle ne va pas avoir un visage trop marqué non plus), "glaciale femme de tête", "femme badass mais sans vie sentimentale" ( parce qu'elle est déjà occupée à être badass, et puis elle a quarante ans)...
Inutile de préciser que non seulement je ne me reconnaissais dans aucun de ces rôles, mais en plus, la plupart, même ceux qui se veulent positifs, sont de fait réducteurs. Et globalement, très souvent, l'image qu'ils donnent de ce que je suis, une femme quadra, n'est pas vraiment aspirationnelle, voire assez déprimante.
Après, je ne m'attardais pas là-dessus, pour moi ça rentrait juste dans un enjeu plus global de la représentation des femmes en littérature/audiovisuel, etc...
Et puis j'ai vu "Gentleman Jack".
"Gentleman Jack", c'est l'histoire d'Anne Lister, qui au dix-neuvième siècle se lança dans l'exploitation de mines de charbon au Yorkshire. Et là, ce fut une révélation.
Anne Lister est indépendante, forte, pas parfaite, séduisante comme on permet seulement aux hommes de l'être, d'habitude. Séduisante justement parce qu'elle a vécu, parce qu'elle a voyagé, longtemps, parce qu'elle a un humour à froid et un visage mobile, aux traits marqués assumés... Bref, elle existe en tant que personnage complet, charismatique, énergique... Anne est différente de moi sur plusieurs points, par ailleurs ( entre autre ses idées politiques,ce n'est pas ma championne, pour reprendre un terme de Foradan

).
J'ai aimé le naturel et l'évidence avec lesquels existe ce personnage complexe ( c'est un vrai personnage, pas une déclaration d'intention).
J'aime le fait qu'elle ne soit pas un modèle parfait, mais un être de chair et de sang. Et je me suis rendue compte, après avoir avalé la série en deux soirs ( c'est hyper rare chez moi), à quel point ça m'avait manqué.
A quel point, aussi, je n'en pouvais plus de voir les femmes quadra avoir des gens comme Blanche Gardin comme porte-parole ( désolée pour les fans de Blanche Gardin, mais je suis un peu lasse de la n-ième déclinaison, même relookée, de l'éternel : "une femme quadra c'est quand même moins cool qu'un quadra homme").
J'avais (et j'ai toujours) des exemples incroyables de femmes quadra dans la vraie vie autour de moi. Mais je ne les voyais pas représentés dans la culture. Jusqu'à ce que je croise Anne Lister. Et ça m'a fait tellement de bien !
"Gentleman Jack" m'a aidé à me rendre compte qu'inconsciemment, je me mettais des barrières, je n'osais pas, ou je n'osais plus, certaines choses ( entre autres côté carrière), ou alors j'y allais à moitié, ou sur la pointe des pieds, en m'excusant presque.
Voilà, la représentation, ça compte. Et ça aide, non pas à se trouver un semblable dans un personnage de fiction, mais à trouver, ou à retrouver, qui on peut être. Même quand on a plus de dix-huit ans, parfois
