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Posté : mer. 9 janv. 2013 15:50
par Littlefinger
Un petit zoom sur un Direct-to-DVD bientôt en France : Dredd de Pete Travis.Dans un avenir proche, les Etats-Unis ne sont plus qu’un immense désert irradié. Mega City One est une métropole tentaculaire rongée par le vice. La seule forme d’autorité restante est représentée par les juges, une police urbaine qui cumule toutes les fonctions : flic, juge et bourreau. Une nouvelle drogue se propage, la Slo-Mo, qui permet de percevoir la réalité au ralenti. Sa distribution est contrôlée par Ma-Ma, ancienne prostituée, devenue baronne de la drogue. Dredd, le juge ultime, va se voir assigner une mission dans les environs de la tour de Ma-Ma et va devoir s’y confronter.Un des cheval de bataille d'Hollywood ces dernières années, à part les suites à n'en plus finir, c'est bien les remake. Après celui, sympathique mais loin de son modèle, de Total Recall et avant le Robocop de Padhila, c'est le fameux Judge Dredd de 1995 avec Stallone qui y passe. Bien entendu, celui-ci n'était pas non plus un film impérissable, loin de là, et surtout, n'avait pas grand chose à voir avec l'atmosphère noire du comics original. Pour l'occasion, c'est le peu connu Pete Travis qui s'en charge.Et malheureusement, il n'y aura aucune sortie cinéma pour ce long-métrage vu la débâcle financière aux Etats-Unis, simplement un DVD en février. On pouvait logiquement s'attendre au pire.Place au jugement.Première impression, le long-métrage de Travis se débarrasse de toute sorte d'humour. Nous pénétrons dans le monde désespéré de Méga-City One au cours d'une introduction concise mais très bien ficelé. Gangs, meurtres, chaos et au milieu les Juges. Nous sommes déjà bien plus proches de l'ambiance bad-ass sans concession de l'oeuvre originale. Et cela ira crescendo tout du long. C'est ensuite l'arrivée du Juge Dredd à l'écran. Cette fois, c'est l'acteur Karl Urban qui s'y colle (alias Eomer dans le Seigneur des Anneaux). Monolithique, n'enlevant jamais son casque (très fidèle en ce sens au comics), usant et abusant de sa voix rocailleuse et profitant d'un charisme certain, l'acteur tire très bien son épingle du jeu et finis carrément par totalement et irrémédiablement supplanté Stallone. Urban est Dredd, beaucoup plus sérieux et beaucoup plus crédible en fait.Rapidement, on constate que le long-métrage de Travis se rapproche énormément de The Raid, avec lequel il a été très justement comparé. Coincés dans une barre d'immeuble de 200 étages, les deux juges, Dredd et Anderson, doivent faire face à un gagne entier armé jusqu'aux dents. Au lieu de combats rapprochés et au corps à corps, c'est gunfight sur gunfight. Bien moins répétitif et redondant que The Raid, Dredd s'avère très savamment dosé en action, on ne s'ennuie jamais et les scènes d'affrontement restent un plaisir du fait de la conjonction entre les tactiques employées par le juge Dredd et par la ténacité des assaillants. L'arme de service des Juges reste d'ailleurs une sacré attraction avec ses balles sélectionnables. Niveau réalisation, Travis filme très correctement ses acteurs et ses gunfights avec une ou deux séquences d'anthologie (les sulfateuses notamment). Bon, il est vrai aussi qu'il abuse des effets de ralentis avec ses séquences Slo-Mo (la drogue qui ralentit le cerveau du toxico), une fois ou deux ça va mais cinq fois, c'est simplement chiant.Outre ce grief, on peut reprocher au long-métrage de ne faire qu'effleurer l'univers de Méga-City. Contrairement au film de 1995, toute l'action a lieu en huit clos dans la tour. Ce qui s'avère un avantage au final et permet au film de miser sur le côté ultime du Juge au lieu de se perdre dans des intrigues fumeuses. L'autre bon point, c'est le Psi-Juge Anderson, un personnage vraiment intéressant et qui contraste avec l'inflexibilité de Dredd. Certes Olivia Thirlby n'est pas vraiment convaincante dans son jeu fade mais l'essentiel est sauf. Reste la méchante du film, interprétée par Lena Headey qui n'est jamais aussi géniale que quand elle joue les garces (Remember Cersei dans Game of Thrones).Immense surprise au final que ce Dredd, qui arrive totalement à surpasser le film original et à retrouver l'essence du comics, ou du moins s'en rapprocher beaucoup plus. Passionnant, bien foutu, brillamment interprété par un Karl Urban charismatique, Dredd mérite plus qu'un coup d'oeil. A recommander !

Posté : mer. 9 janv. 2013 18:25
par dragonnia
Je suis allée voir l'odyssée de Pi, et j'ai bien apprécié ce film.Malgré les bonnes critiques que j'avais lu, j'avais peur de m'ennuyer quelque peu mais pas du tout en fait.De belles images, une histoire bien filmée, je recommande.

Posté : mer. 9 janv. 2013 21:32
par Duarcan
Et m**** grillé par Littlefinger. :lol:Bon ben vu Dredd, c'est jouissif, décomplexé et putain de bon. :DPour le reste Littlefinger a tout dit ;) ça t'arrive jamais de rater un bon film littlefinger?

Posté : mer. 9 janv. 2013 22:14
par Littlefinger
Si si ça m'arrive : J'ai raté le dernier Twilight, depuis ma vie n'est plus pareille !

Posté : mer. 9 janv. 2013 22:34
par Tybalt
Littlefinger a écrit :Soyons clair, ces Chroniques de Tchernobyl est un ratage complet.
Huhu... la bande-annonce laissait déjà peu d'espoir...

Posté : mer. 9 janv. 2013 22:38
par Atanaheim
Bah on n'est pas obligé de faire des films d'horreurs sur les ruines d'un accident nucléaire. Pour le coup je suis assez d'accord avec Littlefinger. Tchernobyl a un potentiel monstrueux (haha!) en tant que décor de film.Les trucs du genre Stalker ne sont pas irrespectueux envers les victimes par exemple.

Posté : jeu. 10 janv. 2013 09:41
par alana chantelune
J'ai beaucoup aimé l'Odyssée de Pi, les images sont d’une beauté époustouflante.malheureusement pour moi, je l'ai sur un tout petit écran, cela a tout gâché.Mon gros, gros coup de cœur, c'est les Bêtes du Sud sauvage, j'ai pris une énorme claque, je n'avais pas ressenti une telle émotion devant un film depuis... je ne sais plus !J'ai aussi vu Royal Affair, qui était très bien aussi et qui m'a donné une leçon d'histoire.Je recommande aussi Le Monde de Charlie, qui réussit à être un film sur l'adolescence à la fois amer, doux et nostalgique. Le film m' a permis de vraiment apprécier Logan Lerman (que j'avais détesté dans Perçy Jackson). Emma Watson est lumineuse et Ezra Miller donne une touche d'humour et d'énergie à ce teen-movie à la fois léger et sombre, une jolie chronique de l'adolescence.

Posté : jeu. 10 janv. 2013 09:49
par Aléthia
Je vais voir le monde de Charlie vendredi ;) Je te dirai ce que j'en ai pensé, si tu veux.

Posté : jeu. 10 janv. 2013 10:11
par narsil_99
n'ayant rien de mieux a faire j'ai été voir jack reacher, et c'est un film encore plus mauvais que je le penssai, avec quelque passage assez amusant, mais ultra convenu, qui sert juste a promouvoir tom cruise, par contre je vous recommande le roi du curling, totalement délirant et génial

Posté : jeu. 10 janv. 2013 10:22
par Atanaheim
alana chantelune a écrit :Mon gros, gros coup de cœur, c'est les Bêtes du Sud sauvage, j'ai pris une énorme claque, je n'avais pas ressenti une telle émotion devant un film depuis... je ne sais plus !
Idem ! On en reparle bientôt d'ailleurs :sifflote:

Posté : jeu. 10 janv. 2013 13:48
par Littlefinger
Ah content que Les Bêtes du Sud Sauvages plaise, comme je le disais dans ma critique 2 pages en arrière, il a finit numéro 3 dans mon Top 10 2012.Et comme disait Narsil... Le Roi du Curling, c'est vraiment barré :Truls Paulsen est un champion de curling qui a tout gagné. Son perfectionnisme et sa névrose du millimètre se retournent un jour contre lui et il se retrouve alors hospitalisé sous le contrôle d’une psychologue et sous la tutelle de sa femme Sigrid. Sous traitement, il a interdiction formelle de revoir ses anciens partenaires sportifs et d’approcher une piste de curling. Mais Gordon, son ancien entraîneur, mentor et meilleur ami tombe gravement malade et ne peut payer une opération très coûteuse. Truls Paulsen devra mener son plus grand combat pour retourner à la compétition et obtenir les gains pour sauver Gordon.Un film sur le curling. Non mais, franchement, un film sur le curling, un peu un des sports les plus abstraits qui soit. Eh bien, ce pari invraisemblable, c'est celui que relève le Norvégien Ole Endresen. Rencontre improbable entre Big Lebowski et Dogdeball saupoudré de Monty Python, Le roi du curling s'avère un OFNI total. Analyse d'un grand délire.Immédiatement, Ole Endresen introduit son champion, Truls Paulsen, meilleur joueur de curling d'une équipe totalement barrée. Pêle-mêle, on y trouve un obsédé sexuel (envers des femmes à la beauté très...discutable), un fondu de l'observation des oiseaux, un insomniaque en guerre contre l'homme qui passe devant chez lui pour remplir le distributeur de boissons... Et puis Paulsen bien entendu, la quintessence du fou obsessif qui n'a d'yeux que pour le curling et qui finit, forcément par craquer psychologiquement. Inutile de préciser que cette fine équipe nous fait régulièrement mourir de rire, Paulsen en tête, tellement celui-ci trouve n'importe quel prétexte pour contester ses propres performances. Mieux, la galerie de personnages qui gravite autour de cette fine équipe, fait belle figure également. On retiendra notamment la femme de Paulsen, Sigrid, complètement malade, ou Stefan Ravndal, le principal compétiteur de Truls, frimeur, ringard et ridicule. A ce titre les acteurs tirent toujours leur épingle du jeu, de Atle Antonsen qui porte le film sur ses épaules à l'énorme Harald Eia, malheureusement trop peu exploité, en passant par Linn Skaber. En ce qui concerne la réalisation, Endresen nous monte un univers étrange, entre le maison aux couleurs kitsch de Paulsen et le look rétro des équipes de curling, on est plus proche de Wes Anderson que d'un production hollywoodienne, et c'est tant mieux.Côté intrigue, rien de vraiment transcendant, mais le tout est tellement décalé, parcouru d'un humour loufoque et empli de non-sens, que franchement, il est difficile de ne pas être capté par ce spectacle de dingues. Endresen se prend parfois les pieds dans le tapis avec un aspect un poil décousu (tout ce qui tourne autour du père travesti), mais il sait se rattraper par quelques séquences cultissimes (le tête à tête entre l'obsédé Arne et la femme au kiné est à mourir de rire). Alors, bien entendu, si vous êtes allergique à l'humour pince sans-rire et improbable, vous allez vous ennuyer ferme, car aucune enjeux ou réflexion majeure dans ce film, juste un grand moment de délire. Et ce n'est pas les scènes de générique, à mi-chemin entre bêtisier et scènes coupées qui va améliorer les choses.Outre son postulat, Le Roi du curling n'a pas franchement une intrigue originale, mais ses personnages allumés, son humour décalé, son univers improbable et sa courte durée achèvent de convaincre du bien-fondé de faire un détour par le championnat de curling proposé par le Norvégien. Balai !!!!Par contre, je viens de me faire hier un film que j'avais raté, à ma grande déconvenue, en 2012 : Tyrannosaur de Paddy Considine. Un grand film mais j'y reviendrai.

Posté : jeu. 10 janv. 2013 14:56
par Littlefinger
Hop, tout frais justement, Les Bêtes du Sud Sauvage fait parti des nominés à l'oscar du meilleur film. De même, la petite Quvenzhané Wallis est nominé en meilleure actrice. Respect pour un premier film !

Posté : jeu. 10 janv. 2013 15:16
par Atanaheim
Littlefinger a écrit :Ah content que Les Bêtes du Sud Sauvages plaise, comme je le disais dans ma critique 2 pages en arrière, il a finit numéro 3 dans mon Top 10 2012.
Quand je dis que j'en reparlerai, c'est justement en pensant à ce genre d'occasion :sifflote:
Littlefinger a écrit :Hop, tout frais justement, Les Bêtes du Sud Sauvage fait parti des nominés à l'oscar du meilleur film. De même, la petite Quvenzhané Wallis est nominé en meilleure actrice. Respect pour un premier film !
Cette gamine est une actrice assez phénoménale quand même, il faut bien l'avouer.C'est bien simple, c'est tellement juste que ça pourrait être un reportage.Hâte de voir si elle confirmera dans d'autres films. Elle m'a vraiment impressionné.

Posté : jeu. 10 janv. 2013 21:21
par Littlefinger
D'accord avec toi sur la fillette, vraiment remarquable !Allez hop, la critique de Tyrannosaur de Paddy Considine :Dans un quartier populaire de Glasgow, Joseph est en proie à de violents tourments à la suite de la disparition de sa femme. Un jour, il rencontre Hannah. Très croyante, elle tente de réconforter cet être sauvage. Mais derrière son apparente sérénité se cache un lourd fardeau : elle a sans doute autant besoin de lui, que lui d’elle.Distingué à Sundance et au British Independent Film Awards, Tyrannosaur est le premier long-métrage du britannique Paddy Considine. Distribué un peu en catimini en France, le film aborde des thématiques fortes et dresse des portraits durs dans un Angleterre des déshérités. Injustement méconnu, Tyrannosaur pallie son manque d'originalité par un traitement hors du commun. Coup de projecteur sur un premier film marquant.En plongeant dans la banlieue Londonienne, Paddy Considine s'attaque à la misère. C'est logiquement là que Joseph, le personnage principal, tente de survivre. Anéanti par la mort de sa femme, alcoolique et violent, il n'a rien d'un héros ordinaire. La grande force de Considine éclate immédiatement. Il ne s'agit pas ici de faire voir un homme bon, ni mauvais, mais un homme simplement. Joseph a cette médiocrité toute masculine que chacun d'entre nous reconnaîtra. S’il tombe sur Hannah, qui n'est ni de son milieu ni de son tempérament, il ne s'agit pas non plus de la rencontre entre un sauveur et une âme en peine, même si l'illusion tient quelques temps. C'est simplement la rencontre de deux personnes à la vie merdique, avec en eux leurs failles, leur honte, leurs blessures.A ce titre, insistons sur Joseph, qui s'affirme comme l'archétype du pauvre type paumé, dur en dehors, pas si moche en dedans. Joué par l'énorme Peter Mullan, Joseph est un personnage poignant et incroyablement touchant dans ses défauts. Mullan compose brillamment un homme exécrable et adorable, qui sait se faire haïr (le destin du chien au début) et nous émouvoir (au chevet de son meilleur ami). Mais rendons également justice à Olivia Colman, l'interprète d'Hannah. Terriblement fragile, mais recelant une immense force en elle, la pauvre Hannah cache bien des choses. Paddy Considine fait preuve d'un sens aigu de la narration et arrive à nous compter une histoire finalement assez atrocement banale avec une force très rare. Non seulement par la grâce de son duo d'acteurs phénomènes, mais aussi et surtout par la sobriété de sa mise en scène, et par des séquences d'une rare intensité, fulgurances de quelques instants volés. On pense à cette étreinte fugace de Joseph et Hannah dans la cuisine mais aussi à Hannah à genoux suppliant qu'on la prenne dans ses bras devant un Joseph pétrifié. En choisissant d'adopter un point de vue interne à la misère sociale et à la brutalité du milieu, Considine esquive le misérabilisme et donne quelque chose de dur, pas forcément juste, mais qui prends aux tripes. Où les innocents payent le prix fort, où les hommes pleurent sur un fauteuil au milieu d'un jardin.Tyrannosaur (dont le nom, expliqué par Joseph en cours de route, condense tout le message du réalisateur), en tant que premier film, est un brillant coup de maître. Palliant son impression de déjà-vu par une force de narration et un duo d'acteurs incroyablement bons, refusant tout apitoiement pour une vision dure et immersive, le long-métrage de Paddy Considine marque durablement. Incontournable.

Posté : jeu. 10 janv. 2013 23:09
par Atanaheim
Ça fait un peu penser à 21 grammes ce résumé. (au passage j'avais adoré ce film)

Posté : ven. 11 janv. 2013 00:08
par Littlefinger
Alors, ça fait longtemps que j'ai vu 21 Grammes, mais de mémoire, c'est vraiment différent que ce soit dans la forme ou le fond. Mais après pour le fond, ça fait longtemps !

Posté : ven. 11 janv. 2013 11:47
par Atanaheim
Quand je dis un peu, c'est vraiment un peu, il ne faut pas chercher une vraie comparaison. C'est juste la première chose qui m'est venue en lisant le résumé ;)Les points communs c'est juste la rencontre d'un homme et d'une femme, l'un des deux protagonistes a perdu son conjoint et trouve un peu de réconfort auprès de l'autre; même si la relation qui s'établit est assez compliquée.Enfin... si j'ai bien compris ;)

Posté : sam. 12 janv. 2013 19:50
par Littlefinger
Allez, première claque 2013 avec The Master de Paul Thomas Anderson.Freddie reviens de la guerre du Pacifique. Comme nombre de vétérans, il souffre d'une inadaptation sociale et verse, en plus, dans l'alcoolisme par le truchement de boissons artisanales de son cru. Au cours de son errance, il va faire la rencontre de Lancaster Dodd, The Master, meneur d'un mouvement nouveau, La Cause.Paul Thomas Anderson. Non, ne confondez pas avec le tâcheron Paul W.S Anderson qui a pondu les Resident Evil. PTA est un des plus grands cinéastes de tous les temps et, certainement, le meilleur réalisateur vivant avec Terrence Malick, rien que ça.Pour s'en convaincre, rien de plus simple, visionner There Will Be Blood, son dernier long-métrage, chef d'oeuvre absolu d'une richesse et d'une maîtrise presque impossible. Dire que son nouveau film était attendu est un euphémisme. En engageant un acteur de la trempe de Joaquin Phoenix pour faire face à Philip Seymour Hoffman, on savait qu'on aurait droit à quelque chose de grand. Le sujet, longtemps garder secret, s'avère parfaitement adapté pour Anderson. Alors, nouveau chef d'oeuvre ?Fresque de 2h17, The Master n'est pas un film lambda. Mettons les choses au clair, si vous n'avez jamais vu de film de PTA, vous ne pourrez avoir que deux réactions : l'adoration ou le rejet. Aucune action, beaucoup de silence, beaucoup de dialogues. Non, nous ne sommes pas devant un film facile d'accès, c'est indéniable. Pour l'occasion, Paul Thomas Anderson prouve, définitivement, qu'il a le génie narratif. Il ne promène pas le spectateur par la main, il erre, de scène en scène, nous laisse le soin de lier et distille la trajectoire de Freddie au grès de séquences sublimes. The Master, c'est la quintessence de la réalisation formelle, chaque plan est une oeuvre d'art, chaque angle est minutieusement choisit, ici rien n'est laissé au hasard. La caméra d'Anderson filme la relation Freddie - Lancaster sans une seule fausse note. Ainsi, et à peu près jusqu'à l'épisode de la moto, le peinture de Paul Thomas Anderson n'est que pure splendeur, portée par une musique des plus judicieuse. Outre la beauté formelle, la réfléxion menée s'impose d'emblée comme extrêmement aboutit.Critique acerbe, mais pas explicative, de La Cause (lisez Scientologie), The Master montre les rouages d'un homme au charisme fou, Lancaster Dodd, et de son entreprise pour convertir les esprits.Paul Thomas Anderson démonte le principe de la secte mais sans virulence, avec classe et douceur, juste en filmant les méthodes incroyables de Dodd sur Freddie. Il montre tout le savoir faire de l'escroc tout en faisant ressentir à chaque instant son génie. Car oui, Lancaster Dodd est génial. Sauf quand on le contredit, ce qui donne d'ailleurs lieu à une séquence mémorable avec Mr More. Autre réfléxion, bien plus importante, la relation entre un maître et, au final, son esclave en la personne de Freddie. En prouvant que dans une relation, l'un domine toujours l'autre et que jamais le maître, une fois établi, ne peut être surpassé autrement que par l'abandon, Paul Thomas Anderson explique le fonctionnement général de l'homme et son besoin absolu de hiérarchisation. A ce titre, il est intéressant de voir que le réalisateur de There Will Be Blood synthétise les deux personnages de Daniel Plainview et Eli Sunday en la personne du gourou Lancaster, le self-made man fanatique (la dernière scène dans le bureau de Lancaster ne peut que renvoyer à la scène finale de There Will Be Blood dans le bureau de Plainview). C'est là, la principale force : son duo d'acteurs et leur personnage.En choissisant Joaquin Phoenix pour interpréter Freddie, Paul Thomas Anderson a non seulement fait le bon choix mais le dirige également magistralement. Déjà impressionnant dans Gladiator et dans We Own The Night, Phoenix est au sommet, en état de grâce. Avec ses tics faciaux, sa bouche tordue, sa posture voûtée, sa voix nasonnée et ses accès de violences, il donne à Freddie une présence incroyable, non monstrueuse même ! Il livre une performance d'acteurs que seul un Daniel Day Lewis a égalé dans...There Will Be Blood. Comme quoi. De son côté, Philip Seymour Hoffman n'est pas en reste, en incarnant le gourou Lancaster Dodd, il instille dans son personnage un charisme, une force terrassante. Il fait plus que face à Phoenix, il le domine comme il se doit, comme le Master qu'il doit être. Le résultat, c'est la rencontre de deux acteurs aux sommets que les autres auront bien du mal à gérer. Amy Adams, même si formidable, ne peut rien contre ces deux monstres-là. La relation amour-haine, rejet-acceuil entre les deux personnages est scotchante, fascinante. Elle explose lors de la première session de thérapie où Dodd demande à Freddie de répondre sans cligner des yeux, exercice de domination mentale incroyable qui doit tout à ses acteurs. Phoenix touche le divin dans cette séquence.Vraiment.Le seul soucis de The Master, c'est sa longueur. Il aurait mérité d'être amputé de quinze minutes, ou bien de voir sa fin remaniée. Trop hermétique, on sent que Paul Thomas Anderson a tout dit ou presque sur la relation entre les deux hommes, et l'épilogue tire à la ligne. C'est extrêmement dommage tant l'on attendait un final aussi éblouissant que There Will Be Blood et son Milshake.The Master n'est pas un chef d'oeuvre comme l'était There Will be Blood, mais il est un film à l'excellence indéniable qui touche à plusieurs reprises à la perfection. Son duo d'acteurs hallucinant et halluciné, sa profondeur et son intelligence effrayantes, sa densité folle et la maîtrise formelle éblouissante de Paul Thomas Anderson ne peuvent que laisser pantois. Et malgré sa fin un peu ratée, il s'impose comme le premier très grand film de 2013 et une petite pépite.

Posté : lun. 14 janv. 2013 09:06
par alana chantelune
Punaise, Littlefinger, t'es non seulement un cinéphage, mais tu es un rapide !!!J'ai très envie de voir Le Roi du Curling, il a eu le pris du public au festival Cinessonne.

Posté : lun. 14 janv. 2013 09:41
par narsil_99
Littlefinger a fait un très bonne critique de dredd, ce qui ma permis de me le remettre en mémoire dommage qu'il ne soit pas sorti au ciné, mais bon, un bonne surprise, ce film ce rapproche bien plus de la bd que celui de stalone, et même si on survole pas mal des aspect on a quand même un bonne idée du la population entassé et d'un ville prête a exploser., et effectivement, un peu trop de slo mo, ça seul qui valais le coup
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AU final une bonne surprise