J'ai fini
le Nom du Vent !Et cela m'a indéniablement captivé il faut le dire.Le style de l'auteur est beau, le monde est bien étayé et suffisamment vaste pour que l'on se sente immergé et (beaucoup) perdu, ce qui est plaisant. Le mystère des Chandrians attise la curiosité en même temps que les systèmes de magie logiques complexes et originaux. Bref tout ce que j'aime. Un excellent livre pour l'été.Sauf que...Il y a Kvothe. Certes son génie m"a fait jubiler bien des fois
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la manière dont il entre à l'Université, accède à l'Arcanum, remporte le trophée des flutes d'argent..
Mais qu'est ce qu'il peut être un héros incroyablement arrogant et ridiculement doué pour tout ! A vrai dire le moment où je l'ai le plus apprécié était
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lorsqu'il errait, pauvre, dans les rues de Tarbean, la façon dont il a vécu sa mendicité et la façon dont il s'est relevé au contact de Skarpi m'ont beaucoup touché.
En dehors de ça, ses multiples talents me faisaient régulièrement lever les yeux au ciel. Était-il nécessaire de le rendre bon en tout ? Alors certes sa vie auprès des Edema Ruh et sa rencontre avec Abenthy lui ont procuré d'indéniables atouts, mais il n'y a guère de contrepartie à ses talents en dehors de la jalousie que Kvothe peut inspirer. Comment ça on peut vivre
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trois ans dans la rue et du jour au lendemain (presque) retrouver une vie normale sans séquelles telles qu'une estime de soi réduite à néant, une vision excessivement sombre de la société, un individualisme forcené, ou une mauvaise santé ? Et bien sûr dans les jours qui suivent on arrive à tomber amoureux, à draguer plus ou moins et à être à l'aise en société après trois ans de désert social et affectif.
Ou alors,
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vivre toute son enfance en compagnie de chevaux de trait fait de vous un expert en chevaux de courses et vous permet de parcourir 110 km sur un pur-sang sans autres difficultés que quelques courbatures. Dans ce cas tous les gamins qui ont vécu dans une ferme sont d'excellents cavaliers en puissance.
J'ai souvent comparé Kvothe à
Locke Lamora des
Salauds Gentilshommes, ils ont la même gouaille, la même virtuosité scénique, le même génie des situations. Mais alors que Lynch a su rendre Locke indéniablement humain avec ses innombrables défauts et travers malgré ses talents, je trouve que Rothfuss n'y parvient pas.Peut-être est-ce le but, peut-être essaie-t-il de rendre Kvothe définitivement au dessus des gens ? Mais dans ce cas là quelle est l'utilité de la première personne ? Pourquoi ne pas rester sur la troisième personne pour rendre compte de l'incroyable histoire de Kvothe tel que tout le monde le voit ? J'en viens à l'autre point qui me perturbe.C'est la dualité de deux espaces/temps. Qu"un personnage raconte son histoire à un interlocuteur et que cela fasse l'essentiel du récit ne me pose généralement pas de problème mais là si. Le récit de Kvothe, je trouve ici, limite. Il y a trop d'ellipses dans les flash-back,trop d'interludes. En fait c'est comme si je survolais un peu près tout. Alors bien sûr il y a eu des moments où j'ai été complètement immergée mais de manière générale je trouve que l'histoire se résume à "le monde selon Kvothe" et débrouillez-vous avec ce qui ne dépend pas de la perception de Kvothe. Par exemple les personnages secondaires n'ont que peu de vie en dehors de l'aide ou des obstacles qu'ils peuvent procurer à Kvothe. On s'en fiche un peu de ce que veut Simon après l'Université, de la façon dont Féla est amoureuse de notre héros... Les personnages paraissent bien faibles face au brillantissime Kvothe, et bien faibles dans leur constitution.Alors bien sur il y a des exceptions, Abenthy, Ellodin...Dennah. Dennah relève le niveau. Dennah semble avoir une vie au delà de la sphère de Kvothe. Pour l'instant son aura mystérieuse et ses secrets mettent Dennah au dessus de Kvothe mais je me demande comment va faire l'auteur lorsqu'on en saura plus sur elle pour ne pas faire faiblir son éclat et la ternir comparée à Kvothe.Je pense que ce qui manque dans ce premier livre à Kvothe c'est un adversaire digne de lui, son égal. Alors bien sûr les Chandrians, mais ils sont trop mystérieux et trop peu humains. Ambrose ne fait pas le poids car il ne lui dresse que des obstacles
matériels et non pas intellectuels. Il faudrait un Moriarty comme à Sherlock !Bref peut-être dans le tome 2...C'était quand même un livre rudement bien !