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Posté : lun. 21 janv. 2013 18:40
par Witch
Littlefinger a écrit :Ben alors Witch, tu vois qu'on a pas non plus des goûts opposés !
Ben ! Mais c'est ce que je disais en parlant d'Argo ;) Ton mauvais gout n'est pas permanent :boude: :lol:

Posté : mer. 23 janv. 2013 13:00
par NeoSib
NOW WHERE IS MY BEAUTIFUL SISTER ?Je suis vraiment fasciné par la capacité de Tarantino de jouer avec les attentes des spectateurs et les ruptures de ton. C'était déjà le cas dans ses anciens films, mais depuis Kill Bill 2 et surtout avec Inglourious Basterds et maintenant Django, il a vraiment passé un cap à ce niveau-là.La scène du repas et des négociations avec Di Caprio est absolument hallucinante, elle rappelle pas mal celle de la taverne d'Inglourious, sauf qu'ici l'empathie envers les personnages que l'on a suivi depuis le début du film décuple la puissance de la scène.On peut regretter le fait que ce soit finalement le moins ludique et le moins surprenant des films du réalisateur, mais d'un autre côté c'est probablement le plus maîtrisé dans les effets recherchés.En gros, il ne cherche pas à faire autre chose que ses autres films : cette fois, il cherche à faire mieux.Et puis putain, l'arrivée à Candyland avec Nicaragua de Goldsmith, ça colle de ces frissons ! Et ça donne l'impression que l'ancienne monteuse de QT Sally Menke supervisait tout ça de là où elle est désormais. :(Très grand film (même si j'arrive pas encore à déterminer si je trouve que son dernier quart d'heure est en trop ou pas).

Posté : mer. 23 janv. 2013 18:59
par omegaZZell
Pour ma part j'ai vraiment vraiment beaucoup aimé Django Unchained. Des acteurs encore une fois très bon, une bande-son mémorable (du rap country ça envoi du lourd ^^), et une réalisation aux petits oignons. On ne s'ennuie pas (enfin moi ^^), et un côté too much
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que j'ai beaucoup apprécié ^^

Posté : mer. 23 janv. 2013 23:17
par Littlefinger
Encore un petit rattrapage 2012 avec Les Enfants-Loups, Ame et Yuki, de Mamoru Hosada :Une femme, Yuki, nous narre l'histoire de sa famille et en particulier de sa mère, qui a élevé seule ses deux enfants suite à la disparition de leur père. La grande particularité de cette petite famille, c'était que leur père n'était pas un homme comme les autres, il était un homme-loup, dernier descendant de sa lignée. Pour Anna, élever Yuki et Ame devient vite un défi.On sait depuis longtemps que les seuls à pouvoir rivaliser avec Pixar en terme de dessins-animés, ce sont les Japonais. Maîtres en la matière (qui ne connait pas Hayao Miyazaki ?), ils se sont très rapidement imposé non seulement par leur savoir faire en animation mais aussi et surtout par la maturité de leurs oeuvres. Mamoru Hosada, déjà responsable de Summer Wars, remet donc le couvert avec un film fantastique et résolument écologiste. Une petite surprise bourrée de poésie.Si tout commence à la ville, c'est rapidement à la campagne et près de la forêt que l'histoire s'installe. Contrainte à élever seule des enfants loups dont elle ne connaît rien, Anna décide de leur laisser le choix, être homme ou loup. D'emblée, on réalise que l'animation est magnifique et chatoyante à souhait, que Hosoda maîtrise véritablement ce qu'il porte à l'écran et sait, quand il le faut, se faire grave et dur, chose rare dans l'animation occidentale. C'est également le character design qui s'avère une monumentale réussite, Yuki et Ame sont magnifiques et leur alter-ego loups s'affirment comme extrêmement attachant (on pense notamment à Yuki jeune, qui bénéficie d'un soin impressionnant). Yuki restera d'ailleurs la très bonne idée du long-métrage, et cela à tous les niveaux.Pétris par des thèmes forts, Les Enfants Loups ne plaira pas seulement aux enfants (qui pour une fois auront la sensation de ne pas être pris pour des demeurés). Avec un fort sous-texte sur le rapport de l'homme à la nature et à son instinct mais aussi finalement de notre responsabilité envers la nature, le long-métrage brasse également d'autres idées intéressantes. D'abord, celle de la difficulté d'être mère célibataire, d'autant plus avec plusieurs enfants à charge, ensuite d'aller au-delà des apparences (on pense au vieil agriculteur à la campagne) mais aussi, et surtout, vous l'aurez deviné, sur la différence et les origines. Comment concilier plusieurs horizons (ici celui de l'animal et celui de l'homme) et savoir se construire une identité solide ? C'est cette question fondamentale que pose Hosoda.Le Japonais fait le choix de nous montrer l'évolution des enfants jusqu'à devenir de jeunes adultes. Tout en restant logique en fait, il surprend par le choix fait par les enfants, totalement dissemblables, entre le très discret Ame et l'exubérante Yuki. Cela donne l'occasion à des scènes d'une poésie rare et touchante, on pense à la course dans la neige ou à la découverte du cadavre du père, à la confrontation entre l'ami en devenir de Yuki et celle-ci. Bref, le long-métrage est parcouru d'instants magnifiques et sensibles. Ce sera d'ailleurs finalement Anna, mère courage et personnage formidable, qui clôturera le film, avec cette relation si particulière qu'elle entretien avec son défunt mari, comme une ombre sur la maison.Véritable réussite, authentique moment de poésie et utilisation intelligente de nombreuses thématiques pas forcément évidentes pour un film pour enfants, Les Enfants Loups s'affirme au final non seulement comme une belle surprise mais certainement comme le plus beau dessin-animé de l'année écoulée avec ParaNorman.

Posté : jeu. 24 janv. 2013 00:18
par Duarcan
c'eest sorti en DVD ou à voir au cinéma?

Posté : jeu. 24 janv. 2013 00:31
par Littlefinger
Je l'ai vu au cinéma dans le cadre du festival Télérama. Je pense que ça devrait sortir en DVD sous peu, je crois que c'était à l'affiche en Aout dernier si je me trompe pas.

Posté : jeu. 24 janv. 2013 12:02
par alana chantelune
Ame et Yuki est un pur chef d’œuvre !!! Bravo poiur cette très belle critique !Je le repasserai dans mon cinéma en mars.

Posté : sam. 26 janv. 2013 12:10
par Littlefinger
Vu en avant-première hier, un coup de coeur immédiat avec Happiness Therapy de David O'Russell :Pat Solitano a quelques problèmes. Outre une famille très spéciale, il souffre de troubles psychiatriques qui l'handicapent particulièrement dans la vie de tous les jours et qui ont détruit son couple. En sortant de l’hôpital psychiatrique, il n'a qu'une idée en tête, renouer avec sa femme, Nikki.Mais rien ne se passe comme prévu, et il fait la connaissance de Tiffany dont le mari vient de décéder et qui, elle non plus, n'est plus très saine d'esprit. Et si la folie menait à l'amour ?Réalisateur de The Fighter, David O'Russell revient au registre comédie avec Happiness Therapy (stupide titre français totalement inexplicable, pourquoi remplacer un titre anglais par un autre titre anglais ? Mystère de publicitaire). Fort d'un casting alléchant avec, entre autres, Jennifer Lawrence, Bradley Cooper ou Robert De Niro, Silver Linings Playbook a de plus fait très forte impression Outre-Atlantique, au point d'être nominé aux oscars. La raison de cet engouement ? Une comédie romantique fraîche, folle, sensible et magnifique comme on en avait pas vu depuis le génial 500 Days of Summer.Commençons par le talon d'Achille du long-métrage : sa conclusion. Forcément attendue (et en quelque sorte annoncée par le réalisateur avec la crise de Pat sur la conclusion du livre d'Hemingway au début), celle-ci ne vous surprendra pas. C'est certainement la seule remontrance que l'on peut faire à ce film et qui le positionne un grand en-dessous du précédemment cité 500 Days of Summer. Car le reste de Silver Linings Playbook est un régal. D'abord, les multiples détours du scénario et le fait que O'Russell mise tout sur ses personnages et les situations cocasses qu’occasionnent leur folie. De ce fait, on se retrouve souvent dans un joyeux foutoir où tout se mêle et où l'on se perd dans un grand éclat de rire. O'Russell ne se moque pas de ses personnages mais de leurs obsessions et des situations. En évitant le piège de se moquer de la maladie mentale elle-même et en prenant le partie même de jouer avec elle, il livre une vision sensible et touchante de ces doux-dingues qui parcourent le film et semble vouloir au final nous dire que chacun de nous recèle sa part de folie (le psychiatre qui s'avère supporter fanatique de Football). Il n'oublie d'ailleurs jamais de respecter les différents éléments de la maladie (les antécédents familiaux plus qu'évidents, les éléments de décompensation, les tares associées) donnant un caractère très véridique à son histoire. Mais finalement, le film ne serait rien sans son duo principal et par les relations tissées entre les personnages.La rencontre de deux jeunes acteurs talentueux, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, fait des étincelles. L'alchimie entre eux est immédiate, explosive et délicieuse. Plus fou l'un que l'autre, totalement barrés, il offre une love-story attendrissante et fraîche. Elle ne se contente pas d'ailleurs de faire dans les bons sentiments et O'Russell sait se faire dur et nouer la gorge du spectateur (la séquence où Tiffany raconte la mort de son mari, sur un fond sonore blanc, extrêmement fort). Mais Tiffany et Pat forme un couple qu'on aime instantanément, chacun à moitié englué dans sa folie, meurtri dans sa chair mais à moitié battant. L'autre bon point se trouve dans la trame familiale de Pat et notamment avec le retour en grâce d'un De Niro qu'on attendait depuis si longtemps et qui, du coup, lui pardonne ses nombreux faux-pas antérieurs. Jouant un père TOCqué, parfois violent, et toujours obsessif, il arrive à établir une relation magnifique avec Pat, aussi difficile soit-elle et surtout qui nous décroche même quelques larmes (la confession dans la chambre). De Niro est splendide, vraiment. Reste enfin un élément perturbateur récurrent, malheureusement trop peu présent tellement il est jouissif : Chris Tucker dans la rôle de Danny, encore un fou, moins exubérant qu'à l'accoutumée, utilisé avec parcimonie par O'Russell et finalement hilarant (quand il tient les télécommandes...). Bref, vous l'aurez compris, c'est le casting et les personnages ainsi que leurs relations splendides qui fondent la force du long-métrage.N'en oublions pourtant pas la très belle et sobre BO de Danny Elfman, peu habitué à ce genre de registre, et les myriades de scènes fulgurantes qui jalonnent le film. Des larmes de De Niro, aux visions de Pat en passant par une FABULEUSE scène de danse (qui n'est pas sans rappeler le décalage de la scène de danse de Little Miss Sunshine) et bien entendu, une sirupeuse mais si belle scène de fin entre les deux amoureux sans parler de comment surpasser la folie par la folie par Jennifer Lawrence. Non, vraiment, Silver Linings PlayBook fait fort.Véritable surprise, Silver Linings PlayBook constitue la meilleure comédie romantique depuis longtemps, très loin des canons insipides Hollywoodien, portée par une écriture des personnages formidable, une peinture de la maladie mentale admirable et surtout par son duo d'acteurs tout juste parfait. Un authentique coup de coeur.

Posté : sam. 26 janv. 2013 19:02
par alana chantelune
Ha, oui, Happiness Therapy, ça, c'est un film qui fait du bien !!! Il dégage une véritable tendresse. Les acteurs sont touchants, drôles... De Niro est tout bonnement génial, il me fait parfois penser à mon grand-père bourru ! Lawrence et Cooper font un couple extrêmement séduisant et dynamique ; Bref, un grand moment de fun !J'ai vu Alceste à Bicyclette aujourd'hui, j'ai passé un bon moment, les dialogues étaient drôles, mais il y avait un côté amer quand même. Sympa, mais sans plus.

Posté : dim. 27 janv. 2013 23:11
par Duarcan
Vu Django. vraiment un tout bon tarantino, pour moi avec quelques scenes hallucinantes.Christopher Waltz porte passablement le film, quel excellent acteur, et son personnage est vraiment bien écrit. En comparaison django est un peu pâle côté, parce que jamie foxx, il porte bien les lunettes et... c tout. :p

Posté : lun. 28 janv. 2013 12:54
par narsil_99
Vue Zero dark thirtyUn bon film mais, long. Je m'attendais pas à une trac effréné , mais a un film avec une tension présente dans tout le film.Les 3 quart du film sont longuet, mais il reste intéressant quand même.J'ai quand même un peu de mal a voir le message que la réalisatrice a voulu faire passé.J'en ressort avec un sentiment mitigé.

Posté : ven. 1 févr. 2013 16:27
par alana chantelune
J'ai vu Jappeloup, un gros film français qui sortira en mars.Le film raconte l'histoire vraie de Pierre Durand, qui remporta les Jeux Olympiques de Séoul en saut d'obstacle avec Jappeloup, le célèbre petit cheval noir qui fut l'idole de la France dans les années 80.Jappeloup fut le plus petit cheval à devenir un champion de jumping (saut d'obstacle). Il avait une détente extraordinaire et est considéré comme l'un des meilleur chevaux d'obstacle de l'Histoire.Il avait aussi un très mauvais caractère, et Pierre Durand eut bien du mal avec lui... J'ai un attachement particulier à ce film, car Jappeloup fut le héros de mon enfance... J'étais totalement fan de ce petit cheval !Le film retrace le parcours original de Pierre Durand, qui grandit dans une famille qui sacrifie tout à cette passion paternelle et passe son adolescence dans les concours de jumping. Et puis il choisit d'être avocat et doit abandonner la compétition, car la discipline est extrêmement technique et exige d'y consacrer tout son temps... Mais au bout de quelques années, il renonce à sa carrière pour revenir dans les paddock et prend en main Jappeloup, qu'il avait refusé de tester deux ans plus tôt, car il le jugeait trop petit ! Mais le cheval se révèle extraordinaire en dépit de son caractère difficile et Pierre Durand retrouve le chemin des victoires. Il intègre même l'équipe de France et Jappeloup déchaîne les passions. Hélas, aux JO de Los Angeles en 84, c'est l'humiliation totale devant le monde entier ! Jappeloup refuse de sauter, et envoie son cavalier par -dessus la barrière avant de s'enfuir.Commence alors une période difficile, professionnellement et personnellement, une période de doute puis de remise en question. Pierre Durand change son approche du jumping, son rapport au cheval, et on sait comment cela finit.Un poil trop long (2h10) le film relate simplement, de manière assez classique, le parcours d'un sportif, qui chute, puis revient vers les sommets. Rien de nouveau sous le soleil ! Ce qui intrigue, c'est l'univers du jumping, très codifié, très technique, la passion qu'y mette les cavaliers, qui ne peuvent se consacrer à autre chose. Donc soit en est riche, soit on a une famille de passionnés derrière soi ! La famille est également au cœur du film : Pierre ne sait pas vraiment s'il se lance par passion ou par amour pour son père dans la compétition. es deux à la fois, sans doute, mais cette confusion le mine. Et pour un cavalier de ce niveau, il y a aussi tout les à-côté : trouver un sponsor, gérer les relation avec les autres professionnels...la reconstitution des JO est absolument superbe. C'est le meilleur du film, ces séquences de compétition. Visuellement, c'est époustouflant (et pas truqué : ce sont de vrais chevaux de jumping qui ont sauté des barres à 1m60, et Guillaume Canet a assuré tous le sauts !)Certes, le film parle plus du cavalier que du cheval. Mais il emporte assez facilement le spectateur. Les scènes de concours sont tout simplement ébouriffante ; voir les chevaux sauter des obstacles aussi haut et larges qu'eux-mêmes, c'est tout bonnement grandiose.Guillaume Canet, très investi dans le film (il a lui-même été champion de jumping adolescent), compose un Pierre Durand crédible, et certainement pas idéal ; il est parfois dur et égoïste, passionné, exigeant... Il a choisi Marina Hands (gracieuse et épatante, comme toujours) pour incarner Nadia Durand, car comme les personnages, ils se sont connu à 14 ans sur les parcours d'obstacle ! Daniel Auteuil est pour une fois très sobre dans le rôle du père.Il manque peut-être au film un petit plus ; mais les séquences de concours apporte toute la tension et l'émotion d'un film "de sport". Même si on n'est pas fan de chevaux, le film peut plaire ! Et Jappeloup reste une légende.

Posté : sam. 2 févr. 2013 17:35
par dragonnia
J'irais voir ce film, c'est sûr.Je me souviens d'avoir vu Jappeloup à un concours: il a suffit qu'il entre sur la piste pour que tout le monde applaudisse, il n'était même pas nécessaire de dire son nom.

Posté : dim. 3 févr. 2013 13:04
par Littlefinger
Arf, j'ai beaucoup de retard dans mes critiques mais allez commençons par Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow :Nous sommes en 2001, les Tours du WTC s'effondrent et le monde bascule. C'est le début, pour la CIA et un groupe chevronné d'hommes et de femmes d'une des plus grandes traques à l'échelle mondiale, celle du terroriste Oussama Ben Laden. Mais alors que beaucoup n'y croient plus, une femme, Maya, va en faire une obsession au point de débusquer le dirigeant d'Al-Qaïda.Film polémique par excellence, Zero Dark Thirty est aussi le nouveau film de Kathryn Bigelow, la réalisatrice oscarisée pour son excellent Démineurs.Sujet très épineux de par sa complexité géo-politico-religieuse et par son rapport aux Etats-Unis, pays d'origine de Bigelow, Zero Dark Thrirty a forcément créé la contreverse à sa sortie. Retour sur une long-métrage au propos audacieux.Zero Dark Thirty s'ouvre sur un fond noir avec des mots de personnes piégés dans les Tours. Bigelow évite de remontrer ce que tout le monde connait, laisse notre imagination se souvenir et la joue en fait, très sobre. On sent d'emblée que la réalisatrice ne va pas ici faire preuve d'un patriotisme tire-larme exagéré. En plongeant directement dans la torture par la suite, Bigelow confirme qu'elle ne va pas prendre de gants.Les Américains se présentent cagoulés, cruels et extrémistes, comme un miroir de ceux qui les ont agressés. Comme si la spirale était inarrétable. Sec et froid, dans un soucis constant de se tenir à des faits sans verser dans l'émotion, le long-métrage joue sur la corde raide et finit parfois par tomber dans ses propres travers.Bigelow façonne une histoire-fleuve étirée sur des années, qui parfois, perd son spectateur avec les différents aller-retour dans les divers pays. Pourtant, cette traque démesurée reste passionnante de bout en bout, et si elle n'accumule pas la tension dramatique d'un Argo, nous sommes clairement devant quelque chose de fascinant. Bigelow nous fait observer par la perspective personnelle l’obsession et la peur de toute une nation. Et ce que cela produit. Des séquences de tortures à la pression constante sur Maya et ses collaborateurs, Bigelow ne se fait pas juge, elle expose et nous laisse juge tout en jalonnant son récit de scènes fortes de sens. A ce niveau, une des plus marquantes, et qui en fait condamne la torture définitivement (contrairement à ce que de simples d'esprits ont pu dire), reste celle où l'agent Dan part et justifie son départ par la perte de ses canaris. Comme si la guerre, la traque et toutes les choses horribles qui en découlent transformaient la perception humaine jusqu'à ne même plus considérer l'humain en tant que tel. Tout le long-métrage est à l'avenant, subtil et intelligent, manifesté sans esbrouffe. Reste que Bigelow semble souvent tiré à la ligne, et le film s'avère trop long, d'autant qu'on ne peut, finalement, pas s'attacher aux personnages du fait de la réalisation froide. Maya, avec toute sa fragilité et sa force, nous semble plus devenir un robot qu'autre chose, ce qui est, d'ailleurs, le but recherché. Mais ses gimmicks, tel que le comptage sur la vitre, finissent par lasser. C'est seulement à la fin qu'on éprouvera un peu de compassion pour elle. Cependant, soyons clair, Jessica Chastain qui interprète le personnage, se révèle impeccable à tous points de vue et impressionne en changeant totalement de registre (exit la femme aimante et maternelle de Tree of Life par exemple). D'autre part, Zero Dark Thirty propose un casting d'acteurs secondaires extrêmement impressionnant au rang duquel Jason Clarke brille plus que les autres. On y croisera pêle-mêle Kyle Chandler, Mark Strong, Joel Edgerton ou encore James Gandolfini. Si Zero Dark impose un rythme lent et qui manque parfois de tension, Bigelow semble tout réserver pour le dernier acte intitulé "Les Canaries". A partir de ce moment, le long-métrage prend une toute autre envergure. La réalisation déjà excellente s'avère exemplaire, la tension est au sommet, l'écriture géniale... bref, tout le film semble bâti pour cet épisode final carrément époustouflant de maestria qui marquera les esprits. Le refus constant d'exposer le cadavre de Ben Laden, l'acharnement de Bigelow pour ne rien nous épargner dans l'assaut et nous le faire vivre minute par minute contribue à nous plonger dans la réalité crue et nue, comme elle l'a fait tout du long, et qui culmine finalement jusqu'aux larmes lourde de sens de Maya. En réalité, en lieu et place du film polémique, nous sommes devant l'expiation d'un traumatisme et des horreurs auxquels il a conduit, aux obsessions qu'il a tissé. Rythmé par les attentats dans le monde occidental ou contre lui, Zero Dark Thirty révèle surtout une cruelle vérité, la mort de Ben Laden, au-delà du catharsis, n'est qu'un camouflet, qu'une victoire à la Pirrhus. Les américains et les occidentaux vivent dans la peur et la paranoïa et l'hydre n'est toujours pas à terre. "Protect the Homeland" affirme Joseph Bradley, preuve ultime d'une impuissance croissante.En évitant le piège de faire de ce combat de femme un plaidoyer féministe, en la rangeant parmi les autres motherfuckers masculins américains, Bigelow dresse un film impressionnant à plus d'un titre, un peu froid et trop long certes, mais passionnant. Au vu de son intelligence, de sa maîtrise formelle et surtout de sa séquence finale magistrale, Zero Dark Thirty vaut vraiment le détour.

Posté : dim. 3 févr. 2013 13:13
par Gillossen
Tiens, on était peut-être à la même séance.Le "problème" quand on est d'accord avec toi, c'est qu'on n'a pas grand-chose à ajouter ! ;)

Posté : dim. 3 févr. 2013 13:17
par Littlefinger
Non, je pense pas que nous étions à la même séance, je l'ai vu il y a une semaine, c'est juste que je n'ai pas eu le temps de rédiger la critique. De même, j'ai vu L'ivresse de l'Argent et Lincoln respectivement mercredi et hier. Bref, au boulot :pEt euh, désolé d'être trop pipelette ^^ Faut faire comme Witch, avoir des goûts/opinions contraire Gillo !

Posté : dim. 3 févr. 2013 13:25
par Gillossen
Littlefinger a écrit :Et euh, désolé d'être trop pipelette ^^
Ben, au contraire !Et je ne l'ai pas vu hier non plus cela dit. ;)

Posté : dim. 3 févr. 2013 16:35
par Witch
Littlefinger a écrit :Et euh, désolé d'être trop pipelette ^^ Faut faire comme Witch, avoir des goûts/opinions contraire Gillo !
J'ai cru un instant que tu ne me trouvais pas pipelette :D mais en fait c'était pas ça ;) Et il m'arrive d'avoir la même opinion que Gillo hein, seulement je le dis pas pour pas trop le flatter :p

Posté : sam. 16 févr. 2013 20:43
par Duarcan
Searching for Sugar Man de Malik BendjellouUn documentaire retraçant la folle recherche de deux fans sud-africains cherchant à retracer la mort d'un chanteur américain méconnu aux Etats-Unis mais ayant un statut de légende en Afrique du Sud au point d'avoir influencé tout le mouvement musical sud-africain luttant contre l'apartheid. Une recherche qui les amènera à rencontrer leur idole en vie et à relancer sa carrière 27ans après son arrêt.Entremêlant images d'archives, films amateurs, interviews, film d'animation, le documentaire sait se montrer entreprenant et permettre au spectateur de s'immerger dans cette enquête à la recherche d'un poête disparu qui, comparé à bob dylan par son ancien producteur est résumé par: Par rapport à Rodriguez, Bob dylan était fade. Sans aller aussi loin que ce producteur, il est certain que les deux hommes partagent les mêmes sons et le même engagement politique transcendé par la poésie de leurs écritures. Enfin, l'apparition de Rodriguez à l'écran laisse pantois. Loin d'apparaître comme une rockstar, l'homme éclate l'écran par sa simplicité, sa timidité et sa sagesse. Même après avoir effectué plus de trente concerts en Afrique du sud, il continue à travailler et à vivre simplement en dehors de ses tournées qui sont entretemps devenues mondiales, (notamment à l'affiche du Primavera sound festival de Barcelone, au Zenith de paris et au Glastonbury Festival durant cet été), et à faire don de sa fortune à ses proches et à diverses associations. Un authentique troubadour et un véritable sage à découvrir de toute urgence dans Searching for Sugar Man pour tous les amateurs de musique folk/blues, (et pour les autres aussi).Bande annonce

Posté : sam. 16 févr. 2013 23:13
par Littlefinger
Bon voilà, vu ce soir le dernier film en course pour les oscars avec Les Misérables de Tom Hooper :Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine. Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.Les Misérables, livre formidable du non moins formidable Victor Hugo. Adapté tellement de fois qu'on ne les comptent plus. Mais voilà, le roman a surtout été adapté à Broadway, devenant un vrai classique de la comédie musicale.Tout juste auréolé de son oscar pour Le Discours d'un roi, très bon mais surtout très académique long-métrage, Tom Hooper adapte donc...la comédie musicale...à l'écran. L'entreprise semble très risquée mais la pléiade d'acteurs engagés se pose là pour rassurer. Nommé aux oscars dans la catégorie meilleur film, que vaut réellement Les Misérables ?Soyez prévenus, Hooper a choisi la comédie musicale comme genre pour son long-métrage. Donc aucun dialogue, du tout, juste des chansons et des paroles chantées. Le parti-pris en séduira peut-être quelques-uns mais autant dire que le constat est rude. Pourquoi ? Simplement parce qu'à la manière de l'adaptation de Tintin, ce qui passe sur un matériel de base ne passe pas forcément sur un autre. Et là, c'est juste le trop plein, une succession bien trop voyante de solos d'acteurs chantant face à la caméra. Et lorsque Hooper ne les canalise pas, un surjeu assez dommageable. Assez vite, le procédé devient lourd et surtout souvent, ridicule. Tout cela alors même que l'histoire, bien connue, reste tout à fait captivante.Au premier plan avec ValJean et les esclaves tirant un navire, on croit pourtant tomber sur quelque chose de spectaculaire et qui va déborder ses ambitions. Mais dès les quelques minutes suivantes, on se rend compte de ce qui va faire s'écrouler le film entier...Hooper avait bien fait de faire son académique pour son précédant métrage car là... il ne sait absolument pas filmer. Tout du long, c'est un vrai calvaire et une vraie frustration. Pour expliquer la chose, il cadre tout en plans serrés ou en gros plans de visages. De temps à autres ça passe, surtout si l'acteur est doué, mais quand il n'y a QUE ça ou peu s'en faut, c'est la catastrophe totale. D'abord, parce que toute l'envergure du film s'écroule sur elle-même, on peine même à ressentir l'ampleur des Barricades, ensuite parce que c'est profondément monotone et énervant.Hooper massacre tout son long-métrage, absolument. Il ne profite que de rares instants de "grâce" pour donner quelques plans magnifiques (Jean Valjean dans la scène finale, la Barricade au paradis, Javert sur le pont...) et montre surtout qu'il est un tâcheron sans nom, c'est une honte de gâcher un tel potentiel. Car potentiel il y a, croyez-le ou non, mais au-delà, Les Misérables possède une paire d'atouts dans sa manche : les acteurs et la bande-originale.Dans le magnifique casting réunit, quasi tous les acteurs s'avèrent formidables mais trop souvent mal dirigés et se laissent emporter dans un surjeu assez dommageable. Cependant, la plupart du temps, ils sont remarquables. On passera sur Sacha Baron Cohn et Helena Boham Carter dans le rôle des époux Thénardier, amusant deux minutes mais ridicules, pour se consacrer à l'excellentissime Hugh Jackman tout d'abord. Le monsieur ayant passé à Broadway, on sent toute son expérience en sus de son talent d'acteur, il est simplement génial dans le rôle de Jean ValJean, fort et brillant, d'une présence écrasante... à la façon de Russel Crowe, qui, s'il n'a pas les talents de chanteurs du précédent, reste excellent dans le rôle du terrible Javert. Redmayne s'avère prometteur tandis que Seyfried dans le rôle de Cosette éblouit avec une voix carrément magnifique.Mais c'est surtout une actrice qui fait des prouesses malgré son temps congru à l'écran : Anne Hathaway. Dans la peau de Fantine, elle s'avère...comment dire... Monumentale. Sa séquence en solo reste certainement la seule du film à filer un noeud dans la gorge, non seulement grâce à son talent déjà bien connu d'actrice... mais aussi et surtout grâce à une voix, mais une voix ! Juste incroyable. La meilleur interprétation d'I Dreamed a Dream à ce jour, un joyau.Bien sûr, la chanson n'y est pas pour rien. La Bande Originale du film s'affirme à de nombreuses reprises comme scotchante avec des chansons tout à fait mémorables comme Do You Hear the People Sing ? ou Who I Am ?A l'arrivée, voilà, Les misérables n'est qu'un ratage, c'est l'histoire d'un film qui aurait pu être grandiose, mais qui a été massacré par un imposteur. On se consolera en écoutant la bande originale et les performances des acteurs, mais Mr Hooper, vous pouvez avoir honte.