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J'ai terminé la lecture de Wastburg. Ce fut une lecture très agréable bien que le livre ait eu à lutter contre une carence de sommeil et donc une forte propension à la somnolence.La critique du site est assez juste : c'est la ville qui est au coeur même de l'histoire, plus que n'importe quel personnage. Au final, on obtient un récit plutôt atypique dans sa forme, parfois un peu décousu mais sans que cela soit gênant, c'est même plutôt amusant d'entr'apercevoir la trame de l'histoire au travers des (més)aventures des protagonistes. Là où de nombreux romans entraînent le lecteur dans une aventure trépidante (ou pas...), l'auteur nous invite ici à flâner dans les rues de Wastburg, bref à patauger dans la gadoue... ce qui s'avère au final très plaisant.Je me réjouis de retrouver cette plume dans le futur, j'ose espérer qu'il y aura encore quelque crapule à l'affût d'un mauvais coup. En attendant, j'ai bien envie de rouvrir Nightprowler...
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Je suis en train de lire Wastburg, et sans vouloir répondre à la place de Cédric Ferrand je dirais qu'à la lecture, on ne se pose pas la question : la situation de la ville, ses règles et ses mœurs sont construites au millimètre près, en appui de la narration (... à moins que ce ne soit l'inverse), et jamais une ville médiévale "historique" n'aura une situation aussi archétypale (archétypique ?) Il faudra toujours composer avec ce que les lecteurs savent ; on pourrait par exemple imaginer un Strasbourg coincé entre France et Allemagne a telle ou telle époque, mais certains choix risqueraient de contrarier (ou juste de faire décrocher) les lecteurs strasbourgeois.Si je me permets une comparaison élogieuse, c'est un peu comme Guy Gavriel Kay, dans un genre très différent, avec Sarance ou l'Espéragne d'Al-Rassan : on est en terrain familier, mais l'imaginaire fait que tout est permis !
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Pour en remettre une couche par rapport à ce que dit Sylvaner (qui m'a très bien cerné), je ne suis pas historien pour deux sous, moi. Je peine à imaginer le quotidien de Strasbourg au sortir du Moyen-Âge. Et je suis assez feignant pour préférer tout inventer plutôt que faire des recherches. D'autant que le roman historique est bourré de contraintes et donc de pinailleurs qui m'auraient descendu en flammes si j'avais décrit le mauvais type d'armure ou parlé d'une rue qui n'était pas censée exister à l'époque. J'ai déjà essayé de pratiquer le jeu de rôles avec des historiens, ça s'est systématiquement terminé par des engueulades super techniques sur la méthode de fabrication des pointes de flèches ou la complexité supposée d'une serrure sous les Médicis. Alors plutôt que de prêter le flanc à la critique, je préfère me porter sur le terrain de l'imaginaire.La fantasy me libère d'un tas d'astreintes : si j'ai besoin d'un élément dans mon décor, je peux aisément l'inventer à ma guise et lui donner la résonance que je souhaite dans mon intrigue. Wastburg parle de magie moribonde, de la fin d'une époque, de petites gens coincées dans des vieux réflexes... Je me suis taillé un univers sur-mesure plutôt que d'essayer de faire rentrer maladroitement mon histoire dans un cadre trop strict.Maintenant, je voulais aussi que ça soit une cité accessible aux lecteurs peu habitués aux canons de la fantasy. Je me suis donc appuyé sur une esthétique relativement courante et j'ai travesti des cultures bien ancrée dans notre passé européen pour que cette histoire lointaine et vieille trouve un écho dans notre quotidien (enfin votre quotidien, plutôt, car je suis nord-américain maintenant).Pour reparler inspiration, je dois beaucoup au jeu de rôles Warhammer. J'ai appris la fantasy en visitant les rues de Bögenhafen, Altdorf, Nuln, Marienburg...Councilman Yoda a écrit :Pourquoi avoir écrit de la fantasy centrée sur une ville imaginaire médiévale plutôt qu'un roman historique sur une vraie cité médiévale ?
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Me parle pas de Warhammer, je me remets au JDR sur table aprés 20 ans d'arrêt, je me dis que je vais lire "Empire" pour me remettre dans le bain, et c'est la bouse de l'année, un mauvais scénario de JDR transformé en mauvais roman par un analphabète... :(En tous cas, la couverture de ton livre me fait un petit côté "Barad Dur transplantée au milieu de Bree un soir d'orage", c'est classe... 

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C'est marrant en n'ayant pas encore lu le livre, le titre, la couverture, ce que tu en as déjà dit...C'est exactement à cela que je pensais !Sinon sur le débat romans fantasy / romans historiques au-delà des contraintes et des pinailleurs, l'uchronie fantastique n'est-elle pas une 3ème voie viable pour conjuguer réalisme et imaginaire ?Cedric Ferrand a écrit :Pour reparler inspiration, je dois beaucoup au jeu de rôles Warhammer. J'ai appris la fantasy en visitant les rues de Bögenhafen, Altdorf, Nuln, Marienburg...
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Moins qu'une 3ème voie, c'est peut-être la voie médiane du compromis.Tout dépend du taux d'uchronisme contenu dans le roman. Si je passe plus de temps à trafiquer le réel qu'à tricoter avec l'Histoire, il vaut sans doute mieux que je me tourne carrément vers la fantasy.CédricAlbéric a écrit :Sinon sur le débat romans fantasy / romans historiques au-delà des contraintes et des pinailleurs, l'uchronie fantastique n'est-elle pas une 3ème voie viable pour conjuguer réalisme et imaginaire ?
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Je tiens à préciser que ma question n'est pas une critique mais une simple interrogation induite par la proximité entre fantasy et fantasy historique, quand celle-ci est fortement arcboutée sur l'histoire. Jean-Philippe Jaworski semble vouloir se diriger vers le roman historique (sans abandonner la fantasy), David Anthony Durham est passé du roman historique à la fantasy, Justine Niogret fait du roman historique faussement fantasy ... ... Au fond, qu'apporte la fantasy au fond historique ? Est-ce un émerveillement ? Un exotisme ? Des intrigues à la complexité démultipliée ? Une liberté ? .... .... Et suivant quels degrés ? (mondes intégralement fantasy, mondes uchroniques )Et comment ne pas y perdre en réalisme (le syndrôme gloubi-boulga) ? Vous avez deux heures 
