Sylvadoc a écrit :J'ai une question !
En ce qui concerne le négatif, il tient en deux mots : diffusion/distribution. Nous ne sommes toujours pas distribués en librairie et il est clair que cela impacte gravement nos finances.
Qu'est-ce qui fait que c'est si difficile de se faire distribuer/diffuser ?
C'est une très bonne question et je vous remercie de me l'avoir posée :)En gros, je n'ai pas TOUS les détails, mais on peut déterminer trois axes de réflexion.UN : nous, l'éditeur.- Dans notre cas personnel, on a donc commencé par "Un étranger en Olondre". Aussi beau soit le roman, aussi bien faite soit la traduction, aussi géniale soit Sofia Samatar, aussi positives soient les critiques sur le texte, c'était notre tout premier livre et sa fabrication souffre d'imperfections notoires et d'un amateurisme évident. C'est évidemment un problème pour le distributeur, dont le rôle est de VENDRE aux libraires le livre en question. Le distributeur envoie donc chez les libraires un représentant qui n'a que très peu de temps pour convaincre le libraire de prendre tel ou tel bouquin. Il lui est difficile de faire donc une longue promotion pour justifier auprès de son client un livre un peu mal torché au niveau de la présentation. Au lieu de par exemple se contenter de dire : "regardez ça, c'est nouveau, le livre est beau, signez là " :)Donc, clairement, on a nos resposbalités par rapport à ça. Faut l'avouer et pas juste laisser croire qu'on se bat contre une grosse entité multitentaculaire très méchante.Alors, que faire ? Ben, faire mieux notre travail et nous professionaliser à ce sujet. La présentation du Village est beaucoup mieux, retient plus l'attention et, par conséquent, permettra à un distributeur de pouvoir mieux faire son travail avec un meilleur outil. Et on va continuer dans ce sens.DEUX : eux, le distributeur/diffuseurDistribuer/diffuser, c'est un métier où on gagne de l'argent grâce au VOLUME de ventes. C'est pour ça qu'un distributeur/diffuseur a des dizaines de maisons d'éditions sous contrat.On voit tout de suite la difficulté pour un éditeur qui se lance. En effet, la première question légitime que se pose le diffuseur/distributeur, c'est : combien ? Combien d'exemplaires de cette maison d'édition puis-je espérer vendre ? Dans combien de points de vente ? Combien de retours puis-je anticiper ?Or, évidemment, une nouvelle maison d'édition part dans l'inconnu et ne peut avancer de chiffres réalistes. Faut donc faire ses preuves, ça peut prendre du temps. Il y a plusieurs leviers qui sont activables pour convaincre un diff/distrib : le total de ventes par internet (un d'entre eux m'a confié : "on vend en librairie entre 5 et 10 fois le nombre vendu par un éditeur indépendant sur internet" - il nous faut donc atteindre un certain palier de ventes online pour être crédibles à ce niveau). Un autre levier est la fidélisation des lecteurs. Plusieurs facteurs entrent en compte : présence sur les réseaux sociaus (plus de likes = plus de lecteurs informés = bonne image auprès du diff/distrib), présence sur les salons, réussite de projets de financement participatif,... Sur ce plan-là, on est gâtés et on est dans le bon (merci, les amis).Au niveau des chiffres, on ajoute aussi le problème du catalogue. Plus on a de titres publiés, plus on a un fonds susceptible d'être commercialisé, plus le diff/distrib a la possibilité de faire du volume et de réaliser ses objectifs en matière de bénéfices. Là, c'est une simple question de temps et de persévérance. Plus nous publierons de livres, plus nous serons crédibles.Et, enfin, le diff/distrib ne pense pas qu'aux chiffres et aux sous, il pense aussi à la qualité. Lui aussi a une réputation à maintenir auprès de ses clients. Les critiques positives, de blogs, de magazines pros, de journaux,etc. sont aussi un facteur à prendre en compte. Sur ce plan-là, on est aussi dans le bon, la grande majorité des réceptions critiques à nos livres ayant donc été très positive.TROIS : l'influence de la main invisible du marché sur le vaste mondeQue la crise actuelle et la perte de lecteurs rapportées régulièrement soient réelles ou pas, elles impactent toutes les décisions entrepreneuriales aujourd'hui. Y compris celles des diff/distrib, qui sont donc peut-être plus prudents, plus frileux, moins enclins à prendre des risques aujourd'hui. On ne peut pas vraiment leur reprocher.Comme on le voit, dns notre cas, le meilleur moyen d'atteindre le graal de la diff/distrib est donc de a. vendre plus de livres b. être plus pro niveau design et présentation c. étoffer notre catalogueOn a déjà de positif : a. une fanbase active et passionnée b. des critiques excellentes Si nous réussissons à survivre encore quelques temps, je pense que nous devrions donc arriver à atteindre des objectifs réalistes sur les trois premiers points et consolider les deux derniers et donc nous retrouver enfin dans toutes les bonnes libraries de France et de Navarre (et de Belgique et de Suisse aussi).Voilà, c'est long, mais j'espère que ça répond bien à ta question
