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Posté : jeu. 11 oct. 2007 11:56
par Misanthrope
Voila, j'ai bien cherché et je n'ai trouvé aucun sujet concernant ce livre, ni aucune critique... Je l'ai acheté un peu par hasard, le résumé avait l'air intrigant...Après lecture que je qualifierai de difficile -_-, j'en ressors avec un sentiment mitigé... Qu'ai-je réellement pensé de ce livre... Une histoire intéressante, le destin croisé de deux personnages : Gwynn, mercenaire, solitaire... et Raule chirurgienne utopiste... Le monde dans lequel se déroule l'histoire est intéressant notamment la cité d'Escorionte où règnent une véritable ambiance plutôt malsaine et décadente à mon goût. Le personnage de Beth est l'un des plus intrigant : son rôle, son impact sur Gwynn... Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler et gacher la lecture de ceux qui ne connaissent pas et qui voudraient découvrir... Mais mon sentiment est mitigé, par contre j'ai vraiment bien aimé le personnage du padre...Si certains d'entre vous connaissent, l'on lu, je suis curieux de partager vos avis...

Posté : dim. 4 janv. 2009 21:22
par Coeurdechene
Et hop, un an et quelque plus tard, toujours pas de sujet sur le livre et aucune critique officielle.Mais comme je l'ai fini la semaine dernière, j'en profite pour mettre la mienne :DPar contre, mon ressenti est un peu plus positif que celui de Misanthrope...Gwynn, un soudard et Raule une chirurgienne fuient les retombées d'une révolution avortée à travers le désert. Voulant mettre le plus de distance possible entre la milice qui les poursuit et leurs personnes, ils arrivent dans la ville d'Escorionte où ils vont petit à petit se reconstruire chacun de son côté.Raule devient médecin chirurgien pour Citrebois, un hôpital des pauvres et se passionne pour les nouveaux-nés monstrueux engendrés par les femmes de la cité (dont le plus bel exemplaire est un enfant-crocodile à tête humaine) en les collectionnant.Gwynn se fait engager comme second couteau et homme de main par Lorme, un trafiquant d'esclave accessoirement parrain de la ville, détenteur de bordels et de tables de jeux. Suivant la piste d'indices disséminés dans une eau-forte, il fait la connaissance de Beth, une artiste peignant sur commande ou pour son plaisir des eaux-forte d'une rare intensité. Gwynn bascule petit à petit dans le monde de Beth, monstrueux, érotique, violent, dans lequel il prend une place de plus en plus prépondérante, jusqu'à devenir un personnage central de ses peintures.L'auteur livre ici un premier roman déroutant.A la frontière de la Fantasy, mais finalement totalement inclassable car sortant des sentiers battus. On y retrouve un peu tous les genres dans un grand vrac brillamment maîtrisé : du western, du polar, de la fantasy urbaine, du roman d'aventures, essai artistique, traité sur la morale et la religion, steampunk...L'écriture est claire, crue lorsque nécessaire mais sans jamais tomber dans l'obscénité ni la vulgarité. Par contre, on prend plaisir à suivre l'évolution des deux personnages dans leurs milieux respectifs, voulant trouver un sens à leur vie, ou en donner un à leur mort...La première partie, l'épopée des deux parias traversant le désert pour échapper à leurs poursuivants, est complètement déroutante. On est plongé dans un univers dont on ne sait rien, sans indication. Il pourrait tout aussi bien être post-apocalyptique ou dépeindre le bush australien. Les personnages nous invitent dans leurs pensées et l'action tarde à apparaître. Ceci dit, lorsqu'elle arrive enfin c'est pour donner lieu à une bataille magnifiquement décrite au milieu de ruines dans le désert.Lorsque l'auteur nous mène à Escorionte, nous n'en savons toujours pas plus sur l'univers. Nous sommes en vase clos dans cette cité-type à mi-chemin entre l'Italie Renaissance et la vieille Europe arabisante. Et c'est là que tout se joue. Dans cette cité, l'histoire prend place, les personnages nous ont été présentés, ils peuvent maintenant s'épanouir au sein de cet univers que pour ma part j'ai imaginé sortant des films de Sergio Leone, résolument western.Gwynn vole la vedette pendant la majeure partie du roman, son statut d'homme de main le faisant balader dans la cité nous la découvrons par ses yeux et par son métier, souvent sanglant. Par son intermédiaire également, nous rencontrons Beth, l'artiste qui va prendre une place de plus en plus importante dans la vie de Gwynn, et le faire changer imperceptiblement.L'auteur suit la pente donnée par ses personnages, jusqu'au point de non-retour. L'histoire bascule jusqu'à la folie, jusqu'à la mort, rebondissant comme la vie des marionnettes qu'elle dépeint, pendues au fil de leur destin. C'est une spirale qui naît dès la première ligne du roman et qui ne s'arrête qu'une fois le quatrième de couverture refermé, une spirale entraînant le lecteur dans un concentré d'émotions, un concentré de vie, enfin. Avec quelques instants de calme où on nous permet de faire le point, spectateurs hebdomadaires d'un duel verbal jouissif entre Gwynn l'athée convaincu et un prêtre qui tente par la raison de le convaincre de l'existence d'un dieu, accoudés au zinc d'un bar.C'est un roman troublant qui certainement aura ses détracteurs mais qu'il vaut la peine de connaître. Il ouvre, comme jamais pour l'instant, les frontières du genre de la fantasy en imposant un style simple et efficace et en laissant une impression durable chez le lecteur. Si bien qu'on a souvent tendance à oublier qu'il s'agit d'un premier roman...D'ailleurs, les lecteurs pour l'instant ne s'y sont pas trompés car cet ouvrage a été récompensé par l'Australian Ditmar Award 2004 et le William L. Crawford Fantasy Award dans la catégorie meilleur premier roman.

Posté : dim. 4 janv. 2009 22:58
par belgarion
C'est un souvenir qui remonte à une bonne année et je me souviens avoir été déçu après les critiques dithyrambiques de certains sites. Certes, l'écriture est très érudite avec de superbes métaphores et le scénario est maîtrisé avec les deux destins croisés déjà évoqués. Mais je n'ai pas accroché au monde en pleine déliquescence car aucune description ne m'a frappé et certains passages m'ont semblé des plus longss. Les deux protagonistes principaux, froids par nature, se rencontraient de temps en temps mais j'ai trouvé cette idée de chassé-croisé sous exploitée avec au final deux aventures très distinctes et des points de vue différents. Cependant, la psychologie des personnages est très fouillée et relève le niveau du livre en nous livrant des portraits saisissants très proches des troubles psychiatriques. ;)Le genre ne m'a pas accroché, mais je suis le premier à reconnaître les qualités intrinsèques de l'oeuvre. :)

Posté : lun. 5 janv. 2009 10:46
par Misanthrope
Merci d'avoir partagé ton avis Coeurdechene comme quoi les goûts et les couleurs... Je n'ai pas vraiment accroché à ce livre car pour moi l'univers mis en place par Bishop ne donne pas envie de s'y plonger, les personnages ne sont pas des plus attachants... Après, on tourne les pages pour avancer dans l'histoire pas par impatience dans mon cas mais plus pour la question "Mais où est-ce qu'on va comme ça???"... Le livre a d'énormes qualités stylistiques ce qui est encore plus remarquable pour un premier roman comme tu le précises...Maintenant, je le relirai peut être un jour mais pas tout de suite... Ce livre mérite quand même une seconde chance donc wait and see...

Posté : lun. 5 janv. 2009 14:24
par Coeurdechene
Comme je le disais sur un autre blog, j'ai quand même du m'accrocher pour entrer dans l'histoire.La première partie traîne un peu en longueur et j'ai bien cru abandonner avant d'en voir la fin. Mais les critiques enthousiastes lues ici et là m'ont convaincu de continuer et de passer au moins la centième page. Entre temps, j'ai enfin trouvé pied et intégré l'univers...