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Je suis en cours de lecture (en pause - no signal cerveau disponible)Mais la cinquantaine de pages lues valent vraiment le détour : une superbe écriture, très étonnante :grandiloquente comme du Chateaubriand ... puis, sans prévenir, barrée comme du Tex Avery! ça déménage !Ne croyez pas que j'aie, comme le bélier, le cerveau obstrué par les racines des cornes. Les flancs frémissants, les yeux comme des galets, il dévore du regard tout ce qu'il peut voir du monde, et le sent remplir sa poitrine, affluer en lui comme l'eau à la fonte des neige envahit le lit des torrents à sec, chatouiller ses grosses couilles bancales, et lui bourrer le cerveau de la même inquiétude qui l'avait fait souffrir l'an dernier à pareille époque, comme l'année d'avant encore (il les a toutes oubliées.) Sa croupe frémit du même désir douloureux, insouciant et joyeux, de monter sur tout ce qui se présente à proximité - l'orage qui entasse des tours noires à l'ouest, une souche pourrie qui se laisse faire, une brebis qui marche en écartant les pattes. ça me fait mal à voir. Je demande au ciel : " Pourquoi ces créatures ne sont-elles pas capables d'un peu de dignité ?" Le ciel ne dit rien, comme il fallait s'y attendre. Je lui fait une grimace, dresse le long doigt en signe de défi et lance une petite ruade obscène. Le ciel, à jamais impassible, fait comme s'il ne me voyait pas. Lui aussi je le déteste, tout comme je déteste ces arbres boutonneux et sans cervelle, ces oiseaux babillards
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Je viens de finir de le lire et comme le dit Gillo dans sa critique
j'ai trouvé ce livre très intéressant, plein de reflexions et commentaires sur l'humanité assez amers, cyniques et désabusés très juste. Et du coup c'est Grendel qui parait le plus humain de tous. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur qui peut changer du tout au tout d'un paragraphe à l'autre, des fois très lyrique, des fois un soupçon dérangé, des fois en imitation des poèmes épiques. Par contre j'ai trouvé que ce livre se rapprochait plus d'un espèce de journal intime analysant le genre humain que d'un roman avec une histoire et tout et tout. D'ailleurs j'ai trouvé qu'on sentait vraiment l'auteur derrière Grendel qui m'a paru du coup un peu transparent.Difficile de mettre des mots sur un ouvrage de cet ordre
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Un excellent livre, mais devant lequel on peut rester de marbre, tant le style est personnel..L'action à proprement parler n'occupe qu'un rôle très secondaire (ne vous attendez donc pas à un récit de type "héroïc fantasy". il s'agit d'une méditation ricanante et oh combien sarcastique de Grendel sur sa condition de monstre, l'humanité, l'héroïsme et toutes ces choses qui ont au final bien peu d'importance.Du coup assez d'accord avec l'avis de Siriane, avec plusieurs grands moments, notamment
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Arf, je n'ai pas posté après avoir terminé :rouge:voici mes quelques mots :
Ne connaissant rien , à peine le nom de Beowulf :barbare: dans la présentation de l'éditeur, je ne retiens que :L'écriture est un régal, un grand coup de chapeau au traducteur !( mais la ch.euse c'est quand même demandée ce que venaient faire les peaux de bananes glissantes même entre des failles temporellesCourt, brutal, d'un humour ravageur, ce conte philosophique frappe le lecteur avec la force d'une comète, dans l'éblouissement.)Vous voulez du "dark"? le récit d'un monstrrre sanguinaire qui bouffe tout cru -avé le casque et l'emballage- des soldats en amuse-gueule?Un énorme dragon cruel et radin sur son butin ? Des "z'héros? Une gente châtelaine chaste et pure ? - et rousse, aussi!-.... il y a ...- oui, mais non! :cthulhu:Grendel, c'est notre frère obscur, c'est Caïn, comme il le comprend en écoutant les humains vers lesquels il tente d'aller et qui le rejetteront, incompréhensiblement pour lui au début-Grendel,frère de solitude et d'exclusion, trop humain, provocateur, mais pas dupe, trop seul pour cesser d'être un enfant - terrible vision de la mère qui n'a pu le sauver des hommes !et qui se joue de tout les poncifs humains - simple accident?
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C'est vraiment çaA travers le regard de Grendel (le monstre c'est lui, n'est-ce pas) les humains donnent vraiment l'impression d'être de vaines et pathétique brutes. Et Nigelle moi aussi je me suis demandée ce que venait faire là les peaux de banane.John Doe a écrit :il s'agit d'une méditation ricanante

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Je plussoie la chronique de Gillossen.C'est court, intense, cynique, sombre, porteur de réflexions, de symboles. La postface de Mauméjean complète parfaitement cet ouvrage et l'enrichit profondément.Un conte à lire.D'accord avec Siriane :
On ressent fortement l'expérience de l'auteur sur de nombreux passages, cette vision neuve de la légende de Beowulf est très intéressante.Et du coup c'est Grendel qui parait le plus humain de tous.
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Grendel : lire un livre du point de vue du monstre est toujours interessantet dans le cas de ce roman on a presque l'impression de lire la psychanalyse du monstre ! il est meme derangeant de se dire que le monstre n'est pas si different de nous finalement !Le livre est sombre ,brutale (normal on joue les méchants)Le livre n'est pas simple ,j'ai du le lire 2 fois pour l'apprecier a sa juste valeurAu final un tres bon (court) roman qui ne devrait pas etre cantonné qu'au rayon fantasyDe plus un article de l'auteur qui decrit la genese de l'œuvre est present prouvant l'excellent travail de lunes d'encreNOTE:8/10
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Une œuvre étrange et une réussite stylistique, plongée malsaine et cynique dans l'esprit amer et désabusé d'un être solitaire. La connaissance qu'à Gardner de Beowulf est profonde et visible, parvenant à rendre ainsi un très bel hommage à un texte souvent méconnu. Le regard caustique, ambivalent et envieux que la créature porte sur l'humanité et sur ses espoirs donne un aspect particulièrement sombre à un livre contenant quelques passages d'une grande force.La postface de Xavier Mauméjean est à saluer pour son intérêt.
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Re: Critique ! [Grendel]
20moi aussi. et je ne change rien à mon message de 2016, en ajoutant une décennie de plus,