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Sorti de la Roue du Temps, au début du Trône de fer, quelques uchronies dans les parages, j'ai entamé une réflexion sur ce sujet : quelles sont les représentations de l'asservissement en fantasy, celles qui sont "originales", celles qui sont inspirées de faits réels ?Par exemple, les gaishan sont des prisonniers de guerre avec un statut particulier, accepté par celui qui porte le blanc, statut jouant sur l'honneur, statut protégeant le prisonnier, statut interdisant au prisonnier de s'évader.Sauf que ça ne marche qu'avec les Aiels, ce statut ne fonctionne pas bien du tout avec les gens des autres peuples.Dans le trône de fer, on pratique la prise d'otage politique, en faisant "écuyer" le fils d'un roi ennemi. Il y a même des armées d'esclaves eunuques.Et dans un monde uchronique, si on imaginait que l'Europe ait arrêté le servage au XV° siècle et n'aie jamais asservi l'Afrique ni l'Asie, ni les Amériques ? Uniquement des colons européens pour peupler les territoires dérobés aux autochtones ?Il y a Téméraire qui parle de ce genre de question, y compris pour se demander si les dragons sont libres.Et ça pose une autre question sur l'état d'esprit de l'esclave : celui qui cherche volontairement la protection d'un puissant au prix de sa liberté et celui à qui un esprit malveillant impose sa volonté (chez les "serviteurs" de Sauron, on trouve les deux cas).

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Le meilleur exemple d'asservissement et de "prise d'otage" est celle de
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Mais tout le monde sait que Ned est un type trop sympa...Mais j'ai un autre exemple, celui des Sha-Lugs du cycle de Glen Cook, les Instrumentalités de la Nuit. Des esclaves transformés en guerriers hors pairs par et pour le Dreanger et son suzerain Gordimer le Lion. Oui ça fait un peu penser aux...
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...mais en beaucoup moins exagéré. Je pense que, comme tout le cycle de Cook, ceci est basé sur un fait historique réel mais je ne saurai dire lequel.On peut également parler de servitude par la foi ? Par exemple les croisés pour libérer les Terres Saintes (toujours dans les Instrumentalités de la Nuit par exemple).Et que n'ai-je cité les Asservis de la Dame de Charme... Les initiés comprendront ;)

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Il y a également des peuplades ( que je ne saurais plus nommés!!!) qui utilisaient les esclaves sur les lignes de front. Ils étaient envoyer comme chair à canon épées pour épuiser l'ennemi ainsi que les réserves de flèches avant d'envoyer les vrais guerriers finir le boulot.Ce fait historique a été repri par Werber dans Nous les Dieux. Cela dit, peut on considérer Werber comme un auteur de fantasy? Peut-on même le considérer comme un auteur? Peut-on encore le considérer tout cours? Bon ok, la j'exagère, c'est mon côté chambreur!! :rolleyes:

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Dans la Roue du Temps on a aussi
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C'est un esclavage classique, obliger l'autre à faire quelque chose que seul cette personne peut faire, les esclaves en viennent à se soumettre volontairement à leurs bourreaux.On a un système qui y ressemble dans l'EDV:
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Même réaction que dans la roue du temps mais en puissance 10 000 de la part des esclaves.

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Ça me fait penser à la Garde de Nuit et au fait qu'on y envoie tous les prisonniers de Westeros pour compléter les rangs. Le code de la Garde est une forme de servitude car la seule sortie possible est la mort.Et (je prends un risque là), peut-on évoquer l'asservissement du Roi du Rohan par Saroumane ?

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Dans Acacia de D.A. Durham, on a un exemple d'asservissement à grande échelle : pour s'assurer la paix sociale (ou plutôt l'atonie générale), l'Empire acacian accepte que
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On peut aisément établir un parallèle avec le monde tel que nous le connaissons actuellement, au moins dans les pays occidentaux, et remplacer (par exemple) la brume par la télévision ou/et le consumérisme débridé, l'Empire acacian par les gouvernements, et la Ligue des Vaisseaux par les multinationales.

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Yksin a écrit :Et (je prends un risque là), peut-on évoquer l'asservissement du Roi du Rohan par Saroumane ?
Prise de contrôle de sa volonté, le faisant agir "aux ordres" sans possibilité de choisir : oui, Saruman en avait fait son esclave.

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D'ailleurs cet asservissement m'a toujours fait penser aux Asservis du Dominateur (puis de la Dame de Charme, ceci n'est pas un Spoil c'est dans le synopsis de la Compagnie Noire).Sauf que les 10 Asservis (le Boiteux, le Hurleur, Tempête etc.) sont de puissants sorciers qui mettent leurs pouvoirs au service de leur Maître. Ils avaient la possibilité d'agir selon leur propre chef et, quand ils prenaient un peu de trop de liberté, la Dame ou le Dominateur leur rappelait avec force torture psychique.On peut parler aussi de Berserk et de Griffith en particulier. Un homme tellement charismatique que ses hommes se soumettent à sa volonté sans rechigner. Enfin là c'est un peu plus tiré par les cheveux :p

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Cas classique d'asservissement de prisonniers de guerre: les guerriers des tribus Cimbriennes (Les monarchies divines) mis à contribution dans les galères de la flotte Torunienne
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. Ca fait penser à l'empire Romain de jadis...Dans Le trône de fer on pourra remarquer un certain "fair-play" entre les 7 royaumes qui partageaient par la force des choses, les mêmes valeurs.En dérivant un peu on peut parler de l'asservissement de la société (dans "L'âge des lumières") par l'éther qu'on peut transposer par le pétrole (puissance 1000) de notre propre monde...

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Comparer des écuyers à des esclaves, même s'ils sont au service d'un ennemi de leur famille, me semble un peu abusif. C'est une formation, une relation maître/apprenti, pas maître/esclave. Ça me semble quand même être une distinction importante. Oui, dans l'Histoire comme dans la fantasy, l'écuyer a une vie rude, mais il faut ça pour apprendre et s'endurcir.Quand je pense "esclavage en fantasy", je pense à la série de Carol Berg, Les Livres des Rai-Kirah. Les conquérants Derzhi ont asservi tout un peuple, les Ezzariens, et le personnage principal est esclave depuis 16 ans au début du premier livre. Comme tous ceux de son peuple capables de magie, on lui a arraché ses pouvoirs de façon ultra-violente (promis, ce n'est pas un spoiler, c'est dit dans les premières pages ;)). Jusqu'ici, c'est de l'esclavage "classique" : les esclaves sont des sous-hommes, on leur fait faire toutes les tâches les plus ingrates et désagréables et on les marque au fer rouge s'ils essaient de s'échapper.Là où ça se complique, c'est au niveau des Ezzariens encore libres. Ils considèrent les Ezzariens esclaves comme impurs, infréquentables. Ils sont littéralement morts : on fait semblant de ne pas les voir, on ne leur parle pas, ils n'existent plus. Même
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, il est mis au ban de la société parce qu'on le considère souillé, comme si son asservissement était sa faute. Quelque part, c'est une autre forme d'esclavage, et je me demande si ce n'est pas pire...

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La comparaison que j'ai voulue, c'est par rapport à la privation de liberté, sous différentes formes.Dans la Roue du temps, il y a aussi plusieurs degrés de liberté d'action, avec le contrôle ultime du Ténébreux qui sait tout, qui voit tout.Celui qui est otage est un prisonnier de luxe, mais sans liberté. Nul besoin d'être fouetté à pousser des cailloux pour être un esclave (je prends volontairement une définition large). Pour rester sur le Trône de fer, Theon ne sera jamais un Stark et son avenir est limité.

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Toi, tu as encore lu du John Norman en cachette :pTu as mentionné Téméraire, effectivement, la problématique de l'esclavage y est pas mal présente, d'abord et avant tout concernant la place dévolue aux dragons dans la société, ainsi que la relation
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que les Européens en général et les Britanniques en particulier développent avec leurs dragons ; puis plus directement, avec le trafic du "bois d'ébène" africain abordé à partir de l'Empire d'Ivoire.Ce thème est d'ailleurs approfondi à la marge dans le prochain volume, Le Sang des Tyrans, où on constate que la liberté est un combat qu'il faut mener partout, que ce soit au Japon, en Chine ou en Russie, et pas uniquement
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Les Nazgûl sont complétement asservis, ils ne survivent (enfin, si on me passe l'expression*) pas à la chute de leur maître, ils agissent uniquement dans le cadre qui leur est imposé : et encore, à part le Roi-sorcier qui a un chouia d'autonomie restreinte, les autres sont complétement sans initiative propre. Pas un qui ne penserait à se prendre un RTT ni vu ni connu. :)*l'esprit servant de l'Anneau est-il assez vivant -ou survivant- pour mourir ?Et puisque "le bois d'ébène" est cité, que dire des vivenefs dans les aventuriers de la mer ?

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Foradan a écrit :Et puisque "le bois d'ébène" est cité, que dire des vivenefs dans les aventuriers de la mer ?
Dans la mesure où il s'agit en fait de
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, je crois qu'on peut carrément parler de servitude. Cela dit, le fait que
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leur donne-t-il des circonstances atténuantes ? On pourrait en faire un débat de philo. ;)

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Puisqu'on parle de Hobb, on peut parler des aventures de FitzEt surtout des Pirates Rouges...
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C'est une sorte de prise d'otages.
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Ok merci pour ta réponse Foradan! :)Dans une autre mesure on peut dire que les héros sont aussi des esclaves, des esclaves de leurs propres destins, c'est comme la tragédie antique, Phèdre est maudite, Oedipe aussi, Heracles, Ulysse etc...Si on prend l'exemple de
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Qu'en pensez vous?Edit Witch : "spoiler" Roue du Temps :) pour les sages qui n'ont pas regardé