Et lu aussi de mon coté (ca se lit vite) et je ne serais sans doute pas aussi enthousiaste que la critique.Je suis un grand fan de Thomas Day, je connais ses thèmes (et nous partageons pas mal de sensibilités) et la façon dont il écrit et donc je partais pourtant avec un a priori plus que positif. Mais ça a coincé cette fois-ci et j'ai donc cherché pourquoi.Je vois deux raisons, une sur le fond et une sur la forme.Mon premier reproche, sur le fond, est le choix du sujet et ses conséquences. En y réflechissant, j'aime ce que fait Thomas Day quand il évolue dans le divertissement et l'imaginaire pur (un peu à la facon dont j'appréciais Tarantino originellement). Sans doute parce qu'il atomise la plupart des barrières que d'autres auteurs se fixent, quand il s'agit de parler de sexe ou de violence. C'est ce jusqu'au boutisme, cette flamboyance qui m'a toujours attiré et plu.Pour le coup, choisir la prostitution enfantine ne peut évidemment pas se traiter de la même manière, d'autant plus quand le monde "imaginaire" choisi comme cadre est aussi voisin du notre. S'il l'avait fait, le résultat aurait sans nul doute été de mauvais gout. Il lui a donc fallu nécessairement calmer ses ardeurs (on est d'accord que c'est relatif, TD reste TD) et aussi se rapprocher de la réalité autant que se peut, puiqu'il s'agit au final plus de dénonciation que de divertissement. Pour ce faire, l'auteur a décidé d'ecrire un roman très sec, très épuré (l'auteur en étant conscient d'ailleurs) et où finalement la magie et la poésie sont moins présents que d'habitude (en comparant par exemple avec d'autres de ses romans se passant dans le sud-est asiatique). Je comprends donc le pourquoi de ses choix, mais je ne suis pas satisfait du résultat

D'autant plus quand la collection est supposée mettre en avant le "sense of wonder", alors que pour moi, ce roman n'est pas celui de l'auteur qui l'illustre le mieux. Sur la forme, ce n'est pas un spoiler, le récit est présenté dans le désordre (c'est-à-dire avec les chapitres qui ne se suivent pas dans l'ordre chronologique). Je ne suis pas rétif à l'idée a priori ; j'ai par exemple beaucoup aimé le Déchronologue de Beauverger pour cette raison. Thomas Day expliquait ce choix sur son blog en disant que c'était plus au moins la facon dont il l'avait écrit, par troncons, et qu'il avait ensuite monté le romand dans le désordre. Le désordre est pourtant ici assez relatif, d'après moi. Le livre est divisé en quatre grandes parties, et 33 chapitres de la facon suivante :Premier mouvement : 17, 5, 6, 4Deuxième mouvement : 8, 7, 15, 9, 11, 3, 10, 12, 14Troisième mouvement : 13, 16, 1, 18, 20, 19Quatrième mouvement : 29, 27, 21, 25, 23, 22, 24, 26, 30, 28, 31Epilogue : 32, 2, 33On peut observer que bien que les chapitres ne se suivent pas, le premier mouvement est constitué du bloc 4-5-6, le second de 7-8-9-10-11-12-14-15, etc. ce qui fait que l'histoire n'est pas si décousue que ca. Les chapitres "intrus" servent de points de tension, donnant des révélations de facon "inattendue". Le tout est sans doute voulu afin de ne justement pas avoir une histoire totalement illisible, mais je trouve cela un peu artificiel et plus une gène qu'autre chose (mais ce n'est que mon humble avis et j'apprécie le fait que l'auteur essaie de faire quelque chose de différent).Bref, cela donne l'impression que je n'ai pas aimé le livre. Ce n'est pas le cas, je trouve les persos très intéressants, ainsi que leurs quêtes. Le thème central nécessite également que l'on en parle, même si le cadre de la fantasy n'est pas forcément le plus adapté (à mon avis). L'objet est également très beau. Si je devais lui donner une note, j'oscillerais sans doute entre 6.5 et 7.