Je viens de finir la lecture de Sœur Écarlate et, me rendant compte à quel point me plonger dans un bon roman de fantasy m'avait manqué ces dernières années, je me suis dit que ce serait l'occasion de revenir un peu parmi ces contrés pour tenter de renouer avec ce qu'il se passe dans le monde de la fantasy. Et de part ce fait, quoi de mieux pour ce retour que de faire un
petit commentaire beaucoup trop long sur le livre qui en est la cause.
Ce premier tome m'a personnellement bien plu. Je me suis bien laissé prendre par cet univers, ayant notamment bien aimé l'originalité d'avoir cette planète quasiment entièrement inhabitable. J'ai dernièrement un vrai faible pour les univers de fantasy se passant dans un moyen âge "sale", que l'on trouve ici notamment à travers les description de la capitale Verity (désolée, ayant faite cette lecture en anglais, je ne pourrais pas utiliser ceux traduits) et de la vie de Nona avant son arrivée au couvent.
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J'ai presque trouver dommage que le couvent soit technologiquement plus avancé, mais ce dernier permet d'amener plusieurs points du monde qui me font penser qu'il y a un peu de SF qui se cache derrière cette fantasy, ce que je trouve toujours très sympa. J'ai assez hâtes de voir si l'auteur continue avec cela.
Pour embrayer sur les personnages, quand bien même j'ai parfois eu l'impression qu'ils pouvaient manquer un peu de profondeur, me semblant être principalement défini autour d'un trait de caractère, j'ai tout de même bien réussi à m'attacher à eux, et ais toujours eu plaisir à les voir interagir entre elles. Après, j'ai une tendance à apprécier les histoires centrées sur un personnage féminin affirmé, donc je pense que mes biais ont eu un rôle dans mon appréciation tant du roman que des personnages.
Pour passer sur le registre, un peu plus détaché, de l'écriture en tant que tel, je l'ai trouvé globalement agréable dans ce livre, même si pas sans reproche (j'y reviendrais plus tard). Notamment, j'ai trouvé qu'il y avait une bonne gestion de nos attentes. Je n'ai pas trop eu l'impression que des évènements sortaient de nuls parts, des indices étant dissimulés régulièrement à travers le textes (même si ils étaient parfois un peu gros, je trouve). Les mystères soulevés par le livre étaient bien traités, de manières satisfaisantes, avec des révélations, pour la plupart, graduelles amenés à un rythme correct (de mémoire, seule les griffes m'ont semblées un peu trop traîner en longueur). Au niveau révélation, j'ai d'ailleurs vraiment aimer les prologues des deux parties du livre et l'épilogue, qui s'accordent bien à nos avancées dans les révélations, qui nous permettent petit à petit de mieux comprendre la scène qui est entrain de se dérouler sous nos yeux.
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Notamment, cette fin du second prologue, avec Thorn qui commence juste le nom de son attaquante, "C...", quand nous venons d'apprendre que le nom véritable de Nona sera Cage. Le doute qui plane sur toute la seconde partie m'a été en rétrospective délicieux, me demandant comment Nona se retrouverait à se battre contre Thorn, pour au final apprendre que l'attaquante était Clera. Superbe gestion ici.
J'aimerais m'attarder un peu plus sur le rythme de ce livre, qui semble en effet avoir fait discussion ici même, et je pense que ce n'est pas sans raison. Il y a certains points que j'ai trouvé très bon, et d'autre qui m'ont semblé pour le coup bien moins efficace. Mais je pense que le problème principal n'est pas le rythme en lui-même, qui est en fait bien géré. Comme dit ci-dessus, les révélations en lien avec l'histoire que l'on a directement sous les yeux sont gérés de manières satisfaisantes. Les chapitres s'enchaînent tout seul et, quand j'arrivais à la fin d'un, je n'avais qu'une envie : lire le suivant (autant dire que j'ai été très efficace au boulot cette semaine). L'agencement des chapitres et sous-chapitres nous amène une sensation de progression agréable, et aucune scène ne m'a semblé trop traîner en longueur par elle-même. Cependant, si ce qui est lié à l'histoire que nous avons sous les yeux est bien géré, l'histoire principale, elle, me semble avoir été laissée à l'abandon, pour ne pas dire qu'elle est basiquement absente de ce premier tome. À aucun moment l'auteur ne semble poser les bases de son histoire principale, ses thèmes et ses enjeux. Basiquement, pendant tout ce premier tome, j'ai eu l'impression de lire un prologue géant, ce qui, aussi bon que soit ce prologue, est quelque peu frustrant. Arrivée à la fin de ce tome, je suis bien en peine de vous dire de quoi il parlait profondément, qu'est-ce qu'il voulait nous dire, et où il veut aller. J'ai passé un moment agréable, mais je n'ai pas l'impression que quelque chose de plus grand que ce que j'avais littéralement sous les yeux ait été construit. Cela vient possiblement aussi du fait que les personnages ont très peu évolués.
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Nona est toujours la fillette naïve pleine de colère. Elle a appris à/décidé de se laisser par sa colère plutôt que de la taire, mais elle n'a pas changé fondamentalement. De même pour Clera, ou Ara : des choses sont arrivées, mais elles n'ont pas changé de manière fondamentale.
Je pense que cette absence de thème, d'enjeux globaux et d'évolution contribue à donner l'impression que ce livre a des coups de moue, alors même que la gestion du rythme est plutôt bonne. Il nous manque juste quelque chose de satisfaisant à la fin, et une ouverture vers la suite. Ce qui rend la chose assez frustrante, même si on a passé un bon moment.
Ma suspicion est que c'est lié au fait que ce soit une trilogie. Je ne connais pas les autres œuvres de Lawrence, mais j'ai l'impression qu'il n'a pas voulu trop en révéler dans ce premier tome, en profitant pour développer son monde et ses différents aspects. Si la seconde partie me semble bien, je pense qu'il est allé trop loin dans la première, et du coup il n'y a plus assez de substance restante dans le livre. L'histoire est bonne, mais elle donne du coup l'impression qu'il n'y a rien derrière. C'est assez dommage.
J'en profite pour bifurquer sur les points qui m'ont plus déplu dans le livre. Je précise d'avance qu'aucun de ces points (ou de ceux cités ci-dessus) n'est un dealbreaker ici pour moi. Il s'agit juste d'une série de remarque de choses qui ont pu légèrement me déranger lors de la lecture.
Pour commencer avec l'écriture, et mon dada, j'ai trouvé un petit manque de descriptions. Les émotions et pensés des personnages sont bien décrits, mais j'ai par moment eu du mal à m'imaginer les environnements, ou même les personnages eux-même car il me manquait des descriptions desdits personnages, au delà de quelques traits caractéristiques. Nous avons souvent une ou deux phrases nous introduisant le personnage, souvent par sa corpulence et ses cheveux, rarement plus. Même chose pour les bâtiments : nous avons souvent la taille, peut être une forme générale, mais pas grand chose de plus. Je trouve ça un peu dommage. Les descriptions sont souvent ardues à écrire, mais c'est pour moi ce qui sublime un récit. Au moins, je peux me consoler ici avec les descriptions des ressenties et des pensées, mais c'est assez triste d'avoir du mal à se figurer le monde dans lequel vivent les personnages.
La deuxième note est également liée à l'écriture, mais ne s’adresse potentiellement pas à la traduction française, mais j'ai trouvé par moment des phrases inutilement complexes. J'ai vu quelqu'un ici complimenter l'écriture anglaise, et je ne suis pas totalement d'accord. Le livre est très agréable à lire, je trouve, et il y a quelques passages qui sont d'une grande élégance. Mais il y a d'autres moments où j'ai du m'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre une phrase, écrite de manière alambiqué. L'anglais est souvent écrit de manière plus simple que le français, c'est une langue qui encourage un côté très direct dans son utilisation. Mais j'ai l'impression que Lawrence prend ceci à contre pied, et nous sert parfois des phrases qui ne ferait pas taches dans des écrits francophones. Si cela donne régulièrement à son texte un aspect plus lyrique, et permet une description probablement plus fine des émotions des personnages, elle amène aussi par moment à des passages que j'ai trouvé trop alambiqués, et qui m'ont demandé un certain effort de lecture (et pas par manque de vocabulaire).
Et ceci est aussi la source d'un autre problème : les enfants qui ne semble pas parler comme des enfants. La plupart, ça va, les dialogues sont assez simple, et cela ne choque pas. Mais quand les sujet deviennent un peu complexe, ou les explications un peu longue, la langue peut assez rapidement se complexifier, et je n'ai plus eu l'impression de voir des enfants parler, mais des adultes, voir des lettrés.
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Et ceci est exacerbé lorsque Nona raconte ses souvenirs : à ce moment, il n'y a plus de différence entre la narration et le parler des personnages. La seule différence est que le narrateur passe à la première personne, indiquant que Nona est censé raconter cette partie. Mais sans changer le registre de langue, on se retrouve avec une enfant de 9 ans qui parle littéralement comme un livre.
Le problème n'est globalement pas trop grave, mais le contraste m'a tout de même choqué quelque fois.
En parlant de contraste, un autre type de contraste m'a quelque peu interrogée.
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La science et l'état des connaissances m'a semblé réellement élevé pour une société encore moyen âgeuse. Il semblerait qu'ils aient des connaissances scientifiques assez avancées (ou en tout cas, astronomique : la planète est sue comme étant ronde ; les étoiles sont sues être comme leur soleil mais très lointaines...). De plus, il semble y avoir une certaine transmission de la connaissance au peuple : ils savent pour les étoiles, et on sait qu'il y a des cours de lecture et d'écriture au village de Nona. Tout ceci est bien bon, mais je ne suis pas sûr que cela soit cohérent avec le maintient d'une société et d'un état technologique comme on en voit dans le livre. Je suppose que cela sera justifié par le fait que ce serait une ancienne colonie spatiale, ou quelque chose du genre, mais cette explication ne me satisfait que moyennement quand on maintiens de la société.
À voir comment ce sera traité dans les tomes suivant, et les révélations que nous auront.
Pour finir, en vrac et sous spoiler, deux questions qui me reste à la fin de ce volume, peut être répondu plus tard, mais soit, pour la première, nous aurions déjà du avoir la réponse, soit, pour la seconde, je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose de central.
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- Pourquoi les nonnes ont-elles un entraînement martial ? La religion semble plus prôner un respect du prochain, et un désir de ne pas faire du mal. Il ne semble pas que les enseignements de leur religion les incite à attaquer, ou même à dire de se défendre soi-même. Pourquoi une institution religieuse forme-t-elle donc des guerrières a priori parmi les plus redoutable du monde, s'il n'y a pas un aspect religieux derrière ?
- Qui était à côté du lit de Nona la nuit où les Noi Guin ont tenté de l'assassiner ? Est-ce l'assassin ? Mais Nona semble convaincue que le couteau venait de la fenêtre. Ça ne semble pas réellement être Ara, qui n'a pas de raison de la tuer. Et Clera n'était pas encore retourné en ville à ce moment, et avait en plus tout juste 11 as, je vois mal quelqu'un l'embaucher pour tuer Nona à ce moment. Mais du coup... qui ?
Et ce sont les deux derniers points qui me posent question, et dont je ne sais pas trop quoi faire.
En bref, un livre qui m'a bien plu, malgré quelques petits reproche que je peux faire. Pour être même tout à fait honnête, j'ai passé un très bon week end à le lire, ne pouvant m'en décrocher. J'ai commandé le second tome, il devrait arriver dans la semaine, et j'ai assez hâtes de m'y remettre !
(Et mes excuses pour ce message d’une longueur probablement exagéré, je ne sais pas si ça se fait bien ici teehee)
EDIT : Après remarque par un ami, j'aimerais apporter une petite modification au spoiler numéro :
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Je dis qu'il est sur sur dans ce mode que leur monde eat rond. Il m'a été fait remarquer que dans jotte monde actuelle, la rotondité du konde est largement su depuis l'antiquité, ce qui est totalement vrai, et que je savais pertinemment. Je m'en veux profondément d"avoir complètement oublier ça lors de l'écriture de cette critique. Mon intention initiale etait de parler du fait qu"il eat su qu'ils habitent sur une planète orbitant un étoile.