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Posté : mar. 15 oct. 2019 08:13
par Aslan

Posté : mar. 15 oct. 2019 11:04
par chewbacca_thi
Bonjour à tous et tout d'abord merci de continuer l'aventure, merci à Estelle de vous rejoindre pour apporter sa vision et son expérience. C'est génail de vous retrouver après cette pause estivale. Je vais maintenant pouvoir vivre procrastination en "temps réel" (car jusque là j'ai dévoré les trois premières saisons sur l'été). Jevous remercie donc pour tous ces trajets en voiture qui ont trouvé un intérêt.
Au passage petite digression: comment vous soutenir? J'ai vu sur d'autres podcast des appels au crowdfunding mais rien sur procrastination. Peut être n'avez vous absolument pas besoin de fonds et je vois bien à quel point votre démarche est basée sur le partage, le dialogue et l'enrichissement mutuel (je pense ne pas risquer ma vie en pariant que l'exercice de P° peut éveiller votre inspiration). Toutefois si vous souhaitiez lancer une telle démarche (quitte a mettre en place des goodies, ou en mettant en jeu des invitations pour les enregistrements) je vous suivrais bien volontiers et ne serais sans doute pas le seul. En attendant je continuerai de vous soutenir et de vous remercier en achetant vos écrits chez mon libraire préféré. Fermons la parenthèse.
Que d'avis intéressants, notamment de la part d'Estelle qui avec toutes ses casquettes nous montre d'ores et déjà la vision panoramique qu'elle nous offre. Je trouve très surprenante cette idée que le lecteur consacre au final moins de temps au roman que le spectateur au film. Car bien que la totalité de la réception de l’œuvre soit plus courte au cinéma qu'au roman (disons une dizaine d'heures) le fait que ce dernier soit reçu par fragments (sauf certains ados drogués au papier qui peuvent se permettre de passer une nuit entière sur un bouquin) renverse la temporalité. Il faudra que je réfléchisse profondément à ça Estelle, ça m'intrigue, si c'est bien ce que tu voulais dire.
D'autre part, plus jeune je dénigrais les adaptations en partant du principe que le travail créatif étant déjà fait sur l’œuvre originale, l'adapter n'aurait été qu'une manière de créer sans créer. Plus je lis et m'intéresse au cinéma, plus je comprends la différence de grammaire (ou même de vocabulaire) entre les deux média et tout le travail que peut représenter une telle adaptation. Réussir à adapter sans trahir doit être un défi de taille, je m'en rends bien compte.
Pour finir, réflexion qui me vient et pour laquelle j'aimerais votre avis. Personnellement, il m'arrive souvent de "voir" dans ma tête, ou en rêve, une scène et d'avoir du mal à la retranscrire comme je l'ai vécue (quand les personnages deviennent autonomes...). Pensez-vous que toute scène soit forcément transposable à l'écrit (j'espère) ou bien certaines sont-elles forcément réservées à l'audiovisuel pour vous?

Merci encore pour cet épisode de grande qualité, passé trop vite et à dans 15 jours pour la suite.

Posté : mar. 15 oct. 2019 12:09
par Mélanie Fazi
chewbacca_thi a écrit :Pour finir, réflexion qui me vient et pour laquelle j'aimerais votre avis. Personnellement, il m'arrive souvent de "voir" dans ma tête, ou en rêve, une scène et d'avoir du mal à la retranscrire comme je l'ai vécue (quand les personnages deviennent autonomes...). Pensez-vous que toute scène soit forcément transposable à l'écrit (j'espère) ou bien certaines sont-elles forcément réservées à l'audiovisuel pour vous?

Merci beaucoup pour ce retour ! Pour répondre à ce dernier point, je ne sais pas s'il existe des scènes impossibles à transposer à l'écrit, mais je sais que dans ma propre pratique, les scènes se transforment légèrement au moment de l'écriture, comme si je les voyais auparavant en plan très large et que, d'un coup, la caméra s'approchait et me dévoilait des détails que je n'avais pas encore vus. De ce fait, aucune scène une fois écrite n'est identique à ce que j'avais en tête, mais il me semble que ça fait partie du jeu. Le but pour moi est de produire un texte qui ressemble au maximum aux intentions que j'ai en tête, mais je sais que ce ne sera jamais strictement identique, et c'est aussi cette part d'imprévu qui est intéressante. Je ne sais pas si ça répond à la question ?

Posté : mar. 15 oct. 2019 15:24
par Estelle Faye
Merci aussi pour ce retour !

Sur la temporalité différente entre le film et le livre, je vais essayer donner un exemple concret, ça sera sans doute le plus clair : dans le premier tome de "La Voie des Oracles" (fantasy historique à la fin de l'Antiquité), dans le premier chapitre, il y a une brève discussion entre une dryade et un faune, pendant que la dryade se sert d'un de ses pouvoirs ( j'essaye de résumer sans spoiler^^). Il y a du dialogue, un sortilège, et deux créatures, dont une ( la dryade) qu'on n'a jamais vue avant. Dans le manuscrit, ça prend 2 pages, sur 320 environ, on ne s'y attarde pas plus que ça. C'est une scène qui étend l'univers, le rend plus vivant, plus peuplé (en tout cas, c'est ce qu'elle est censé faire, au lecteur de dire si ça marche ou pas ;) ). Elle explique aussi davantage certains points du récit. Mais elle fonctionne aussi justement parce qu'on ne s'y attarde pas, parce que c'est un monde où il est encore naturel de trouver des faunes et des dryades, même s'ils sont repoussés de plus en plus loin dans les bois.
Si je veux mettre cette même scène dans un film, avec tout ce qui s'y passe ( intro d'un nouveau personnage, dialogue, sortilège), il me faudra minimum 2 ou 3 minutes, pour que ça ne paraisse pas trop court et que le rythme ne soit pas complètement saccadé. 2 ou 3 minutes sur un film d'1h45, ça prend relativement plus de place que 2 pages sur 320. Donc là cette scène prendra une toute autre importance. Le temps qui y sera consacré paraîtra plus long proportionnellement au reste de l'histoire.

Voilà, j'espère que ça éclaircit un peu ce point là !

Posté : mar. 15 oct. 2019 15:33
par Estelle Faye
Pour la question à la fin, une piste possible à explorer pour faire passer une scène à l'écrit : vous pouvez essayer de vous mettre à la place d'un des personnages, et tout raconter de son point de vue, avec ses actions, son ressenti, etc... (quitte à rajouter d'autres éléments par la suite, ou à retransformer la scène une fois que vous aurez fini un premier jet).

Au passage, je rejoins Mélanie sur un point : l'écriture transforme toujours ce que j'ai en tête ( mais la scénarisation, le tournage d'un film aussi...). Et j'aime cette part d'imprévu :)

Posté : mar. 15 oct. 2019 16:38
par No'wens
Ça fait plaisir de retrouver le podcast et bienvenue à Estelle qui semble avoir beaucoup de choses intéressantes à dire ! J'ai vraiment apprécié le thème du jour, je me posais dernièrement la question de la différence entre la lecture et l'audiovisuel en tant que lecteur/spectateur et j'ai retrouvé dans vos propos nombre de mes impressions à ce sujet (bien que du côté du créateur). Il faudrait presque que je réécoute le podcast tant il était dense. Bon boulot et bonne continuation pour cette nouvelle saison. :)

Posté : lun. 21 oct. 2019 07:15
par Irokoi
Bonjour ! Content de réentendre le podcast ! Sujet passionnant. Comparaison n'est pas raison dit-on mais je trouve que s 'il a bien un sujet pour lequel l'adage est faux, c'est bien le travail narratif. C'est très éclairant et formateur de pouvoir faire des jeux de correspondances précis. Surtout avec les exemples très précis que vous donnez. Encore une fois on se rend compte que le tempo est central pour articuler une économie narrative, tous médiums confondus. Je trouve que c'est cet élément de comparaison qui est le plus révélateur, comme avec l'exemple de la nouvelle => manga ou ici la précision sur roman =>scenar sur"la voie des oracles". Merci les actrices et auteurs d être aussi précis en si peu de temps.

Posté : mer. 23 oct. 2019 08:56
par LDavoust
chewbacca_thi a écrit :Au passage petite digression: comment vous soutenir? J'ai vu sur d'autres podcast des appels au crowdfunding mais rien sur procrastination. Peut être n'avez vous absolument pas besoin de fonds et je vois bien à quel point votre démarche est basée sur le partage, le dialogue et l'enrichissement mutuel (je pense ne pas risquer ma vie en pariant que l'exercice de P° peut éveiller votre inspiration). Toutefois si vous souhaitiez lancer une telle démarche (quitte a mettre en place des goodies, ou en mettant en jeu des invitations pour les enregistrements) je vous suivrais bien volontiers et ne serais sans doute pas le seul. En attendant je continuerai de vous soutenir et de vous remercier en achetant vos écrits chez mon libraire préféré. Fermons la parenthèse.

Merci beaucoup Chewbacca_thi, ça fait très plaisir ! J'imagine que le producteur est appelé à la barre, alors : il est vrai qu'à l'heure actuelle rien n'existe. C'est effectivement le cas que l'idée de l'émission est avant tout de partager de la connaissance. Si ce qu'on raconte vous plaît, nous ne sommes évidemment pas contre le fait que vous alliez jeter un œil à notre boulot… ;) mais je crois qu'aucun de nous n'est très à l'aise avec l'idée de faire notre pub outre mesure. Le meilleur moyen de soutenir un auteur reste toujours d'acheter son travail et d'en parler autour de soi ! Je crois qu'on préfère que l'émission reste actuellement sous cette forme. On propose, vous disposez :)

Après, il ne faut jamais dire jamais, donc peut-être établira-t-on un financement annexe autour de P° (j'adore l'abréviation, merci beaucoup pour la trouvaille) par exemple pour acheter du matériel, mais ça n'est pas dans les plans aujourd’hui. Pour ce qui des enregistrements, je surveille la possibilité qu'on se retrouve tous à un même événement pour proposer une séance en public en partenariat avec ledit événement, mais cela ne s'est pas encore présenté.

En tout cas, merci encore pour ce soutien sans réserve, c'est vraiment génial ! :) (et à tous les autres soutiens de ce fil et des autres bien sûr !)

Posté : mer. 23 oct. 2019 10:01
par Tybalt
Je me joins aux louanges sur ce retour de Procrastination, avec un premier épisode qui m'a paru dense et très riche en idées. Et Estelle Faye a visiblement plein de choses à apporter, différentes de ce qu'apportait Genefort (que j'aimais beaucoup aussi, mais c'est logique que ça tourne, il faut bien qu'il aille écrire de temps en temps :D).
Vivement la suite ! (Et si vous avez besoin de quelques sous pour financer les enregistrements, je ne trouverai pas ça choquant. Il y a pas mal de travail derrière tout ça, après tout.)
Au passage, merci beaucoup à vous trois de prendre le temps de venir lire et répondre aux gens par ici :)

Posté : ven. 1 nov. 2019 06:04
par Sylvadoc
Et déjà un nouvel épisode de qualité !

Le rapport signal-bruit des dialogues

:arrow: http://www.elbakin.net/fantasy/news/Emissions/25875-Procrastination-S04e02-Le-rapport-signal-bruit-des-dialogues

Posté : ven. 1 nov. 2019 19:45
par Benedick
Sylvadoc a écrit :Et déjà un nouvel épisode de qualité !

Le rapport signal-bruit des dialogues

:arrow: http://www.elbakin.net/fantasy/news/Emissions/25875-Procrastination-S04e02-Le-rapport-signal-bruit-des-dialogues

J'ai la même sensibilité que Estelle sur l'imprégnation que génère les dialogues entre les personnages. Que A peut devenir A' ou C (ou rester A) en parlant avec B pour citer le propos du podcast

Je n'ai aucun talent ou d'ambition d'écriture mais c'est quelque chose que j'aime sentir et analyser dans les œuvres.

Posté : mar. 5 nov. 2019 13:33
par Tybalt
C'est drôle, parce que les différentes approches du dialogue qui ont été exposées paraissent se contredire à première vue, mais tout le monde a raison :D Les bons dialogues naissent d'un savant mélange de tous ces ingrédients, et ce n'est pas facile. Merci pour cet épisode qui donne encore une fois beaucoup de conseils utiles et de matière à penser (et à s'exercer) !

EDIT : On me souffle dans l'oreillette un exemple de dialogue d'un auteur classique qui a aussi des trucs à apprendre aux écrivain-e-s d'aujourd'hui : Balzac. Dans Illusions perdues, Lucien de Rubempré, un jeune poète d'origine modeste qui n'a pas encore beaucoup d'expérience du beau monde, devient l'amant de Louise Bargeton, l'épouse d'un petit bourgeois stupide.

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Posté : jeu. 7 nov. 2019 07:58
par Irokoi
Episode particulièrement passionnant, merci !
Une question : est-ce induit par les deux premiers sujets de la saison ou est-ce un parti pris conscient le fait que vous fassiez beaucoup plus de parallèles avec d’autres formes et/ou médiums d’écritures créatives ? Peut-être l’arrivée d’Estelle Faye ? ;)mais pas que j’ai l’impression... Vous l’avez toujours fait mais je trouve que ça constitue vraiment le substrat de la réflexion là.
Quoi qu’il en soit, je trouve les parallèles très pédagogiques et éclairants. Et en plus cela donne envie d’aller découvrir les productions en question.
En tant que lecteur je trouve que le fameux effet de réel est fondamental. Paradoxalement les dialogues « gratuits » qui prennent le temps de ne rien dire de bien crucial, qui montre une forme de fragilité de l’oral, me paraissent souvent plus prenants car crédibles. C’est peut-être aussi là que l’humour peut aussi trouver sa place ? Et que les personnalités peuvent se dessiner au mieux. L’expression des silences, paradoxalement encore, d’une manière ou d’une autre, est aussi importante pour moi en tant que lecteur.

Posté : jeu. 7 nov. 2019 12:55
par Mélanie Fazi
Irokoi a écrit :Une question : est-ce induit par les deux premiers sujets de la saison ou est-ce un parti pris conscient le fait que vous fassiez beaucoup plus de parallèles avec d’autres formes et/ou médiums d’écritures créatives ? Peut-être l’arrivée d’Estelle Faye ? ;)mais pas que j’ai l’impression... Vous l’avez toujours fait mais je trouve que ça constitue vraiment le substrat de la réflexion là.

Un peu des deux je pense, on avait effectivement pensé en amont de l'enregistrement qu'Estelle aurait des choses intéressantes à apporter à ce niveau, mais ensuite la discussion et l'interaction à trois se mettent en place assez spontanément. Même si on manque évidemment de recul pour s'en rendre compte par nous-mêmes.

Merci pour ces retours !

Posté : jeu. 7 nov. 2019 13:00
par Mélanie Fazi
Par association d'idées (la remarque ci-dessus m'ayant fait penser à un épisode à venir autour de la non-fiction), Lionel a détaillé le programme des prochains épisodes sur son blog :
https://lioneldavoust.com/2019/procrastination-saison-4-date-de-diffusion-et-premiers-themes/

Posté : jeu. 7 nov. 2019 19:06
par Irokoi
Merci pour la réponse et pour le lien !

Posté : ven. 15 nov. 2019 14:49
par Sylvadoc

Posté : dim. 1 déc. 2019 07:34
par Aslan

Posté : lun. 2 déc. 2019 08:11
par Benedick
A chaque époque, certains clichés seront chassés et d'autres seront cultivés. Avec, pour les individus, des désirs de confort et des ambitions personnelles.

Posté : ven. 6 déc. 2019 18:22
par Estelle Faye
Merci pour les retours :)
De mon côté, je reviens en ces lieux après une certaine absence due à de nombreux déplacements et deadlines, et je vais essayer d'ajouter quelques réponses à celles que donnent déjà (très bien!) Mélanie.
Pour les parallèles avec d'autres médiums, rien à ajouter, Mélanie a tout dit !

Sur les dialogues, tout ce qui ne paraît pas directement utile, tout ce qui ne fait pas directement avancer l'intrigue, tout ce qui se passe dans les silences aussi est fondamental je trouve. C'est tout cela qui donne de la vie au texte, de la chair et de la complexité aux personnages, on le voit très bien dans l'exemple qu'a posté Tybalt - je suis tout à fait d'accord, Balzac est très bon pour les dialogues, et également pour trouver les détails de décor, d'atmosphère, qui vont être chargés en signification et en symboles - mais là on s'éloigne un peu du sujet ;)