Et voilà : Petit Papa Noël ne s'étant pas trompé, j'ai eu aussi la chance de lire
Le Dieu dans l'ombre. L'impression que j'en retire au bout du compte est celle d'un livre excellent, étrange, hors norme.Bon, ce qui suit n'est pas un spoiler, mais on peut peut-être deviner certaines choses à ce que je raconte. Le risque ne me paraît pas trop grand, mais vu que je suis spoilerophobe, je préfère prévenirPersonnellement, je trouve que le roman se découpe en deux parties très nettes, la deuxième commençant quand, selon les termes du résumé, "tout bascule dans l'horreur".La première moitié du roman est une vraie merveille, et un régal pour moi. Période déstabilisante et ambigüe où la vie de l'héroïne bascule. Le lecteur ne cesse de faire l'aller retour entre le présent de cette femme un peu égarée et ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. Une impression douce-amère, un peu douloureuse, terriblement nostalgique s'en dégage. L'ensemble est mené avec brio et une grande délicatesse. En fait, je crois que c'est encore ce qui m'a le plus plu dans ce roman : les souvenirs. La manière dont sont racontées les escapades en forêt de la petite fille. Le style reste assez simple (Hobb n'est pas du genre à faire des phrases à rallonge ni des comparaisons alambiquées à la Martin), et pourtant puissamment évocateur, autant au niveau des sentiments qu'à celui de la description pure et simple de la forêt, véritable personnage du roman. Quant à la manière dont sont amenés ces souvenirs... Difficile de dire pourquoi cela me touche autant. Sans doute parce qu'on sent quelque chose de très personnel (quoique très pudique) sous les mots, et sans doute parce que j'y retrouve des choses que j'ai connues. J'ai du mal à mettre le doigt sur ce qui m'émeut autant là-dedans, mais c'est brillant.Et le "présent" raconté dans cette première moitié du livre est du même acabit : très bien mené, l'atmosphère prend tout de suite, irritante, angoissante, étouffanteLa deuxième partie... Elle n'est pas moins bien, mais je l'aime moins. Sans doute parce qu'elle me dérange un peu, même si elle m'interpelle. Disons que je ne m'en serais pas plus mal portée si le livre finissait après 200 pages.Je comprend ce que veux dire Hwi quand elle dit que ça aurait été encore plus dérangeant si ça avait été écrit par un homme, même si je n'avais pas envisagé ça ainsi. Le fait est que cet aspect du roman est carrément étrange. L'ambiance, le style, la forêt, tout est toujours aussi bien mené qu'au début, mais le propos m'a vraiment déstabilisé.Je rejoins tout à fait ce que racontait
UNe cartographie de la fantaisy et du merveilleux au sujet de ce roman : c'est un livre qui traite de la relation à l'Autre, quelqu'il soit, où que se situent ses différences avec soi-même. Et on peut dire que Hobb pousse la réflexion loin ! C'est interessant, intelligent, humain. Mais déstabilisant (je trouve. En même temps, c'est peut-être moi qui ai l'esprit un peu étroit). C'est pas choquant non plus, attention. Juste perturbant.Je n'ai pas joué à reconnaître Hobb sous Mégan : je n'y ai même pas pensé en ces termes. Pour moi, on sent que c'est le même auteur dans des genres de romans différents. Cela dit...La suite est pour ceux qui ont déjà lu (les rares) :
Cela dit, le passage où l'héroïne (honte sur moi, j'ai oublié son nom ! Evelyn, non ?) se met en colère parce qu'elle a ses règles, où elle pense que devenir femme, c'est reculer, car avant, elle était un être humain, là, ça m'a parut du Hobb tout craché. Et du Hobb plus jeune aussi, qui dissimule moins ses idées derrières ses intrigues. Ce passage ressemblait fortement à une réflexion de l'auteur, ce qu'on sent rarement chez Hobb qui a le talent de distiller ses idées de manière à ce qu'on ne sente pas sa patte.C'est une chose qu'on partage, Hobb et moi (je pense) : l'horreur de la catégorisation. "Tu es désormais une femme, ma fille", "Fou, es-tu un homme ou une femme ?", "Quelle est la relation entre Fitz et le Fou , La relation exacte : amour ou amitié ?".... Blablabla... Tous ces mots pour emprisonner les gens, les sentiments, et qui finissent par les réduirent à un carcan. Pour revenir à ce que je disais plus haut sur les souvenirs d'enfance : j'ai adoré ce passage où Evelyn décrit son adolescence après la fuite du faune. Pan toujours absent mais quand même là. Le visage fugitif au coin de la fenêtre, le marque-page déplacé, etc... C'était un passage splendide. Juste une page, et il me semblait appréhender exactement ce qu'avais du être cette période pour la jeune femme. Atmosphère superbement installée en quelques mots. J'adore (je ne le dirai jamais assez) !Autre chose, je ne sais pas si ça vous a frappé, mais moi, j'ai reçu un coup en plein coeur en lisant le dernier paragraphe : Evelyne se voyait en vielle femme, à la fenêtre, fabriquant de sjouets. Je suis peut-êtr eun peu obsédée, mais j'ai tout de suite pensé au Fou. Non que je vois le Fou en vielle femme, mais... ce personnage faisant des jouets de bois, cela semble être quelque chose de profond chez Hobb, quelque chose qui ressort de part et d'autre. Ca m'a touché car j'ai eu l'impression, en lisant ces mots, de quelque chose d'intensément personnel (puisque c'est comme une émanation de l'inconscient qui se réincarne dans différents romans) sans pour autant être impudique. Bon, j'exagère peut-être, mais c'était bien.Pour finir, je conseille sincèrement ce livre, mais attendez vous à un roman hors-norme. Je ne crie pas au chef-d'oeuvre, mais pour différents passages (notament mentionné dans les spoilers

) je crie au trait de génie. Et la réflexion qui s'en dégage est fascinante.Thys... j'attend ton avis maintenant !Anka