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Comme ma critique était prête à partir, je me permets de la poster ici :)
C’est peu de dire que ce nouveau roman de Neil Gaiman était très attendu. Avec Coraline, il avait su jouer habilement avec nos peurs enfantines, réveillant en nous des sentiments enfouis depuis longtemps. The Graveyard Book, avec ses fantômes et ses créatures de la nuit, promettait les mêmes frissons délicieux. Néanmoins, ce qui se dégage de ce roman est un sentiment de douceur et de tendresse. On dévore The Graveyard Book avec l'impression de lire un conte de fée d’antan. Pas une histoire à la Disney, où la princesse épouse forcément son prince charmant, mais un conte parfois cruel et désenchanté. De plus, comme pour les histoires de Grimm ou de Perrault, Neil Gaiman donne à réfléchir sans pour autant apporter toutes les clefs au lecteur. Ainsi, si ce dernier s’interroge, au même titre que Bod, sur la réaction finale de Scarlett, aucun n’obtient de réponse. C’est à chacun d’y donner un sens. Neil Gaiman joue habilement avec les codes du conte.Les thème abordés sont riches et émouvants, notamment les rapports entre Bod et ses parents adoptifs. Bod doit apprendre à aimer la vie en grandissant avec les morts . Son univers, c’est le cimetière, mais il va devoir apprendre à s’ouvrir au monde car il n'a pas encore sa place parmi les siens. C’est l’amour des défunts pour leur vie perdue, tout ce potentiel inassouvi qui va faire grandir Bod. Les personnages sont attachants et la plume de Neil Gaiman nous invite à les suivre dans leur vie quotidienne. Le cimetière est comme une bulle où la vie s’écoule doucement. Ce cocon protecteur enveloppe Bod et le lecteur, faisant du monde extérieur, un ailleurs parfois lointain. En effet, même si l’on sait qu’un danger menace Bod en permanence, la description des activités quotidiennes relègue au second plan toute menace pendant une bonne partie du récit. Et lorsque le risque devient réel, cela semble terriblement soudain. Comme si le temps avait rattrapé Bod et nous rattrapait également. On pourrait reprocher à Gaiman cette absence de danger tangible mais ce qui ressort surtout de ce récit, c’est l’immense tendresse de Neil Gaiman a pour ses personnages. On ressent une envie évidente de les mettre en avant, de leur donner une profondeur d’âme. Le lecteur suit Bod pendant de nombreuses années, de son arrivée au cimetière alors qu’il n’est qu’un bébé, à son passage à l’age adulte. Ce temps passé à le suivre dans sa vie quotidienne tisse un lien étroit entre Bod et le lecteur, l’impliquant toujours plus dans le récit.Le style d’écriture de Neil Gaiman contribue également à ce sentiment de connivence. On se sent à l’aise, porté par la magie des mots. La langue est aussi extrêmement riche. Sachant que les fantômes viennent d’époques très différentes, chacun s’exprime dans l’anglais de son temps. Bod d’ailleurs, parle parfois un langage qui n’est pas le sien. Il s'adapte et sait discourir avec chacun selon les us et coutumes de l’époque du défunt. Les épitaphes sont également des bijoux d’humour et de poésie. Neil Gaiman nous offre un livre qui saura toucher les lecteurs, qu’ils soient enfants ou adultes. The Graveyard Book est un roman que l’on a envie de partager, de lire aux plus jeunes pour qu’ils s’endorment en se construisant un imaginaire toujours plus riche. Laissez vous entraîner dans ce monde merveilleux, vous ne le regretterez pas.

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Deux excellentes critiques :D Il ne me reste plus qu'un Neil Gaiman en réserve (oui, avec Gaiman, je fonctionne à la réserve, comme pour Kay, c'est une question de survie les jours de pluie ) alors autant dire que j'attend avec impatience la sortie de ce nouveau petit bijou ! j'en meurs d'envie mais je résiste : je n'irai pas lire le premier chapitre mis en ligne, je risque de vouloir la suite, là, tout de suite.

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Superbe !! Merci Lisbeï Cet homme est vraiment des plus sympathiques :wub:Ce qu'il dit sur la peur et le courage devrait peut-être faire revoir à certains leur jugement un peu sévère sur Harry Potter (le personnage en lui-même pas l'oeuvre) Et sa vision sur l'inexistence d'une différence fiction adulte/fiction jeunesse me va carrément bien.

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Witch a écrit :Superbe !! Merci Lisbeï
Mais je t'en prie, c'était un plaisir (un plaisir un peu long, mais un plaisir tout de même ...
Witch a écrit :Ce qu'il dit sur la peur et le courage devrait peut-être faire revoir à certains leur jugement un peu sévère sur Harry Potter (le personnage en lui-même pas l'oeuvre) Et sa vision sur l'inexistence d'une différence fiction adulte/fiction jeunesse me va carrément bien.
Et alors là, tu remportes tous mes suffrages ! Franchement, je vais boycotter le Tournoi qui est rempli d'anti-Harry Pottériens ... après Hermione qui s'est fait proprement éjecté, c'est Harry lui-même qui y passe ... j'aime beaucoup Kettricken, mais je vois mal en quoi son personnage peut avoir l'épaisseur psychologique de Harry Potter ... ne serait-ce pas plutôt un brin de snobisme façon ... pfff, ce n'est que de la fantasy jeunesse, alors que Robin Hobb, ça c'est pour les grands ...Passons ...Pour en revenir à Gaiman, bien qu'il soit l'un de mes auteurs favoris, je n'ai jamais lu Coraline ! La honte ! Je viens d'écrire au Père Noël pour qu'il me l'envoie cette année ...

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Quand je pense au nombre de pages sur son blog que je vais devoir rattraper... Sans doute de quoi alimenter deux ou trois sujets ! ;)La "reconnaissance" du Time fait toujours plaisir, même s'il n'en est plus là. :)

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Goldberry a écrit :Gillo me fait dire que "The Graveyard Book" sera en fait publié chez Albin Michel... :)
Il aurait été renommé "L'étrange vie de Nobody Owens " d'après la fnac qui l'annonce pour mars. (à noter qu'il annonce aussi un nouveau Hervé Jubert. J'adore cette collection:)).Zedd

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Moi non plus, ça lorgne vraiment trop du côté de l'Etrange Noel de Monsieur Jack pour être totalement innocent :| Soit c'est pour attirer le client :"Venez venez petits gothiques, le monde est encore plus noir et sinistre chez Gaiman" soit... à bah non ... je ne trouve rien :rolleyes:Je ne pense vraiment pas que Neil Gaiman ai besoin de ça, et quelque part ce titre peut décevoir au final des lecteurs qui, avec un titre si évocateur, s'attendaient à autre chose.