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Mes excuses à l'auteur de la critique pour le délai de mise en ligne... Mais la critique du tome 2 est là, et l'essentiel, c'est que le niveau se maintient !
:arrow: http://www.elbakin.net/fantasy/cycle/le-clairvoyage-168

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Bonne idée, Foradan ! J'ai été très surprise du ton réaliste et en même temps merveilleux de ce livre. L'étrangeté du monde féérique, la cruauté de ces créatures et l'amertume du destin des aventuriers est sans précédent dans un roman jeunesse. La complexité des sentiments, des manipulations mises en œuvres pour dérouter Clara, est inhabituelle.C'est n'est pas une critique, au contraire, cela donne une toute autre dimension à la quête de la jeune fille.je devrai le relier, je crois qu'il y a des choses qui m'ont échappées sur la fin...Ce roman a su me charmer, au premier sens du terme !
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Avec une telle pression, me voilà obligée de venir poster immédiatement ici
(pour tout vous dire, c'était prévu avant, dans le cadre de ma campagne de pub pour le Tournoi, mais il y a eu un contretemps
.)Avant tout, merci à Zedd pour avoir attiré mon attention sur ces livres avec sa superbe critique, et à mon libraire qui m'a permis de lire pour la première fois cette oeuvre en me prêtant le premier tome. Mais bon, lui, je l'ai déjà remercié, puisque alors que je pensais acheter seulement le deuxième pour le moment je suis ressortie de chez lui avec les deux, sans regret.Cependant, en relisant ta critique, Zedd, je ne vois pas trop ce que je pourrais dire de plus... Essayons tout de même. Je n'ai encore lu que le premier, le second est tout juste commencé, donc je vais me concentrer sur Le Clairvoyage. Mais notez bien, braves gens, que le peu que j'ai vu de La Brume des Jours jusqu'à présent semble garder le même niveau - excellent, comme vous l'avez déjà compris.Commençons par les petits avantages matériels, ceux qui sont toujours utiles à signaler, bien que souvent triviaux ::arrow: Point de cycle à rallonge ici, dans lequel l'auteur délaie et délaie encore pour tenir la sacro-sainte trilogie, ou même tient la longueur avec talent mais nous fait attendre ou nous décourage par la lenteur des parutions ou le nombre de volumes à lire. Seulement deux tomes - un concentré de talent.
Point de traduction ici, il s'agit d'une auteur française. Cela mérite d'être signalé, pour certains lecteurs ici qui en ont assez de l'anglais ou doutent de la qualité de la fantasy française.
Point d'attente interminable avant la fin ici, les deux volumes sont déjà parus. Toujours intéressant à noter.
Point de ruine assurée en cas de coup de coeur, à 15 € en moyenne le livre cela reste beaucoup moins déchirant pour le porte-monnaie que bien d'autres titres.Et, en déjà moins terre-à-terre :
Point d'édition bâclée bourrée de coquilles ici. L'Atalante soigne les choses, notamment en nous proposant une très jolie couverture de Sarah Debove (déjà remarquée à juste titre par Zedd) et un format agréable comme cet éditeur sait si bien les faire.Bien. Intéressons-nous au contenu lui-même, à présent : Ce roman est une merveille, un joyau, un enchantement de poésie, de douceur et de féerie. L'histoire, dans ses grandes lignes, est certes composée d'éléments classiques, qu'on a tous déjà vus cent fois ailleurs. Mais ici ils sont différents. Alana a insisté sur le ton à la fois réaliste et merveilleux du récit, et c'est effectivement une grande originalité de cette oeuvre. Pas une seule fois Clara n'est présentée comme une petite fille naïve, et pourtant elle possède encore toute l'innocence et l'inexpérience de ses douze ans – si tant est qu'à douze ans on soit encore franchement innocent et inexpérimenté. Elle adore et admire ses parents disparus, mais cela ne l'empêche pas de se construire sa propre opinion sur le monde qu'elle découvre et ses habitants. Les personnages qu'elle rencontre ne sont pas tendres avec elle, loin de là, mais pas simplement cruels comme une fée Carabosse des contes peut l'être. Grand-tante Coucou lui offre des conseils et des bonbons, mais Clara la prend également en flagrant délit de mensonge éhonté. Les enfants sont courageux et aventuriers, mais tout aussi sages et lucides, voire désillusionnés, que les adultes – et pourtant ils font aussi des bêtises d'enfants, loin de ces héros parfaits auquel on tente parfois de nous faire croire. Tous peuvent être tour à tour une aide ou un obstacle, une menace ou un soutien, qu'il s'agisse de l'étrange tante Bébé, du mystérieux chat Grain ou encore de la sérieuse Miss Buba, la poupée de Clara. Oui, dans cette histoire même la poupée a son caractère bien particulier et joue son propre rôle. Nul bien, nul mal clairement définis dans ce récit, chacun semble suivre son propre destin, qui parfois accompagne celui des autres, parfois pas. On assiste à un foisonnement d'intrigues, de quêtes, de rêves et de volontés, de ceux de Clara, évidemment, à ceux du corbeau qui lui rend fréquemment visite, des fantômes qui hantent la maison, ou bien d'Elisabeth – la tante Bébé – qui apparaît à peine et pourtant est toujours présente. S'il s'agit d'un récit initiatique, l'enfant est loin d'être la seule à cheminer sur le sentier de l'apprentissage. Bien sûr, le rythme est lent, mais jamais mou ou pesant. Les événements, les atmosphères et les discours se composent, se mettent en place et se complètent doucement, et l'on se laisse porter dans ce monde de découvertes, d'enchantements et de chagrins. L'écriture d'Anne Fakhouri accompagne parfaitement ce décor, apportant attente et mystère, poésie et fragilité, amertume et fermeté. La construction du récit elle-même est étudiée avec le même soin fluide et talentueux, les ellipses toujours posées au bon moment, les interventions de Puck ponctuant les réflexions et interrogations de l'héroïne, les incursions de Clara – réelles ou imaginées ? – dans un autre monde onirique et féerique donnant sens et profondeur aux dialogues souvent sibyllins des protagonistes.D'ailleurs, sur ce point je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, Zedd : pour moi, la force de l'écriture réside beaucoup dans sa puissance d'évocation, et je crois que des illustrations auraient un peu atténué ce point-là. La couverture est tout à fait adaptée, mais pour l'intérieur il me semble que le talent d'Anne Fakhouri se suffit à lui-même. Sur l'histoire en elle-même, difficile d'en dire plus que le quatrième de couverture, de peur de trop en révéler et surtout de passer rapidement sur des actions alors que ce qui importe vraiment est l'impression de globalité, de plénitude créée par le récit : ouvrir ce livre, c'est plonger dans un univers, pas seulement lire ce qu'il advient d'une orpheline débarquant chez son oncle qui voit des morts. Certains événements sont attendus ou peuvent être devinés à l'avance, mais la façon dont ils s'intègrent au tout et participent à le relancer reste à découvrir.Pour la forme si soignée et l'émotion dégagée, ce roman m'a fortement rappelé la délicatesse et le subtil parfum de Thomas le Rimeur, d'Ellen Kushner.C'est vous dire s'il faut vous précipiter sur ce livre, sans vous laisser abuser par la classification en « Jeunesse », peut-être due à l'âge de l'héroïne mais pas vraiment adaptée.Quant à moi, je vous remercie d'avoir lu jusqu'ici (et salue votre ténacité
), et comme Alana m'en vais relire ce chef-d'oeuvre (oui, j'assume tout à fait cette appellation), avant de me replonger dans le second volet.Et pour ceux qui se seraient endormis au fond de la classe, un résumé ::arrow: Le Clairvoyage est un excellent livre, un des plus prenants et des plus beaux que j'aie lus depuis un moment. Ça c'est de la fantasy française de qualité. Lisez Le Clairvoyage.






