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To be fidèle aux albums ou pas, that est la question.Le choix du Secret de la Licorne comme entrée en matière m'avait surpris, car cet album n'est ni le premier de la série loin de là, (il n'est que le Onzième !), ni celui où Tintin rencontre le Capitaine.L'incrustation de cette rencontre-là est à mon avis bienvenue, car elle est celle où se scelle à jamais l'amitié des deux personnages-clés de la série, chacun des deux sauvant l'autre d'une détention fatale, Tintin mis en fers (mais il a l'habitude !), mais surtout Haddock humilié par ses lieutenants (Allan !) et prisonnier d'une dépendance à l'alcool qui l'expose à tous les avilissements.Exposer les jalons d'une amitié à vie est une particularité que le Crabe aux Pinces d'Or partage avec le Lotus Bleu, où Tintin fait la rencontre du jeune Tchang tout au long d'une traversée d'épreuves où chacun sauve la vie de l'autre.Sans le Crabe aux Pinces d'Or et les soupentes vermoulues du Karaboudjan, il n'est pas possible de saisir la force du lien qui relie Tintin à Haddock et pousse chacun d'eux à franchir les continents pour accompagner ou rejoindre l'autre.A mon avis, en sélectionnant le diptyque 'Le secret de la Licorne' & 'Le Trésor de Rackham le Rouge', Spielberg avait pour moteur l'envie compréhensible de s'offrir un tournage exotique dans les Caraïbes, et accessoirement en Europe. Et c'est bien Peter Jackson, véritable connaisseur, lui, de Tintin, parce qu'il le lisait étant enfant et ne l'a pas découvert à 50 balais comme Steven, qui a vu l'intérêt psychologique et culturel de réinjecter le Crabe aux Pinces d'Or dans la trame scénaristique d'une introduction à Tintin, au point d'évacuer l'essentiel de Rackham le Rouge... et des Caraïbes au passage.Spielberg s'est sans doute laissé convaincre parce que le Maroc, le Sahara et la Méditerranée ce n'est pas mal non plus et que ça évite le plus gros des redondances avec Pirates des Caraïbes ; quant au Karaboudjan et à Bruxelles années 50, c'était évidemment pour PJ un clin d'oeil aux savoir-faire qu'il avait accumulés sur King Kong.Le reste, c'est la maîtrise des effets spéciaux CGI pour la restitution d'une BD et Spielberg s'en est clairement donné à coeur joie dans sa ligne Indiana Jones.PJ de son côté est sûrement ravi de trouver avec Tintin un filon pour la créativité de ses scénaristes, car si les diptyques(*) peuvent constituer à eux seuls la trame d'un blockbuster, les albums solo ont besoin d'être étoffés pour faire l'affaire.Outre 'Tchang' déjà cité, nous avons Les Sept boules de Cristal et Le Temple du Soleil ; Objectif Lune et On a marché sur la LuneJ'ouvre les paris : il y a des chances pour que PJ nous gratifie des trois dyptiques, parce que la Chine, c'est tentant, les Incas aussi et la Lune, n'en parlons pas..