


Non, l'auteur est libre, comme Max.Aventurine a écrit :Est-ce qu'un auteur de fantasy est obligé à présent de créer son monde entièrement pour le partager avec ses lecteurs pour être "crédible" dans ce qu'il fait ?
Oui, beaucoup le font, et je dirai même que ceux qui font cartes + généalogies complexes sont rares, parce que ça complique tout et qu'un changement dans le texte fait changer le reste au moment de la mise en page et pose des limites si l'histoire est sur un cycle entier.Est-ce que des auteurs pourraient partager une histoire sans nécessairement avoir une carte, un monde entier, des personnages dont la généalogie remonte jusqu'au début du monde ?
C'est comme au cinéma, une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. Neil Gaiman dévoile souvent son monde sous les yeux du héros, parfois ça ressemble à "nôtre" monde et parfois on découvre que pas tout à fait. D'autres auteurs utilisent une période "historique" pour donner le cadre et y ajoutent des dragons (Naomi Novik). Stéphane Beauverger utilise des pirates des Caraïbes, Alain Damasio invente (aha, vente) un univers atypique qui se découvre à rebours, jean-Philippe Jaworki -bien que rôliste- n'a pas ajouté de carte ou de schéma des grandes familles du vieux royaume ou des bituriges.Est-ce que le "world-building" est ce qui fait un bon écrivain de fantasy, ou bien avez-vous des exemples d'écrivains qui dévoilent peu sur leur monde, mais dont l'histoire se passe très bien ?
C'est presque une fausse question, ce que Tolkien a fait est hors de proportion pour un auteur, beaucoup trop de temps à passer sur la création du monde, à inventer l'évolution du cours des rivières et les conséquences d'un événement mineur 500 ans plus tard à des milliers de milles (je ne parle même pas d'inventer des unités de mesures, de temps, des cultures et de la protohistoire pour des peuples variés et pour dire qu'en fait tout cela est peu de choses et que beaucoup de savoir a été perdu.)Est-ce que le world-building a commencé depuis Tolkien, ou bien en existaient-ils avant ? Des exemples...
La question a été posé à de nombreuses reprises, avec en général les réponses suivantes : 1° essayer de faire comme Tolkien mais beaucoup plus vite (pas dur) et beaucoup moins approfondi. 2° essayer de faire tout l'inverse de Tolkien (ce qui suppose donc de très bien le connaître sinon c'est juste que le héros sera un hobbit chauve de 2.4 m qui ira jeter une boucle d'oreille dans un lac.)3° faire preuve d'originalité, pas de grande guerre, pas de magicien, pas de quête (ou anti-quête), pas beaucoup de personnages, pas d'univers décortiqué.Les meilleurs auteurs que je connaisse n'essaient pas d'imiter, l’ersatz c'est comme la budweiser, ils racontent leur histoire à leur façon. En tant que modèle, historiquement, Tolkien a d'abord été considéré comme un fossoyeur de la fantasy car il était trop visible, trop imposant, le marché de l'édition et les auteurs ont mis des années à savoir comment intégrer le mammouth dans leur zoo.Tolkien a donné assez de détails pour que le lecteur encyclopédiste puisse déterminer que Samsagace et Rose sont cousins au 8° degré, aucun auteur et aucun lecteur ne supporteraient ça trop souvent, c'est plus précis que les cours d'histoire de France (bon, en fait, c'est peut-être seulement moi qui connaît mieux les Brandebouc que les Capétiens :mrgreen:Bref, Tolkien cas à part et il est heureux que chaque auteur ne fasse pas 1000 pages d'annexes pour un livre de 300 pages, sinon on aurait beaucoup moins à lire.De plus, depuis Tolkien, est-ce que les auteurs d'aujourd'hui admirant son travail se doivent de créent tout un univers pour essayer de l'égaler aux yeux du lectorat Fantasy ? Ce qui pourrait amener à réfléchir sur le pouvoir qu'à Tolkien sur les générations d'auteurs de fantasy suivantes. Lesquelles se sentent désormais obligées de créer un monde, car Tolkien est le Maître de la Fantasy selon un bon nombre de lecteurs.
:lol:Bien évidement qu'il n'a pas le couteau sous la gorgeNon, l'auteur est libre, comme Max.Aventurine a écrit:Est-ce qu'un auteur de fantasy est obligé à présent de créer son monde entièrement pour le partager avec ses lecteurs pour être "crédible" dans ce qu'il fait ?
D'une certaine façon, je ne pense pas qu'avec les histoires se déroulant dans un autre monde, l'auteur est obligé de "présenter" le monde sinon le lecteur est perdu. Cela fait un peu comme raconter qui est le personnage entièrement dès le début, on peu très bien distiller des infos par-ci par-là sans avoir à tout détailler.Rien que le Trône de Fer, au final, G.R.R Martin ne prends pas la peine de nous poser son monde dès le commencement de son histoire. On apprends les choses au fur et à mesure. Donc je pense que ce n'est pas forcément le fait de ne pas donner l'info dès le début qui pourrait perdre le lecteur, mais qu'il y ait si peu d'infos que le lecteur n'ait, finalement, aucune idée d'où l'histoire se passe.Par contre, même si c'est un livre hors-fantasy et plus dystopique, le livre Acide Sulfurique d'Amélie Nothomb m'a beaucoup surpris par l'absence de détails. Elle a réussi avec brio à ne donner presque aucune info sur les personnages, les décors ou même le futur de notre terre. Peu d'info et pourtant le monde s'est créée peu à peu dans ma tête sans aucune difficulté. J'imagine que cela doit être possible aussi pour la fantasy, mais après ce n'est pas dit que ce soit très facile à réaliser. Cela doit demander beaucoup de talent d'écriture et de facilité de "partage" avec peu de mots de la part de l'écrivain !Shi a écrit :Mais quand une histoire se déroule dans un autre monde, il est indispensable de détailler le background pour lui donner une solide consistance. Aussi solide que celle du monde réel, dans l'idéal. En tout cas, un minimum de construction est nécessaire pour s'immerger dans l'histoire.Si le lecteur était balancé directement dans l'histoire sans qu'on lui explique dans quel monde il évolue, alors il serait très très vite perdu.
C'est vrai qu'en y réfléchissant, le fait qu'un auteur arrive à faire passer le juste message pour que le lecteur comprenne son univers, mais qu'il parvienne aussi à faire émerger des milliers d'univers différents dans la tête de chacun, c'est quand même chouette, non ? :)De toute manière, personne ne peut avoir la même façon d'imaginer un endroit, même avec des détails précis. Alors peut-être il vaudrait mieux profiter de l'imaginaire des gens pour les amener dans un endroit qui leur plaise à eux ! Tous reliés par la même histoire mais dans des lieux à l’opposé des uns des autres, selon leur imaginaire !Shi a écrit :C'est vrai et ça fait travailler un peu l'imagination du lecteur. C'est pas plus mal.
Oui, il n'apporte surement pas autant d'informations qu'il n'y en a, mais d'une certaine manière, au début du Seigneur des Anneaux il présente un peu "l'univers" dans le prologue. Peu, mais il ne nous lâche pas dans l'histoire sans en raconter un peu (parlant plus de détails que d'infos capitales !). Même si certains peuvent trouver long ce prologue et les quelques notes, je pense qu'ils sont tout de même nécessaires pour savoir où l'on va. Enfin, surtout pour les personnes qui n'ont pas lu le Hobbit.Et pour apporter une précision, dans "le Hobbit" et "le Seigneur des Anneaux", Tolkien ne donne pas tant de renseignements pour celui qui ne lit que les deux histoires.
Rien n'interdit à l'auteur de créer son monde entièrement s'il le veut, sans avoir besoin de tout dire à son lecteur. J'ai lu Écriture : mémoires d'un métier de Stephen King et il raconte cette chose très vrai, qu'il ne vaut mieux pas tout raconter en détails. De ne pas décrire tout. Il dit que sinon, l'auteur n'a qu'à écrire un documentaire ! Je trouve ça juste dans le sens que même si certains détails sont important et qu'un monde nouveau peut-être fascinant, l'histoire prime dans un roman. Et c'est justement un roman que l'on veut lire et pas un documentaire ! Après, libre à l'auteur de créer des livres annexes qui permettent au lecteur intrigué d'en savoir plus.Maintenant dans un cycle ou le héros bouge, rencontre d'autres cultures, je pense qu'il est indispensable que l'auteur réfléchisse un minimum son monde sinon il peut vite se perdre et par conséquent, nous perde
Ça m'a bien fait rire !D'ailleurs, une petite remarque qui n'a rien à voir, mais dans bon nombre de récit du point de vue du héros, celui ci reconnaît bien souvent la provenance des gens qui l'entourent parce qu'ils portent tel vêtement, telle coiffure ou ont coupés leur barbe de telle façon... Ça vous a jamais parus bizarre ? Parce que perso je peux pas m'empêcher de trouver ça louche et un peu facile comme façon de faire. Si on suit le raisonnement et que le héros arrive dans un pays étranger (et encore parfois c'est à l'échelle d'une ville), il se retrouve entouré de clones vétus et coiffés de la même façon. Ce serait drôle mais moi ça à le don de bien me sortir du récit car perso, quand je croise des gens dans la rue, leurs têtes me renseignent pas sur la ville ou ils habitent...
Exactement ! et comme je l'ai dit plus haut rien ne lui interdit d'en parler en-dehors du roman, mais il vaut mieux laissés l'histoire, au risque sinon de faire trop "documentaire" comme le dit Stephen King.En écriture, on parle souvent de "show, don't tell" (en gros, montrer les choses par les actions, les pensées, plutôt que de les expliciter), et du coup, Alice parle elle de "Know, don't tell" : en gros, connais ton univers, mais arrête de faire chier le lecteur avec x)
C'est vous le MaîtreSi ça ne vous dérange pas, je change le sujet de section ! wink
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